La France est le premier grand pays occidental à avoir établi des relations diplomatiques avec la Chine en 1964. À compter de cette date, les échanges et la coopération entre les deux pays se sont approfondis, y compris dans le domaine du sport.
Sun Yiwen et son entraîneur français Hugues Obry célèbrent la médaille d’or de l’escrimeuse chinoise en épée individuelle aux JO de Tokyo, le 24 juillet 2021.
Une coopération précoce et pionnière
La France est le premier pays occidental à avoir envoyé une délégation sportive en République populaire de Chine et celui qui a entamé le plus tôt des échanges sportifs avec la « Chine nouvelle ». En effet, dès 1956, du 3 au 26 juin, les équipes masculine et féminine de basket-ball de la Fédération française du sport travailliste (FFST) se sont rendus dans sept villes de Chine. Ce fut le premier contact entre des sportifs chinois et français. Au cours de cette visite de près d’un mois, les ressortissants des deux pays ont appris à se connaître et se sont profondément liés d’amitié. Quelques temps plus tard, d’autres athlètes des deux pays ont eu l’occasion de se rencontrer en 1961, puisque cette année-là, l’équipe de France féminine de pongistes a représenté l’Hexagone aux championnats du monde de tennis de table à Beijing, sur la décision de la Fédération française de tennis de table.
L’établissement des relations diplomatiques entre la Chine et la France a créé des conditions favorables au progrès de la coopération sportive sino-française. Outre l’envoi de délégations sportives françaises en Chine, les échanges et la coopération dans le sport, autrefois limités à l’envoi de délégations sportives françaises en Chine, ont commencé dès lors à se développer dans les deux sens. En juin 1966, le gouvernement chinois a dépêché en France un entraîneur de tennis de table, ce qui a sonné le coup d’envoi d’une coopération sportive sino-française véritablement réciproque. Dans les années 1970, des dizaines de délégations ont été reçues dans l’un ou l’autre des pays, menant des échanges fréquents dans certaines disciplines, telles que l’escrime et le tennis de table. À une époque où les relations entre la Chine et les pays occidentaux essuyaient quelques revers, les interactions dans le domaine du sport sont devenues un pont permettant à la relation sino-française de franchir au plus vite les obstacles pour continuer à aller de l’avant.
En juillet 1966, l’équipe de France de basket-ball affronte l’équipe chinoise à Beijing.
Avec le soutien actif des dirigeants des deux pays, les échanges sportifs sino-français sont devenus un moyen de rehausser d’un cran le niveau de coopération dans le cadre de la relation bilatérale. Depuis l’entrée dans le XXIe siècle, avec l’ouverture continue de la Chine sur le monde extérieur, les interactions entre la Chine et la France dans le domaine du sport ont considérablement gagné en fréquence et en ampleur, à tous les niveaux. Il s’agit à présent d’un volet important dans l’amitié scellée entre la Chine et la France, ainsi que dans les échanges humains et culturels sino-français.
Une coopération allant « du gouvernement au peuple »
À compter de la réforme et l’ouverture, la coopération et les échanges sportifs entre la Chine et la France se sont multipliés et à ce jour, la France demeure l’un des pays occidentaux qui interagit le plus activement avec la Chine dans le milieu du sport. Entre 1983 et 1986, la Chine et la France ont renouvelé annuellement, à l’occasion de visites réciproques, leur engagement en vertu du Protocole d’accord bilatéral d’échanges sportifs, un texte qui a permis de poser un cadre propice à l’essor des échanges sportifs entre la Chine et la France au niveau national. Au cours de cette période clé où les sports chinois se sont peu à peu internationalisés sous l’impulsion de la relation sportive sino-française, les échanges sportifs bilatéraux n’ont cessé d’atteindre de nouveaux paliers.
