Le Centre culturel de Chine à Paris accueille une exposition de photographies retraçant l’établissement des relations diplomatiques entre la Chine et la France depuis 1964. Le mercredi 12 mars le vernissage a rassemblé des personnalités majeures telles que son excellence l’ambassadeur DENG Li, Jean-Pierre Raffarin, Joël Bellassen et le petit-fils du général de Gaulle. L’exposition met en lumière des moments-clés qui ont façonné cette relation unique, témoignant à la fois des grands événements historiques et des interactions plus discrètes entre figures politiques, artistes et intellectuels des deux pays. 

Un témoignage photographique d’une amitié durable

À travers une centaine de clichés rares, l’exposition donne à voir des instants marquants de l’histoire des relations sino-françaises. L’un des documents les plus emblématiques montre Mao Zedong et Charles de Gaulle, deux figures qui ne se sont jamais rencontrées, mais qui, dans cette exposition, se font face et semblent se regarder à travers le temps. Ils contemplent ainsi les soixante années écoulées depuis cette décision audacieuse du 27 janvier 1964, lorsque leurs visions stratégiques ont permis d’établir des relations diplomatiques entre leurs deux nations. De cet acte fondateur est née une coopération qui n’a cessé de se développer, traversant les époques et les bouleversements du monde. La photographie de Deng Xiaoping en visite en France rappelle quant à elle l’importance des échanges politiques et économiques qui ont structuré cette coopération au fil des décennies. L’exposition met également en avant des figures du monde de la culture, à l’image de Gérard Philipe, immortalisé en 1957 lors de sa visite aux Ateliers de Cinéma de Beijing. Ce cliché illustre les prémices des relations culturelles qui allaient s’intensifier au fil du temps, donnant naissance à de nombreux projets de coopération artistique et cinématographique. 

Les relations entre la Chine et la France ne se sont pas construites uniquement par le dialogue politique, mais aussi par la multiplication d’échanges dans des domaines variés. La France fut le premier grand pays occidental à établir des relations diplomatiques avec la République populaire de Chine au niveau des ambassadeurs. Elle fut également pionnière en devenant la première nation occidentale à signer un accord intergouvernemental de coopération scientifique et technologique avec la Chine, ainsi que la première à s’engager dans une collaboration sur l’utilisation pacifique de l’énergie nucléaire. Ces initiatives témoignent d’une volonté d’innovation et d’ouverture qui perdure encore aujourd’hui. 

Comme le soulignait Charles de Gaulle en 1964 dans son discours annonçant l’établissement des relations diplomatiques : « Il n’y a pas de raison pour que la Chine et la France, qui ont chacune leur grandeur, leur indépendance et leur vocation universelle, ne se comprennent pas et ne travaillent pas ensemble. » Cette vision, portée par un esprit d’indépendance et de coopération, reste aujourd’hui un fondement essentiel des échanges entre les deux nations. 

Un héritage vivant et des perspectives d’avenir

L’exposition ne se contente pas d’aligner des archives photographiques. Elle offre une véritable immersion dans une histoire commune, où les relations sino-françaises se sont construites sur des valeurs d’indépendance, de respect mutuel et de coopération. La création du premier centre culturel chinois en Occident à Paris et l’organisation de la première année culturelle croisée entre les deux pays sont autant de jalons illustrant cette dynamique d’échange et de dialogue. 

Au fil des images, les visiteurs peuvent revivre les temps forts de cette amitié entre l’Orient et l’Occident. La présence de dirigeants et d’intellectuels, mais aussi d’artistes et de citoyens engagés dans ces échanges, rappelle que ces relations ne se limitent pas aux sphères officielles, mais reposent aussi sur des initiatives individuelles et collectives qui ont contribué à renforcer ce lien au fil du temps. 

Alors que ces relations diplomatiques entrent dans leur septième décennie, l’exposition invite à réfléchir sur les nouvelles collaborations à venir. Si les échanges culturels et scientifiques ont été déterminants dans le passé, de nouveaux domaines tels que l’intelligence artificielle, le développement durable et les coopérations numériques pourraient façonner l’avenir de cette relation bilatérale. 

Confucius enseignait que « l’harmonie est la plus précieuse des vertus » (和为贵, hé wéi guì), rappelant que l’équilibre entre les nations repose sur la compréhension et la coopération. Cette pensée trouve un écho particulier dans la relation sino-française, qui a su dépasser les différences de systèmes pour bâtir une amitié fondée sur le respect mutuel et la recherche d’un bénéfice commun. 

Présentée jusqu’au 29 mars au Centre culturel de Chine à Paris, avant de circuler dans d’autres villes françaises, cette exposition constitue une occasion unique de revisiter une histoire riche et de s’interroger sur les perspectives d’un dialogue toujours renouvelé entre la Chine et la France.  ( Photos fournies par l’auteure ) 

*SONIA BRESSLER est fondatrice de La Route de la Soie-Éditions