Economie

Un rendez-vous mondial
By LIU TING, membre de la rédaction | Dialogue Chine-France | Updated: 2024-12-02 14:55:00

Pavillon France à la 7e CIIE 

La 7e édition de l’Exposition internationale d’importation de la Chine (CIIE), la première exposition de niveau national dédiée aux importations dans le monde, s’est tenue du 5 au 10 novembre à Shanghai. À l’occasion du 60e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la Chine et la France, la France a été désignée pays invité d’honneur pour la deuxième fois.

« Dans ce contexte de coopération accrue entre nos deux pays, notre présence renouvelée à la CIIE témoigne de l’engagement constant de la France à renforcer les échanges économiques et commerciaux avec l’ensemble de ses partenaires », a indiqué Joan Valadou, consul général de France à Shanghai, le 6 novembre lors de l’inauguration du pavillon France. Il a noté que près de 130 exposants français étaient venus avec un vif intérêt, démontrant « l’importance du marché chinois pour les entreprises françaises ».

De nombreuses personnalités et entrepreneurs français présents à la CIIE ont partagé avec La Chine au présent leur impression sur la CIIE, parlé du rôle qu’elle a dans la coopération entre les entreprises chinoises et étrangères et se sont exprimés sur les échanges et les relations entre les deux pays.

Une plateforme de coopération et d’opportunités 

« La CIIE est en train de devenir un grand rendez-vous mondial. Je pense que ce sera une plateforme de coopération où de nombreux contrats sont signés et où des initiatives très concrètes voient le jour », a déclaré Jean-Pierre Raffarin, ancien Premier ministre français. Cette année marque sa cinquième participation à la CIIE. Selon lui, la CIIE est un véritable événement du commerce international, attirant non seulement les grandes entreprises chinoises importatrices, mais aussi beaucoup d’acteurs internationaux.

Pour cette édition, la CIIE a accueilli 3 496 exposants de 129 pays et régions. Un nombre record de 297 entreprises figurant sur la liste Fortune Global 500 et de leaders de l’industrie ont participé à l’événement. La surface totale d’exposition au Centre national des expositions et des congrès (Shanghai) a dépassé les 420 000 m2. « C’est probablement le plus grand forum du commerce international aujourd’hui, ce qui explique la forte présence des entreprises françaises », a indiqué M. Raffarin.

Il a souligné que la ministre française du Commerce extérieur, Sophie Primas, qui représentait le gouvernement français, était très attachée à la promotion de cet événement et est venue discuter de différents dossiers, notamment avec le ministre chinois du Commerce, Wang Wentao. « C’est un signe d’amitié avec la Chine pour essayer de faire en sorte que la coopération puisse l’emporter sur les tensions. Aujourd’hui, les tensions sont nombreuses, notre monde est très dangereux. Nous cherchons de bonnes volontés pour développer la coopération plutôt que d’attiser les tensions », a-t-il renchéri.

Sybille Dubois-Fontaine, directrice générale du Comité France Chine (CFC), estime que la CIIE offre une multitude d’opportunités de rencontres, tant entre les entreprises françaises et chinoises qu’avec des officiels des deux pays. « La CIIE est devenue un rendez-vous annuel permettant l’organisation de beaucoup de réunions et offrant de nombreuses opportunités de rencontrer divers acteurs au même endroit. Les gens attendent de se rencontrer, de créer des événements réguliers, et de tisser un dialogue qui évite la distanciation et c’est très important de travailler ensemble et d’éviter de ne pas se voir », a-t-elle remarqué.

Cette année marque également le 45e anniversaire de la fondation du CFC, qui s’efforce de promouvoir les échanges et la coopération entre les entreprises chinoises et françaises. Au cours des 45 dernières années, le CFC a accompagné plus de 500 entreprises françaises qui étaient toutes petites à leurs débuts en Chine. Mme Sybille Dubois-Fontaine estime qu’avec des pavillons sectoriels et thématiques à la CIIE, ce sera plus facile pour les petites et moyennes entreprises (PME) d’aborder ensemble le marché chinois.

Première asiatique du pneu Michelin pour rover lunaire à la 7e CIIE, le 6 novembre 2024 

Expansion sur le marché chinois 

« La CIIE, le seul salon dans le monde consacré aux produits d’importation, témoigne de l’ouverture entre la France et la Chine et vers le monde. Pour L’Oréal et les entreprises françaises, c’est une occasion unique de montrer à la Chine ce qu’elles sont capables de faire. C’est également une opportunité pour les consommateurs et les autorités chinois de découvrir tout ce que la France a à offrir. C’est vraiment une chance de mieux se connaître mutuellement », a déclaré Jean-Paul Agon, président du conseil d’administration de L’Oréal.

