La France a été le premier grand pays occidental à établir des relations diplomatiques avec la Chine. Au cours de ces 60 dernières années, quelle que soit l’évolution de la situation internationale, les relations sino-françaises se sont toujours développées de manière constante et ont été à l’avant-garde des relations Chine-Europe et Chine-Occident. Cette amitié qui enjambe le continent eurasien témoigne de la clairvoyance des deux chefs d’État, mais aussi de l’ouverture et de la tolérance des populations des deux pays. Elle ne découle pas seulement de la continuité de l’histoire dans les relations entre les deux pays, mais est également poussée par la réalité dans un large éventail de domaines, reflétant leur poursuite commune de la paix, de la stabilité et de la prospérité.
Le Musée du Palais et le Musée du Louvre ont organisé des expositions mutuelles pour la première fois de leur histoire en 2008 et 2011.
Un leader dans les relations Chine-Europe
Ces dernières années, la confiance politique mutuelle entre la Chine et la France s’est continuellement approfondie, les échanges de haut niveau sont devenus de plus en plus fréquents, les mécanismes de dialogue et de consultation ont fonctionné efficacement et les visites mutuelles amicales entre les deux chefs d’État ont continué à écrire un nouveau chapitre dans la tradition des échanges étroits entre les deux pays. Le président Emmanuel Macron s’est rendu en Chine pour la première fois en 2018, puis de nouveau en Chine en avril 2023 après l’épidémie. Les chefs d’État sont parvenus à un consensus sur l’opposition au « découplage » et à la « rupture des chaînes industrielles et d’approvisionnement », sur le renforcement de la coopération mutuellement bénéfique, et sur l’adhésion à l’orientation générale du partenariat global stratégique entre la Chine et la France qui est stable, mutuellement bénéfique, entreprenant et dynamique. Les deux parties ont également signé plus de dix documents de coopération bilatérale dans les domaines de l’agroalimentaire, des technologies, de l’aéronautique, de l’énergie nucléaire, du développement durable et de la culture.
La Chine et la France ont effectué des percées d’une grande importance historique dans de nombreux domaines, notamment dans la coopération économique et commerciale. La France a été le premier pays occidental à signer un accord de transport aérien avec la Chine et à coopérer dans le nucléaire civil avec la Chine. Actuellement, la France est le troisième partenaire commercial de la Chine dans l’UE et une source d’investissements réels, tandis que la Chine est le premier partenaire commercial de la France en Asie et son sixième partenaire commercial dans le monde. En tant que pierre angulaire des relations bilatérales sino-françaises, l’importance des relations économiques et commerciales est constamment soulignée.
Le président Emmanuel Macron rencontre des étudiants chinois de l’Université Sun Yat-sen à Guangzhou, le 7 avril 2023.
L’importance des relations sino-françaises dépasse par ailleurs largement le cadre des relations bilatérales. Surtout dans le contexte actuel où l’Europe est confrontée à de sérieux défis internes et externes, les relations sino-françaises dominent dans une large mesure les relations sino-européennes. La Chine et la France, tous deux membres permanents du Conseil de sécurité de l’ONU, doivent assumer la responsabilité en termes de réforme du système financier international, de promotion de la transition verte et de réponse aux crises régionales. Le président Xi Jinping et le président Emmanuel Macron ont échangé à plusieurs reprises leurs points de vue sur le multilatéralisme, l’initiative « la Ceinture et la Route », la santé publique, le climat et la biodiversité, soulignant la nécessité d’établir un nouveau partenariat plus fort et plus équilibré entre la Chine et l’Europe.
En 2023, la Chine et la France ont non seulement mené des consultations de haut niveau sur les trois mécanismes majeurs de dialogue que sont le Dialogue stratégique de haut niveau, le Dialogue économique et financier de haut niveau et le Dialogue de haut niveau sur les échanges humains, mais ont également mené des activités de grande envergure de diplomatie entre les peuples comme le 5e Forum culturel Chine-France. Dans une lettre adressée à l’Université Sun Yat-sen, qu’il a visitée lors de sa venue en Chine, M. Macron a souligné que les échanges humains et culturels étaient une priorité dans les relations bilatérales France-Chine. Cela démontre pleinement l’importance que les deux pays leur accordent. L’année 2024 est celle du tourisme culturel sino-français ainsi que celle des Jeux olympiques de Paris. Nous avons de nombreuses raisons d’espérer que les liens entre les peuples pourront davantage consolider les fondements des relations bilatérales.
Renforcer la confiance mutuelle et relever les défis mondiaux
Les relations sino-françaises sont également confrontées à de nombreux défis dans la réalité, notamment la nécessité de travailler ensemble pour résoudre trois questions.
