Mon père, Peng Xiaoping, est l’héritier de la troisième génération de l’art des « figurines en farine de la famille Cao ». Il a une grande passion pour cet art depuis son enfance et, après des années de recherche, d’exploration et d’innovation, il a finalement développé une forme d’art unique : les « figurines en farine de la famille Peng ». Moi, j’ai commencé à apprendre à faire des figurines avec mon père dès l’âge de trois ans.
Peng Tian et Anaïs Martane, une artiste française (Photo fournie par Peng Tian)
Après le lancement de la politique de réforme et d’ouverture, mon père est devenu le troisième travailleur indépendant dont l’activité a été déclarée et enregistrée légalement à Beijing, en 1980, et il a commencé à gérer une entreprise de fabrication de figurines en farine au bâtiment Guangming, près du Temple du ciel. Quand j’étais petite, j’y allais apprendre à fabriquer des figurines avec mon père. Donc, mes souvenirs d’enfance sont remplis non seulement de diverses figures en farine amusantes telles que Sun Wukong (le Roi Singe), Tu’er Ye (le Dieu Lapin) et les douze animaux du zodiaque chinois que je manipulais tous les jours, mais aussi de nombreux martinets noirs de Beijing qui volaient dans le ciel.
J’adore les martinets noirs, et de nombreux citadins partagent mon affection pour eux. C’est la seule espèce d’oiseaux au monde à porter le nom de « Beijing ». Les martinets noirs nichent sur la porte Zhengyangmen, le long de l’Axe central, depuis plus de 600 ans, ce qui en fait de véritables natifs de la ville. Nini, l’une des mascottes olympiques de Beijing 2008, a été conçue en prenant cette espèce d’oiseaux comme modèle.
Mon père m’a dit que les martinets noirs sont des oiseaux migrateurs qui nichent sur les falaises et les grottes. Les bâtiments anciens de Beijing répondent à leurs besoins, comme les Tours du tambour et de la cloche, le Temple du ciel, la Cité interdite, la porte Qianmen, la Tour d’archers, le parc Jingshan et la porte Yongdingmen. Ces bâtiments historiques sont des habitats parfaits pour les martinets noirs, avec leurs corniches, ainsi que leurs poutres, pannes et chevrons qui s’entrecroisent pour former des « grottes ».
En fait, la zone où se trouve le vaste ensemble de bâtiments anciens, de la porte Yongdingmen aux Tours du tambour et de la cloche, constitue l’Axe central de Beijing et c’est là que j’ai vécu, étudié et grandi. En tant que vieux Pékinois, mes grands-parents me racontaient souvent le rôle des différents bâtiments et portes de la ville et l’histoire du pont Yinding, lorsque j’étais petite. La ville est bien plus animée les jours fériés, surtout pendant la fête du Printemps, au cours de laquelle je suivais souvent ma famille à la foire du Temple de la terre, où les danses du dragon et du lion ainsi que bien d’autres folklores transmis depuis les temps anciens de Beijing me faisaient maintes fois oublier de rentrer. On pourrait dire que cet ensemble régulier de bâtiments anciens contient les souvenirs d’enfance de nombreux Pékinois âgés.
Par la suite, en essayant d’intégrer ces souvenirs dans l’art de la fabrication des figurines en farine, j’ai réalisé des œuvres représentant des danses du dragon, Tu’er Ye, et des bâtiments anciens comme le Temple du ciel. L’année dernière, mon père et moi avons tenté de créer une œuvre, constituée de figurines, qui présente l’Axe central de Beijing, en disposant les anciens bâtiments en pâte de farine le long de l’Axe conformément à leur position géographique réelle, avec Yongdingmen au sud et les Tours de la cloche et du tambour au nord. J’ai aussi fait des roses de Chine en pâte pour la décoration, ce qui s’inscrit également dans un style réaliste puisqu’en été, ces fleurs sont partout dans la capitale. Enfin, on trouve bien sûr les martinets noirs volant parmi les bâtiments. Et grâce à l’initiative « Faire entrer le patrimoine culturel immatériel (PCI) dans l’école », j’ai visité de nombreux établissements primaires de Beijing, expliquant aux enfants les folklores de danses du dragon et du lion et montrant la configuration ingénieuse de l’Axe central de la ville, ce qui les a beaucoup intéressés.
Les figurines en farine faites par Peng Tian (Photo fournie par Peng Tian)
Beijing est une ville ancienne, riche en récits humains, où la modernité et l’histoire se mêlent merveilleusement. Le lac Houhai derrière le pont Yinding, où j’allais jouer durant mon enfance, est maintenant bordé de bars. Les soirs d’été, lorsque les lumières s’allument, les boutiques vendant les produits d’artisanat ancien et les bars que les jeunes aiment fréquenter vont de pair, tandis que non loin de là veillent les historiques Tours de la cloche et du tambour. À l’heure présente, je participe encore régulièrement à des foires dans les principaux parcs de Beijing. Je ne suis plus une touriste, mais une artiste qui y fait connaître l’art des figurines en farine. Malgré cette évolution, l’architecture le long de l’Axe central, les foires ainsi que les folklores qui sont parfaitement préservés demeurent toujours aussi dynamiques que l’art des figurines en farine qui existe depuis des milliers d’années.
Au début de cette année, le Bureau municipal du patrimoine culturel de Beijing et Tencent ont organisé conjointement le lancement de « l’Axe central numérique » ayant pour thème « L’Axe central numérique illumine la civilisation – candidature au patrimoine culturel immatériel mondial pour l’Axe central de Beijing » à la Tour d’archers, publiant la première image numérique de sa candidature : « martinet noir de Beijing ». Avec l’aide de la technologie numérique, le « martinet noir de Beijing », qui illustre un Beijing historique, culturel et écologique, va certainement voler encore plus loin.
En effet, le progrès de la technologie numérique a considérablement contribué à la transmission et à la diffusion du PCI. J’ai fait de nombreuses tentatives en ce sens. Par exemple, j’ai invité la Française Anaïs Martane à participer à une vente par diffusion en direct. Anna est bien connue en Chine en tant qu’épouse de l’acteur Liu Ye, mais elle est aussi photographe et organisatrice d’expositions, ayant une grande passion pour la culture chinoise. Avec enthousiasme, elle a présenté l’art des figurines en farine et expliqué le PCI chinois au public chinois et étranger pendant la diffusion en direct.
*PENG TIAN est héritière représentative du patrimoine culturel immatériel (PCI) au niveau national des « figurines en farine de la famille Peng »