Economie

La coopération sino-africaine se met au vert
By YU JIA* | La Chine au présent | Updated: 2024-09-30 18:24:00

Bus électrique de fabrication chinoise à Kigali, au Rwanda 

Les événements climatiques extrêmes provoqués par le changement climatique se succèdent, et la sécurité de l’approvisionnement énergétique est au centre des préoccupations mondiales. L’établissement d’un système d’approvisionnement en énergie verte et bas carbone répondant à la demande croissante en énergie est un défi énorme auquel sont confrontés les pays africains dans leur processus de développement socioéconomique. Les énergies renouvelables sont essentielles pour parvenir à un développement durable et la Chine, qui les promeut, s’est engagée à renforcer la coopération avec les pays africains dans l’hydroélectricité, l’éolien et le photovoltaïque pour les aider à développer leurs économies et améliorer le niveau de vie de leur population.

Le développement mondial tend vers le développement vert et bas carbone pour répondre conjointement au changement climatique mondial. C’est devenu un consensus international de premier plan et un thème important abordé lors du sommet de Beijing du Forum sur la coopération sino-africaine (FCSA) qui s’est tenu du 4 au 6 septembre.

Un énorme potentiel de coopération 

Le secteur énergétique africain est actuellement confronté à de nombreux défis. Beaucoup de pays d’Afrique sont confrontés à des difficultés d’approvisionnement en électricité et environ 600 millions de personnes n’y ont toujours pas accès. Le développement des énergies renouvelables en Afrique a été très lent par rapport à d’autres régions du monde. Par exemple, la capacité photovoltaïque installée mondiale en 2023 était de 1 411 GW, dont 609 GW pour la Chine (43,2 % de la puissance mondiale), tandis que les 54 pays africains n’affichaient qu’environ 12 GW (0,8 % du total mondial), selon l’Agence internationale des énergies renouvelables. Ce retard important contraste fortement avec l’ensoleillement sur le continent. La plupart des pays africains sont situés dans des régions tropicales et subtropicales, avec de longues heures d’ensoleillement direct et une forte intensité de rayonnement solaire. Selon la carte mondiale des ressources solaires publiée par la Banque mondiale, le continent africain reçoit le plus de rayonnement solaire direct au monde, avec une intensité de rayonnement annuelle moyenne dans la plupart des régions comprise entre 2 000 et 3 000 kWh/m2. À titre de comparaison, l’intensité annuelle moyenne du rayonnement solaire en Chine est de 1 500 kWh/m2. De même, le développement d’autres sources d’énergie renouvelables (hydroélectricité et éolien) dans les pays africains est également très en retard par rapport à la moyenne mondiale.

Le développement du secteur des énergies renouvelables contribuera à atténuer les pénuries d’électricité dans les pays africains et donnera également un nouvel élan au développement socioéconomique. La Chine et l’Afrique ont des centaines de projets de coopération en matière d’énergie propre et de développement vert en cours dans le solaire, l’éolien, l’hydroélectricité et la géothermie. La centrale solaire de Garissa au Kenya, construite par une entreprise chinoise, est la plus grande d’Afrique de l’Est, avec une capacité installée de 50 MW. Elle peut produire environ 100 millions de kWh d’électricité chaque année, permettant de réduire les émissions de CO2 d’environ 70 000 tonnes. Le projet éolien Adama en Éthiopie est l’un des plus vastes d’Afrique, avec une capacité installée de 153 MW. Il peut produire environ 500 millions de kWh d’électricité chaque année, permettant de réduire les émissions de CO2 d’environ 300 000 tonnes. En novembre 2021, la Conférence ministérielle du FCSA a adopté la Déclaration sino-africaine sur la coopération dans la lutte contre le changement climatique, élargissant davantage la coopération dans les énergies renouvelables et d’autres technologies industrielles vertes et bas carbone, y compris la coopération en matière de capacité de production, aidant les pays africains à réaliser un développement vert, bas carbone et de haute qualité. Le FCSA qui vient récemment de s’achever a ouvert de nouvelles opportunités pour la coopération sino-africaine. Le Plan d’action de Beijing (2025-2027) adopté lors de ce sommet met l’accent sur les efforts croissants pour développer la coopération dans les énergies renouvelables et encourage les investissements dans le solaire et l’éolien, l’hydrogène vert, l’hydroélectricité, la géothermie, et d’autres projets d’énergies renouvelables, afin de donner une connotation verte à la coopération sino-africaine.

