Livres

Rétablir la vérité historique
By XU HAO* | Dialogue Chine-France | Updated: 2024-08-02 19:01:00

Un juriste britannique démontre l’appartenance des îles en mer de Chine méridionale avec des archives occidentales. 

The History and Sovereignty of the South China Sea Islands (PHOTO : XU HAO) 

« C’est un ouvrage autrement important. Des archives de pays occidentaux renforcent la preuve de la souveraineté de la Chine sur les îles en mer de Chine méridionale », commentent plusieurs librairies chinoises en ligne à propos d’un livre traduit de l’anglais. L’ouvrage, intitulé The History and Sovereignty of the South China Sea Islands (L’Histoire et la souveraineté des îles en mer de Chine méridionale) d’Anthony Carty, a été publié dans sa version originale par la maison d’édition New Star Press relevant du Groupe de communication internationale de Chine lors de la 30e Foire internationale du livre de Beijing, le 20 juin. Sa version française est d’ailleurs à paraître cette année.

Anthony Carty est un professeur britannique de droit international. The History and Sovereignty of the South China Sea Islands a découlé de dix ans de documentation assidue aux Archives nationales de France, du Royaume-Uni et des États-Unis. Ses travaux permettent d’élucider la question de souveraineté relative aux îles en mer de Chine méridionale, apportant un trésor de sources historiques et de preuves juridiques en droit international à ce domaine d’étude.

« Comme le démontrent les résultats de recherche dans ce livre, la position de la Chine sur la question très controversée de la mer de Chine méridionale est légitime. Ces travaux ont, qui plus est, fait abstraction des archives historiques chinoises », peut-on lire dans la préface.

Qui sape la paix ? 

Récemment, les Philippines ont multiplié leurs provocations sur la question de la mer de Chine méridionale. En réponse, la Chine réitère que les Nanhai Zhudao (îles en mer de Chine méridionale) font partie intégrante de son territoire depuis des temps anciens et qu’elle y jouit d’une souveraineté incontestable.

Dans ce contexte, la sortie de The History and Sovereignty of the South China Sea Islands a fait l’effet d’un coup de tonnerre. Il s’est hissé début juillet dans différents palmarès des meilleures ventes de la catégorie livres d’actualité. Les recommandations d’internautes fusaient : « Tous ceux qui s’intéressent à la question de la mer de Chine méridionale sont invités à lire ce livre », « Un universitaire digne de ce nom a rétabli la vérité historique et la révèle au monde ». Face à un tel engouement, le premier tirage de 3 000 exemplaires, qui devait suffire pour un ouvrage spécialisé d’après les prévisions, s’est rapidement retrouvé en rupture de stock, et une réimpression de 10 000 exemplaires s’est opérée dans l’immédiat.

Les révélations du livre montrent que la souveraineté chinoise en mer de Chine méridionale a été depuis longtemps reconnue par un certain nombre de pays occidentaux. Cependant, cela ne les a pas empêchés de s’y immiscer à des fins géopolitiques inavouables. Leurs activités illégales portent gravement atteinte à la souveraineté de la Chine, et à ses droits et intérêts en mer de Chine méridionale. Elles sont de plus à l’origine de la destruction de la paix et de la stabilité dans la zone.

Anthony Carty indique dans sa publication que tout problème en mer de Chine méridionale peut être imputé aux colonisateurs occidentaux qui, dans les années 1930, « ont fait intrusion dans la propriété chinoise non perturbée jusque-là ». Les archives diplomatiques des États-Unis attestent que dans les années 1940, le gouvernement américain a délibérément ignoré ses propres levés hydrographiques et l’avis du Comité d’experts en droit international, obnubilé par l’idée d’exclure la Chine des îles Xisha et Nansha.

M. Carty a obtenu son doctorat à l’Université de Cambridge en 1973 et a enseigné dans plusieurs universités prestigieuses dans le monde. Il a publié nombre d’articles influents en droit international, et plusieurs ouvrages chez Cambridge University Press et d’autres éditions de renommée internationale. Il a commencé à étudier la question de la mer de Chine méridionale en 2009, une époque où le sujet se ravivait sur fond de litiges territoriaux dans la région. Il était rentré en vacances au Royaume-Uni depuis Hong Kong où il enseignait, quand il a découvert un grand nombre de documents en rapport direct avec la propriété des îles Nansha aux Archives nationales britanniques. Depuis lors, il a orienté ses recherches sur la question de la mer de Chine méridionale. Il a parcouru les Archives du Royaume-Uni, de France et des États-Unis, naviguant à travers un océan de dossiers couvrant une période de 120 ans depuis la fin du XIXe siècle.

