Société

La modernisation chinoise dans la nouvelle ère
By PEGGY CANTAVE FUYET* | Dialogue Chine-France | Updated: 2023-03-13 14:51:00

La sculpture « Sucette » est exposée dans un quartier commerçant à Hangzhou, le 18 février 2023.

Le « miracle économique chinois » et l’accélération de la modernisation qui s’est ensuivie sont perçus par certains observateurs internationaux comme le processus naturel de l’intégration à la mondialisation capitaliste et la tendance irrésistible vers l’adoption du modèle occidental de modernisation. Pourtant, la Chine a depuis longtemps choisi sa propre voie de modernisation : une voie unique adaptée à ses réalités politiques, économiques et sociales, mais aussi différente, notamment lorsqu’elle tient compte du bien-être global de toute la population chinoise, inverse la tendance d’un développement qui détruit l’environnement, et ne se fait pas au détriment des autres pays. Pour mieux comprendre la modernisation chinoise, il faut jeter un regard rétrospectif sur l’histoire.

Rétrospective historique 

Dès la fondation de la République populaire de Chine (RPC) en 1949, le Parti communiste chinois (PCC) a décidé de suivre la voie socialiste pour mener sa modernisation. Pour cela, il a fallu que le PCC pose les bases de son système politique et économique. Après quelques tentatives volontaristes plus ou moins fructueuses, la Chine s’est remise à planifier et à agir selon la réalité objective de la situation socioéconomique nationale. Elle a ainsi graduellement posé les jalons du développement économique nécessaire à la modernisation de la Chine autour des « quatre modernisations » (agriculture, industrie, défense nationale, et sciences et techniques).

Avec l’instauration de la politique de la réforme et de l’ouverture à la fin des années 70, la Chine est progressivement passée d’une économie totalement planifiée à une économie socialiste de marché (caractérisée par un secteur public prépondérant et un secteur non public, dont le secteur privé, encouragé, guidé et soutenu) et s’est ouverte sur le monde en multipliant les échanges commerciaux avec l’étranger et en permettant les investissements de capitaux étrangers dans certains secteurs et sous certaines conditions. Cela a notamment permis à la Chine de bénéficier de transferts technologiques des pays développés, et donc d’accélérer sa modernisation. Il ne s’agissait pas de copier les pays occidentaux développés, mais de tirer les enseignements des expériences d’ailleurs et de voir ce qui pourrait être utile au socialisme à la chinoise en général, et à la modernisation chinoise en particulier.

En se basant sur l’expérience d’autres pays en matière de modernisation et sur l’expérience accumulée dans tous les domaines par la RPC depuis sa fondation, le PCC a fait, particulièrement ces dix dernières années, de nouvelles avancées sur le plan de l’innovation théorique et pratique. Cela a donné une impulsion majeure et décisive à la modernisation chinoise et s’est traduit par de nombreuses réalisations.

Les réalisations de la modernisation chinoise 

La primauté du peuple est un principe fondamental à la modernisation chinoise. Les efforts déployés en matière de lutte contre la pauvreté et contre la pollution en sont des exemples manifestes.

En 2021, la Chine a éradiqué l’extrême pauvreté, atteignant ainsi son objectif du premier centenaire, soit l’édification intégrale de la société de moyenne aisance. Environ 800 millions de Chinois sont sortis de la pauvreté en 40 ans, dont près de 100 millions de ruraux ces dix dernières années. En effet, la campagne ciblée de lutte contre la pauvreté promue par le président Xi Jinping a consisté, entre autres, à revitaliser les zones rurales en modernisant l’agriculture, améliorant les infrastructures, développant les industries locales et offrant de meilleurs services de santé et d’éducation notamment. S’attaquer au problème par ses racines a permis d’éliminer les dernières poches d’extrême pauvreté et d’éviter que les populations sorties de la pauvreté n’y retombent.

