Les échanges entre la Chine et la France, deux pays représentants des civilisations orientales et occidentales, ont toujours été marqués par des liens culturels étroits. Les échanges et l’apprentissage mutuel ont eu un impact profond sur leur développement. Depuis l’établissement de relations diplomatiques il y a 60 ans, les échanges humains et culturels et la coopération ont toujours été un maillon important dans la résilience des relations bilatérales.
Les lanternes de l’Année de la culture française illuminent la porte Zhengyang à Beijing, le 9 octobre 2004.
Une nouvelle page dans les échanges humains et culturels
Après l’établissement de relations diplomatiques entre la Chine et la France en janvier 1964, les échanges amicaux liés aux échanges culturels, éducatifs, économiques, scientifiques et technologiques se sont développés rapidement et sont devenus un pilier solide pour les relations de plus en plus étroites et continues entre les deux pays. Un mois après l’établissement de relations diplomatiques, une délégation artistique chinoise a été invitée à se rendre en France et a été accueillie avec tous les égards. La première représentation de la délégation à Paris a été un spectacle de l’Opéra de Pékin et le public a applaudi à tout rompre pendant cinq minutes. En septembre, la première exposition technologique française a ouvert ses portes à Beijing, permettant aux professionnels chinois de découvrir pour la première fois les technologies industrielles occidentales avancées. Au printemps 1965, la Chine a dépêché des délégations à Lyon et à Paris, montrant de superbes œuvres d’art chinoises ainsi que la culture chinoise aux Français qui aiment l’art. Au cours de l’été de la même année, André Malraux, alors ministre de la Culture, a pris la tête d’une délégation en visite en Chine, devenant ainsi le premier ministre du gouvernement français à se rendre officiellement en Chine après l’établissement de relations diplomatiques entre les deux pays.
Depuis les années 1980, de nombreux arrangements institutionnels ont été progressivement améliorés grâce aux échanges humains et culturels plus étroits. En 1980, lors de la visite du président Valéry Giscard d’Estaing en Chine, les deux gouvernements ont signé un plan d’échanges culturels et un accord de coopération en matière de radiodiffusion. En 1983, lors de la visite du président François Mitterrand, les deux pays ont signé un autre protocole de coopération en matière de radio-télévision. Depuis lors, les échanges humains et culturels entre la Chine et la France sont devenus de plus en plus fréquents, et les interactions entre les groupes culturels et artistiques ainsi que les échanges entre experts et universitaires ont également gagné en vigueur.
Un groupe de 100 cyclistes français arrive à Beijing pour encourager les Jeux olympiques de Beijing, le 5 août 2008.
De la Semaine de la culture chinoise à la Saison de la culture chinoise
En mai 1997, les dirigeants des deux pays ont publié une déclaration commune à Beijing annonçant l’établissement d’un partenariat global entre la Chine et la France. Ils ont également proposé de respecter la diversité et de renforcer davantage la coopération dans divers domaines, notamment la culture, l’éducation et les sciences et technologies, et d’établir des mécanismes d’échanges et de consultation. Cette déclaration commune historique mentionne également que la Chine et la France estiment que les différences historiques, culturelles, économiques, philosophiques et sociales sont la source de l’enrichissement de la richesse commune de l’humanité. Dans cet esprit, les deux parties ont estimé que pour résoudre les différends, il fallait mener un dialogue constructif et sérieux plutôt que de chercher la confrontation. La Chine et la France ont ainsi décidé d’aller plus loin dans leurs échanges culturels, éducatifs, scientifiques et technologiques pour promouvoir le développement de toutes les cultures dans un monde diversifié.
En septembre 1999, à la veille du 50e anniversaire de la Fête nationale chinoise, la Semaine de la culture chinoise a eu lieu à Paris pendant 12 jours sur le thème « La Chine face au XXIe siècle » pour présenter aux Européens la civilisation de la nation chinoise de 5 000 ans d’histoire et les réalisations dans les domaines de l’éducation, des sciences et technologies et de la culture de la République populaire de Chine depuis sa fondation, notamment après la réforme et l’ouverture. Une telle initiative a eu un impact majeur en France.
Vu le succès de la Semaine de la culture chinoise, la Chine a organisé en France la Saison de la culture chinoise fin 2000 et début 2001. Le point d’orgue en a été l’exposition de découvertes archéologues chinoises. Durant ces trois mois, les Français ont pu découvrir la culture chinoise à travers diverses activités culturelles et artistiques avec des expositions et des spectacles, qui ont également déclenché une vague d’engouement pour la culture chinoise.
Les années croisées et la création de centres culturels
Les échanges culturels entre la Chine et la France se sont resserrés depuis le début du XXIe siècle. À la veille du 40e anniversaire de l’établissement de relations diplomatiques, les deux pays ont ainsi décidé d’organiser conjointement des années croisées Chine-France de 2003 à 2005, chaque pays organisant pendant un an des activités culturelles sur le thème de l’autre pays.
D’octobre 2003 à juillet 2004, l’Année de la Chine a eu lieu pour la première fois en France. Autour de trois grands thèmes « une Chine ancienne, une Chine colorée et une Chine moderne », la Chine a organisé plus de 300 activités culturelles uniques à travers la France, couvrant la culture et l’art, l’éducation, les sciences et technologies, les sports, les groupes ethniques, le tourisme, avec des expositions, des spectacles et des séminaires, permettant à quelque 2 millions de Français de découvrir la Chine.