La première consiste à parvenir à un consensus de base sur le positionnement des relations mutuelles. En 2019, l’UE a introduit un triple positionnement de la Chine comme « partenaire, concurrent et rival institutionnel », et l’ambivalence de la France à l’égard de la Chine est devenue de plus en plus évidente. D’une part, la France reconnaît l’influence mondiale de la Chine, affirme les intérêts communs des deux pays dans de nombreux domaines tels que l’économie, le commerce, l’énergie et le changement climatique, et estime que la Chine est un partenaire indispensable et important dans la gouvernance mondiale. Mais en même temps, elle s’inquiète de l’influence de plus en plus grande de la Chine, dont la compétitivité constituera un « défi institutionnel » pour l’Occident. La Chine a toujours considéré la France comme un pôle important dans le processus de multipolarisation et soutient l’insistance de la France sur l’autonomie stratégique européenne. Il existe effectivement une concurrence entre la Chine et la France, mais tant que les deux parties adhèrent au principe de respect mutuel, à une pensée stratégique réfléchie et pragmatique et respectent les préoccupations fondamentales de chacun, elles peuvent trouver le bon positionnement de leurs relations bilatérales. C’est la base de l’édification de relations Chine-France et Chine-Europe à la fois stables et durables.
Au mois d’avril 1984, les travaux de construction de la centrale nucléaire de la baie de Daya (Guangdong Nuclear Power Station) débutent. Construite sur le modèle de la centrale nucléaire française de Gravelines, il s’agit de la première grande centrale nucléaire de Chine.
Deuxièmement, nous devons gérer correctement les frictions économiques et commerciales. La notion d’atténuation des risques a été établie par l’UE comme principe directeur de sa politique chinoise, qui reflète dans une certaine mesure la pensée de la France à l’égard de la Chine. La France a été encore plus active dans l’enquête antisubventions de l’UE sur les véhicules électriques chinois en 2023. « Nous devons réduire les risques dans nos industries nationales, mais cela ne signifie pas que nous devons tracer une ligne de démarcation bien nette [avec la Chine] et nous isoler », a déclaré M. Macron. Cela montre qu’il existe une concurrence entre la Chine et la France dans le domaine économique et commercial, et qu’il y a effectivement des problèmes à résoudre. Cependant, il ne fait aucun doute que la coopération l’emporte encore sur les différences. Il n’est pas réaliste de poursuivre aveuglément l’atténuation des risques. Face aux conflits dans des domaines spécifiques, la Chine et la France doivent utiliser la sagesse de chacun, les gérer correctement par le dialogue et trouver le plus grand dénominateur commun en termes d’intérêts des deux parties.
Troisièmement, il faut équilibrer les relations entre grandes puissances. Les États-Unis constituent un sujet incontournable dans les relations Chine-France et Chine-Europe. S’il est indéniable que les États-Unis sont l’un des alliés les plus importants de la France et que la France est également membre de l’OTAN, M. Macron a également déclaré publiquement que « l’Europe doit réduire sa dépendance à l’égard des États-Unis et mettre en œuvre une autonomie stratégique ». Cela montre que la France ne veut pas choisir son camp entre la Chine et les États-Unis, mais souhaite choisir ses relations avec la Chine et les États-Unis en fonction de ses propres intérêts. Même si les efforts d’indépendance de l’UE connaissent actuellement des revers, la Chine continue de soutenir l’intégration européenne et souhaite que la France jouera un rôle de premier plan.
Le constructeur automobile Dongfeng Citroën lance une série de nouveaux modèles lors du 7e Salon international de l’industrie automobile de Beijing, le 8 juin 2002.
La situation internationale évolue rapidement et les relations sino-françaises ont atteint un tournant critique. L’histoire a prouvé que même si les relations sino-françaises ont connu des hauts et des bas occasionnels, elles sont généralement stables et s’améliorent grâce à la confiance mutuelle établie entre les deux parties au cours de ces 60 dernières années. L’établissement de relations diplomatiques entre la Chine et la France a apporté un regain de chaleur au froid hivernal de l’année 1964. Il est à souhaiter qu’en 2024, le continent eurasien ne se refroidira pas à nouveau. L’amélioration des relations sino-françaises est non seulement conforme aux intérêts vitaux des deux parties, mais relève également de la responsabilité des deux pays à l’égard de la communauté internationale.
*WANG SHUO est professeur à l’École des relations internationales de l’Université des langues étrangères de Beijing
YANG MENGHAO est étudiant en master à l’École des relations internationales de l’Université des langues étrangères de Beijing