La 1ère réunion du Comité international olympique s’est tenue à Paris en 1896.
Le baron Pierre Fredy de Coubertin (1863-1937) reste aujourd’hui encore le promoteur incontestable d’une grande idée : restaurer les Jeux olympiques, ceux de l’Antiquité ayant été abolis par l’empereur romain Théodose (édit de 394) comme symbole du paganisme.
Un jeune homme sportif
Né dans une très vieille famille de l’aristocratie française, le jeune Pierre de Coubertin, élève dans un collège jésuite, bachelier en 1880-81, étonne sa famille en abandonnant une carrière militaire pour se tourner vers les sciences politiques. Dans le même temps, il part au Royaume-Uni et découvre une nation qui donne à l’exercice physique une place privilégiée dans le système éducatif. La formation intellectuelle ne peut être à part d’une formation sportive. En France même, les lois scolaires du ministre Jules Ferry rendent obligatoire la gymnastique pour les filles et les garçons âgés de 6 à 13 ans.
Le jeune homme est lui-même un grand sportif, passionné de rugby et pratiquant l’escrime, l’équitation, la boxe, l’aviron, devenant même à plusieurs reprises champion de France de tir au pistolet. En 1889 est créée l’Union des sociétés françaises des sports athlétiques (USFSA) dont il devient le secrétaire en 1891. Son but ? Développer le sport scolaire. Mais une idée trotte dans la tête de Coubertin.
Rétablir les Jeux olympiques
C’est à l’occasion du cinquième congrès de l’USFSA que, le vendredi 25 novembre 1892, dans le grand amphithéâtre de l’ancienne Sorbonne, cœur universitaire de Paris, Pierre de Coubertin parla de « cette œuvre grandiose et bienfaisante, la renaissance de l’athlétisme dans le monde » avec, comme conclusion, « le rétablissement des Jeux olympiques ». Il faudra encore deux ans pour que, de nouveau à la Sorbonne, le 23 juin 1894, on assiste dans ce que l’on considère comme le premier congrès olympique, à la proclamation officielle du retour des JO modernes.
Désormais la vie du baron sera vouée à l’olympisme. Le 6 avril 1896, à Athènes, le roi de Grèce Georges Ier ouvrira officiellement les premiers Jeux olympiques de l’ère moderne.
L’athlète américain Alvin Kraenzlein (1er à d.), champion du 60 m aux JO d’été de Paris, le 20 mai 1900
De grandes idées
Le discours du 25 novembre de Pierre de Coubertin met d’abord l’accent sur l’éducation physique qui inculque discipline et hygiène, et forme l’individu. Discours qui rappelle quelque peu le caractère nationaliste, patriotique et revanchard des Français face à l’ennemi allemand à l’époque. Mais il insiste également sur le sport, source de paix : « il est évident que le télégraphe, les chemins de fer, le téléphone, la recherche passionnée de la science, les congrès, les expositions ont plus fait pour la paix que tous les traités et toutes les conventions diplomatiques. J’ai l’espoir que l’athlétisme fera plus encore. Ceux qui ont vu trente mille personnes courir sous la pluie pour assister à un match de football ne trouveront pas que j’exagère… ». Les rencontres internationales ne peuvent être qu’amicales, renforçant les liens entre les peuples, bien loin des nationalismes agressifs de cette fin du XIXe siècle. À ceux qui s’inquiètent au sujet des participants, Coubertin répond qu’il s’agira de Jeux « à l’échelle du monde, de Jeux ouverts à tous, à tous les pays, à toutes les races, à toutes les religions ». Internationalisme, pacifisme, générosité et désintéressement des Jeux : les JO du XXe siècle sauront-ils ne pas oublier ces belles idées ?
Davantage historique que politique !
Pierre de Coubertin est incontestablement influencé par les pratiques sportives anglaises initiées dans les écoles : sport à l’extérieur, avec un esprit d’équipe (athlétisme, rugby, football) avec des championnats très disputés. C’est cette idée qu’il va exposer à la Sorbonne avec quelques difficultés et beaucoup d’incompréhension pour ces auditeurs. Mais il va s’obstiner. En juin 1894 encore il présente ces Jeux comme source d’efforts, de rapprochements des peuples, de dépassement de soi. C’est d’ailleurs l’esprit de la devise officielle « Citius, altius, fortius », adoptée cette année-là.
Le Comité olympique et son secrétaire organiseront réunions, rencontres, discours pour finalement réussir à mobiliser 14 pays aux premiers Jeux olympiques modernes de 1896 à Athènes. La France et Coubertin en particulier sont fiers de ces premières compétitions : Paris accueillera les JO de 1900 en liaison avec l’Exposition universelle. C’est, dans l’esprit du baron, renforcer l’internationalisme des Jeux et l’esprit olympique. Voilà pourquoi en 1904, ce sont les États-Unis qui recevront les troisièmes Jeux. Désormais les JO deviennent mondiaux et continueront, bon an mal an, leur essor.
Merci, Monsieur de Coubertin !
*MICHEL MÉTÉNIER est un historien et pédagogue français.