D’octobre 2004 à juillet 2005, l’Année de la France sur les thèmes « Romantisme » et « Création » s’est tenue en Chine, mettant en avant la photographie, le ballet, l’opéra, le cirque, l’architecture, la mode, le design artisanal, le cinéma, la littérature, les sciences et technologies, montrant le charme de la culture française au peuple chinois et déclenchant un fort enthousiasme pour la France.
L’organisation de ces années croisées de la culture a renforcé les échanges humains et culturels entre la Chine et la France comme jamais auparavant, favorisant la découverte et l’appréciation mutuelles et renforçant le concept de normalisation des activités d’échanges culturels à grande échelle entre les deux pays. Depuis 2006, l’ambassade de France en Chine organise chaque année au printemps le Festival Croisements. Parallèlement, la Chine propose régulièrement des activités d’échanges culturels en France comme « Joyeux Nouvel An chinois » et le Festival du film chinois. Ces activités culturelles réputées en Chine et en France font désormais partie de la vie culturelle des populations des deux pays.
La Chine et la France ont également été les deux premiers pays à établir des centres culturels dans le pays de l’autre. En novembre 2002, le Centre culturel de Chine a été officiellement ouvert sur la rive gauche de la Seine à Paris. Il s’agissait du premier centre culturel établi par la Chine dans un pays européen. En novembre 2004, le Centre culturel français a ouvert ses portes au public à Beijing, le premier centre culturel étranger en Chine. Aujourd’hui, les centres culturels établis par la Chine et la France à Paris et à Beijing sont devenus une plateforme importante permettant aux deux pays de promouvoir la coopération et les échanges culturels normalisés et institutionnalisés.
Un mécanisme d’échanges culturels et humains de haut niveau
Depuis 1980, la Chine et la France ont progressivement signé une série de documents spécifiques dans le domaine des échanges humains et culturels, qu’il s’agisse de la culture en général, de la coopération en matière de radio et de télévision, d’éducation et entre jeunes. Parallèlement, dans les nombreuses déclarations ou communiqués conjoints publiés lors des visites mutuelles entre les deux chefs d’État, les questions liées aux échanges humains et culturels occupent une place de plus en plus importante.
L’exposition d’installations interactives en couleur « La vie de l’image » de l’artiste franco-israélien Yaakov Agam se présente comme un terrain de jeu, au West Bund Art Museum de Shanghai, le 18 mai 2021.
Du point de vue institutionnel, l’Alliance française et l’Institut Confucius sont également des plateformes importantes d’échanges culturels. Le premier Institut Confucius en France, créé conjointement par des universités chinoises et françaises, a été ouvert à l’Université de Poitiers en 2005. Dès 1989, la France a rouvert l’Alliance française de Guangzhou. À ce jour, la Chine compte 17 Instituts Confucius en France et la France, 14 centres de l’Alliance française en Chine. Ces deux institutions jouent un rôle irremplaçable dans l’enseignement des langues dans les deux pays ainsi que dans les échanges culturels, intellectuels et artistiques.
De 2011 à 2012, les deux pays ont également organisé les premières années croisées de la langue, ce qui a favorisé le développement de l’enseignement du chinois et du français. Au cours de l’Année de la langue chinoise en France, des dizaines de milliers de personnes en France ont participé à diverses activités, déclenchant une nouvelle vague d’enthousiasme pour l’apprentissage du chinois et la compréhension de la Chine. Quant à l’Année de la langue française en Chine, elle a joué un rôle important en favorisant le développement de la coopération linguistique et en renforçant la compréhension mutuelle entre les deux peuples, améliorant la compréhension et la consolidant l’amitié traditionnelle entre la Chine et la France.
En 2014, alors que la Chine et la France célébraient le 50e anniversaire de l’établissement de relations diplomatiques, les présidents Xi et Hollande ont annoncé la création d’un mécanisme d’échanges humains et culturels de haut niveau entre la Chine et la France.
Il s’agit du troisième grand pilier de coopération établi par la Chine et la France pour promouvoir le développement des relations sino-françaises, après le dialogue stratégique et le dialogue économique et financier de haut niveau. Ce mécanisme couvre l’éducation, les sciences et technologies, la culture, la santé, les sports, les médias, le tourisme, la jeunesse, les femmes et les territoires, et continue de promouvoir le développement vigoureux des échanges humains et culturels sino-français. Lors de la 6e session du Dialogue sino-français de haut niveau sur les échanges humains fin 2023, les deux parties sont parvenues à un consensus sur la promotion des échanges humains entre les deux pays afin d’en accroître le dynamisme et d’obtenir plus de résultats. Ils sont convenus de continuer à organiser des activités, à resserrer les humains, à améliorer la compréhension mutuelle et à coopérer davantage dans l’innovation.
Au cours des 60 années de relations sino-françaises, les échanges et la coopération culturels et humains ont toujours joué un rôle irremplaçable. En 2024, à l’occasion du 60e anniversaire de l’établissement de relations diplomatiques, les deux pays organiseront l’Année de la culture et du tourisme Chine-France. Une nouvelle page s’ouvre ainsi, qui permettra de renforcer davantage l’amitié et la confiance mutuelles.
*ZHANG JINLING est chercheur à l’Institut d’études européennes de l’Académie chinoise des sciences sociales et secrétaire général du Centre d’étude du marxisme et de la civilisation européenne