« Cet endroit était autrefois une terre saline-alcalineblanche, d’environ un millier de mu (1 mu=0,33h). Par la suite, nous l’avons transformée et avons non seulement planté du riz, mais aussi fait de l’élevage de poisson et de crabes. Si vous venez en été, ce sera magnifique », explique Qiao Xu, secrétaire adjoint de la cellule du Parti du village de Xiaotanzi, à Dalu (dans la bannière de Jungar en Mongolie intérieure) lors d’une interview à La Chine au présent le 29 janvier 2024.
En hiver, la paille de riz recouvre les rizières. (Photo/Yu Xiangjun)
Une voie de développement appropriée
Les terres salines-alcalines (TSA) sont comme la phase terminale d’une maladie de la terre. En raison de leur teneur élevée en sel, il est difficile de planter quoi que ce soit, même de l’herbe. Xiaotanzi, à proximité du fleuve Jaune, a connu dans le passé divers degrés de salinisation en raison de la montée des eaux du fleuve. Il y avait très peu de récoltes et les villageois n’ont eu d’autre choix que d’abandonner l’agriculture.
Dans le village de Sishilidian, situé dans le district de Helan (Ningxia), à 600 kilomètres du village de Xiaotanzi, les villageois ont planté du riz sur les TSA aux abords du fleuve Jaune et construit un parc touristique écologique. La protection écologique va ainsi de pair avec l’économie écologique. Refusant de « laisser tout le monde s’asseoir au bord du fleuve Jaune et souffrir de la pauvreté », les membres du comité du Parti et du comité du village de Xiaotanzi se sont rendus à Sishilidian pour tirer profit de cette expérience réussie.
« Cela a été comme un choc. Il s’avère que l’agriculture peut encore se développer de cette façon », note M. Qiao, qui se souvient encore très bien de cette visite à Sishilidian. Ils ont ensuite invité du personnel technique à Xiaotanzi afin d’effectuer une étude faisabilité pour la plantation de riz. Après des tests, il a été constaté que les TSA de Xiaotanzi avaient une faible teneur en métaux lourds, aucun résidu de pesticide et que les indicateurs en matière de qualité de la terre étaient bons. Le fleuve Jaune traverse le village, avec une abondance de ressources en eau, des conditions climatiques appropriées, un ensoleillement suffisant et une bonne qualité de l’air, ce qui est propice à la culture du riz. Xiaotanzi a donc décidé d’introduire le modèle de Sishilidian, et de développer la rizipisciculture.
Vue des rizières (Photo/Yu Xiangjun)
« Comment le riz peut-il pousser dans des TSA ? » Les villageois qui cultivaient du maïs depuis des générations avaient des doutes et bloquaient le transfert de leurs terres. En désespoir de cause, les deux comités ont dû faire du porte-à-porte pour finalement persuader des villageois de leur transférer 1 140 mu de TAS en friche et des étangs à poissons abandonnés.
Bientôt, grâce aux efforts conjoints des autorités du bourg de Dalu et de la SARL de rizipisciculture écologique et de tourisme vert de Chengze en Mongolie intérieure, le Parc touristique écologique et de rizipisciculture du fleuve Jaune intégrant plantation, élevage et tourisme a été mis en place.
Selon Qiao Sheng, directeur général adjoint du parc, la culture du riz et l’élevage de poisson et de crabes s’étend sur 1 300 mu et 250 mu ont été développés dans d’autres zones après plusieurs années d’exploitation. Avec l’écoulement des eaux du fleuve Jaune dans les tranchées autour des rizières, le sel est évacué, réduisant la salinité et remplissant une fonction de drainage des alcalis et du sel.
Une excellente récolte de crabes
Un modèle d’économie écologique qui rapporte
« Mis à part le riz, on élève aussi des poissons et des crabes dans les rizières. De plus, les rizières sont reliées à des étangs à poissons pour former un modèle de rizipisciculture », note M. Qiao, précisant que seuls des engrais organiques sont utilisés. Les crabes d’eau douce et les poissons se nourrissent de mauvaises herbes et de parasites. Ils rendent le sol plus meuble et leurs déjections servent d’engrais. « Nous sommes spécialisés dans le riz biologique. Le riz que nous cultivons a des grains entiers ; il est blanc et doux. Bien que son prix soit plus élevé que le riz ordinaire, il se vend bien. » M. Qiao remarque même que la demande dépasse l’offre.
Les TSA sont devenues des terres agricoles fertiles et les effluves de riz flottent désormais dans l’air. Les villageois qui s’étaient auparavant opposés sont désormais conquis. En 2022, Xiaotanzi a transféré 160 mu supplémentaires de terres, bénéficiant ainsi à un total de 258 ménages, soit 774 personnes, en deux ans. Le village compte un total de 2 500 mu de TAS. Actuellement, 1 500 mu ont été transférés et réhabilités, et 400 mu devraient l’être prochainement, pour que tout le village en profite.
Zhang Zhaozhao, 65 ans, agriculteur à Xiaotanzi, a transféré ses 7 à 8 mu de TSA et travaille dans le parc, ce qui lui procure un revenu mensuel fixe. Auparavant, la culture du maïs et des pommes de terre ne lui rapportaient que quelque 20 000 yuans après un an de dur labeur, alors qu’aujourd’hui, son revenu annuel peut atteindre 60 000 yuans.
Le Parc touristique écologique et de rizipisciculture du fleuve Jaune
Des tableaux de rizières
Les rizières sont aussi synonymes de culture et d’art. Liu Hui, directeur général adjoint du Parc touristique écologique et de rizipisciculture du fleuve Jaune, précise ainsi qu’en plus du riz ordinaire, il y a plus de 100 mu de riz vert, rouge, jaune, violet, noir et blanc. Par le biais de la création numérique, des techniques de positionnement par satellite et du repiquage manuel, la terre devient une toile et le riz, une peinture. En juillet et août, le riz devient vert foncé, ce qui est le meilleur moment pour admirer ces peintures de rizières. Pour faciliter la visualisation, une tour d’observation et un sentier vitré ont été installés.
Ces peintures géantes constituent des images de paysages pastoraux qui attirent de nombreux touristes. « De juillet à octobre 2023, nous avons accueilli plus de 100 000 touristes », dit M. Liu. Une popularité qui permet à plus de 70 maisons d’hôtes et de fermes touristiques de prospérer.
Les peintures de rizières du Parc touristique écologique et de rizipisciculture du fleuve Jaune
Les villageois profitent pleinement de ce tourisme des rizières. Le parc distribue tous les ans des dividendes au collectif villageois, les champs devenant une « mine d’or » qui incite de nombreux jeunes à rentrer chez eux et à entreprendre.
En mars 2023, Qiao Jia, 27 ans, a ainsi quitté un emploi stable dans une entreprise publique et est retournée à Xiaotanzi pour ouvrir une ferme touristique, malgré l’opposition de son père. Se servant d’Internet et résolument tournée vers le marché, elle a créé des menus fermiers en utilisant des produits du terroir, attirant des clients du monde entier. Elle a réalisé plus de 400 000 yuans de chiffre d’affaires l’an passé et plus d’une dizaine de tables sont déjà réservées du premier au quatrième jour du Nouvel An lunaire cette année. Elle vient de démarrer et a pleine confiance dans le modèle de développement de Xiaotanzi.