Dans le chapitre XX du tome IV de Xi Jinping : La Gouvernance de la Chine, il est question du développement de qualité de l’initiative « la Ceinture et la Route » (ICR). Cette section met l’accent sur la nécessité d’améliorer la qualité et la durabilité des projets menés dans le cadre de l’initiative, tout en renforçant la coopération internationale et en assurant des bénéfices mutuels pour les pays participants. Cette annonce marque une nouvelle étape essentielle pour redynamiser ce projet lancé en 2013, qui a démontré son rôle majeur pour une meilleure connectivité à l’échelle du monde.
Xi Jinping illustre le postulat suivant, bien que l’ICR ait déjà permis des progrès importants en matière de construction d’infrastructures et d’expansion commerciale, il est temps de passer à un modèle de développement plus durable et de qualité. Cela signifie privilégier des projets économiquement viables, respectueux de l’environnement et socialement responsables. Cette nouvelle vision peut être comparée à la seconde étape du lancement d’une fusée : après l’efficacité, vient la soutenabilité, marquée par la qualité. Ce critère est essentiel à la pérennité du projet, qui touche aujourd’hui à de nombreux secteurs tels que les infrastructures, le commerce, la gouvernance et le développement.
Solidarité et coopération internationales
Le premier aspect abordé est la notion de coopération internationale. La lutte contre le COVID-19 a rappelé douloureusement que les initiatives solitaires et égoïstes sont vouées à l’échec. Dans les relations internationales et la santé, la solidarité est essentielle pour relever les défis mondiaux, tels que les pandémies et les crises sanitaires. La coopération entre les nations permet de mutualiser les ressources, les connaissances et les compétences pour garantir un accès équitable aux soins de santé, aux médicaments et aux vaccins, comme l’a montré la crise de 2020.
Le multilatéralisme joue un rôle clé en offrant une plateforme où les pays peuvent travailler ensemble au sein d’organisations internationales comme l’OMS, afin de définir des stratégies communes, renforcer les systèmes de santé et promouvoir une réponse coordonnée face aux urgences sanitaires mondiales. Cet exemple de la santé illustre l’idée du président chinois de favoriser une coopération basée sur des innovations technologiques, des approches modernes en matière de financement et une meilleure coordination des politiques entre les pays partenaires. L’objectif est de s’assurer que les projets de l’ICR ne se limitent pas à de grandes infrastructures, mais apportent des bénéfices à long terme pour le développement économique et social. Cela passe par le renforcement d’autres secteurs non traditionnels du projet des nouvelles routes de la soie, initialement axés sur les grandes infrastructures.
Pour une ICR inclusive
Le président chinois évoque « la concertation, la synergie et le partage » pour rendre l’initiative plus inclusive et bénéfique aux pays impliqués. Le développement de qualité repose sur l’intégration des différentes économies tout en évitant les déséquilibres. L’objectif est de créer des partenariats équilibrés, où chaque partie tire des avantages économiques et sociaux de la coopération. Dans le domaine de la santé, les productions conjointes de vaccins au Brésil, aux Émirats arabes unis, en Malaisie et au Pakistan illustrent cette volonté de coopération par les nouvelles routes de la soie et une illustration de l’héritage de la lutte commune contre le virus.
Selon le président chinois, la notion d’inclusivité de tous les partenaires doit suivre un idéal : atteindre des objectifs communs de lutte contre la pauvreté et d’amélioration de la dignité humaine. Ces objectifs se traduisent par une meilleure connectivité économique et commerciale, la lutte contre la pauvreté, l’intégration des économies au marché mondial, et la participation de tous les acteurs à la gouvernance sous-régionale, régionale et mondiale. Toutefois, pour œuvrer au développement de qualité de l’ICR, se pose l’engagement de soutenabilité financière du projet qui doit théoriquement se conclure en 2049, pour les 100 ans de la Chine nouvelle. Par conséquent, se pose la problématique de la gestion de la dette des pays partenaires. Xi Jinping insiste sur la nécessité d’éviter une dépendance excessive à l’endettement pour financer les projets. Il encourage des pratiques financières plus transparentes et soutenables pour garantir une stabilité économique à long terme. Pour assurer la viabilité à long terme des projets, des mécanismes financiers innovants sont mis en place, incluant des partenariats public-privé et des financements à conditions favorables, afin d’éviter des niveaux d’endettement excessifs et de garantir un bénéfice partagé entre les acteurs impliqués. Le président chinois mentionne des sujets nouveaux comme le contrôle des risques et l’amélioration de la rentabilité des investissements. Enfin, on peut citer le processus d’annulation, d’allégement ou de restructuration de la dette de certains pays partenaires. Symbole d’une gestion intelligente de la coopération, en fonction de la situation de chaque acteur, sans prédation et de l’adaptation du processus de remboursement de sa dette en fonction de sa situation économique et politique.
Le développement de l’ICR et la place croissante de la Chine dans la diplomatie mondiale témoignent du nouveau rôle du pays dans la gouvernance mondiale. En tant que force motrice de l’initiative, la Chine entend jouer un rôle de leader dans l’établissement de nouvelles normes de coopération internationale, en favorisant un modèle de gouvernance mondiale plus inclusif, équitable et coopératif. Face aux grands enjeux du XXIe siècle, il est crucial d’adopter une approche plus verte dans la mise en œuvre des projets de l’ICR. La Chine appelle à des investissements dans des projets respectueux de l’environnement, à une gestion écologique des ressources, et à la promotion d’une économie bas-carbone. Ce message est relayé lors de chaque rencontre internationale ainsi que dans les rencontres bilatérales entre la Chine et les pays partenaires de l’ICR.
*ADRIEN MUGNIER est directeur de l’Observatoire français des nouvelles Routes de la Soie, un centre d’étude et de veille sur l’initiative « la Ceinture et la Route ».