L’exposition « Les voiles de la Route de la Soie – Objets précieux de la Route maritime de la Soie » organisée au Musée du Xinjiang, le 7 mai 2016.
Les relations sino-africaines ont des racines profondes. Deux principaux réseaux commerciaux étaient propices au contact entre la Chine et l’Afrique : la Route de la soie eurasienne continentale et la Route de la soie maritime. La dernière qui s’étendait de Hangzhou dans la province du Zhejiang en Chine orientale à l’Afrique de l’Est le long de la rive nord de l’océan Indien, était parallèle et reliée à la Route de la soie eurasienne continentale.
L’ancienne Route de la soie et l’Afrique
L’industrie de la soie, le commerce et, par conséquent, la Route de la soie sont beaucoup plus anciens qu’on ne le pensait et ont probablement atteint l’Égypte par la Perse. Le commerce et les échanges culturels entre la Chine et l’Égypte ont été établis pendant la dynastie chinoise des Han (206 av. J.-C. à 220 apr. J.-C).
Des pièces de cuivre chinoises portant la marque du règne Kaiyuan de la dynastie des Tang (618-907) ont été trouvées sur plusieurs îles et sites portuaires côtiers comme Mogadiscio ou l’île de Zanzibar. Ces pièces de monnaie ont été fabriquées non seulement pendant la période de Kaiyuan (713–741), mais également plus tard au VIIIe siècle. Elles sont demeurées valides pour le commerce en Chine tout au long de la dynastie des Tang.
Cependant, l’essentiel du commerce de la Chine avec l’Afrique était constitué de céramiques. Des traces de la culture matérielle chinoise ont été relevées le long du flanc oriental du continent, de l’Égypte au Mozambique, au Zimbabwe et en Afrique du Sud, le long de la côte ainsi que dans l’arrière-pays. Durant la dynastie des Song du Sud (1127-1279), la province du Fujian a été témoin d’une « révolution industrielle » avec l’invention et la propagation des « fours à dragon ». La vaisselle verte (céladon) était l’une des spécialités dominantes de Minbei et Minnan (parties nord et sud du Fujian) qui a été exportée tout au long de la Route de la soie maritime via les centres commerciaux de Xiamen et de Zhangzhou.
Navigation maritime pacifique
Pendant la première moitié du XVe siècle, la dynastie des Ming (1368-1644) a connu de fréquents voyages le long de la Route de la soie maritime. La flotte de bateaux-trésors Zheng He a navigué vers la côte est-africaine lors du quatrième (1413-1415), cinquième (1416-1419) et sixième (1421-1422) voyage, accostant à Mogadiscio en Somalie actuelle, ainsi que Malindi et Mombasa dans l’actuel Kenya. Les navigateurs ont pu échanger des marchandises chinoises contre des marchandises africaines, comprenant des animaux vivants comme des zèbres et des girafes. En outre, certains des descendants des marins chinois de la flotte vivent aujourd’hui sur la petite île de Pate le long de la côte kényane.
Une affiche de China Harbour Engineering Compagny (CHEC), qui a participé à la construction du port en eau profonde de Kribi au Cameroun, le 1er août 2018.
En résumé, il y a des preuves éparses mais significatives de la présence de marchandises et du peuple chinois en Afrique, ainsi que de personnes et d’animaux africains en Chine depuis les temps anciens. Ces interactions ont commencé au début du premier millénaire avant J.-C., sont devenues plus fréquentes durant les dynasties des Han, Tang, Yuan (1279 - 1368) et Ming. Elles ont atteint un sommet au XVe siècle et ont été écourtées par une interdiction impériale portant sur le commerce extérieur. Les données disponibles fournissent ainsi de nombreuses preuves significatives des interactions entre la Chine et l’Afrique. Il est toujours intéressant de trouver d’autres données probantes sur de nouveaux sites. Il faut intensifier la recherche pour faire plus de découvertes. Cela élargit les connaissances et aide à tracer les contours des sphères d’interaction qui se chevauchent et leurs implications culturelles.
L’interaction entre la Chine et l’Afrique à l’époque antique est un paradigme différent de celui entre l’Afrique et l’Europe. La différence était économique et culturelle plutôt que technologique. La Chine ne s’intéressait pas à l’exploitation des ressources des terres étrangères et au contrôle de leurs populations. Les sept voyages de la flotte de bateaux-trésors devaient démontrer la puissance chinoise à tous les royaumes, faire du commerce dans les ports de l’océan Indien, et ramener des biens exotiques aux empereurs. Les Ming interrompirent ces voyages en 1433.
Les relations entre la Chine et l’Afrique ont repris à la fin des années 1950, après la fondation de la République populaire de Chine en 1949, et se sont approfondies au cours de la dernière décennie grâce à l’initiative « la Ceinture et la Route » (ICR). Aujourd’hui, 52 pays africains et la Commission de l’UA ont rejoint l’ICR qui vise à accroître la connectivité entre les pays coopérants par la construction d’infrastructures et la promotion d’un développement économique durable. Ces projets de construction comprennent des chemins de fer, des routes, des ports et des pipelines, entre autres. En ce qui concerne l’économie bleue, une collaboration entre les pays de l’ICR visant à améliorer les politiques environnementales et l’exploitation durable des ressources marines a été initiée, comme en témoigne le dialogue Xiamen-Nice-Durban.