Société

1921-2021: cent ans au service de la Chine
By JEAN PEGOURET | Dialogue Chine-France | Updated: 2021-06-30 10:56:00

En 2021, la Chine commémore le centenaire de la fondation du Parti communiste chinois. Fondé le 1er juillet 1921 dans une petite maison de Shanghaï par 13 intellectuels progressistes, le Parti communiste chinois compte en 2021 plus de 95 millions de membres.   

Sous la conduite du PCC, la Chine a d’abord reconquis son indépendance et son unité, effaçant avec la proclamation le 1er octobre 1949 par le président Mao Zedong, plus d’un siècle d’invasion étrangère.  

Après la Libération de 1949, toujours sous la conduite du président Mao Zedong, la Chine est le seul pays à avoir expérimenté, entre 1949 et 1979, une voie communiste originale et d’avenir.  

Ayant su éliminer le dogmatisme et conclu avec sagesse que « le critère de la Vérité, c’est l’épreuve des Faits », dès la fin des années 1970, le Parti communiste chinois a engagé,  la Chine dans la voie de l’ouverture et de la réforme, suivant la théorie de Deng Xiaoping.  

Très courageusement, la Chine s’est engagée dans la voie de la mondialisation qui lui a permis en trois décennies d’élever considérablement le niveau de vie de la population et d’être en mesure de retrouver sa place de puissance majeure dans le concert des Nations.  

1. Les grandes réalisations socio-économiques et les objectifs en 2021 

Avant la Libération en 1949, Alain Peyrefitte décrit la Chine comme un pays du Moyen-âge où règne la pauvreté, la mendicité, sous l’emprise des famines, à la production infime alors qu’elle représentait 30% du PIB mondial en 1820.  

Les canaux sont ensablés, le réseau ferré dégradé et l’agriculture incapable de nourrir une population constituée à 90% de paysans pauvres.  Le niveau de vie est le plus faible de la planète même en comparaison avec l’Inde et l’Afrique sub-saharienne. L’espérance de vie est de 36 à 40 ans. 80% de la population est analphabète  alors que la Chine était une civilisation multimillénaire.  

Cette situation résultait du déclin de la dynastie des Qing et des invasions occidentales et japonaise.  

En 2020, l’état de la Chine a complètement changé :  

Sur le plan économique : selon la Banque Mondiale le PIB chinois représente 15,4% du PIB mondial en comparaison de 1,5% en 1970. La Chine est le premier partenaire commercial de 130 pays, dont l’Union Européenne, et ses réserves de change sont les plus importantes du monde. 

Sur le plan social : depuis 1970, la Chine a sorti 800 millions de personnes de la pauvreté grâce aux réformes entreprises après des décennies de planification étatique. La classe moyenne représente entre 500 et 700 millions de personnes.  Entre 2012 et 2020, près de 100 millions de personnes sont sorties de l’extrême pauvreté, Le taux de pauvreté est passé de 95% en 1980, à 17% en 2010, puis 3,1% en 2017 avant de disparaître en 2020, un an avant l’objectif fixé pour le centenaire du PCC. L’espérance de vie qui était de 40 ans en 1949 est montée à 64 ans en 1975 et se situe à 77 ans en 2020.  

Sur le plan de la protection sociale, les Chinois ont accès depuis 2013 à un système de sécurité sociale comportant cinq régimes d’assurance : retraite, médicale, chômage, maternité et accident du travail. Un fonds pour le logement complète ce dispositif.  

Sur le plan de l’éducation, l’analphabétisme est éradiqué. Les enfants sont scolarisés à 99% dans le primaire et à 94% dans le secondaire. La Chine est le N°1 mondial pour le nombre de diplômés en sciences, technologie et d’ingénieurs soit quatre fois plus qu’aux Etats-Unis. Enfin, 550.000 étudiants chinois étudient à l’étranger. 

Sur le plan de l’action pour l’environnement, la Chine est signataire des accords de Paris de 2015 sur le climat. Elle est le premier investisseur mondial dans les énergies renouvelables et a réduit notablement la proportion de sa dépendance énergétique au charbon. La Chine a réalisé la plus grande opération de reboisement de la planète sur 35 millions d’hectares.  

Deux crises mondiales récentes illustrent le contraste entre les errements et l’inefficacité des « démocraties » occidentales et la maîtrise démontrée par le Parti communiste chinois. La gestion efficace de la pandémie de Covid-19 en Chine rappelle l’épisode de la crise économique de 2008.  

Pendant qu’en 2009 à Washington, on se préoccupait de renflouer les banques privées, Pékin faisait des investissements massifs dans les infrastructures qui amélioraient les conditions de vie du peuple chinois tout en soutenant la croissance mondiale.  

