La détentrice du record du monde d’apnée Sahika Ercumen participe au Zero Waste Blue Project pour nettoyer la mer, à Istanbul, le 15 juin 2019.
Les océans sont à la Terre ce que l’eau est à l’homme. Ils couvrent plus de 70 % de la surface de la Terre et fournissent ressources et services à l’humanité. Mais depuis quelques années, ils sont menacés par le réchauffement, l’hypoxie et l’acidification, auxquels viennent s’ajouter des épisodes climatiques extrêmes, la fonte des glaciers, et l’élévation du niveau de la mer. Par ailleurs, la surexploitation des ressources halieutiques et la pollution marine ont gravement perturbé l’écosystème marin. Ces perturbations anthropiques combinées aux changements climatiques ont eu des impacts négatifs extrêmement profonds sur la santé des océans.
Leur protection est désormais devenue le troisième sujet pressant auquel les Nations Unies et les gouvernements accordent une grande attention, après les changements climatiques et la biodiversité.
Agir ensemble pour la protection du milieu marin
Lors de la Conférence des Nations Unies sur l’océan 2022, plus de 6 000 participants, dont 24 chefs d’État et de gouvernement et plus de 2 000 représentants de la société civile, ont appelé collectivement à une action urgente et concrète et plus d’ambition et d’engagement mondial face à une situation grave. Le Rapport sur l’état des océans 2022 récemment publié par les Nations Unies a également clairement mis en avant dix défis que la Décennie des Nations Unies pour les sciences océaniques au service du développement durable doit résoudre. Tous les pans de la communauté mondiale ont déjà pris des initiatives. Le Groupe de haut niveau pour une économie océanique durable créé en septembre 2018, composé d’envoyés spéciaux du Secrétaire général des Nations Unies et de 14 chefs d’État en exercice, a confié à plus de 200 experts de renommée mondiale et des chercheurs de 47 pays la rédaction d’une série de livres bleus. Un rapport de base sur l’importance de l’économie océanique pour le développement durable a été publié, qui fournit un appui important pour des solutions audacieuses et pragmatiques en faveur de la santé et de la richesse des océans en termes de mesures, de gouvernance, de technologie et de finances.
Un membre de l’association 4P Shore & Seas collecte des ordures sur la plage de Contis (Landes) en France pour étudier l’impact du plastique sur l’homme, les animaux et la nature, le 17 août 2020.
Les océans sont confrontés à des défis, mais il y a opportunités qu’il faudra saisir à l’avenir. D’une part, il existe un énorme potentiel de solutions océaniques aux changements climatiques. Depuis la révolution industrielle, les océans jouent un rôle clé dans la capture du dioxyde de carbone de l’atmosphère. De 1875 à 2019, l’océan a absorbé 37 % du CO2 émis par la combustion des énergies fossiles. À l’avenir, les solutions de réduction des émissions basées sur les océans absorberont encore environ 20 % de l’écart dans la réduction des émissions de CO2. D’autre part, la quatrième révolution industrielle représentée par l’intelligence artificielle apportera plus d’opportunités et donnera une impulsion à l’innovation technologique, ainsi qu’au développement industriel et au développement durable dans le domaine marin.
Pour un partenariat bleu et la coopération transfrontalière
Le développement et l’utilisation durables des océans sont au cœur du concept d’intégration et de développement harmonieux de l’homme et de la mer. Cependant, les problèmes auxquels sont confrontés les océans sont si vastes et profonds qu’ils ne peuvent plus être résolus par un seul pays. La coopération mondiale est nécessaire de toute urgence pour les résoudre à travers la mise en place et le renforcement du partenariat bleu et de la coopération transfrontalière. Tout d’abord, l’océan est un immense écosystème que l’on connaît encore très mal. Il est donc impératif de conjuguer les forces mondiales dans les sciences et technologies de la mer, et la coopération reste le seul moyen de relever efficacement les grands défis de la mondialisation croissante et de résoudre les grands problèmes scientifiques mondiaux. Ensuite, les sciences marines, de par leurs attributs et leurs caractéristiques, doivent faire l’objet de recherches conjointes ou complémentaires par des scientifiques mondiaux dans des perspectives régionales et mondiales. Cela permettra non seulement de découvrir et de comprendre les grands problèmes scientifiques, mais aussi à maximiser l’utilisation efficace des ressources consacrées à la recherche scientifique, à promouvoir le développement et la mise en place de méthodes techniques de premier plan, et donc à promouvoir efficacement le développement rapide des sciences marines.