En février 1993, un autre protocole sino-français a été signé dans la filière sportive en France. Par ailleurs, les autorités compétentes des deux pays ont ratifié un accord sur les échanges sportifs chaque année entre 1995 et 2013. Et plus la relation sportive sino-française s’intensifiait, plus les formes de coopération sportive au niveau national se diversifiaient. Côté formation, des entraîneurs français (deux spécialisés dans l’alpinisme en 1993 et deux versés dans le cyclisme en 1995) sont venus en Chine transmettre leur expertise et former des athlètes. Certains entraîneurs étrangers ont même été directement recrutés par la Chine : l’équipe chinoise de cyclisme a accueilli un expert étranger de nationalité française en 1996 ; et Élisabeth Loisel a exercé comme sélectionneuse de l’équipe nationale chinoise de football féminin en 2007. La consécration pour la coopération sportive engagée entre les deux parties !
En mai 1997, le président français de l’époque, feu Jacques Chirac, a été invité en Chine et y a signé une déclaration conjointe sino-française, par laquelle les deux parties convenaient d’établir un partenariat global orienté vers le XXIe siècle. Portée par cette initiative, la coopération sportive sino-française s’est approfondie et modernisée en permanence. À partir de 2008, à l’occasion des JO de Beijing, de nouvelles opportunités se sont ouvertes pour la coopération entre la Chine et la France dans le domaine du sport. En mai 2008, les deux parties ont signé l’Accord de coopération sportive sino-français, qui a marqué un important jalon et l’entrée des échanges sportifs sino-français dans une nouvelle phase. Quelques années plus tard, en mai 2010, l’Association chinoise de tennis et la Fédération française de tennis ont signé un accord de coopération au tournoi de Roland-Garros, prévoyant que la France assiste la Chine dans la formation des joueurs et des entraîneurs.
Lors de l’Open de France féminin en simple 2011, Li Na est entrée dans l’histoire en devenant la 1ère joueuse asiatique à remporter le titre en simple du Grand Chelem.
En 2014, à l’occasion du 50e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la Chine et la France, les dirigeants des deux pays ont annoncé conjointement la mise en place d’un Dialogue de haut niveau sur les échanges culturels et les échanges humains, ouvrant la voie à un niveau de coopération renforcé en la matière. Le 18 septembre de la même année, la Chine et la France ont signé la Déclaration conjointe sur la première réunion du Dialogue sino-français de haut niveau sur les échanges humains, définissant huit domaines de coopération, à savoir : l’éducation, les sciences et technologies, la culture, la santé, les sports, les médias, le tourisme et la coopération entre les collectivités locales. Dans le cadre de ce mécanisme sino-français de haut niveau, une série de mesures et d’activités connexes ont été progressivement déployées. Depuis 2014, la Chine et la France ont entrepris cinq projets de coopération sportive en milieu scolaire et tenu des réunions de travail régulières pour en discuter. Elles ont notamment organisé la Semaine franco-chinoise du sport universitaire, qui a donné lieu à des résultats probants. En août 2015, la Chine et la France ont signé à Beijing un programme de coopération tourné vers les sports de plein air, qui couvrait entre autres la formation, les équipements spécialisés, ainsi que le développement et l’exploitation des sites sportifs, un projet important qui a contribué à la popularisation du sport en Chine par l’entremise de la coopération sino-française.
Dans le cadre des efforts visant à élargir la coopération bilatérale autour du sport, la coopération sportive sino-française s’est étendue à l’échelon des villes et s’est imprégnée dans la société, prenant ainsi une nouvelle dimension.
Les activités d’échanges sportifs non gouvernementaux organisés à l’échelon des villes ont vivement dynamisé les interactions amicales entre la Chine et la France. Des villes chinoises comme Chengdu, Suzhou, Hangzhou, Xiamen, Jinan sont en contact étroit avec de nombreuses villes françaises, et ensemble, elles mènent une vaste coopération dans les secteurs de l’économie, du commerce, de la culture, du sport et du tourisme. Les arts martiaux, le football et le cyclisme sont notamment devenus les disciplines phares concentrant une grande partie des échanges sportifs entre les peuples sino-français.
