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Un guide des relations internationales
By ZHANG YUNLING* | Dialogue Chine-France | Updated: 2024-07-10 14:55:00

Les Cinq principes de la coexistence pacifique sont devenus le socle de la communauté de destin pour l’humanité. 

 

(PHOTO : XINHUA) 

Le 28 juin, Beijing a accueilli la Conférence commémorant le 70e anniversaire des Cinq principes de la coexistence pacifique. Le président chinois Xi Jinping y a livré un discours important, mettant en lumière la pertinence contemporaine de ces principes dans notre époque. Il a insisté sur leur rôle non seulement comme règle d’or des relations internationales, mais aussi comme pierre angulaire de la construction d’une communauté de destin pour l’humanité. 

L’année 2024 marque le 70e anniversaire des Cinq principes de la coexistence pacifique. Ces principes, énoncés pour la première fois par le Premier ministre chinois d’alors, Zhou Enlai, englobent le respect mutuel de la souveraineté et de l’intégrité territoriale, la non-agression, la non-ingérence réciproque dans les affaires intérieures, l’égalité et le bénéfice mutuel, et la coexistence pacifique. Au fil des sept dernières décennies, ils ont été universellement adoptés par les nations du monde, devenant ainsi les normes fondamentales des relations internationales et du droit international. Aujourd’hui, leur pertinence perdure. Ils jouent un rôle crucial dans la manière dont la communauté internationale répond aux défis mondiaux et favorise la paix et le développement à l’échelle mondiale.

Proclamation en temps opportun 

À sa fondation en 1949, la République populaire de Chine cherchait une coexistence pacifique dans le respect de la Charte des Nations unies en s’efforçant d’améliorer ses relations extérieures. En 1954, les Cinq principes de la coexistence pacifique (ci-après dénommés les Cinq Principes) ont été proclamés, guidant les relations de la Chine avec ses voisins et retentissant sur le monde.

En avançant les Cinq Principes, la Chine a exprimé sa volonté de surmonter les différences en termes d’idéologie, de système politique et de politique extérieure entre les pays, promouvant l’égalité, le bénéfice mutuel et la coexistence pacifique, basés sur le respect mutuel, la non-agression et la non-ingérence. Les Cinq Principes sont ainsi devenus le pilier de la politique étrangère chinoise.

Ces principes, conformes aux buts et principes de la Charte des Nations unies, reflètent les aspirations des pays en développement à un nouveau statut et à de nouveaux intérêts. Ils symbolisent leur opposition à l’interventionnisme et leur volonté de préserver leur souveraineté nationale. C’est pourquoi, dès leur introduction, ils ont été largement soutenus et acceptés.

Ils défendent l’idée que la souveraineté nationale est sacrée et inviolable. Chaque nation a le droit inaliénable de choisir son propre chemin de développement, sans ingérence indue d’autres pays. De même, aucune nation ne devrait s’ingérer dans les affaires internes d’une autre. Enfin, il est impératif que chaque pays respecte la souveraineté et l’intégrité territoriale des autres, et que les différends soient résolus pacifiquement.

En 1954, lors de sa visite en Inde et au Myanmar, le Premier ministre Zhou Enlai a déclaré conjointement avec ses homologues que les relations bilatérales de leurs pays étaient guidées par les Cinq Principes. En 1955, la Conférence de Bandung, qui réunissait plus de 20 pays asiatiques et africains, a établi dix principes pour la gestion des relations interétatiques, basés sur ces Cinq Principes.

Devenus principes directeurs du Mouvement des non-alignés fondé dans les années 1960, ces principes ont aussi été inclus dans la Déclaration relative aux principes du droit international adoptée par la 25e session de l’Assemblée générale des Nations unies en 1970 et la Déclaration concernant l’instauration d’un nouvel ordre économique international adoptée par la 6e session extraordinaire de l’Assemblée générale des Nations unies en 1974.

