Commémorations du 80e anniversaire du Débarquement de Normandie en France, le 6 juin 2024
Il y a 80 ans, la Chine, la France et les forces progressistes et justes du monde entier luttaient côte à côte, dans le sang et les larmes, pour remporter la grande victoire de la Guerre de résistance du peuple chinois contre l’agression japonaise et de la Guerre mondiale antifasciste. Aujourd’hui, la meilleure façon d’honorer cette victoire est de se souvenir de l’histoire, de préserver la paix, de défendre la justice et de construire ensemble un avenir partagé.
La victoire d’il y a 80 ans fut celle des nations engagées, comme la Chine et la France, dans un combat héroïque pour leur indépendance et la libération de leurs peuples. La Guerre de résistance du peuple chinois contre l’agression japonaise débuta avec l’Incident du 18 septembre 1931 et se termina le 3 septembre 1945 par la capitulation du Japon, durant ainsi 14 ans. La Chine a payé un lourd tribut avec plus de 35 millions de morts et de blessés. En tant que principal théâtre d’opérations oriental de la Seconde Guerre mondiale, la guerre de résistance du peuple chinois a commencé le plus tôt, duré le plus longtemps, et entraîné les plus lourds sacrifices. Elle a constitué le pilier essentiel de la lutte contre le fascisme japonais et a apporté une contribution historique majeure à la victoire mondiale contre le fascisme. En Europe, la France libre conduite par le Général de Gaulle opposa une résistance acharnée, participa au débarquement allié et à la libération de la France et d’autres pays d’Europe occidentale, inscrivant ainsi une page lumineuse dans l’histoire du front occidental. Sur les hauts plateaux du Lœss, les accents de la Marche des Volontaires faisaient écho à l’appel vibrant de De Gaulle : « La flamme de la Résistance française ne s’éteindra pas. »
Le docteur Bussière se rend à vélo au Jardin Bussière.
Marquées par l’épreuve des invasions et des pertes territoriales, la Chine et la France ont toujours chéri leur souveraineté et rejeté toute forme de domination extérieure. C’est pourquoi, en 1964, elles furent les premières à briser les clivages de la guerre froide, en établissant des relations diplomatiques au rang d’ambassades.
La victoire d’il y a 80 ans fut aussi celle de la solidarité entre les peuples épris de paix, comme ceux de la Chine et de la France. La Chine fut l’un des premiers pays à reconnaître le mouvement de la France libre.
Sur le terrain, de nombreuses figures françaises ont incarné cette entraide. Le docteur Jean Jérôme Augustin Bussière, sillonnant les routes à bicyclette, mit en place une filière clandestine d’acheminement de médicaments depuis Beijing vers les bases de la résistance chinoise. À Shanghai, le père Robert Jacquinot de Besange créa la première zone de sécurité civile en Chine, permettant de sauver plus de 300 000 civils.
Dans le domaine intellectuel, des personnalités comme Romain Rolland élevèrent leur voix contre l’agression japonaise, et fondèrent des comités de soutien pour collecter des médicaments et des vivres destinés à la population chinoise.
Sur le plan scientifique, Irène et Frédéric Joliot-Curie, fille et gendre de Marie Curie, transmirent à leur élève chinois Qian Sanqiang bien plus que le savoir : ils lui inculquèrent un sens profond du devoir envers sa patrie. Il deviendra plus tard l’un des artisans majeurs du programme spatial et nucléaire chinois, dit des « deux bombes et un satellite ».
L’amitié entre les peuples chinois et français, forgée dans l’épreuve de la guerre, se perpétue aujourd’hui avec force. En Chine, un musée a été consacré à la mémoire du docteur français Bussière. En France, le Mémorial de Caen expose des preuves irréfutables des atrocités commises par l’armée japonaise, dont le massacre de Nanjing. Tout récemment, un jeune Français, Marcus Détrez, a fait don à la Chine d’une précieuse collection de photographies prises et recueillies par son grand-père durant la guerre de résistance chinoise. Ce geste émouvant incarne un nouvel épisode de la solidarité et de l’amitié entre nos deux peuples.
Il y a 80 ans, la Chine et la France, aux côtés des principales puissances alliées, ont œuvré ensemble à la création de l’Organisation des Nations unies. Elles sont devenues toutes deux membres permanents du Conseil de sécurité. À ce titre, elles partagent une responsabilité historique : préserver les acquis de la victoire contre le fascisme, défendre l’ordre international établi après la Seconde Guerre mondiale, garantir la paix et la stabilité dans le monde, et promouvoir le progrès de la civilisation humaine.