Dai Minhan préside le colloque « Exploration océanique et civilisation marine » lors de la visite de la goélette Tara à Xiamen en avril 2018.
Par ailleurs, si l’humanité tire parti de la quatrième révolution industrielle, avec l’aide de nouvelles technologies telles que l’intelligence artificielle, les mégadonnées, la technologie de télédétection, les matériaux émergents et la biosynthèse, il sera possible de développer la modélisation numérique de l’océan pour consolider les connaissances scientifiques, innover dans les technologies d’application, renforcer la gouvernance scientifique, et faire jouer l’effet de levier financier. Grâce à une conception conjointe transfrontalière mondiale et à une coordination efficace, la prospérité durable de l’océan pourra être obtenue selon la formule : [océans prospères = (Science + Technologie + Gouvernance + Finance) × conception en commun au carré].
Dans le cadre de la « Décennie de l’océan », l’Université de Xiamen, en collaboration avec des instituts, des entreprises et des fondations de recherche scientifique qui se consacrent aux océans en Chine et à l’étranger, a lancé conjointement un programme scientifique international certifié par la Commission océanographique intergouvernementale appelé Intégration des sciences, de la gouvernance et participation sociale : Contribuer au développement durable de la zone côtière. Il vise à bâtir un nouveau type de partenariat transfrontalier et diffuser les connaissances scientifiques marines auprès des départements de l’industrie, des décideurs et du public par de multiples canaux et moyens. Il s’agit de les convertir en mesures de gestion globale dans la planification d’ensemble terre-océans applicables et efficaces, d’aider les autorités et les entreprises locales à formuler des stratégies de développement durable, et promouvoir efficacement le développement durable des océans et des zones côtières en Asie de l’Est. En outre, le Centre d’innovation océanique du Fujian, que nous sommes en train de planifier et de développer, s’est engagé à construire un écosystème innovants dans les sciences et technologies marines en intégrant la recherche scientifique, les talents, les capitaux et le secteur industriel. Il s’agira d’explorer de nouvelles modalités expérimentales en termes d’innovation à la source dans les sciences et technologies, d’application des résultats obtenus, et de secteurs émergents stratégiques dans les océans, et d’établir une plateforme d’innovation technologique habilitée à permettre le développement de haute qualité de l’économie marine nationale et régionale grâce à des systèmes et des mécanismes innovants, pour édifier une puissance scientifique et technologique stratégique nationale.
Les opportunités de la coopération sino-française pour les océans
La coopération sino-française dans le domaine marin n’a cessé de s’approfondir et de se développer ces dernières années. En avril 2018, la goélette Tara, le plus grand navire de recherche scientifique au monde, a effectué une escale à Xiamen et le public a pu monter à bord, tout comme le navire océanographique « Tan Kah Kee » de l’Université de Xiamen. Nous avons organisé conjointement des expositions sur les sciences marines et des conférences publiques, des séminaires universitaires et d’autres activités, et procédé à des échanges interactifs dans de nombreux domaines et à tous les niveaux, approfondissant aussi la coopération académique.
D’avril à mai 2018, le navire océanographique « Tan Kah Kee » a transporté le rover ROPOS et effectué des études et des échantillonnages dans les fonds marins de la mer de Chine méridionale.
La Chine, la France, tout comme les autres pays, utiliseront les océans pour en faire à l’avenir un intermédiaire, défendront le concept de construction d’une communauté maritime de destin, et tireront parti de la quatrième révolution industrielle. Nous continuerons donc à renforcer et à rechercher un avenir commun pour le développement durable des océans.
*DAI MINHAN est membre de l’Académie des sciences de Chine, directeur de la faculté des sciences et technologies de la Terre, et professeur doté à l’Université de Xiamen