Lors de mes visites à Songyang, j’ai été émerveillé par les approches innovantes et l’impact que les divers projets et interventions ont eu sur la population, les sites et la nature. 

L’amélioration des conditions de vie 

À Pingtian, j’ai vu comment fonctionne « l’acupuncture architecturale » en Chine en tant que stratégie d’intervention à petite échelle pour faire revivre d’anciens villages comme celui-ci, afin de changer la vie dans les zones rurales et urbaines. 

Les connexions virtuelles et tangibles entre l’arrière-pays et les zones hautement développées ont été rendues plus efficaces grâce à une sélection soigneuse des projets. Les vastes plantations de thé ont été un autre élément fascinant montrant la beauté d’un mélange judicieux d’environnements naturels et artificiels. J’ai également été émerveillé par l’intégration harmonieuse de la culture dans la conception de l’habitat et des infrastructures. 

Lorsque j’ai visité la fabrique de tofu et celle de cassonade, il ne faisait aucun doute que les revenus et la qualité de vie de la population de ces villages s’étaient améliorés. Parallèlement, les habitants des villes et des zones urbaines (proches et lointaines) ont également bénéficié de produits de qualité à des prix raisonnables grâce au commerce en ligne que Songyang a également encouragé. 

Il convient également de noter que certains jeunes sont venus travailler à Songyang après avoir étudié dans les grandes villes. C’est une bonne indication des opportunités encourageantes que le district leur offre. Le tourisme rural et la valeur ajoutée de produits tels que le tofu et la cassonade ont en outre contribué à améliorer les moyens de subsistance et à renouveler les mentalités de la population locale. De toute évidence, la sélection soigneuse des interventions et des domaines à améliorer a été l’une des clés du succès. 

À ONU-Habitat, nous pensons que nous devons nous soucier de chacun, quel que soit l’endroit où il vit et le type d’implantation. Il est donc essentiel de connecter les personnes et les lieux. Justement, les liens urbains- 

ruraux et les approches territoriales associées nous rappellent que nous vivons dans un environnement où existent de nombreux formes de relations, d’interdépendances, de connexions et d’échanges. L’intégration urbaine-rurale va au-delà des simples sites et espaces pour former des interconnexions fonctionnelles, c’est-à-dire des interactions entre secteurs.

Une villageoise de Houshe trie et sèche les graines de sésame. 

Comme on a pu le constater dans le contexte de Lishui, la qualité de l’air, de l’eau et de l’environnement est le résultat d’une gestion attentive de ces ressources en amont, à savoir les zones rurales. Manger des aliments sains et frais dans les villes autour de Songyang dépend des villages environnants qui les produisent. Le patrimoine culturel et architectural des anciens villages disséminés autour de Songyang constitue un trésor. Par conséquent, je crois fermement que l’intégration urbaine- 

rurale est vitale pour la survie de l’humanité, en particulier en cette période critique de triple crise comprenant les conflits, les pandémies et le changement climatique.

Des leçons précieuses 

Je crois savoir que les autorités locales, en l’occurrence celles de Songyang, ont travaillé en étroite collaboration avec la population, le monde universitaire, le secteur privé et d’autres acteurs clés pour que certaines de ces initiatives aboutissent. J’apprécie également la façon dont la gouvernance à plusieurs niveaux a fonctionné dans le cas de Songyang, où il semble y avoir une collaboration transparente avec les niveaux local, provincial et national. La conception inspirante consistant à relier la culture à la nature et au patrimoine, à encourager le tourisme rural et à faciliter la création de valeur ajoutée pour les produits ruraux, m’a démontré que Songyang se distingue comme étant un modèle réussi de programmes de revitalisation rurale promus par le gouvernement central de Chine. 

Je suis également heureux de constater qu’à travers ce forum et d’autres forums internationaux, Songyang soit présenté comme une pratique pouvant inspirer les autorités locales du monde entier et être imitée. Je crois également que la qualité du leadership et le dévouement que j’ai constatés au niveau du district de Songyang constituent des atouts importants. Il y a véritablement de nombreuses leçons à tirer de l’expérience de Songyang. 

Dans le cas de Songyang, j’ai reçu des retours très positifs de la part de personnes, notamment étrangères, venues visiter le pays. Par exemple, le Nigeria a commencé à réhabiliter un ancien site culturel et patrimonial pour promouvoir le tourisme rural et faire le lien urbain-rural en s’inspirant de Songyang. 

Comme mentionné précédemment, certaines des leçons que j’ai également partagées incluent la mise en œuvre habile et réussie de « projets d’acupuncture » qui ont contribué de manière significative à la valorisation et à la revitalisation des villages et des régions éloignées. Cela a permis de mieux connecter les campagnes aux villes, et vice versa. 

J’ai également appris comment la volonté politique et un bon leadership permettent, avec un budget relativement restreint, d’investir dans des projets stratégiques tels que le logement, une bonne communication, les infrastructures et les services, et d’effectuer de nombreuses réalisations. Exploiter les connaissances, la culture et le patrimoine locaux est essentiel pour façonner un meilleur avenir urbain-rural. 

Le partage d’expérience 

Comment mieux promouvoir l’intégration ville-campagne ? Tout d’abord, il faut changer notre état d’esprit pour considérer et comprendre que les zones urbaines et rurales sont intrinsèquement liées. La fracture est donc socialement construite. Nous devons revenir à l’essentiel et considérer nos émotions et nos expériences de vie pour apprécier le pouvoir de pensée au-delà des villes et des campagnes. 

Le village de Pingtian (Songyang) est devenu une communauté rurale dynamique. (Photos : Yu Xiangjun) 

Deuxièmement, il est nécessaire de créer un espace où les acteurs des sciences urbaines et rurales peuvent converger. Je crois qu’une plateforme telle que le Forum international sur les liens urbains-ruraux est un bon exemple de ce type d’espace. À cela s’ajoute la nécessité de développer et de promouvoir des cours pratiques et professionnels à tous les niveaux pour les diverses parties prenantes impliquées dans la création de liens urbains-ruraux. 

Enfin, je réclamerais un mécanisme financier innovant qui favorise les interventions bénéficiant à la fois aux personnes et aux lieux dans les zones urbaines et rurales. 

Dans le cadre et le mandat du district de Songyang, je pense que le moment est venu de partager largement cette expérience au niveau mondial. Des plateformes d’apprentissage, notamment pour les pays du Sud et d’autres régions, pourraient également être créées. Cela donnerait à Songyang l’opportunité de former des personnes issues d’autres contextes aux approches et compétences très innovantes qu’elle a mises en œuvre avec succès. 

La coopération entre district doit être encouragée, notamment en matière de transfert de compétences et de savoir-faire. Les institutions universitaires et les programmes professionnels où les populations urbaines et rurales interagissent sont d’autres plateformes susceptibles de renforcer la sensibilisation et les liens dans la région. Songyang devrait continuer à être un vivier et un site de démonstration d’idées et d’approches innovantes pour le développement régional intégré. 

 *REMY SIETCHIPING  est directeur de la section « politiques, lois et gouvernance », branche des pratiques urbaines, ONU-Habitat