La flamme olympique pour les JO d’été de Beijing est allumée sur le site grec d’Olympie, le 24 mars 2008. 

La civilisation grecque, l’une des origines de la civilisation occidentale, a réalisé une belle percée dans le domaine spirituel pendant la période axiale. C’est à cette époque que des réflexions sur la valeur de l’Homme ont commencé à émerger, révélant les prémices d’une approche humaniste. L’esprit olympique, composante des valeurs fondamentales de la civilisation grecque, a toujours transmis l’universalité.

C’est à travers la culture de la compétition olympique que la Grèce antique a forgé ses valeurs fondamentales telles que l’excellence (aretê), le courage, la paix, la sainteté, l’unité et la communauté. À partir de celles-ci, elle a construit tout un système vertueux, religieux et politique et l’a mis en place dans ses cités, devenant le berceau de la civilisation moderne d’Europe. Le sport incarne l’excellence et le courage de l’Homme sur le plan à la fois corporel et spirituel. En revanche, le vainqueur en tant que héros surpasse les mortels, participant ainsi à la gloire divine et à la sainteté. Lorsqu’une victoire éphémère est revêtue de la gloire immortelle, l’Homme mortel atteint l’éternité, le plus haut degré de perfection et d’intégrité. Gagner une compétition sportive représente une noble victoire sans aucune animosité, ce qui signifie qu’il est possible de l’emporter sur autrui de manière pacifique. Les Jeux olympiques (JO) antiques ont offert une célébration religieuse ouverte à tous, une « valeur commune à tous les Grecs, où qu’ils se trouvent ». Le sens de communauté s’y exprimait naturellement. Compétitions réelles, mais conflits fictifs, les JO antiques cultivaient la vertu des citoyens grecs. Aujourd’hui, les JO modernes, en plus de perpétuer l’éducation morale, ont la responsabilité et l’importante mission de briser les préjugés et les fossés entre les civilisations.

Le monde d’aujourd’hui est confronté à l’insécurité, l’instabilité et l’incertitude et a un besoin impératif d’échanges et de coopération entre les civilisations. Cependant, les tendances à la démondialisation et au découplage se multiplient. Ces phénomènes s’expliquent par des facteurs géopolitiques, mais aussi par un manque profond d’échanges. Toutefois, si les civilisations se refusent à coopérer à cause de la méfiance, voire de l’hostilité, elles vont se retrouver dans une impasse qui se transformera en nœud gordien. La diffusion des JO à travers le monde offre tous les quatre ans une précieuse occasion pour les différents peuples de communiquer, de se connaître et de se respecter. C’est un premier pas vers la paix et la collaboration entre les civilisations. Tel était aussi le but de Pierre de Coubertin quand il a créé les JO modernes. « Les guerres éclatent parce que les nations se comprennent mal. Nous n’aurons pas la paix tant que les préjugés qui séparent aujourd’hui les différentes races n’auront pas disparu. Pour y parvenir, quoi de mieux que de réunir périodiquement les jeunes de tous les pays pour des épreuves amicales de force musculaire et d’agilité ? » a-t-il déclaré. « On peut espérer que ces confrontations pacifiques et courtoises soient les meilleures formes d’internationalisme », a conclu le père des JO modernes.

Les JO modernes transcendent les négociations politiques sérieuses et la cruauté des conflits militaires, ils promeuvent plutôt d’une manière concrète et vivante l’échange et l’apprentissage mutuel entre les civilisations. L’esprit grec qu’ils incarnent nous invite à revenir au point de départ de nos civilisations, et à chercher ensemble un cadre de valeurs universelles. Ce n’est qu’ainsi que les préjugés et la barbarie de l’occidentalisme déguisée en histoire universelle pourront se dissiper et qu’une nouvelle structure de l’histoire du monde deviendra réellement possible.

*QIN LU est professeur et directrice adjointe du Département de formation et de recherche en culture et histoire et du Centre de recherche sur la communication internationale de l’Académie chinoise de Gouvernance.