Nourriture à gogo dans le quartier des affaires de Chunxi, dans le centre-ville de Chengdu, le 8 mars 2023

De plus, le développement économique de la Chine ne se fait pas au détriment de l’environnement. Au lieu d’être centrée sur la croissance à tout prix, la Chine accorde désormais la primauté à la qualité, à l’équilibre et à la durabilité. Pour ce faire, la Chine a entrepris une transition écologique axée sur l’innovation, impliquant notamment le développement des énergies vertes et une restructuration industrielle. Selon le Rapport d’activité du gouvernement (2023), les puissances installées d’énergies renouvelables représentent plus de 1,2 milliard de kilowatts et la part des énergies propres représente plus de 25 % de la consommation énergétique. Cela a contribué à faire baisser la consommation d’énergie par unité de PIB de 8,1 %, et les émissions de CO2 de 14,1 %, chiffres également tirés du rapport. De plus, les industries traditionnelles et les PME sont encouragées par des mesures incitatives et des politiques contraignantes à effectuer une transition verte, particulièrement grâce à l’innovation et à leur mise à niveau sur le plan technologique.

Tout cela montre que la prospérité commune et la coexistence harmonieuse entre l’homme et la nature sont des caractéristiques inhérentes à la modernisation chinoise. Par ailleurs, la Chine souhaite non seulement améliorer les conditions de vie de sa population, mais aussi contribuer à améliorer celles des autres populations du monde grâce, entre autres, à la promotion du développement pacifique qui est une caractéristique indissociable de la modernisation chinoise.

Une modernisation promouvant le développement pacifique 

La modernisation chinoise contribue au développement et à la paix dans le monde. En effet, la Chine promeut le développement et la paix à travers sa coopération avec les autres pays basée sur l’ouverture, l’inclusion, le dialogue, la consultation d’égal à égal, le multilatéralisme, la coopération gagnant-gagnant, l’apprentissage mutuel, la confiance mutuelle, l’inspiration mutuelle entre les civilisations, et le respect de la souveraineté nationale, de l’intégrité territoriale et du droit international.

L’initiative « la Ceinture et la Route » (ICR) en est un exemple concret. L’ICR permet le développement commun et le partage des fruits du développement avec les pays participants, sans imposer de conditions idéologiques, politiques, économiques ou militaires préalables. Elle favorise un développement économique global et durable en promouvant un développement vert et une meilleure connectivité entre les régions, les pays et les peuples, notamment grâce à la construction d’infrastructures, élément essentiel à leur modernisation. Ainsi, le volume des échanges de marchandises de la Chine avec les pays riverains de « la Ceinture et la Route » a représenté 2 070 milliards de dollars en 2022 et les investissements bilatéraux ont dépassé 270 milliards de dollars de 2013 à 2022. Fin 2022, les investissements cumulés des entreprises chinoises dans les zones de coopération économique et commerciale de ces pays avaient atteint 57,13 milliards de dollars et permis de créer 421 000 emplois pour les populations locales. Tout cela montre qu’en liant son développement à celui d’autres pays, la Chine contribue au développement mondial, condition indispensable à la stabilité et la paix dans le monde.

Fidèle aux Cinq principes de coexistence pacifique, la Chine nous prouve que la modernisation d’un grand pays peut se faire sans emprunter la voie impérialiste, colonialiste ou hégémonique ; elle a choisi la voie du développement pacifique. Ses réalisations en matière de modernisation sont extraordinaires et n’ont été possibles que grâce aux efforts acharnés et colossaux du peuple chinois sous la direction du PCC. Tirant profit de sa pratique et de la sagesse de la nation chinoise, la Chine souhaite que son expérience en matière de modernisation puisse aider les autres pays du monde, en particulier les pays en développement, à trouver une voie de modernisation adaptée à leurs conditions nationales, et leur permettant de garder leur indépendance et autonomie et d’améliorer les conditions de vie de leurs peuples.

*PEGGY CANTAVE FUYET est experte française à l’Institut de recherche sur l’histoire et la littérature du Parti communiste chinois.

Numéro 14 octobre-décembre 2022
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