Je vis à Beijing depuis 25 ans et la qualité de l’air s’est considérablement améliorée au fil des années. Je me souviens que lorsque j’ai déménagé pour la première fois en Chine en 1998, la pollution atmosphérique à Beijing provenait principalement de la combustion du charbon.
Des visiteurs devant une berline électrique Seal de la marque BYD au Salon de l’auto de Munich (IAA), le 6 septembre 2023
En 1999, Beijing a introduit des réglementations pour superviser la qualité du charbon utilisé. Les changements survenus depuis sont évidents pour tous. Outre la combustion du charbon, les véhicules à moteur thermique sont également la plus grande source d’émissions de PM2,5 à Beijing. Le gouvernement municipal a adopté la circulation alternée en fonction des plaques d’immatriculation, réduisant considérablement les émissions de polluants. Et le « bleu APEC », pour désigner le ciel bleu lors du sommet éponyme à Beijing en 2014, a marqué les esprits grâce à une gouvernance efficace.
Sans la Chine, impossible de lutter contre le changement climatique
La Chine a obtenu des résultats spectaculaires dans la réduction des émissions de CO2 et de la pollution par les particules. Les exemples abondent. Par exemple, la Mongolie intérieure est une région riche en ressources. C’est l’une des régions où la qualité de l’air est la meilleure en hiver et de nombreuses entreprises la considèrent comme une excellente option pour produire de l’électricité verte, à savoir avec des émissions nulles ou proches de zéro. Par rapport à la production d’électricité thermique, elle a un impact moindre sur l’environnement. Actuellement, l’électricité verte provient principalement du photovoltaïque et de l’éolien. Les entreprises européennes doivent également produire du méthanol vert, qui utilise les énergies renouvelables comme le solaire et l’éolien pour décomposer l’eau afin de produire de l’hydrogène vert, puis synthétiser de l’hydrogène vert avec du CO2 par catalyse. Toute la chaîne industrielle est ainsi décarbonée.
Le président français Emmanuel Macron signe la Déclaration d’Ostende visant à accélérer la construction d’éoliennes lors d’une conférence de presse au Sommet de la mer du Nord à Ostende, le 24 avril 2023.
Cela mérite toute notre attention car par exemple au Danemark, d’où je suis originaire, il n’y a pas de conditions suffisamment favorables pour le développement du solaire et de l’éolien comme en Mongolie intérieure. Nous dépendons principalement de l’énergie éolienne offshore dans les zones côtières du nord. Et environ 50 % de l’électricité provient de l’énergie éolienne.
Le Danemark et la Chine ont uni leurs forces pour créer certaines des plus grandes sociétés au monde dans le secteur de l’éolien, telles que Goldwind et Envision. Leurs capacités de R&D et leurs technologies innovantes garantissent que nous produisons autant d’électricité verte que possible tout en réduisant la production d’électricité à partir du charbon et d’autres sources d’énergie fossiles. De telles initiatives favorisent ainsi la transition énergétique et le développement vert, et en reconstruisant des villes énergivores avec des systèmes énergétiques propres et sobres en carbone.
Le gouvernement chinois a fixé un double objectif consistant à atteindre le pic des émissions de CO2 avant 2030 et la neutralité carbone d’ici 2060. Il s’agit d’une initiative très positive et réalisable. Cette question est d’une grande importance car sans la Chine, il est impossible de résoudre le problème du changement climatique global.
Un fort potentiel pour la coopération Chine-UE
À l’avenir, il existe encore un grand potentiel de coopération entre les entreprises chinoises et de l’Union européenne (UE) dans ce domaine. La Chine possède un véritable leadership mondial en matière de technologies vertes, et c’est l’un des domaines dans lesquels l’UE et la Chine peuvent apprendre l’une de l’autre.
La Chine est devenue le centre de R&D et de production de véhicules à énergies nouvelles. À Copenhague, la capitale du Danemark, et à Bruxelles, siège de l’UE, les taxis de la marque chinoise BYD sont visibles partout. Le fabricant chinois de batteries CATL investit et construit également des usines dans l’UE et scelle des partenariats de haut niveau. Par ailleurs de nombreux constructeurs automobiles européens produisent des véhicules électriques en Chine. Il ne fait aucun doute que la Chine deviendra le leader de la production de véhicules électriques, et les constructeurs européens tireront une expérience précieuse du marché chinois.
Si l’on considère la chaîne industrielle verte, de nombreux secteurs offrent un potentiel de coopération important. La Chine et l’UE sont fortement complémentaires en matière de réduction des émissions de CO2 et de technologies qui relèvent de ces domaines. La Chine dispose d’une base industrielle importante que l’UE peut exploiter pour atteindre ses objectifs de décarbonation. En d’autres termes, l’objectif « double carbone » de la Chine peut également aider l’UE à réaliser sa transition vers une économie verte. La Chine constitue également un marché très important pour l’utilisation des technologies vertes. La Chine et l’UE ont investi massivement dans les technologies de décarbonation, et la coopération dans la R&D entre les deux parties dans ces domaines est substantielle. Les fabricants européens d’éoliennes ont par exemple joué un rôle crucial dans le développement de ce secteur en Chine au fil des années.
En termes de coopération entre entreprises chinoises et européennes, la Chambre de commerce de l’UE (CCUE) en Chine espère trouver un point d’équilibre afin que les deux parties puissent en profiter. La CCUE compte parmi ses membres un grand nombre d’entreprises actives dans le domaine du développement vert, avec lesquelles nous entretenons des contacts étroits, et nous souhaitons que la Chine joue un rôle important dans ce domaine. Il est certain que la Chine peut aujourd’hui apporter bon nombre de solutions dont le monde a besoin pour réduire les émissions de CO2 et relever les défis du changement climatique. Nous devons simplement trouver une voie qui crée une valeur maximale pour la Chine et l’UE et faire en sorte que cela ne se fasse pas au détriment de l’autre, mais plutôt de manière complémentaire.
Vue de l’île de Dongyu à Qionghai (Hainan), où est située la première Zone nationale pilote zéro carbone de Chine et où se tient tous les ans le Forum de Bo’ao pour l’Asie, le 3 août 2023
L’année 2023 marque le 20e anniversaire de l’établissement du partenariat stratégique global Chine-UE. Vingt années de réalisations en matière de développement ont confirmé que le partenariat stratégique global Chine-UE revêt une importance vitale pour l’UE.
Dans un contexte de ralentissement économique mondial, les économies européenne et chinoise sont confrontées à des défis, et il existe même des divergences en matière commercial. Mais c’est précisément à l’heure actuelle que les relations Chine-UE sont plus importantes que jamais. Nous devons maintenir un dialogue de haut niveau et prendre en compte les intérêts et les préoccupations des deux parties de manière amicale, afin que chacun en bénéficie et crée davantage de valeur.
*JENS ESKELUND est président de la Chambre de commerce de l’Union européenne en Chine