La flamme olympique est allumée lors de la cérémonie d’ouverture des JO d’été de Beijing, le 8 août 2008.
L’esprit olympique est considéré comme un héritage culturel majeur de la civilisation méditerranéenne. Basé sur la dichotomie homme-nature, il incarne le respect de l’individu ainsi que la libération de la personnalité et de la créativité. L’olympisme promeut depuis plus de deux millénaires le développement du sport, et se tourne de plus en plus vers la bonne entente entre les diverses cultures humaines et l’harmonie homme-nature. Il revêt une importance capitale pour la paix, le développement, l’équité, la justice, la démocratie, la liberté et d’autres valeurs universelles, et a largement contribué au progrès de l’humanité.
Au fur et à mesure de sa diffusion dans le monde, il a rencontré de nouveaux défis de par cette dichotomie homme-nature inscrite dans ses gènes. Dans les compétitions olympiques, le culte de la performance sportive a égaré certains athlètes vers l’abîme du dopage. Au cours des préparatifs des Jeux, certains organisateurs engagés dans une course effrénée au profit se sont embourbés dans la commercialisation excessive de l’événement. Les Olympiades ont aussi connu des perturbations provoquées par la politisation. Tout cela nuit à cet événement sportif et entrave le rayonnement de son esprit dans le monde.
L’univers est à la fois multiple et un. Tel est un point de vue fondamental de la dialectique matérialiste. Dans la culture traditionnelle chinoise, l’idée de zhonghe (neutralité) est le sésame qui permet de traiter la relation entre l’homme et la nature, l’homme et la société, l’homme et les circonstances qui lui sont défavorables. Le secret de la pérennité de la civilisation chinoise plusieurs fois millénaire réside dans le fait d’avoir comme gène culturel un tel concept. Le terme zhong met l’accent sur l’impartialité, la prévention de la démesure et l’équilibre, et le terme he insiste sur l’entente respectueuse de la diversité, la complémentarité mutuelle et la coexistence en harmonie. En matière de réponse aux défis internes et externes du pays, cette philosophie se décline en l’unité entre le Ciel et l’homme, la concorde entre tous les États et le soutien du peuple, à la différence de la civilisation occidentale où prédomine la pensée de la contradiction engendrant les dichotomies homme-nature, homme-société, corps-esprit. De ce fait, en suivant le zhonghe comme fil d’Ariane dans la promotion des échanges entre différentes civilisations, l’olympisme prendra un nouvel envol.
Pour commémorer le 21e anniversaire de la candidature réussie de Beijing aux JO, un relais des flammes olympiques Feiyang (JO de 2022) et Xiangyun (JO de 2008) est organisé sur la place du Manifeste olympique à Beijing, le 13 juillet
Le zhonghe a comme fondement le juste milieu et indique que la bonne voie à suivre consiste à traiter tous les êtres sur un pied d’égalité. Un puissant appui à l’esprit olympique ayant comme devise « plus vite, plus haut, plus fort - ensemble ». Cette doctrine souligne la nécessité de respecter les lois de la nature, et poursuit l’unité entre le Ciel et l’homme et la coexistence harmonieuse entre l’homme et la nature. Il ne préconise donc pas une entente sans principe, au contraire, il appelle à s’en tenir au principe de base et l’intérioriser. Il sera culturellement enrichissant d’assimiler l’olympisme en en faisant une éthique vigoureuse à observer consciencieusement.
Le zhonghe insiste sur la primauté de la paix et la complémentarité mutuelle, et considère l’harmonie comme beauté suprême. Il promeut les exercices physiques pour parfaire la personnalité et améliorer l’appréciation mutuelle, ce qui constitue une réponse positive à des défis contemporains posés à l’olympisme. En effet, les Jeux olympiques modernes ont vu des considérations abusives faire surface à l’égard des résultats des compétitions au grand dam de l’élévation d’esprit. Ils ont témoigné de la prépondérance accordée aux valeurs occidentales dominantes, et de la négligence voire l’indifférence totale à l’endroit de la diversité des civilisations et de la recherche d’un terrain d’entente par-delà leurs différences. Ils ont connu d’autres problèmes tels que la commercialisation excessive et la politisation, qui ont débouché sur la corruption sportive et la politique du plus fort. Pour remédier à tout cela, le zhonghe est plus que nécessaire.
Dans le classique confucéen Zhong Yong (L’Invariable Milieu), on peut lire que zhong est le grand fondement de la vertu et he réfère aux lois universelles du monde ; lorsque le zhonghe sera atteint, un ordre heureux prévaudra dans le monde et toutes choses prospéreront. Depuis les temps modernes, la Chine participe activement aux Jeux olympiques et a organisé ceux d’été en 2008 et ceux d’hiver en 2022 à Beijing. Qu’il s’agisse de la participation active des athlètes chinois ou des préparatifs minutieux du gouvernement et du peuple chinois, l’esprit du zhonghe, quintessence de la culture traditionnelle chinoise, rayonne de tout son éclat plus que jamais et nourrit le développement de l’esprit olympique contemporain vers un avenir meilleur.
*ZHAO KEJIN est professeur et vice-doyen de la Faculté des sciences sociales de l’Université Tsinghua.