Son ouvrage met en lumière l’appréhension et les arbitrages des principaux pays occidentaux au fil des années sur la possession de la mer de Chine méridionale, et présente plusieurs conclusions irréfutables. Par exemple, il démontre que la Chine est le premier pays à avoir découvert, nommé, exploré et exploité les Nanhai Zhudao et les eaux concernées, ce qui l’a dotée de droits historiques sur la mer de Chine méridionale. Il révèle que des pays occidentaux et les parties au litige comme le Viet Nam ont reconnu que la souveraineté des Nanhai Zhudao appartenait à la Chine. Il souligne que les revendications chinoises en mer de Chine méridionale sont fondées sur des faits historiques et conformes à la pratique du droit international, tandis que les archives historiques américaines, britanniques et françaises certifient que les Philippines n’ont aucune revendication crédible sur les îles Nansha.

Dans l’attente des réactions occidentales 

« Les archives diplomatiques françaises, britanniques et américaines, consultées par M. Carty, révèlent l’implication de ces trois pays à diverses époques dans les litiges territoriaux concernant les Nanhai Zhudao. Leurs considérations, politiques et positions juridiques à l’égard de certains événements historiques y sont également consignées. Cela aide à clarifier les faits, à comprendre les tenants et aboutissants des litiges territoriaux sur ces îles et à restituer les événements historiques sur un autre versant, ce qui est d’une importance capitale », a déclaré Zhou Jian, ancien représentant pour les affaires frontalières et maritimes du ministère chinois des Affaires étrangères, lors du lancement du livre.

The History and Sovereignty of the South China Sea Islands n’est pas qu’un livre à succès en Chine. Il suscite également de vives discussions dans le monde, notamment dans les milieux médiatique et universitaire.

Selon Urusov Volodymyr, maître de conférences au département d’histoire de l’Université nationale Taras-Chevchenko de Kiev en Ukraine, l’ouvrage d’Anthony Carty revêt une grande importance pour la Chine dans ses efforts de règlement des litiges, de maintien de la stabilité et de conclusion du Code de conduite en mer de Chine méridionale avec les pays concernés, rapporte CRI Online. « Dans le même temps, il convient de noter que la Chine a une souveraineté indiscutable sur les Nanhai Zhudao, une conclusion bien documentée dans la littérature britannique », a souligné Urusov Volodymyr.

Selon Anatol Caciuc, journaliste à Radio Moldava, les travaux d’Anthony Carty permettent à ceux qui s’intéressent à la situation en mer de Chine méridionale de mieux comprendre la position chinoise, fondée sur le contexte historique. Il est sans équivoque que « les pays impliqués dans ce différend ne doivent pas porter atteinte à la souveraineté territoriale et aux intérêts maritimes de la Chine en mer de Chine méridionale, et encore moins faire intervenir des forces extrarégionales dans l’exploitation chinoise des ressources marines en mer de Chine méridionale. »

M. Carty a exprimé sa satisfaction face à l’accueil positif de son livre, en particulier en Chine. Cependant, il attend davantage de réactions en Occident, notamment de la part des universitaires britanniques, français et américains. Il a souligné que « même certains experts avec une position anti-chinoise sur la question de la mer de Chine méridionale apprécient beaucoup ce livre pour sa valeur académique ».

Zhou Jian a abondé dans le même sens en remarquant : « La valeur la plus précieuse de cet ouvrage réside dans sa révélation de sources historiques, mais non pas dans les points de vue de son auteur. » « Je n’ai pas été chargé par les autorités chinoises de faire ces recherches, je les ai menées de manière totalement indépendante. Je n’ai ni plaidé en faveur de la Chine, ni rendu d’avis juridique ou de verdict. Je n’ai fait que mettre au jour les archives et restituer fidèlement les faits historiques », a relevé le juriste.

*XU HAO est journaliste à China Report. 

Numéro 20 avril-juin 2024
APN&CCPPC 2024
Lumière sur l'amitié sino-française à travers les ombres chinoises
Cerfs-volants chinois : un ballet aérien pour le monde
Découvrir le charme des estampes de Yangliuqing
Liens