Le Sommet de Beijing 2024 du Forum sur la Coopération sino-africaine (FCSA) sur le thème « S’associer pour promouvoir la modernisation et construire une communauté d’avenir partagé Chine-Afrique de haut niveau », a clairement confirmé le rôle du FCSA comme la plateforme de collaboration prééminente entre la Chine et l’Afrique.
Des étudiantes du Kenya lors de la Coupe Lehua du 37e Festival international du cerf-volant de Weifang (Shandong), le 26 septembre 2020
Les participants ont adopté à l’unanimité la Déclaration de Beijing, visant à renforcer la communauté de destin sino-africaine dans la nouvelle ère, ainsi que le Plan d’action de Beijing (2025-2027). Pour les trois années à venir, la Chine et l’Afrique établiront des partenariats stratégiques dans dix domaines clés, incluant la coopération politique, les échanges et l’inspiration mutuelle entre les civilisations, la prospérité commerciale, l’intégration industrielle, la connectivité des infrastructures, le développement sanitaire, la modernisation agricole, les échanges humains, le développement durable et la sécurité. Pour soutenir ces initiatives, le gouvernement chinois s’est engagé à fournir une aide financière de 360 milliards de yuans (environ 51 milliards de dollars).
Les dirigeants chinois et africains méritent des éloges pour les résultats concrets et prometteurs du sommet, unanimement salué comme un succès. Le FCSA, prouvant sa résilience dans un contexte international fluctuant, s’affirme de plus en plus comme un modèle exemplaire de coopération internationale. Le Président chinois Xi Jinping a d’ailleurs qualifié les relations sino-africaines de « meilleures de l’histoire ». Un consensus politique solide a été atteint pour renforcer la coopération multidimensionnelle entre la Chine et l’Afrique, élevant ainsi ces relations au niveau d’une communauté d’avenir partagé de tout temps à l’ère nouvelle.
Une plateforme de coopération vitale
Les analystes et experts s’accordent à dire que l’établissement du FCSA en octobre 2000 à Beijing a inauguré une ère stratégique de transformation des relations sino-
africaines. Depuis lors, le forum est devenu une plateforme essentielle pour cette coopération, axée sur des piliers clés tels que le développement d’infrastructures, le renforcement des capacités humaines, les échanges en matière de gouvernance et le soutien financier, grâce à une approche pragmatique et efficace.
Lors du sommet, M. Xi a réitéré l’engagement de la Chine à collaborer avec l’Afrique dans des domaines variés tels que le commerce, les infrastructures, l’agriculture, l’industrie, les investissements et les projets de haute qualité dans le cadre de l’initiative « la Ceinture et la Route » (ICR), reflet de l’Initiative pour le développement mondial proposée par la Chine.
Un visiteur essaie un véhicule électrique de BYD au Festival of Motoring à Johannesburg (Afrique du Sud), le 30 août 2024.
L’Afrique salue les efforts de la Chine pour promouvoir les résultats de la Déclaration et du Plan d’action de Beijing, en accord avec l’Agenda 2063 de l’UA, la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf) et le Programme de développement durable à l’horizon 2030 de l’ONU. Elle apprécie également le rôle mondial de la Chine et ses initiatives en faveur de la paix, du développement socio-économique et de la réforme de la gouvernance mondiale, qui contribuent à renforcer le multilatéralisme et à promouvoir la représentation des pays du Sud.
Avec une population qui devrait atteindre 2,8 milliards d’habitants d’ici 2050, l’Afrique verra son jeune marché de consommation jouer un rôle de plus en plus crucial dans la demande mondiale de produits et services, y compris dans les secteurs de l’éducation, de la santé, des technologies et des infrastructures.
Des échanges commerciaux sino-africains croissants
En dépit de nombreux défis, le commerce entre l’Afrique et la Chine a atteint un niveau record de 282,1 milliards de dollars l’année dernière, boosté par les efforts récents de la Chine visant à augmenter les importations en provenance d’Afrique.
La confiance des entreprises chinoises dans le marché africain s’accroît. Plus de 3 000 entreprises chinoises, dont 70 % sont des sociétés privées, ont investi en Afrique. Avec l’accélération de la mise en œuvre de la ZLECAf, la Chine s’engage à soutenir son développement et le secrétariat de la ZLECAf, favorisant ainsi le commerce mondial et les opportunités économiques pour les pays du Sud.
La Chine et l’Afrique ont également affirmé leur opposition ferme aux vestiges du colonialisme et de l’hégémonie, tout en s’engageant à défendre mutuellement leurs intérêts fondamentaux et à soutenir les revendications légitimes des pays en développement. Cette démarche constructive bénéficie non seulement à l’Afrique et à la Chine, mais également à l’ensemble du Sud Global.
Dans un contexte où les États-Unis manifestent un intérêt de plus en plus marqué pour le continent africain, ont été récemment dévoilées des initiatives destinées à rivaliser avec les réussites des FCSA et ICR. Toutefois, grâce à son bilan positif, la Chine dispose d’un avantage considérable sur les États-Unis. L’Afrique reconnaît de plus en plus les avantages tangibles du FCSA et de l’ICR, appréciant notamment leurs principes de consultation approfondie, de contribution conjointe et de bénéfices partagés, ainsi que leur approche fondée sur une coopération ouverte, verte et propre, des projets de haut niveau, un développement centré sur les personnes et une connectivité accrue.
En 2023, les échanges commerciaux entre les États-Unis et l’Afrique a atteint seulement 67 milliards de dollars, contre 282,1 milliards de dollars pour la Chine. Cette situation suscite aux États-Unis une frustration notable. De plus, en raison de promesses économiques non tenues et d’un engagement insuffisant dans le passé, l’Afrique aborde les programmes de soutien des États-Unis et de l’UE avec scepticisme.
L’Afrique est également préoccupée par l’approche provocatrice des États-Unis envers la Chine. Dans sa quête pour réaliser « l’Afrique que nous voulons », le continent aspire à coopérer avec tous ses partenaires internationaux dans un esprit de respect mutuel et d’égalité, dans un processus dirigé par l’Afrique. Idéalement, les deux plus grandes économies du monde devraient travailler ensemble pour soutenir les pays vulnérables et contribuer à la revitalisation de l’économie mondiale.
Les États-Unis devraient donc chercher à construire des ponts plutôt qu’à les démolir, promouvoir la connectivité au lieu du découplage, et rechercher des avantages mutuels et des résultats gagnant-gagnant plutôt que l’isolement et l’exclusivité.
Le Sommet de Beijing 2024 du FCSA a clairement démontré que la Chine et l’Afrique continueront de renforcer le rôle, l’influence et la cohésion du forum, en tant que plateforme de dialogue collectif et mécanisme de coopération concrète, tout en œuvrant à construire une communauté sino-africaine robuste avec un avenir partagé pour la nouvelle ère.
*GERT GROBLER est chercheur principal et professeur honoraire de l’Institut d’études africaines de l’Université normale du Zhejiang