Station de recharge IZI Electric à Kigali, au Rwanda 

Promouvoir le secteur des énergies renouvelables en Afrique 

La fabrication des dispositifs pour les énergies renouvelables stimule la croissance économique et crée des emplois tout en améliorant la balance commerciale et les perspectives socioéconomiques. Pour chaque million de dollars investi, l’investissement dans les technologies de transition énergétique crée trois fois plus d’emplois que l’investissement dans les combustibles fossiles. D’où l’importance d’une coopération approfondie entre la Chine et l’Afrique, notamment pour attirer davantage d’investisseurs et d’industries chinoises en Afrique.

La fabrication de tels dispositifs en Afrique reste actuellement confrontée à certains défis, comme dans le photovoltaïque chinois, par exemple, qui fait face à des difficultés en termes de politique, de technologie et de financement en pénétrant le marché africain.

Sur le plan politique, la phase initiale de l’application du photovoltaïque nécessite un soutien politique du gouvernement, notamment dans l’utilisation des terres, la taxation et les subventions sur le prix de l’électricité. En outre, les politiques introduites doivent être appliquées efficacement. Dans de nombreux pays africains, le gouvernement ne propose pas de mesures de soutien efficaces en faveur du photovoltaïque, ce qui rend difficile la génération d’une demande en électricité photovoltaïque à grande échelle. Sur le plan technologique, la fabrication de panneaux solaires en Afrique nécessite une certaine base industrielle, une chaîne d’approvisionnement et une technicité, ainsi que des équipements et infrastructures de soutien. De nombreux pays en développement de petite et moyenne taille en Afrique ne disposent actuellement pas de telles capacités. Sur le plan financier enfin, le marché photovoltaïque africain n’est pas parvenu à maturité et ses bases industrielles sont incomplètes. Les coûts de financement des projets de fabrication et d’application photovoltaïques sont donc relativement élevés.

La coopération sino-africaine en matière de développement vert met l’accent sur la construction de parcs d’énergies renouvelables et la mise en œuvre de projet industriels, avec des projets « petits mais beaux ». Dans les vastes zones rurales d’Afrique où la couverture en électricité est difficile, le micro-photovoltaïque hors réseau présente les avantages d’une production d’énergie économique et facile d’utilisation. Des entreprises chinoises se sont lancées sur ce marché au Kenya, en Zambie, en Ouganda, en Tanzanie et au Rwanda. En septembre 2023, la Chine a annoncé la mise en œuvre du projet « Ceinture photovoltaïque africaine » lors du premier Sommet africain sur le climat pour aider 50 000 ménages pauvres dépourvus d’électricité. Le projet se concentre sur la dotation en ressources photovoltaïques de l’Afrique et sur les besoins de coopération dans les énergies propres. Par le biais de mesures incitatives, d’équipements, de technologie, de techniciens, et d’autres ressources chinoises, et via un mode combinant assistance matérielle, échanges et dialogue, recherche conjointe et renforcement des capacités, ce projet contribue au développement du secteur photovoltaïque africain de manière globale et diversifiée.

La coopération en marché tiers contribue au développement vert mondial 

En matière de coopération en marché tiers dans le secteur des énergies renouvelables, le modèle de coopération tripartite Chine-France-Afrique est exemplaire. La France est le premier pays développé à avoir établi un mécanisme de coopération intergouvernementale en marché tiers avec la Chine. Les entreprises françaises disposent d’avantages uniques dans la fabrication de pointe, la protection de l’environnement et l’ingénierie de la construction, alors que leurs homologues chinois ont accumulé une riche expérience dans la construction d’infrastructures, l’énergie, la fabrication d’équipements et Internet. Les entreprises des deux parties sont ainsi fortement complémentaires et il existe un grand potentiel de coopération sur les marchés tiers pour soutenir le développement vert de l’Afrique. Par exemple, en 2023, la société chinoise Sungrow a signé un accord d’approvisionnement avec EDF Renewables pour la fourniture d’un système de stockage d’énergie refroidi par liquide de 264 MWh pour le premier projet de centrale électrique virtuelle intégrée éolien-solaire-stockage d’Afrique du Sud, ce qui atténuera la crise électrique dans ce pays après la connexion au réseau. Ce projet est un exemple de coopération sino-française en marché tiers dans les énergies renouvelables.

Le savoir-faire est le facteur clé du développement vert en Afrique. Que ce soit la mise en œuvre d’une production d’énergies renouvelables à grande échelle ou de projets « petits mais beaux » qui profitent directement aux usagers, il s’agira dorénavant et avant tout de renforcer la coopération et les échanges entre la Chine et l’Afrique dans la formation de personnels qualifiés.

La Chine s’est engagée à renforcer la coopération avec les pays africains dans les énergies renouve-lables qui sont essentielles pour parvenir à un développement durable.

*YU JIA est experte principale et directrice du département de développement international et de coopération de l’Institut de nouvelle économie structurelle de l’Université de Pékin.

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