Les JO d’hiver de Beijing ont pris fin et le compte à rebours du mouvement olympique est entré à l’heure européenne et française. En tant que volontaire des JO d’été de Beijing 2008 et participant aux JO d’hiver, j’ai la certitude que la coopération sportive offrira de nouvelles opportunités dans la coopération Chine-UE.
La 4e réunion du mécanisme de dialogue entre les peuples de haut niveau Chine-UE à Shanghai, le 4 novembre 2017
Le sport est un domaine qui a longtemps été négligé dans la coopération Chine-UE, mais son potentiel de développement est énorme et les domaines de coopération sont les plus faciles à mettre en œuvre. L’Europe est à l’origine de nombreux sports, comme le tennis et le football pour ne citer qu’eux. Les stations de ski des Alpes sont devenues le paradis des amateurs de sports d’hiver du monde entier. Lors de la 4e réunion du mécanisme de dialogue de haut niveau dans les échanges humains Chine-UE qui s’est tenue en novembre 2017, le sport est devenu un nouveau domaine institutionnel de coopération.
Le secteur européen du sport et de l’organisation d’événements sportifs est parvenu à son plus haut degré de maturité mondiale, alors que la Chine en est encore aux premiers stades de la réforme axée sur le marché du sport. Le pays dispose donc d’un fort potentiel de développement. Les statistiques montrent que l’économie du sport en Chine ne représente que 1 % du PIB, mais devrait en représenter 4 % d’ici 2035. En termes de PIB actuel, cela signifie 4 000 milliards de yuans. Lors de la retransmission des JO d’hiver de Beijing, la chaîne NBC expliquait que la Chine se donnait pour vision de devenir une « puissance sportive ».
Les JO d’hiver de Beijing ont fait voir au monde un pays jeune et moderne. J’ai abordé la question des échanges culturels sino-français avec le professeur Hu Sishe, qui étudie depuis longtemps la littérature française. Il m’a dit que si les Français aimaient naturellement la littérature chinoise ancienne, ils observaient aussi rationnellement le processus de modernisation de la Chine. En un sens, les valeurs que les Chinois ont héritées des temps anciens coïncident avec la « fraternité » à laquelle les Européens, notamment les Français, attachent de l’importance.
La coopération et les échanges sportifs entre la Chine et l’UE – dont la France – peuvent au moins commencer par « les sports urbains à l’ère post-olympique », la coopération tripartite « Chine-UE-pays tiers » et les projets pilotes sportifs prisés par les jeunes ».
En tant que ville qui a à la fois organisé les JO d’été et d’hiver, Beijing lègue un précieux patrimoine sportif à l’humanité. Comment faire bon usage de cette richesse, notamment en Chine, où plus de 300 millions de personnes pratiquent les sports d’hiver, et comment maintenir cet engouement ? Ces questions trouvent des réponses en Europe et à Paris, qui se prépare pour les prochains JO. Des experts en urbanisme, en création publicitaire et dans l’exploitation des sites de Chine, de France et de l’UE peuvent travailler ensemble pour créer un « patrimoine sportif olympique » qui profite à chaque communauté.
Le Festival international de ski Vasaloppet China 2022 se déroule dans le Parc forestier national de Jingyuetan à Changchun (Jilin), le 4 janvier.
En Chine, il existe actuellement très peu de recherches sur la diplomatie publique sportive, mais beaucoup ont remarqué que le sport, comme les médias et les établissements d’enseignement, sont une plateforme de choix pour façonner l’identité culturelle. En 2022, Chengdu organisera les Universiades, puis les Jeux asiatiques se dérouleront à Hangzhou. En fin d’année, ce sera au tour de Shantou, ville emblématique de l’ouverture de la Chine sur l’extérieur, d’organiser les Jeux asiatiques de la jeunesse. De plus, Sanya, l’hôte des Asian Beach Games, se prépare également dans la province insulaire méridionale de Hainan. Les « Huit Minutes de Paris » diffusées à Tokyo sont devenues un excellent exemple de diplomatie publique sportive pour mettre en valeur l’image de la ville. La Chine compte également se servir du sport comme d’une plateforme permettant aux villes et aux acteurs économiques de participer à la coopération et au dialogue dans le monde.
Le Centre européen de formation des jeunes de l’Association chinoise de football est inauguré au Standard Liège en Belgique, le 25 avril 2019.
Dans le domaine de la coopération tripartite « Chine-UE-pays tiers », j’ai constaté que l’UE mettait l’Afrique en exergue. La plupart des pays africains en sont encore à un stade embryonnaire dans le secteur sportif, mais il existe de nombreux talents, notamment dans l’athlétisme et les sports de balle, et de nombreux athlètes d’origine africaine jouent en France et en Europe. La Chine a réformé les procédures relatives aux sportifs de ligue professionnelle, rendant possible les transferts de sportif de pays tiers. Si les trois parties peuvent procéder à des échanges, à la formation et à la coopération dans ce domaine, cela répondra aux besoins de développement de la Chine, de l’UE et de l’Afrique. Pour l’Europe et la France, la coopération avec la Chine dans le domaine sportif en Afrique permettra une participation plus large des entreprises sociales, des ONG et des institutions privées.
En ce qui concerne les domaines spécifiques de coopération, les sports de la prochaine génération doivent faire l’objet d’une attention particulière. La famille olympique n’a pas ignoré les appels des jeunes à la réforme : en Chine et dans de nombreux pays européens, de plus en plus de jeunes aiment le basket à trois, le surf et l’escalade. Ces événements ont fait leur entrée dans l’agenda des JO.
Pour ces sports qui attirent les jeunes, la Chine et l’UE peuvent coopérer dans la gestion d’événements, les échanges entre athlètes et entre entraîneurs, ainsi que dans le domaine des entraînements, des activités pour les jeunes et des compétitions. Pour le surf par exemple, la compétition des JO de Paris 2024 se déroulera à Tahiti, à des milliers de kilomètres de la France métropolitaine. C’est un peu comme si cette discipline était revenue à son lieu de naissance. En Chine, c’est un véritable phénomène générationnel. Il existe ainsi à Sanya une station balnéaire appelée Houhai Village, où le surf est à l’honneur. Rien dans cette discipline, la Chine et l’UE peuvent coopérer dans les meilleurs termes.
Le sport est comme plateforme de communication interculturelle et reflète la diversité des civilisations. Les visages étrangers de la délégation chinoise aux JO d’hiver de Beijing illustrent parfaitement ce qu’est une famille olympique unie. La légende du judo français Teddy Riner estime que le sport apprend aux gens à prendre le contrôle de leur vie. Les pratiquants, les athlètes et les gens en général en sont les éléments centraux. Quiconque participe à la coopération sportive Chine-UE contribue ainsi à esquisser un avenir radieux pour la Chine et l’UE.
*LI LI • directeur de l’Association pour l’amitié Chine-Afrique, expert senior de la Faculté des médias et de la culture internationale (Université du Zhejiang)