Chine-France

Approfondir une coopération innovante et pragmatique pour poursuivre le modèle de la relation sino-suisse
By WANG SHIHTING | Dialogue Chine-France | Updated: 2022-07-18 17:45:00

Wang Shihting, ambassadeur de Chine en Suisse  

« Une connaissance mutuelle permet d’être voisins malgré la distance. » La Chine et la Suisse ont établi des relations diplomatiques le 14 septembre 1950 et la Suisse a été l’un des premiers pays occidentaux à reconnaître la nouvelle Chine. En 1980, Schindler a créé la première joint-venture sino-étrangère en Chine. En 2007, la Suisse a été le premier pays d’Europe à reconnaître le statut d’économie de marché à part entière de la Chine, en 2013, elle est devenue le premier pays parmi les 20 premières économies mondiales à signer un accord de libre-échange avec la Chine et en 2016, les deux pays ont établi leur premier partenariat stratégique sur l’innovation. Les relations entre la Chine et la Suisse sont devenues un modèle d’amitié et de coopération entre des pays ayant des systèmes sociaux différents, des niveaux de développement différents et des tailles différentes.   

Une diplomatie active des chefs d’État a donné lieu à de fréquents échanges de haut niveau entre la Chine et la Suisse. En 2017, le président Xi Jinping a effectué une visite d’État en Suisse et a été reçu par la partie suisse avec une hospitalité de haut niveau. De 2017 à 2020, plusieurs conseillers fédéraux dont le président de la Confédération, ainsi que la présidente du Conseil national se sont rendus en Chine et les relations bilatérales entre la Chine et la Suisse sont entrées dans une nouvelle phase de développement. Depuis l’année dernière, le conseiller d’État et ministre des Affaires étrangères Wang Yi sest entretenu à trois reprises avec le chef du département des Affaires étrangères Ignazio Cassis afin de maintenir une communication stratégique sur les questions d’intérêt commun aux deux parties, notamment les relations bilatérales et la situation en Ukraine. En maintenant des contacts de haut niveau, les deux pays sont arrivés à de nombreuses visions communes sur la consolidation de la confiance politique mutuelle, le renforcement de la communication stratégique et la coordination étroite dans les affaires internationales et régionales.   

La coopération économique, commerciale et financière entre les deux pays a été fructueuse. La Chine est le troisième partenaire commercial de la Suisse depuis sept années consécutives. La Suisse soutient l’initiative « la Ceinture et la Route » et y participe activement, et elle est le sixième partenaire commercial de la Chine en Europe. En 2021, la Chine a approuvé 117 nouveaux investissements suisses en Chine, avec une utilisation effective de 730 millions de dollars, soit une augmentation de 11,9 % en glissement annuel. Actuellement, le nombre total de projets d’investissement d’entreprises suisses en Chine dépasse les 2 000, pour un investissement total de plus de 8 milliards de dollars. La coopération financière entre les deux pays n’a cessé de se développer, avec des réalisations importantes dans les domaines de la finance durable, de la gestion de patrimoine et de l’interconnexion boursière. Cinq entreprises chinoises ont annoncé l’émission de GDR (certificats de dépôt globaux) auprès de la SIX Swiss Exchange cette année, couvrant un large éventail de secteurs tels que les machines-outils, la santé et les nouvelles énergies.   

La Suisse est le premier pays d’Europe continentale à signer un ALE (accord de libre-échange) avec la Chine. L’ALE sino-suisse a été paraphé en juillet 2013 et est entré en vigueur en juillet 2014. Les deux parties ont signé un mémorandum d’entente en 2017 pour explorer la possibilité d’une nouvelle mise à niveau complète de l’ALE et une étude conjointe sur la mise à niveau est désormais activement promue. L’ALE entre la Chine et la Suisse est de qualité, riche en substance et mutuellement bénéfique. Il a joué un rôle positif dans la promotion de la coopération et du développement économique et commercial entre les deux pays. Depuis l’entrée en vigueur de l’accord, les obstacles à l’accès au marché et les barrières commerciales entre la Chine et la Suisse n’ont cessé de se réduire et les échanges commerciaux n’ont cessé de croître. Le taux actuel de recours à l’ALE est proche de 60 %, ce qui a permis aux entreprises des deux parties de réaliser d’importantes économies de coûts tarifaires. Dans un contexte de rétrécissement du commerce mondial en 2021, le commerce entre la Chine et la Suisse a augmenté de 96,7 %, soulignant le rôle important qu’a acquis l’ALE entre les deux pays. 

