Chine-France

Un nouvel élan dans les relations Chine-UE
By WU HUIPING* | Dialogue Chine-France | Updated: 2022-11-05 11:11:00

  

(Xinhua/Zhai Jianlan)  

Le chancelier allemand Olaf Scholz a effectué une visite officielle en Chine le 4 novembre, devenant ainsi le premier dirigeant de l’Union européenne (UE) et du G7 à se rendre en Chine depuis le début du COVID-19. Cette initiative à l’égard de la Chine d’un grand pays de l’UE enverra à n’en point douter un signal positif pour le bon déroulement des relations Chine-UE pour la période post-pandémique. 

Des défis à relever 

À l’heure actuelle, les relations Chine-UE sont de plus en plus complexes, et les défis et les variables ont considérablement augmenté. 

Confrontée à un environnement général de développement intérieur difficile et de détérioration de l’environnement de sécurité extérieure, l’UE n’a cessé de renforcer sa protection et ses défenses, ainsi que son sentiment d’indépendance, tandis qu’à l’extérieur, elle espère montrer ses forces et accroître son influence et sa voix dans les affaires internationales et régionales. Lors de son entrée en fonction, la nouvelle Commission européenne a proposé que l’UE « apprenne le langage de la puissance » en mettant l’accent sur le développement de la souveraineté stratégique, la souveraineté numérique et la souveraineté technologique.  L’UE et les pays membres ont pris des mesures pour répondre aux questions liées au commerce, aux technologies, à la concurrence, à l’industrie, au numérique et au climat. Ils s’efforcent ainsi d’améliorer la résilience des matières premières et de la chaîne d’approvisionnement, de diversifier les partenaires commerciaux, de trouver des marchés alternatifs, d’introduire une boîte à outils politique pour l’examen des investissements et la sécurité dans la 5G, de créer des « champions européens » dans l’industrie et les technologies, et de formuler de  nouvelles stratégies, notamment dans la région Indo-Pacifique.  

Sur le plan stratégique, l’UE a qualifié en 2019 la Chine de « partenaire, concurrent économique et rival systémique ». Ces dernières années, l’accent a été mis sur la perception de la Chine comme « rival systémique » et actuellement,  l’UE est en train d’ajuster sa stratégie vis-à-vis de la Chine. Il n’est pas exclu qu’elle réduise le champ de la coopération internationale avec la Chine dans les domaines du changement climatique, de la prévention des catastrophes, de la sécurité alimentaire, et de la santé. La position de l’UE se durcit de plus en plus à l’égard de la Chine, avec des politiques plus fermes, ce qui s’explique par une montée des inquiétudes et des craintes. Ces dernières années, les pays membres de l’UE, prétextant des menaces vis-à-vis de la sécurité nationale, ont appelé à plusieurs reprises à mettre un terme aux investissements et aux fusions et acquisitions d’entreprises chinoises dans les secteurs des infrastructures et des hautes technologies clés. 

La sécurité nationale, une préoccupation commune  

La sécurité nationale est le thème de notre époque qui préoccupe tant la Chine que l’UE.  

Dans le rapport au XXe Congrès du Parti communiste chinois, les deux éléments majeurs que constituent le développement global et la sécurité ont été mentionnés à plusieurs reprises. D’une part, la tâche principale est l’édification d’un pays socialiste moderne de manière globale ; d’autre part, il faut détailler systématiquement le système de sécurité nationale dans le cadre du concept global de sécurité nationale, qui englobe la garantie de la sécurité alimentaire, améliorer la résilience et du niveau de sécurité des chaînes industrielles et d’approvisionnement, accélérer le processus d’autonomie et de renforcement dans les domaines scientifiques et technologiques de haut niveau, et sur la base des besoins stratégiques du pays, faire preuve de créativité pour effectuer des percées dans les technologies.  

L’accent mis sur les facteurs sécuritaires ne doit cependant pas être interprété comme un durcissement à l’égard des entreprises étrangères. Au contraire, le rapport du XXe Congrès réaffirme l’adhésion ferme à une stratégie d’ouverture mutuellement bénéfique et gagnant-gagnant, et réitère que le marché doit jouer un rôle décisif dans l’allocation des ressources et se concentrer sur les arrangements stratégiques actuels de la Chine, principalement la réforme et l’ouverture de haut niveau. Toujours dans le rapport au XXe Congrès, la Chine a répondu à la théorie du « découplage » par une position de principe sur la réforme et l’ouverture de haut niveau, dans l’espoir d’élargir progressivement la convergence des intérêts, de bâtir un partenariat mondial d’égal à égal, ouvert et de coopération, et d’agrandir l’ouverture de manière systématique dans les règles, les réglementations, l’administration et les normes, continuant d’améliorer la qualité et le niveau du cycle international, de promouvoir la construction d’une économie mondiale ouverte, de cultiver ensemble de nouveaux moteurs de développement mondial et de créer un environnement international propice au développement et un modèle économique international diversifié et stable. 

