C’est en 2018, pour des raisons professionnelles, que je suis arrivé en Chine pour prendre la direction de l’agence de presse espagnole EFE en Chine. Fin 2021, j’ai commencé à enseigner à l’École de journalisme de l’Université Renmin de Chine. C’est ce genre d’expérience qui m’a permis de me rapprocher de la Chine et de nouer des contacts étroits avec ce pays.
La chaîne de production d’une entreprise spécialisée dans les énergies nouvelles dans la Zone de développement économique de Lieshan à Huaibei (Anhui)
Au cours des dix dernières années, la Chine a connu des changements étonnants. Dans le passé, le gouvernement et le peuple chinois étaient surtout préoccupés par la croissance économique, faisant fi des énormes coûts écologiques et environnementaux que cette poursuite entraînait. Aujourd’hui, la mentalité des dirigeants chinois a beaucoup changé et le gouvernement promeut la construction d’une civilisation écologique. Toute décision politique doit ainsi être soigneusement examinée dans une perspective écologique.
La Chine est devenue un exemple
Au cours de mes six années en Chine, j’ai été le témoin de nombreuses réalisations en matière de développement vert. Par exemple, la technologie chinoise des énergies renouvelables a progressé rapidement, et l’utilisation de véhicules à énergie nouvelle et de bus 100 % électriques a augmenté. De même, les projets de reboisement et la construction de « villes éponges » méritent toute notre attention.
Lorsque j’ai décidé de venir travailler en Chine en 2018, j’étais inquiet de la qualité de l’air et craignais que cela n’affecte la santé de ma famille. Je souviens encore qu’en 2013, l’air à Beijing était irrespirable. La concentration de PM2,5 dans l’air était telle qu’il fallait porter un masque. Nous ressentons désormais clairement les changements car il y a davantage de jours de ciel bleu et nous n’avons plus besoin d’utiliser de purificateur d’air à la maison.
Fabrication d’un module photovoltaïque destiné à l’exportation sur la chaîne de production d’une entreprise spécialisée dans les énergies nouvelles dans la Zone de développement économique de Lieshan à Huaibei (Anhui), le 22 juillet 2023
Le gouvernement chinois répond par ailleurs au changement climatique mondial, une excellente nouvelle pour la Chine et le monde. La Chine a formulé une stratégie nationale visant à intégrer le double objectif ambitieux consistant à atteindre à la fois le pic de ses émissions de CO2 avant 2030 et la neutralité carbone avant 2060 dans la construction d’une civilisation écologique et dans son développement socioéconomique. La Chine s’y prend d’une très bonne manière pour y parvenir, sans doute plus vite que prévu.
La Chine donne ainsi l’exemple au monde. De nombreux pays observent ce que fait la Chine, comment elle le fait et comment elle a transformé ses méthodes de production polluantes et non respectueuses de l’environnement en un mode de croissance économique propre et durable.
J’ai visité de nombreuses villes de Chine, comme Shanghai, Shenzhen et Chengdu. Que ce soit au centre-ville ou en banlieue, on y trouve des parcs et de la végétation. Ces espaces verts assurent la qualité de vie des citadins.
Les industries polluantes évoluent également, devenant plus propres et plus vertes. On trouve en Chine un grand nombre d’entreprises de technologies vertes et sobre en énergie qui aident le secteur industriel à adopter des technologies plus propres et plus respectueuses de l’environnement. Cela contribue à former une chaîne industrielle verte dans laquelle les dernières technologies peuvent trouver des applications.
Approfondir la coopération verte Chine-UE
Les perspectives de développement du secteur des énergies nouvelles sont immenses. J’ai visité le Xinjiang, où des panneaux photovoltaïques ont été installés sur des surfaces immenses dans les zones désertiques, notamment le désert de Gobi. L’énergie solaire est une source d’énergie inépuisable et le développement technologique de la Chine dans la chaîne industrielle des panneaux solaires a considérablement réduit les coûts. Autre exemple avec l’énergie éolienne, qui est également largement utilisée dans les zones côtières de Chine. La technologie et les équipements de la chaîne industrielle photovoltaïque chinoise présentent de grands avantages en termes de prix, et les panneaux solaires sont désormais exportés vers les pays de l’UE.
Le site du Temple du Ciel après la neige à Beijing, le 17 décembre 2023
Alors que la Chine devient le centre de R&D, de production et de chaîne d’approvisionnement pour les technologies des énergies nouvelles, certaines entreprises chinoises fournissent des services dans ce domaine dans l’UE. Elles construisent des centrales éoliennes pour fournir aux utilisateurs locaux une énergie propre et des technologies sobres en énergie. Ces expériences méritent d’être encouragées. En Espagne, nous avons également de nombreux projets liés aux énergies vertes. Dans le nord de l’Espagne, d’où je suis originaire, une centrale électrique est en cours de construction, qui utilise les dernières technologies de capture du carbone, censées pouvoir éliminer 90 % du CO2 de l’atmosphère. Dans ce domaine, nous devons coopérer étroitement car l’humanité doit faire face au changement climatique. La coopération active entre la Chine et l’UE revêt donc une grande importance. Elle est urgente et ne devrait pas subir l’impact des divergences politiques entre les pays.
La Chine construit également des centres de production de véhicules et de batteries à énergies nouvelles dans certains pays européens. La popularité de BYD, une marque chinoise de véhicules à énergies nouvelles, gagne ainsi du terrain sur le marché européen.
Par ailleurs, le dialogue Chine-UE se poursuit. L’été dernier, le 4e Dialogue de haut niveau Chine-UE sur l’environnement et le climat a eu lieu à Beijing et fin 2023, le 24e Sommet Chine-UE s’est déroulé dans la capitale chinoise. Les deux parties sont convenues de continuer à approfondir leur coopération dans les domaines de l’économie et du commerce, de l’environnement, des indications géographiques, de la propriété intellectuelle et du commerce des émissions de carbone. Il est à souhaiter que la situation politique internationale n’affecte pas la coopération entre la Chine et l’UE à tous les niveaux et dans tous les domaines, et que cette coopération se poursuive et s’approfondisse.
Le monde se focalise actuellement sur les forces motrices du développement durable, et le développement vert est sans aucun doute un moteur important, en particulier avec les espoirs que suscitent les technologies vertes. La transition verte et le développement vert offrent des opportunités de développement. La Chine a obtenu des résultats rapides dans ce domaine et exporté ses technologies à l’étranger, notamment en Europe, en Afrique et en Amérique latine. Elle a ainsi contribué au développement des économies des pays de ces régions, ce qui qui revêt une grande importance pour l’économie mondiale. Il faut aussi mentionner que la numérisation, la fabrication intelligente, l’intelligence artificielle sont profondément intégrées aux technologies vertes. Nous ne devons donc pas sous-estimer le rôle moteur que joueront à l’avenir les nouvelles technologies dans l’innovation et le développement.
*JAVIER GARCIA • ancien directeur de l’agence de presse espagnole EFE en Chine