Il a dévoilé que les points forts de L’Oréal pour cette édition sont les nouveaux produits à présenter. « Nous voulons montrer à nos amis étrangers ce que nous avons de mieux et de plus innovant. Les entreprises chinoises et les consommateurs chinois vont aimer nos produits s’ils sont assez innovants et s’ils sont pertinents pour le marché. La CIIE est une plateforme qui nous donne beaucoup de visibilité », a-t-il ajouté.

M. Agon a confié qu’il était heureux car c’était lui qui avait créé la filiale de L’Oréal en Chine il y a 27 ans. Au début, elle n’avait que dix personnes dans un petit appartement à Shanghai. « Aujourd’hui, cette filiale est devenue la deuxième plus grande de L’Oréal, et peut-être un jour, elle sera la première. Nous avons beaucoup d’ambitions, et c’est devenu une affaire de grande envergure avec de nombreux collaborateurs, une véritable réussite », a-t-il confirmé.

Actuellement, L’Oréal est la première entreprise cosmétique en Chine. Avec 350 boutiques, le géant français de la beauté atteint entre 120 et 140 millions de consommateurs chinois. « Nous avons l’ambition de continuer à nous développer. Il y a tellement d’opportunités et de clients qui ne nous connaissent pas encore. Même s’ils nous connaissent un petit peu, ils n’ont jamais eu l’expérience de visiter une boutique, d’apprécier la qualité de nos produits ou de se connecter avec la marque. Il y a beaucoup d’opportunités d’investissement et de développement qui s’offrent à nous », a poursuivi M. Agon.

Il constate que la Chine est un marché en constante évolution, avec de nouvelles tendances émergentes chaque année. « Les jeunes y jouent un rôle très important, influençant les modes, les attentes et les besoins. L’Oréal est là pour répondre à ces nouvelles demandes », a-t-il noté.

Thibault de Ladoucette, président du conseil d’administration du groupe français Lesaffre, est également optimiste quant aux perspectives du marché chinois. « Nous continuerons d’augmenter nos capacités de production en Chine pour faire face à la demande du marché chinois, qui a beaucoup de potentiel. C’est le marché qui réalise la croissance la plus importante, beaucoup plus importante que celle en Europe et aux États-Unis », a-t-il annoncé.

M. de Ladoucette a travaillé au consulat général de France à Shanghai en charge des échanges économiques et commerciaux entre la Chine et la France il y a 37 ans. Il est revenu à Shanghai l’année dernière et a constaté beaucoup de changements dans la ville. « À l’époque, il y avait dans la rue des embouteillages de vélo. Aujourd’hui, ce sont des embouteillages des véhicules électriques. Je n’ai jamais vu un pays qui a connu un développement économique aussi important », a-t-il remarqué. Il constate que l’amélioration du niveau de vie aidant, les consommateurs chinois consomment davantage de pain de haute qualité. « Nous apportons des produits innovants de qualité de la marque française pour les consommateurs chinois dans les domaines de la boulangerie, de la nutrition, et de la santé », a-t-il expliqué.

Il estime que la CIIE est une bonne plateforme pour créer des partenariats. Lors de cette édition, Lesaffre a signé 12 contrats de coopération stratégique avec des entreprises chinoises de boulangerie-pâtisserie. Implanté sur le marché chinois depuis plus de 40 ans, le producteur de levure a maintenant plus de 1 500 employés, quatre bases de production dans l’Anhui, le Guangxi et la Mongolie intérieure, ainsi que quatre « baking centers » à Beijing, Shanghai, Guangzhou et Hong Kong. Début novembre, la base de production à Chongzuo (Guangxi) a achevé son projet d’expansion.

Cette année, Saint-Gobain présente ses produits innovants dans les domaines de la construction et du transport durables, notamment des plaques de plâtre absorbant le formaldéhyde et une série de technologies innovantes en matière de verre automobile. « Saint-Gobain est entré en Chine en 1985. Aujourd’hui, on y dénombre plus de 8 000 employés et une cinquantaine de sites de production. La Chine est devenue notre plus grand marché dans le domaine de la construction », a déclaré Ludovic Weber, directeur général pour l’Asie Pacifique de Saint-Gobain.

