Chine-France

Quand les échanges forgent l'amitié
By LIU TING et XU YING, membres de la rédaction | Dialogue Chine-France | Updated: 2024-02-26 17:18:00

Les jeunes Français du SPF devant le Nid d’oiseau, à Beijing, le 23 février 2024 (Photo : Yu Jie)  

« J’espère que les jeunes Chinois et Français pourront pleinement profiter de cette opportunité pour développer des échanges amicaux, faire preuve de sagesse et de talent, et entamer un voyage d’amitié », a déclaré Yang Wanming, président de l’Association du peuple chinois pour l’Amitié avec l’étranger (APCAE), lors de la cérémonie d’ouverture de la Semaine d’échanges et d’amitié entre les jeunes Français et Chinois qui s’est tenue dans la soirée du 23 février à Beijing. Il a souligné que cette année marquait le 60e anniversaire de l’établissement de relations diplomatiques entre la Chine et la France et que les jeunes Chinois et Français jouaient un rôle incontournable dans le renforcement de la coopération et de l’amitié entre les deux pays. 

Du 22 février au 28 février, 34 jeunes du Secours populaire français (SPF) venant de quinze départements en France participent à ce programme. Ces jeunes, bénévoles ou salariés permanents, tous intéressés par des questions de solidarité internationale et souhaitant mieux connaître la Chine, visitent Beijing et le Guizhou. Dans la capitale chinoise, ils ont eu un aperçu de l’entrepôt intelligent Asia No.1 de Jingdong, le Stade national (Nid d’oiseau), le Centre aquatique national (Cube d’eau), le Parc Shougang, un quartier résidentiel de l’arrondissement de Dongcheng et ont échangé avec des bénévoles chinois. Dans le Guizhou, ils ont découvert la culture des minorités ethniques, joué au football avec des jeunes locaux, visité la Zone nationale pilote des mégadonnées et le pont de Pingtang, le plus haut au monde, également connu sous le nom de « pont dans le ciel ». 

Renouveler les expériences 

La plupart des jeunes du SPF étaient en Chine pour la première fois. Le programme riche de la Semaine leur a permis de connaître davantage les différentes facettes du pays. 

Un jeune Français fait des yuanxiao avec le pâtissier Cao Zengkai, de Daoxiangcun, la marque la plus célèbre de gâteaux à Beijing, dans un quartier résidentiel de l’arrondissement de Dongcheng, à Beijing, le 23 février 2024. (Photo : Yu Jie)  

Les jeunes ont pu découvrir les diverses formes d’artisanat traditionnel de la Chine, en faisant des figurines en farine et des yuanxiao (boulettes de riz glutineux farcies) dans un centre culturel de l’arrondissement de Dongcheng, à l’occasion de la célébration de la Fête des Lanternes. Lors d’une mini-foire organisée après la cérémonie d’ouverture de la Semaine, les jeunes ont appris à préparer des figurines en sucre soufflé et à fabriquer des cerfs-volants. Très curieuse de la culture traditionnelle, Chloé Riehl a été enchantée de pouvoir la découvrir et de mettre la main à la pâte. Elle a apprécié les yuanxiao, qu’elle n’avait jamais goûtés avant ce voyage. « C’est une expérience vraiment incroyable », s’est-elle exclamée.  

Anaïs Bruneau a passé des moments agréables avec des jeunes Chinois, ressentant leur enthousiasme et leur hospitalité. La visite des stades olympiques l’a aussi impressionnée par la grandeur et la modernité. Elle a pu voir le Nid d’oiseau et le Cube d’eau, lieux d’accueil des compétitions des Jeux olympiques (JO) d’été 2008 et rénovés pour répondre aux besoins des JO d’hiver 2022, ainsi que le tremplin de Big Air du Parc Shougang, premier site permanent du genre au monde. Sans oublier le Musée olympique de Beijing, situé à côté du Nid d’oiseau, qui a été créé en 2009 et rouvert au public en février 2024 après les travaux de rénovation. Ses expositions permanentes leur ont permis de mieux comprendre le parcours olympique et de ressentir la vitalité à l’ère post-olympique.  

Bertille Debanne, étudiante en beaux-arts, qui aide les étudiants en besoin pour avoir accès à la nourriture, à la culture et aux sports à Strasbourg, a noté que la visite des stades des Jeux olympiques et les échanges avec des bénévoles chinois « nous ont permis de voir comment mettre en place l’accès aux sports en Chine », une action de solidarité très importante de la SPF.   

Laurine Thibouw, de son côté, a trouvé que les échanges avec les jeunes bénévoles chinois pour les JO d’été et d’hiver de Beijing et avec ceux qui travaillent dans un quartier résidentiel de l’arrondissement de Dongcheng permettaient de reproduire ce qui fonctionne bien chez eux. Elle a également constaté que les jeunes Chinois sont plus dynamiques et tournés sur l’extérieur que les jeunes Français. « C’est bien de reprendre cette dynamique et de la ramener chez nous, de prendre exemple sur les jeunes Chinois et de redynamiser un peu ce que les gens font chez nous », a-t-elle souligné.  