Wang Shihting (à dr.) et Ignazio Cassis, président de la Confédération suisse et ministre des Affaires étrangères  

Il existe un grand potentiel de coopération et d’échanges humains et culturels entre les deux pays. « La connaissance interhumaine est importante dans l’appréhension d’autrui. » Bien que la Chine et la Suisse soient séparées par des milliers de kilomètres, l’amitié entre les deux pays a une longue histoire. La population suisse a une grande passion pour l’ancienne et glorieuse histoire de la civilisation chinoise et pour sa part, la Suisse, grâce à ses charmes particuliers, séduit de plus en plus de Chinois qui viennent y faire du tourisme, étudier et faire du commerce. En 2019, le nombre de visites entre la Chine et la Suisse a dépassé 1,37 million et le nombre de nuitées de touristes chinois en Suisse a atteint 1,71 million. La coopération entre les deux pays dans le domaine des sports d’hiver est florissante, et le Centre culturel chinois de Berne devrait être inauguré l’année prochaine. En août dernier, le neveu du ministre Clemente Rezzonico, premier chef de mission diplomatique suisse en Chine, a contacté l’ambassade de Chine en Suisse par l’intermédiaire d’un groupe d’amitié sino-suisse et a fait don à l’ambassade de la photo originale du dépôt de lettres de créance par son oncle entouré des dirigeants chinois de l’époque, afin de mettre en avant la forte vitalité de l’amitié entre les peuples suisse et chinois.  

Aujourd’hui, des changements séculaires et une pandémie se superposent et la situation internationale évolue à un rythme accéléré. Dans ces nouvelles circonstances, la Chine continuera à coopérer avec la Suisse sur la base des principes de respect mutuel, d’égalité et de coopération gagnant-gagnant, en construisant une relation bilatérale avec une base plus solide de confiance mutuelle et un approfondissement des liens d’intérêts, en promouvant un avenir meilleur pour les relations sino-suisses et en insufflant une énergie positive pour la paix et le développement dans le monde.  

Premièrement, nous devons chérir les réalisations durement acquises dans le développement des relations bilatérales. Au cours des 72 années qui ont suivi l’établissement des relations diplomatiques entre la Chine et la Suisse, les deux pays ont toujours été à l’avant-garde des relations entre la Chine et les pays occidentaux, reflétant la capacité de vision et l’extraordinaire audace des deux parties pour saisir les opportunités de développement. La leçon la plus importante tirée de cette expérience est l’insistance sur l’égalité de tous les pays, grands ou petits, sur le respect et la confiance mutuels. Les extraordinaires réalisations de la coopération sino-suisse démontrent pleinement que les relations bilatérales entre pays peuvent être développées au-delà des différences d’idéologie et de valeurs. La Chine et la Suisse devraient saisir la tendance à la coopération gagnant-gagnant, chercher un terrain d’entente tout en mettant de côté leurs divergences et travailler ensemble à maintenir la situation générale d’amitié et de coopération entre les deux pays.  

Deuxièmement, nous devons continuer à approfondir la coopération pragmatique innovante entre la Chine et la Suisse. Cette coopération offre une haute complémentarité et présente un grand potentiel. La Chine dispose d’un énorme marché de consommateurs avec une population de 1,4 milliard d’habitants et une classe moyenne de plus de 400 millions de personnes. L’économie chinoise connaît une croissance stable depuis longtemps, et elle accélère son ouverture de haut niveau au monde extérieur et l’établissement d’un grand marché national unifié. La Suisse est une économie orientée vers l’exportation et un centre d’innovation mondial. Les deux pays ont de larges perspectives de coopération dans les domaines de « La Ceinture et la Route », de l’économie et du commerce, de la finance, de la science et de la technologie et du développement durable. Les deux parties doivent suivre les tendances et promouvoir une coopération innovante et pragmatique, afin de renforcer conjointement leurs liens d'intérêt, d’élargir le gâteau de la coopération et de partager les dividendes de celle-ci.  

Troisièmement, nous devons ensemble sauvegarder le multilatéralisme et le système de libre-échange. La Chine et la Suisse sont toutes deux des défenseurs de la mondialisation et des partisans du multilatéralisme. Les deux parties ont joué un rôle constructif, chacune à sa manière, pour promouvoir le règlement politique des différends internationaux. Les deux pays doivent travailler ensemble, pratiquer un véritable multilatéralisme, s’opposer clairement à une “confrontation des blocs” et aux “jeux à somme nulle”, et sauvegarder conjointement le système international centré sur les Nations Unies, l’ordre international fondé sur le droit international et le système commercial multilatéral centré sur l’Organisation mondiale du Commerce, afin d’inspirer la confiance et de contribuer au développement et à la sécurité du monde.  

*WANG SHIHTING est l’ambassadeur de Chine en Suisse. 

  

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