Il reconnaît que la Chine attache beaucoup d’importance au développement durable et s’efforce d’atteindre le pic d’émission de carbone d’ici 2030 et la neutralité carbone d’ici 2060. Ces dernières années, de plus en plus de consommateurs chinois recherchent des produits écologiques et haut de gamme. Pour répondre à cette demande, Saint-Gobain ne cesse d’intensifier ses investissements. En juillet de cette année, un site d’expansion de la production de verre automobile haut de gamme à Meizhou (Guangdong) et un autre site écologique de plaque de plâtre à Yangzhou (Jiangsu) ont été mis en service. En septembre, un projet de recyclage de porcelaine et de matériaux réfractaires a été lancé sur son site de production de porcelaine à Dengfeng (Henan).

Selon M. Weber, l’entreprise a réduit ses émissions de dioxyde de carbone de 73 % et ses déchets non recyclables de 94 % en Chine depuis 2017, tout en maintenant une forte croissance de son activité. « Notre stratégie globale est tout à fait cohérente avec la stratégie de développement durable de la Chine », a-t-il souligné.

Stand de dégustation de spécialités culinaires françaises à la 7e CIIE 

Renforcement des échanges sino-français 

Organisé par Business France, le pavillon France de la CIIE accueille 19 entreprises, parmi lesquelles de grands groupes, mais aussi des PME et entreprises de taille intermédiaire, qui opèrent dans des secteurs variés tels que l’agroalimentaire, les vins et spiritueux, le luxe, la mode, la beauté, la santé ou encore les équipements industriels. En cette année franco-chinoise du tourisme culturel, le pavillon reprend les codes touristiques de la France avec des éléments emblématiques comme le Moulin Rouge, la Tour Eiffel et une rue pavée des beaux quartiers, où LVMH et Galeries Lafayette tiennent boutique.

Joan Valadou a fait savoir que toutes les entreprises exposant sur le pavillon France inscrivent leur développement en Chine dans la durée et participent de manière importante à l’économie chinoise. Leur ambition est de proposer aux consommateurs et aux professionnels chinois des produits de grande qualité porteurs de valeurs fortes : l’excellence, la responsabilité, le plaisir, l’authenticité, l’innovation et le développement durable. « Ces entreprises illustrent la richesse de l’offre française en Chine. Elles témoignent de la capacité de la France à innover, à répondre aux besoins variés du marché chinois, et à renforcer les échanges économiques, commerciaux et culturels entre nos deux pays », a-t-il souligné.

La Chine est le premier partenaire commercial de la France en Asie. En 2023, les échanges commerciaux entre les deux pays ont totalisé 95 milliards d’euros, dont 25 milliards d’euros d’importations de produits français en Chine. « La venue d’un grand nombre de présidents et directeurs généraux d’entreprises françaises sur la CIIE, ainsi que la présence de près de 130 exposants français, démontrent l’importance du marché chinois pour nos entreprises. Celles-ci sont résolument engagées en Chine, y contribuent activement à une croissance durable et participent à la richesse et à l’intensité du partenariat franco-chinois », a remarqué M. Valadou.

Mme Sybille Dubois-Fontaine trouve que les échanges économiques et commerciaux entre la Chine et la France sont plus matures. « Nous avons appris à nous connaître et nous abordons maintenant plus directement le fond des sujets. Par exemple, il est plus facile de créer de l’innovation ensemble, parce qu’il n’y a plus la timidité de départ ni la méconnaissance du fonctionnement de l’autre, donc les relations entre les parties française et chinoise sont très souples dans le cadre de ces 40 années de rencontres. » Elle s’est dite très contente de voir que grâce aux experts en Chine qui connaissent bien la France et aux experts français qui connaissent bien la Chine, des projets pourront être concrétisés de manière efficace.

« Parmi les pays européens, la France a une relation singulière avec la Chine. C’est sans doute le pays ayant la relation la plus stratégique », a remarqué Jean-Pierre Raffarin. Il souligne que les deux pays ont choisi une vision multilatérale du monde, ce qui nécessite de discuter de l’évolution du système multilatéral, puisque le système de 1945 n’est plus adapté à la situation actuelle.

Numéro 21 juillet-septembre 2024
Les 60 ans de relations diplomatiques CHINE-FRANCE
Lumière sur le Manhandiao et le Gaoqiang
La mélodie de l'harmonie
Qu'est-ce que la ténacité chinoise ?
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