En 2020, les « démocraties libérales », pourtant instruites d’un an de crise, ont jugé inutile d’investir dans des lits d’hôpitaux qui ne serviraient que sur la durée d’une épidémie, ni de palier les défauts d’approvisionnement en vaccins issus de pays de l’OTAN par des vaccins chinois ou russes qui ne rapportent rien à l’industrie pharmaceutique américaine.  A l’inverse, le Parti communiste chinois a mis la priorité sur le sauvetage des vies. Il n’a pas hésité à construire en quinze jours à Wuhan deux hôpitaux de 1000 lits médicalisés chacun et de mobiliser l’armée pour y acheminer 1400 médecins. Ces actions lui ont permis d’isoler les populations menacées avec l’adhésion populaire et de traiter les malades.  

En 2021, le Parti Communiste Chinois engage la Chine dans une voie qualitativement différente qui doit la mener au premier rang des puissances mondiales.   

A travers le 14e plan quinquennal, le pays s’oriente dans le renforcement des marchés intérieur et extérieur avec le marché intérieur comme priorité destiné à bâtir une société de moyenne aisance indépendante des technologies étrangères.  

Le plan « Conçu en Chine 2025 » vise à développer et faire monter en gamme la production intérieure de la Chine par des investissements en recherche et développement et des transferts de technologie. La Chine ne vise plus à être l’atelier du monde mais à concevoir et à maîtriser les technologies qu’elle met en œuvre.  

Le plan « Normes de Chine 2035 » doit définir les normes qui prévaudront au niveau international en remplacement des normes américaines.

Les zones rurales seront revitalisées maintenant que l’extrême pauvreté y a été éradiquée en 2020.  

La transition écologique sera promue pour atteindre en 2030 la réduction à 50% de la consommation de charbon et le pic des émissions de gaz à effet de serre.  

2. Les grandes transformations politiques initiées par le PCC 

En cent ans d’histoire, le Parti communiste chinois est parvenu à élaborer un socialisme aux couleurs de la Chine prenant en compte l’expérimentation historique tout en restant fidèle à ses valeurs fondamentales.  

C’est au cours des Congrès qu’ont été progressivement incorporées dans la Charte du Parti le Marxisme-léninisme, la Pensée de Mao Zedong inscrite dans la charte du PCC lors du 7e Congrès en 1945, la Théorie de Deng Xiaoping en 1997 (15e Congrès), les Trois représentations de Jiang Zemin en 2002 (16e Congrès) et la Pensée de Xi Jinping, adaptation du marxisme léninisme en 2017 (19e Congrès).  

La Pensée de Mao Zedong 

Dès les années 1960, avec la rupture sino-soviétique, la Chine se retrouve seule à élaborer une voie autonome du communisme basée sur le marxisme léninisme et la Pensée de Mao Zedong. La Chine se trouve en rivalité à la fois avec l’URSS et les pays à capitalisme libéral de marché.  

Les années 1980 voient l’effondrement du communisme soviétique concrétisé par la dissolution de l’URSS en 1991. C’est selon les stratèges occidentaux « la fin de l’histoire » qui marque pour eux la supériorité du modèle libéral sur le communisme. La Chine se trouve alors le seul grand pays à être dirigé par un Parti communiste.  

La Théorie de Deng Xiaoping 

A la mort de Mao Zedong en 1976, la Chine est encore dans un système communiste classique avec une économie planifiée, autarcique, collectivisée.  

Fin 1978, la 3e session plénière du Comité Central du 11e congrès du PCC affirme que « la vérité, c’est l’épreuve des faits ». Déjà, en 1975, Zhou Enlai proposait les Quatre Modernisations de l’agriculture, l’industrie, la science et la technologie, et la défense nationale. Deng Xiaoping les reprend comme objectifs et lance les réformes en tant qu’adaptation du marxisme léninisme et de la pensée de Mao Zedong aux conditions socio-économiques de la Chine.  

Deng Xiaoping, pragmatique, « peu importe que le chat soit noir ou blanc, s’il attrape des souris, c’est un bon chat », comprend la nécessité de faire appel aux capitaux et aux technologies étrangères pour sortir de cet isolement et ouvrir le pays au monde extérieur. Le pays adopte le concept de « un pays, deux systèmes » pour inclure Hong-Kong, Macao et Taïwan.  

La théorie de Deng Xiaoping sera inscrite dans la Charte du PCC avec la Pensée de Mao Zedong lors du 15e congrès en 1997.  

