Des jeunes d’une dizaine de pays et régions, dont la Russie, l’Autriche et les Pays-Bas, participent à une compétition de bateaux-dragons dans la Zone humide de Xixi à Hangzhou, le 9 juin 2024. 

Né en Suisse en 1983, je suis Lucas Rondez, ou Hong Zhiyuan en chinois. Avant de m’installer en Chine, j’ai travaillé dans une banque suisse où j’ai eu l’occasion de nouer de nombreux contacts avec des clients chinois. En 2007, à l’âge de 24 ans, j’ai pris une décision audacieuse : j’ai quitté mon emploi et j’ai déménagé de Genève pour aller à Hangzhou, souvent surnommée la « Genève d’Orient ». C’est là que, grâce à la recommandation d’un ami, j’ai eu l’opportunité de devenir le premier employé étranger titulaire de la banque de Hangzhou. Par la suite, j’ai travaillé pour la banque Ping An pendant huit ans.

Cependant, ma curiosité naturelle et mon désir d’explorer de nouveaux horizons m’ont toujours poussé à chercher au-delà de la vie conventionnelle. J’ai toujours rêvé de créer ma propre entreprise, et il s’est avéré que Hangzhou était l’endroit idéal pour réaliser ce rêve.

En 2015, à l’âge de 32 ans, j’ai enfin réalisé mon rêve de longue date : je suis devenu entrepreneur sur Internet. Et le lieu de cette transition n’était autre que Hangzhou. À l’époque, j’ai constaté que des mégapoles comme Shanghai et Beijing étaient déjà saturées d’étrangers. Je cherchais une ville moins connue des étrangers, un endroit où je pourrais faire la différence. Après avoir vécu à Hangzhou pendant de nombreuses années, je suis tombé amoureux de cette ville moderne qui porte en elle un profond héritage culturel. Mon amour pour cet endroit et la Chine s’est tellement intensifié que j’ai décidé de créer une application destinée aux étrangers qui, comme moi, étudient, travaillent et vivent en Chine. C’est ma façon de partager les opportunités et les expériences que j’ai eues ici, et d’encourager d’autres à suivre leur propre chemin entrepreneurial en Chine.

Après avoir accumulé une quantité significative de ressources et acquis une compréhension approfondie du marché chinois, j’ai finalement donné vie à mon idée. J’ai créé « NiHao », une plateforme entièrement en anglais qui intègre des services de la vie de tous les jours comme sur WeChat, Weibo, Dazhong Dianping ou encore Alipay pour fournir des informations pertinentes aux étrangers.

Lucas Rondez assiste à la cérémonie de lancement du Centre d’échange des talents internationaux dans l’innovation du Lac de l’Ouest. 

À ma grande surprise, peu après son lancement, le nombre d’utilisateurs enregistrés sur l’application a dépassé les 100 000. Cela témoigne du fait qu’au fil des ans, de plus en plus d’étrangers vivent à Hangzhou et que leur désir de s’intégrer dans la communauté locale est très fort.

Pourquoi NiHao ? Parce qu’en chinois, ce n’est pas seulement une salutation, mais aussi un signe de bienvenue. J’espère sincèrement que les étrangers qui, comme moi, sont curieux de la Chine, viendront étudier et vivre ici. Aujourd’hui, l’application compte des centaines de milliers d’utilisateurs, dont plus de 80 % sont des étrangers.

En juin 2016, mon équipe et moi avons décidé de franchir une nouvelle étape. Nous avons construit NiHUB, un incubateur hors ligne dédié à l’innovation et à l’entrepreneuriat, pour fournir des services et connecter les ressources aux projets étrangers qui débarquent à Hangzhou. J’ai constaté que de nombreux étrangers aspiraient à créer leur propre entreprise en Chine, mais faute de ressources et de canaux adéquats, de bons projets étaient souvent abandonnés.

J’ai donc établi mon projet dans le Huanyin Startup Hub de l’arrondissement de Binjiang à Hangzhou. NiHUB est capable de fournir tout le nécessaire pour une entreprise, comme l’enregistrement de la société, l’espace de bureau, l’appariement des capitaux, ainsi que des conseils juridiques et comptables. En seulement un mois, j’ai reçu plus de 150 projets étrangers. Après plusieurs cycles de rencontres et de négociations, 17 entrepreneurs ont choisi de faire confiance à NiHUB pour explorer le marché chinois avec le soutien et les services que la plateforme propose.

Le succès initial de nos projets n’est pas seulement le fruit des efforts de notre équipe, mais aussi le résultat des mesures actives prises par le gouvernement local pour soutenir les talents étrangers. J’ai constaté que le gouvernement de Hangzhou est très orienté vers le marché et encourage l’innovation et l’esprit d’entreprise, tout en soutenant activement les entreprises privées et les petites et moyennes entreprises.

Des fonctionnaires compétents m’ont approché à plusieurs reprises pour comprendre le développement de mon entreprise et m’ont proposé leur aide pour demander la résidence permanente et résoudre tous mes problèmes professionnels et personnels. C’est une expérience qui contraste fortement avec celle des pays étrangers, où seules les grandes entreprises sont souvent privilégiées. À Hangzhou, on valorise les petites entreprises et on leur donne l’opportunité de grandir.

Ville des sciences et technologies du futur de Xinhu (Hangzhou) 

Au début de notre activité, grâce à la politique de subvention de 1,5 yuan par employé et par jour pour 15 m2, le gouvernement de l’arrondissement de Binjiang à Hangzhou nous a remboursé presque intégralement le loyer de nos locaux pendant trois ans. De plus, un programme pour l’introduction de l’intelligence étrangère prévoit également une subvention en capital de 200 000 yuans pour les entrepreneurs étrangers comme moi. Ces initiatives gouvernementales ont été un véritable catalyseur pour notre entreprise et témoignent de l’engagement de la Chine à favoriser un environnement entrepreneurial dynamique et inclusif.

En janvier 2018, j’ai été honoré d’être élu vice-président de l’Association des jeunes entrepreneurs de Hangzhou. Ces dernières années, j’ai également eu le privilège de servir en tant que président de la Chambre de commerce suisse de Chine (Shanghai). Ces rôles m’ont conféré une responsabilité sociale différente. Si des étrangers créent leur entreprise ici et rencontrent des difficultés, j’espère pouvoir servir de pont de communication pour les aider à surmonter ces défis, à s’intégrer en Chine et à réaliser leurs rêves ici.

Le 23 mai dernier, j’ai assisté à un événement marquant au Wensan Digital Life Block, dans le quartier du lac de l’Ouest de Hangzhou. J’ai eu le plaisir d’assister à l’ouverture du Centre international d’innovation et d’échange de talents du lac de l’Ouest, en compagnie d’amis venant de 20 pays différents et de nombreux entrepreneurs. Hangzhou, avec sa fusion fascinante de modernité et de tradition, a toujours exercé un charme unique sur moi.

Nous espérons que ce centre deviendra une plaque tournante pour les étrangers à Hangzhou, un lieu où des personnes d’horizons différents pourront se rencontrer, apprendre les unes des autres et grandir ensemble. Au fil des ans, j’ai réalisé mon rêve de créer ma propre entreprise en Chine, et j’espère que d’autres personnes partageant ma vision auront également la chance de trouver en Chine des opportunités pour se développer et réaliser leurs rêves. J’aime dire qu’en Chine tout est possible et que c’est l’endroit idéal pour se challenger.

*LUCAS RONDEZ est président de la Chambre de commerce suisse de Chine (Shanghai), et PDG et fondateur de l’incubateur NiHUB.