Si la coopération sportive sino-française affiche de telles performances, c’est aussi grâce aux échanges entre les professionnels du sport des deux pays. Aux Jeux olympiques de Tokyo en 2021, l’escrimeuse chinoise Sun Yiwen avait remporté la médaille d’or à l’épreuve d’épée féminine individuelle. Suite à cette victoire, son entraîneur français Hugues Obry avait laissé éclater sa joie en soulevant la championne sur son épaule, un geste qui avait ravi de nombreux internautes chinois.
Une coopération stimulée par les JO
Dans le cadre de l’organisation des JO d’hiver (à Beijing en 2022) et d’été (à Paris en 2024), la Chine et la France mettent en œuvre une coopération sincère en vue d’accélérer la cadence de la coopération sportive sino-française dans la nouvelle ère, ce qui permettra à coup sûr de pérenniser l’amitié que la Chine et la France ont nouée il y a plus d’un demi-siècle. Beijing est aujourd’hui la première ville à avoir accueilli à la fois les JO d’été (en 2008) et d’hiver (en 2022). Quant à la France, pays natal du fondateur des JO modernes, Pierre de Coubertin, et lieu de naissance du Comité international olympique (CIO), elle occupe une place centrale dans l’histoire des JO. D’ailleurs, le français est depuis toujours la première officielle utilisée lors de la retransmission en direct de la compétition. Et en 2024, un siècle après avoir reçu les Jeux d’été de 1924, Paris sera la ville hôte des JO d’été. Elle deviendra ainsi la deuxième capitale, après Londres, à avoir accueilli les JO d’été pour la troisième fois.
L’entraîneur français Daniel Morelon prépare la coureuse cycliste chinoise Guo Shuang avant la compétition, le 8 décembre 2007.
Après que le CIO avait retenu la candidature de Beijing comme ville organisatrice des JO d’hiver de 2022, le représentant des autorités sportives françaises avait déclaré publiquement qu’aux yeux de la France, l’accueil des JO d’hiver en Chine aurait de profondes répercussions positives sur les sports d’hiver dans ce pays. Il avait ajouté que la France était disposée à coopérer avec la Chine dans les sports d’hiver et de montagne, et qu’elle souhaitait collaborer avec elle notamment sur les infrastructures pour la pratique des sports d’hiver, le tourisme et le sauvetage en montagne, la formation des athlètes et des entraîneurs en Chine. En juin 2016, la Chine et la France avaient officialisé un programme de coopération dans la perspective des JO d’hiver de Beijing 2022, dans lequel les deux parties s’engageaient à réaliser des objectifs en matière d’entraînement dans les sports de neige, de glace et de plein air, en faisant valoir leurs avantages respectifs.
Alors que certains pays à l’époque avaient appelé à s’opposer aux JO d’hiver de Beijing, Jean-Michel Blanquer, alors ministre français de l’Éducation nationale, de la Jeunesse et des Sports, avait affirmé que la France ne suivrait pas le « boycott diplomatique » lancé par les États-Unis. « Le sport est un monde en soi qui doit être préservé au maximum des interférences politiques, sinon cela peut partir dans n’importe quelles directions. Et on finira par tuer l’ensemble des compétitions ».
Les JO de Beijing 2022 ont bien eu lieu du 4 au 20 février 2022. Et suite au retour des participants français dans leur pays, la présidente du Comité national olympique et sportif français, Brigitte Henriques, a exprimé dans une interview être très satisfaite de la performance des athlètes à ces Jeux. Elle n’a pas manqué aussi d’exprimer sa gratitude pour tout le travail derrière l’organisation de cet événement, notamment au regard de la prévention face au COVID-19, de la construction des sites et du support technique.
Les gouvernements chinois et français voient les JO d’hiver de 2022 et les JO d’été de 2024 comme une occasion d’insuffler un nouvel élan au progrès de la coopération et des échanges sportifs sino-français, tout en faisant rayonner davantage le Mouvement olympique, à dessein de développer encore le partenariat sino-français toujours plus pragmatique.
*ZHENG WENTIAN • assistante de recherche à l’Institut des sciences du sport, relevant de l’Administration générale du sport de Chine
*ZHAO HAITAO • représentant chinois de la société Chinazur International Développement basée à Nice