Archives présentées à l’Exposition sur les sites historiques témoins des échanges culturels sino-français aux collines de l’Ouest de Beijing
Aujourd’hui, alors que le monde traverse des bouleversements sans précédent depuis un siècle, entre crises, tensions et incertitudes, l’humanité est de nouveau confrontée à des choix fondamentaux : force ou droit, confrontation ou coopération, guerre ou paix. Dans ce moment critique, la Chine et la France sont appelées à faire preuve de responsabilité, à montrer la voie, et à défendre ensemble un cap fondé sur le dialogue, la justice et la stabilité.
La Chine et la France ont la responsabilité commune de préserver un système international centré sur les Nations unies et un ordre mondial reposant sur le droit international. La question de Taiwan, qui touche à l’intégrité territoriale de la Chine, s’inscrit dans les principes établis à l’issue de la Seconde Guerre mondiale. La Déclaration du Caire, le Communiqué de Potsdam et la Résolution 2758 de l’Assemblée générale des Nations unies réaffirment sans ambiguïté cette position. Dans l’histoire de la France, la restitution de l’Alsace-Lorraine est aussi un symbole de réintégration nationale. Cette comparaison permet de mieux comprendre, dans un cadre historique, la signification du retour de Taiwan pour la Chine. La Chine apprécie le soutien constant de la France au principe d’une seule Chine et souhaite continuer à œuvrer à ses côtés, au sein du cadre multilatéral des Nations unies, pour défendre ensemble l’autorité de l’Organisation et faire vivre un multilatéralisme véritable et équilibré.
La Chine et la France doivent unir leurs efforts pour défendre l’équité et la justice internationales, et pour favoriser un développement mondial inclusif et durable. Fidèles à l’esprit sino-français axé sur l’indépendance et l’autonomie, nos deux pays peuvent contribuer à bâtir un monde fondé sur l’équité plutôt que la domination, sur la coopération gagnant-gagnant plutôt que la coercition unilatérale, sur l’ouverture et l’inclusion plutôt que l’affrontement des blocs. Ensemble, nous devons faire prévaloir les buts et principes de la Charte des Nations unies sur toute logique de rapports de force ou de loi du plus fort. Dans un monde instable, la coopération entre la Chine et la France peut apporter plus de prévisibilité et de stabilité, et œuvrer à la construction d’un monde multipolaire plus équitable, harmonieux, prospère et bénéfique pour tous.
La Chine et la France doivent unir leurs efforts pour préserver ensemble la paix et la stabilité mondiales, et éviter que l’humanité ne revive les tragédies du passé. Il est fondamental de tirer des leçons profondes de l’histoire, de préserver les fruits durement acquis par les générations précédentes au prix de leur sang, et de défendre une lecture rigoureuse et partagée de notre passé commun. Nos deux pays doivent s’opposer résolument à toute résurgence du militarisme ou du fascisme, à toute forme d’ingérence dans les affaires intérieures des États, ainsi qu’à toute atteinte à leur souveraineté ou à leur intégrité territoriale. Dans un contexte international marqué par de multiples foyers de tension, il est urgent d’encourager les cessez-le-feu et de réaliser la désescalade à travers des pourparlers diplomatiques afin de trouver une issue politique durable.
Sur le parvis du siège de l’UNESCO à Paris, une inscription solennelle rappelle : « Les guerres prenant naissance dans l’esprit des hommes, c’est dans l’esprit des hommes que doivent être élevées les défenses de la paix. » Alors que la Chine s’apprête à commémorer avec solennité le 80e anniversaire de la victoire de la Guerre de résistance du peuple chinois contre l’agression japonaise et de la Guerre mondiale antifasciste. Membres essentiels de l’alliance antifasciste, la Chine et la France portent aujourd’hui, à ce moment charnière de l’histoire, une responsabilité partagée : défendre ensemble les principes de paix, de justice, de solidarité et de coopération. Leur engagement commun peut contribuer à éclairer les réflexions de la communauté internationale sur les moyens d’endiguer les logiques de confrontation, de division et de guerre, et à promouvoir, par leur sagesse et leur action, une paix durable fondée sur l’équité et la justice pour l’humanité tout entière.