Revitaliser l’amitié 

Les jeunes Français et Chinois prennent des photos de groupe au Parc Shougang, le 24 février 2024. (Photo : Yu Jie)  

« C’est la première fois depuis le COVID qu’une délégation des jeunes du SPF revient en Chine et c’est la ‘nouvelle génération’ qui vient continuer le partenariat sous de nouvelles formes pour les générations futures », a remarqué Julien Villain, chef de la délégation, à La Chine au présent. 

Il a noté que les premiers échanges entre le SPF et l’APCAE remontent en 2008. L’Association française de solidarité avait organisé des collectes et fait des dons par solidarité envers les Chinois touchés par le tremblement de terre de Wenchuan (Sichuan) cette année-là. Plus tard, l’APCAE a invité plusieurs dizaines de jeunes du SPF à participer aux Jeux olympiques de 2008 à Beijing. « Depuis, chaque année pratiquement, sauf pendant le COVID, il y a eu des échanges entre des jeunes de l’APCAE et des jeunes du SPF », a-t-il précisé, ajoutant que même pendant la pandémie, le partenariat entre les deux associations n’avait pas interrompu. « Grâce à l’APCAE, le SPF a pu bénéficier de masques. On a été les premiers à l’être alors qu’il y avait une pénurie globale en Europe. En partie grâce à l’APCAE, on a pu s’équiper et une partie a été réquisitionnée par le gouvernement et une partie a été distribuée à nos bénévoles pour qu’ils puissent agir. »   

Ines Nabil, cheffe adjointe de la délégation, de son côté, estime que l’activité est une bonne opportunité pour découvrir comment le bénévolat fonctionne en Chine. Et d’expliquer que les actions du SPF s’articulent autour de cinq campagnes : le « Don’Actions », le « Printemps de la solidarité mondiale », la campagne « Vacances », la campagne « Pauvreté – précarité » et les « Pères Noël verts ». « Nos échanges ici en Chine nous permettent d’avoir de nouvelles idées qu’on pourra ensuite mettre en place en France. On va s’inspirer de leurs activités et nous allons échanger avec ce que l’on fait pour pouvoir mutualiser nos idées et créer des actions différentes ensemble », a-t-elle déclaré. Elle a également annoncé que le SPF avait invité 20 jeunes Chinois à venir participer aux JO de 2024 à Paris. « On est en train de travailler pour voir comment on peut faire des activités ensemble avant, pendant et après les JO. »  

Renforcer les échanges 

Coloriage d’un masque du Roi Singe, personnage célèbre de la culture chinoise, lors de la mini-foire après la cérémonie d’ouverture de la Semaine d’échanges amicaux entre les jeunes Français et Chinois (Photo : Yu Jie)  

Pierre Expert, étudiant en master d’économie à Grenoble École de management, est ravi de pouvoir revenir en Chine. Né en 2001, il a commencé à apprendre le chinois à l’âge de 11 ans. Collégien, il a effectué son premier voyage en Chine. Dès lors, il a été fasciné par ce pays. Pour sa première année de master, il a choisi de faire ses études de quatre mois, de septembre à décembre 2023, à l’Université d’aéronautique et d’astronautique de Beijing. Cette expérience lui a permis de découvrir le pays et il a été notamment impressionné par la diversité de la culture gastronomique, le développement fulgurant du pays et la modernité des infrastructures.  

Selon lui, l’un des principaux problèmes des échanges franco-chinois, « c’est que l’on ne se connaît pas ». La plupart des Français ont une vision de la Chine d’il y a dix, vingt ou trente ans. « L’un des avantages de ce voyage, c’est que cela permet à des gens qui n’ont aucun lien avec la Chine de voir ce que c’est. Et ils se prennent une gifle au visage et cela remet complètement en perspective notre vision du monde. Le plus important, c’est de se rencontrer, d’apprendre de l’autre, de discuter, d’échanger des points de vue », a-t-il remarqué.  

Et il attend beaucoup de ses études à l’Université Tongji l’année prochaine lors de sa dernière année de master, ce qui lui permettra d’obtenir le double diplôme français et chinois en management, mais aussi de mettre les choses en perspective et de prendre du recul. « Vous pouvez comparer, et cela m’intéresse énormément », a-t-il renchéri.  

Il espère que les jeunes Français et Chinois pourront renforcer leurs échanges dans tous les domaines, que soit dans le sport, la musique et le business, et notamment dans le bénévolat. Influencé par son grand-père, fondateur du SPF de Poitiers, Pierre s’est engagé dans le bénévolat à l’âge de trois ans aux côtés de ses grands-parents. « Je suis sûr qu’on partage avec l’APCAE mais aussi avec toute la Chine, cette idée d’améliorer la vie de chacun, de permettre à chacun de vivre correctement, c’est quelque chose qu’on peut mener ensemble. Tout seul, on va plus vite, ensemble on va plus loin », a-t-il affirmé.  

Numéro 18 octobre-décembre 2023
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