En accord avec les concepts culturels traditionnels chinois 

Les Cinq Principes, en accord avec les concepts culturels traditionnels chinois d’harmonie dans la diversité, de coexistence harmonieuse et de coopération mutuellement bénéfique, incarnent les aspirations de la Chine nouvelle en tant que pays socialiste. Ils symbolisent la sagesse et la contribution des pays orientaux et revêtent une importance capitale.

L’histoire de l’humanité est marquée par des conflits et des guerres, causant des dommages considérables. La coexistence pacifique repose sur des concepts, des idées et des philosophies, et nécessite le respect mutuel, la consultation et la coopération sur la base de l’égalité et du bénéfice mutuel, tout en résolvant les différends par des moyens pacifiques.

La Chine, en pratiquant les Cinq Principes, a démontré son engagement envers la résolution pacifique des questions territoriales. Face à des questions héritées du passé et à un voisinage complexe, la Chine nouvelle, dès sa fondation, a activement promu les négociations sur la délimitation des frontières, aboutissant à la délimitation de la majeure partie de ses frontières terrestres et ce, de manière pacifique.

La Chine prône l’idée de mettre de côté les différends et de développer la coopération. Cette vision, tout comme les Cinq Principes, s’enracine dans la culture traditionnelle chinoise qui vise à promouvoir le bon voisinage, l’amitié, la bonne foi et la Grande Concorde entre les nations.

Après la fin de la Guerre Froide, l’Union soviétique et l’Europe de l’Est ont connu des bouleversements considérables, et la Chine a dû faire face à un environnement extérieur complexe. Plutôt que de répondre aux pressions extérieures par la confrontation, la Chine a œuvré activement à une coexistence pacifique en établissant des partenariats. Cette démarche lui a permis d’explorer une voie plus large, non seulement pour surmonter les périodes difficiles, mais aussi pour réaliser un nouveau développement.

Un avenir nouveau 

Lors du 50e anniversaire de la Conférence de Bandung en 2005, la Déclaration sur le nouveau partenariat stratégique Asie-Afrique adoptée par les dirigeants de 106 pays a mentionné la nécessité de revitaliser l’esprit de Bandung tel qu’incarné dans le communiqué final de la Conférence Asie-Afrique de 1955. En 2015, à l’occasion du 60e anniversaire de la conférence de Bandung, les dirigeants asiatiques et africains se sont réunis à Jakarta et à Bandung pour participer au sommet Asie-Afrique, dont le thème était « Renforcement de la coopération Sud-Sud pour promouvoir la paix et la prospérité mondiales ». Le président chinois a pris part à la réunion et a proposé de stimuler la construction d’une communauté de destin pour l’humanité et de la Ceinture et la Route, des initiatives qui renforceront les efforts mondiaux pour maintenir la paix et favoriser le développement commun.

La situation internationale connaît de profonds bouleversements. Le monde a vu une évolution accélérée, marquée par des changements majeurs dans la structure mondiale et l’émergence de nouvelles contradictions.

Le pouvoir du monde occidental est en déclin avec la montée du « Sud global ». Les rapports de force entre les grandes puissances, notamment la Chine et les États-Unis, changent. Cette nouvelle dynamique a intensifié la compétitivité et a conduit à des différends susceptibles de provoquer des conflits. Face à ces changements et dangers, il est essentiel de promouvoir l’esprit des Cinq Principes, en mettant l’accent sur la coexistence pacifique et harmonieuse.

Ces changements mondiaux inédits depuis un siècle ont incontestablement lié le destin des nations, conférant une nouvelle importance aux Cinq Principes. Dans ce contexte, la collaboration internationale est essentielle pour prévenir l’escalade des conflits et la menace de guerres. Il est crucial d’éviter une nouvelle guerre mondiale, de s’efforcer de construire une civilisation basée sur la coopération et de défendre un monde pacifique et durable.

La coexistence pacifique est un concept, une idée, une philosophie et une voie à suivre. Pour atteindre une coexistence pacifique, le respect mutuel, la consultation et la coopération sur la base de l’égalité et du bénéfice mutuel sont essentiels, tout comme la résolution pacifique des différends.

*ZHANG YUNLING est un expert renommé des questions internationales et un membre de l’Académie des sciences sociales de Chine.

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