Les Trois représentations de Jiang Zemin 

La nécessité d’associer les élites issues de l’ouverture de 1978 dans la représentation du PCC conduit Jiang Zemin à proposer en février 2000 la théorie des « Trois Représentations » : les forces productives progressistes, la culture chinoise moderne, les intérêts fondamentaux de la majorité du peuple chinois.  

Les Trois Représentations, inscrites dans la Charte du PCC lors du 16e Congrès en novembre 2002 expriment l’harmonie de la société chinoise.  

La Pensée de Xi Jinping et le « Rêve chinois » 

Trois décennies de miracle économique et d’ouverture au monde ont favorisé en Chine le culte de l’argent et de l’individualisme menaçant les valeurs fondamentales du socialisme à la chinoise. Comme l’avait pronostiqué Deng Xiaoping en 1980, « en ouvrant la fenêtre pour faire entrer un peu d’air frais, les mouches entrent avec. » 

En 2012, Xi Jiping lance le « rêve chinois » destiné à répondre aux problèmes d’emploi, de pollution, de corruption, d’enrichissement inégal et de légitimité du PCC. « Le rêve chinois combine la renaissance nationale, l’amélioration de la vie du peuple, la prospérité, la construction d’une société meilleure et le renforcement militaire » (2012).  

Le Président Xi Jinping est conscient que « gagner ou perdre l’appui du peuple est une question dont dépend la survie ou l’extinction du PCC » (2013).  

Le Parti communiste chinois convoque les racines culturelles de la Chine, notamment le Confucianisme, écarté depuis le Mouvement du 4 mai et la Révolution culturelle. « L’excellente culture chinoise traditionnelle, y compris le confucianisme, renferme d’importantes solutions pour résoudre les problèmes de l’humanité d’aujourd’hui. » (Xi Jinping) 

Le respect et la pratique des 12 valeurs socialistes fondamentales sont les conditions de la réalisation du rêve chinois. Ces pratiques sont rappelées dans le Quotidien du Peuple du 12 février 2014 qui en publie la liste regroupée en trois thèmes :  

. Nation : prospérité, démocratie, civisme, harmonie 

. Société : liberté, égalité, justice, force de la loi 

. Individu : patriotisme, dévouement, intégrité, amitié 

Xi Jinping déclare au Quotidien du Peuple : « Déjà il y a plusieurs milliers d’années, l’Etat chinois empruntait une voie tout à fait différente de la culture et du développement par rapport aux autres pays. » Avec le « Rêve chinois », loin de renier son passé et son histoire, la Chine intègre dans le développement du socialisme au visage de la Chine le génie de sa culture multimillénaire.  

Le Rêve chinois ne remet pas en cause l’ouverture de la Chine comme Xi Jinping le rappelle à Moscou en septembre 2013 : « L’objectif est de développer la consommation intérieure et les échanges avec l’extérieur sans revenir à la domination qu’ont exercé les Han et les Tang, mais au contraire en contribuant à l’évolution de la civilisation humaine. » 

La « Pensée de Xi Jinping sur le socialisme à la chinoise de la nouvelle ère » est désormais inscrite dans la Charte du PCC depuis le 19e Congrès d’octobre 2017.  

Dans le Monument édifié à Beidaihe, allégorie du Rêve chinois, deux statues de Confucius et de Mao Zedong font face à un obélisque sur lequel sont gravés « Rêve chinois », les 12 valeurs socialistes fondamentales et la citation de Xi Jinping : « Nous voulons réaliser le rêve chinois non seulement pour le bien du peuple chinois mais aussi pour tous les peuples ».  

3. Les apports de la Chine et du PCC à la pensée politique mondiale 

L’esprit des Lumières revendiqué par l’Occident s’est en fait inspiré de la Chine 

Dès le XVIIIe siècle, en Europe, les penseurs des Lumières, qui avaient pour but de reconstruire l’Europe, se sont inspirés de la Chine. Ainsi, Leibniz, Voltaire, Goethe, Montesquieu, Schiller, admiraient le système bureaucratique chinois basé sur les examens impériaux et la méritocratie par rapport aux systèmes européens basés sur le favoritisme et la naissance. 

Opposé au catholicisme, Voltaire est partisan de remplacer la religion par la morale. Faisant l’apologie de la Chine, il affirme que le confucianisme enseigne la tolérance mutuelle et le service public.  

Les Encyclopédistes reprennent dans leur œuvre de connaissance l’esprit de « l’étude », premier mot des Entretiens de Confucius.  

