L’Église catholique de Dengchigou, où le Père David a officié
Combinaison parfaite entre l’environnement et la culture, le panda est l’une des espèces endémiques de Chine et une espèce phare dans la conservation de la biodiversité mondiale. En tant que jeune Française travaillant et vivant en Chine, j’ai eu l’opportunité de me rendre à Ya’an (Sichuan) en ce début d’été pour aller voir les pandas dans le cadre de mon travail.
Le district de Baoxing à Ya’an est le site de la découverte scientifique des premiers pandas géants et c’est aussi de là que provient le premier spécimen-type. Cet endroit est donc connu comme la terre des pandas. C’est dans la lointaine et mystérieuse Église catholique de Dengchigou que j’ai rencontré le naturaliste français Pierre Armand David, le découvreur du panda, à travers le temps et l’espace. Aujourd’hui, cette église est devenue un site scientifique et éducatif très réputé dans la région où il est possible d’avoir un aperçu des recherches menées par le Père David il y a plus de 150 ans.
Bien que je sois une compatriote du Père David, je me suis rendue compte qu’il était plus connu en Chine qu’en France. Avant de me rendre à Ya’an, j’ai dû faire beaucoup de recherches sur lui afin de mieux comprendre son histoire et ses expériences. Né le 7 septembre 1826 dans une petite ville des Pyrénées françaises appelée Espelette, il était zoologiste, botaniste et missionnaire lazariste. En février 1869, le Muséum d’Histoire naturelle de Paris sollicite l’aide du Père David pour inventorier les espèces animales et végétales de Chine, à cette époque encore très mal connues. Il entreprend donc une expédition à Baoxing. J’ai du mal à imaginer à quel point le voyage jusqu’à ce petit village situé dans les montagnes de l’ouest du Sichuan a pu être long et pénible pour un Français qui ne parlait que très peu le chinois. Arriver à l’église de Dengchigou, un édifice qui mélange les styles sichuanais et gothique, a certainement été un soulagement. Au cours des douze années qu’il a passées en Chine, il a effectué trois voyages d’étude à l’intérieur du pays, dont une période de plus de neuf mois à Baoxing.
Un musée sur l’histoire du panda géant du district de Baoxing est situé à côté de l’église. (PHOTOS : YU XIANGJUN)
À Baoxing, le Père David s’est fait un groupe d’amis chinois qui l’ont emmené à travers les rivières et les montagnes de l’ouest du Sichuan. Il a non seulement découvert le panda géant à Baoxing, mais il a également présenté au monde 189 nouvelles espèces de plantes et d’animaux, dont le singe doré au nez retroussé, le cerf huppé, le singe à queue de cochon, le faisan doré, l’ithagine ensanglantée et l’arbre aux mouchoirs. Des spécimens de plus de 80 des espèces rares trouvées à Baoxing ont été envoyés au Muséum d’histoire naturelle de Paris pour faire partie de sa collection. Les jours et les nuits passés à Baoxing sont devenus les moments les plus précieux de la vie d’Armand David.
Pour commémorer la contribution du Père David à l’étude de la biodiversité à Baoxing, les descendants des habitants de la région ont construit un village qu’ils ont nommé « Nouveau village David » (aujourd’hui « Nouveau village des pandas ») à côté de l’église. Si le Père David pouvait voir ce village dans toute sa splendeur aujourd’hui, et voir tant de gens raconter son histoire, il serait certainement très fier. Je pense qu’il se dirait que la distance n’est pas un obstacle.
En 1869, le premier spécimen de panda géant au monde, a été découvert et embaumé par le naturaliste. Il est toujours intact et conservé au Muséum d’Histoire naturelle de Paris. Depuis, le panda géant est l’un des liens qui unit la Chine et la France. Afin de poursuivre et de transmettre l’amitié entre la France et la Chine, un accord a été signé en 2002 entre Baoxing et la ville d’Espelette, permettant ainsi des contacts amicaux entre les habitants des deux endroits.
Grâce à ce voyage à Ya’an, j’ai non seulement eu l’occasion de m’approcher des pandas géants, mais j’ai également pu découvrir que l’environnement écologique de la Chine était en très bonne condition. C’est un miracle à mes yeux que la Chine, en tant que pays en plein développement, ait si bien géré son environnement écologique en quelques années seulement, permettant aux pandas géants d’avoir un habitat de plus en plus vaste. Non seulement elle a permis à différentes espèces menacées de survivre, mais elle a également offert un meilleur cadre de vie à plus d’un milliard de personnes.
Un peu à la façon d’Armand David, la Chine est devenue pour moi une seconde maison, la distance n’est aucunement un obstacle.