Monde

La convergence sino-africaine s'accélère
By HE WENPING* | Dialogue Chine-France | Updated: 2024-11-06 15:13:00

Le Sommet de Beijing 2024 du Forum sur la Coopération sino-africaine (FCSA) accélère la convergence de la communauté sino-africaine, après les rencontres précédentes à Beijing en 2006, à Johannesburg en 2015, et à Beijing en 2018. Cet événement est le plus grand rassemblement diplomatique orchestré par la Chine ces dernières années, attirant un nombre record de chefs d’État et de gouvernement. 

  

Des engins de chantier destinés à la Guinée sont embarqués sur un navire au port de Yantai (Shandong), le 13 juin 2024. 

Dans son discours liminaire lors de la cérémonie d’ouverture, le Président chinois Xi Jinping a souligné que « la Chine et l’Afrique représentent un tiers de la population mondiale. Sans la modernisation de la Chine et de l’Afrique, il n’y aura pas de modernisation mondiale. Dans les trois ans à venir, la Chine entend travailler avec l’Afrique pour développer dix Actions de partenariat sur la modernisation, approfondir la coopération sino-africaine et guider la modernisation du Sud Global ». 

Niveau de coopération plus élevé 

Lors du sommet de cette année, la Chine a hissé ses relations bilatérales avec les nations africaines entretenant des liens diplomatiques avec elle au niveau stratégique, mettant en évidence l’importance accrue de l’Afrique dans sa politique étrangère. Les pays en développement ont toujours constitué une base essentielle de la diplomatie chinoise, les nations africaines étant particulièrement prioritaires. 

Dans un contexte mondial marqué par des bouleversements majeurs les plus significatifs depuis un siècle, modelés par les changements dans les dynamiques de pouvoir et la concurrence entre grandes puissances, l’ascension du Sud Global et la dynamique de la coopération Sud-Sud sont susceptibles de remodeler les structures de pouvoir mondiales. La Chine, en tant que plus grande nation en développement et acteur clé du Sud Global, et l’Afrique, le continent avec la plus forte concentration de pays en développement, symbolisent l’unité du Sud Global. La solidarité sino-africaine incarne ainsi l’émergence renforcée des pays en développement sur la scène mondiale. 

Des actions concrètes 

Partageant une histoire marquée par les invasions étrangères et s’engageant plus tard sur la voie de la modernisation, ni la Chine ni les pays africains n’ont choisi de suivre le modèle occidental, lequel repose sur la souffrance et l’exploitation des pays du Sud Global. Au cours des quatre dernières décennies, la Chine a forgé son propre chemin, accumulant une expérience précieuse en matière de réformes, d’ouverture et de gouvernance, aboutissant à des réalisations notables. La Chine est prête à intensifier les échanges de savoir-faire en gouvernance avec les nations africaines pour avancer ensemble vers la modernisation. 

  

Un étudiant nigérian effectue un stage dans un hôpital à Fuzhou (Fujian), le 19 août 2024. 

Les dix Actions de partenariat adoptées lors du sommet visent une modernisation ouverte et bénéfique, avec des plans concrets dans le commerce, les chaînes industrielles, la connectivité, la santé, l’agriculture et le développement. Chaque plan d’action, avec ses objectifs précis, montre le caractère pragmatique de la coopération sino-africaine, bien au-delà des discours. 

La vision de modernisation de la Chine est centrée sur le peuple, visant une prospérité partagée pour l’ensemble de sa population de plus de 1,4 milliard d’habitants. Ce projet ambitieux, unique en son genre, inclut la coopération avec l’Afrique dans des domaines tels que la formation, la réduction de la pauvreté et l’emploi, afin d’améliorer le bien-être et la sécurité des peuples chinois et africains, tout en garantissant des bénéfices équitables pour tous. 

La Chine et l’Afrique doivent collaborer pour promouvoir une modernisation inclusive et respectueuse de la diversité. En renforçant leurs échanges culturels, elles visent à obtenir des résultats significatifs dans le cadre de l’Initiative pour la civilisation mondiale. La Chine s’engage à offrir 60 000 opportunités de formation en Afrique, avec un accent mis sur les femmes et les jeunes. 

En parallèle, il est crucial de promouvoir une modernisation respectueuse de l’environnement. Le développement vert est au cœur de la modernisation chinoise, et l’Afrique doit évoluer sans compromettre ses richesses naturelles. Les avancées récentes de la Chine dans les énergies renouvelables, comme les véhicules électriques, les batteries lithium-ion et les technologies photovoltaïques, sont de plus en plus adoptées en Afrique, contribuant à sa transition vers une économie verte à faible émission de carbone. 

Enfin, la modernisation ne peut réussir sans un environnement pacifique et stable. La Chine prône un développement pacifique et souhaite une modernisation soutenue par la paix et la sécurité. La sécurité en Afrique affecte aussi les investissements et le personnel chinois. Ainsi, des initiatives de sécurité commune font partie des dix Actions de partenariat, incluant une collaboration pour renforcer le partenariat de l’Initiative pour la sécurité mondiale. 

Prospérité commerciale 

La coopération entre la Chine et l’Afrique transcende le modèle traditionnel d’un donateur et d’un bénéficiaire pour constituer un partenariat véritablement mutuellement avantageux. Les entreprises chinoises ont l’opportunité de s’engager pleinement dans les dix Actions de partenariat, renforçant ainsi leur présence sur le marché africain. Par exemple, elles peuvent jouer un rôle actif dans la production, la transformation, et le commerce des produits agricoles, de l’élevage et de la pêche en Afrique. 

Au cours des deux dernières décennies, de nombreuses entreprises privées chinoises ont établi des fermes privées, des centres commerciaux ainsi que des supermarchés et des hypermarchés en Afrique. Le lancement de l’Action de partenariat pour la prospérité du commerce devrait encore accroître ces opportunités et perspectives commerciales. 

L’Action de partenariat pour la coopération sur les chaînes industrielles est prête à propulser la collaboration sino-africaine à de nouveaux niveaux. Depuis le Sommet de Beijing 2006 du FCSA, la Chine a établi six zones de coopération économique et commerciale dans cinq pays africains, et environ 100 parcs industriels sino-africains sont actuellement en construction ou déjà opérationnels. 

Les entreprises chinoises en Afrique ne se contentent pas de développer leurs activités, elles favorisent également l’industrialisation du continent. Grâce à l’Action de partenariat pour la coopération sur les chaînes industrielles, des zones pilotes de coopération économique pourraient voir le jour, soutenant l’innovation et la transformation des PME africaines. Les entreprises chinoises spécialisées dans les énergies nouvelles, l’économie numérique, les technologies environnementales et la construction de villes intelligentes bénéficieront ainsi d’opportunités pour étendre leur présence sur le marché africain et piloter cette transformation. 

*HE WENPING est chercheuse contractuelle de l’Université Yuexiu du Zhejiang et chercheuse à l’Institut Chine-Afrique 

Numéro 20 avril-juin 2024
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