Les recherches de l’harmonie dans le peuple et entre les peuples sont des valeur chinoise 

Montesquieu écrit : « Les législateurs de la Chine avaient pour principal objet de faire vivre leur peuple tranquille. Ils voulurent que les hommes se respectent beaucoup, considéraient qu’il n’y avait point de citoyen qui ne dépendît, à quelque égard, d’un autre citoyen. Ils donnèrent donc aux règles la civilité la plus étendue, moyen très propre à inspirer la douceur, à maintenir parmi le peuple la paix et le bon ordre, et à ôter tous les vices qui viennent d’un esprit dur ». 

La Chine aura servi de modèle en France dans la période pré-révolutionnaire aux néo-monarchistes partisans de l’absolutisme éclairé.  

Sunzi et Clausewitz illustrent des conceptions diamétralement opposées de la guerre. Pour Clausewitz, la guerre a pour objectif l’anéantissement total de l’armée ennemi alors que pour Sunzi, un adversaire d’aujourd’hui est un vassal de demain, ce qui implique de le convaincre d’éviter la bataille plutôt que de le vaincre par les armes.  

Ces conceptions se sont forgées très tôt en Chine à l’époque des Printemps et Automnes lorsque « Cent écoles » cherchaient des solutions aux crises politiques et économiques.  

Voltaire note que « les Princes de l’Europe et les commerçants, dans leur découverte de l’Orient, n’ont cherché que des richesses. Les philosophes, eux, y ont découvert un nouveau monde physique et moral. »  

Le système politique chinois vu de l’Occident 

Le système socio-politique original élaboré par les Chinois échappe aux catégories politiques en usage en Occident. Il n’est ni une « démocratie libérale », ni une « social-démocratie », ni une « dictature », ni « communiste ».  

Habitués à voir la démocratie à travers le rituel électoral, les Occidentaux ne comprennent pas ce système. Ils ne voient même pas que leur démocratie s’accommode d’une désignation du président par les banques alors qu’en Chine, les banques obéissent au président.  

Loin d’être une « dictature totalitaire », c’est un système dont la légitimité repose exclusivement sur l’amélioration des conditions du peuple chinois. 

Organe dirigeant du pays depuis 1949, le PCC sait que la moindre déviation de la ligne du mieux-être collectif serait incomprise et provoquerait sa chute.  

Dans les pays où prévaut le multipartisme, lorsque les dirigeants échouent dans la mission qui leur est confiée par les urnes, ils invoquent la bureaucratie, les contre-pouvoirs ou maintenant les « contraintes de l’Union Européenne ». Lorsque la sanction tombe aux élections, ils rejoignent sans être inquiétés l’opposition où ils critiquent à leur tour et retrouvent rapidement des postes élevés dans le privé, l’administration ou les ONG,  

Dans le domaine des relations internationales, le Parti communiste chinois ne donne pas de leçons à ses partenaires. Il recherche la coopération gagnant-gagnant dans le respect de leurs gouvernances politiques. En cas de divergences, il privilégie le dialogue à la confrontation.  

Cette approche est celle de l’Esprit de Shanghaï, décrit dans la Charte de l’Organisation de Coopération de Shanghaï dont la Chine est membre fondateur, qui peut servir de modèle en matière de multilatéralisme.  

L’universalisme revendiqué par les Occidentaux au nom d’une certaine vision des « droits de l’hommes » est incohérent avec le respect des autres cultures. En réalité, l’ingérence dans les affaires d’un autre pays, en particulier la Chine, est essentiellement une façon de chercher à obtenir par la pression ce qu’ils ne peuvent obtenir par le commerce. C’est cette situation qui a conduit aux guerres de l’opium. Mais heureusement qu’au XXIe siècle, la Chine n’est plus dans la même situation qu’au milieu du XIXe siècle.  

Le PCC en 2021 

Cent ans après sa création en 1921, avec ses 92 millions de membres en 2020, en contemplant ses réalisations positives pour le peuples chinois depuis un siècle et la voie tracée jusqu’en 2049, on peut dire avec Xi Jinping que : « Le Parti est comme un gigantesque vaisseau qui fait avancer la Chine de façon constante avec les attentes du peuple et l’esprit de la nation. »  

L’expérience historique de la République Populaire de Chine sous la direction du Parti communiste chinois est unique. C’est la réussite d’une stratégie de sortie du sous-développement à une échelle sans précédent et d’une renaissance de la Chine et de sa culture au premier rang des nations.  

« Sans Parti Communiste, pas de Nouvelle Chine » 

*JEAN PEGOURET est fondateur de Saphir Eurasia Promotion et rédacteur de la Lettre d’information Saphir Eurasia Information 

Numéro 12 avril-juin 2022
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