Chaque pays possède sa propre culture, et en tant que première région du monde dans le processus de modernisation, l’Europe a apporté le « modèle européen » au concept, à la voie et à la pratique de la gouvernance moderne de l’État et de la modernisation de la société humaine, et créé un « modèle européen » d’unité dans la diversité dans lequel l’intégration européenne s’est accomplie. L’Europe elle-même a surmonté les énormes différences dans le processus de développement et historique ainsi que dans les systèmes sociaux pour rechercher un développement commun. De même, comme le souligne le rapport au XXe Congrès, la modernisation à la chinoise fournit une nouvelle forme de civilisation humaine et une nouvelle option pour résoudre les problèmes communs auxquels l’humanité est confrontée. Dans l’ensemble, la Chine est une civilisation ancienne avec des traditions politiques et culturelles et une écologie sociale uniques. Il est à souhaiter que dans le processus de développement pour devenir une puissance moderne, sur la base d’un examen approfondi des caractéristiques communes de la modernisation de tous les pays du monde, ainsi que de ses propres conditions nationales et de son expérience de développement, la Chine fournisse des « solutions chinoises » pour répondre de manière pacifique aux relations entre les pays, entre les personnes et la nature, et entre les personnes elles-mêmes. 

Coopérer dans les nouveaux pôles de croissance   

À l’heure actuelle, le conflit entre la Russie et l’Ukraine constitue un défi sérieux pour l’UE, entraînant conflits géopolitiques, hausse des prix et restriction des approvisionnements énergétiques. Face aux bouleversements de l’époque, l’UE doit vraiment changer ses concepts, penser de manière indépendante, se débarrasser de la mentalité de Guerre froide et faire preuve de vision stratégique. La Chine s’est engagée à construire une architecture internationale pluraliste, équilibrée et interdépendante. Elle défend le maintien des normes fondamentales dans les relations internationales et décide de ses positions et de ses politiques en fonction des mérites intrinsèques des questions à traiter. La Chine et l’UE sont des partenaires commerciaux importants l’une pour l’autre et ont établi un partenariat stratégique global, de grande envergure et à plusieurs niveaux. Dans l’environnement et le numérique, bien que leurs plans de développement aient des objectifs différents, leurs programmes stratégiques restent très alignés. L’UE a fait de la transition verte et numérique sa priorité stratégique, et souhaite s’en servir pour guider la modernisation socioéconomique à l’avenir. Dans l’environnement, elle a mis en avant les « transactions vertes », projette de se servir du concept de développement vert comme levier pour tirer parti des innovations politiques dans les domaines de l’énergie, des transports et du secteur industriel notamment, et s’efforce de devenir le premier continent au monde à atteindre la neutralité carbone. Dans le domaine numérique, elle a mis en place des stratégies de développement numérique avec une stratégie numérique, publié un livre blanc sur l’intelligence artificielle, et formulé une série de lois, règlements, normes et spécifications.  

Dans le même temps, le XIVe Plan quinquennal et les objectifs et suggestions à long terme de 2035 renforcent également ces deux domaines et font de la planification verte et numérique l’orientation générale du développement socioéconomique en Chine. Le rapport au XXe Congrès vient de réitérer l’accélération du développement vert et de la construction de la Chine numérique. 

Dans un environnement international complexe et changeant, la Chine et l’UE peuvent non seulement apporter leur propre sagesse et leurs propres solutions au processus de modernisation, mais aussi adhérer au positionnement d’un partenariat stratégique basé sur un consensus de base à l’égard de nombreuses questions comme le multilatéralisme, la coopération internationale et la multipolarité, maintenir la communication stratégique, renforcer la confiance et dissiper les doutes, répondre conjointement aux défis mondiaux et internationaux, explorer en permanence de nouveaux espaces de croissance pour la coopération, améliorer le niveau de coopération, et injecter plus de certitude, de sécurité et d’élan de développement dans les relations internationales par la stabilité même de leur relation. La visite du chancelier Olaf Scholz en Chine devrait logiquement générer une série de consensus dans ce sens.  

*WU HUIPING est directeur adjoint du centre de recherche sur l’Allemagne de l’université Tongji.  

  

Numéro 13 juillet-septembre 2022
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