Une révolution verte est en marche dans les étendues fertiles de l’Ouganda, où des milliers d’agriculteurs cueillent déjà les bénéfices d’un ambitieux projet de coopération Sud-Sud (CSS). Ce programme vise non seulement à booster la productivité agricole, mais aussi à améliorer les conditions de vie des communautés rurales.
Une travailleuse agricole exhibe sa récolte de sorgho à Luweero (Ouganda), en 2023.
Au cœur de cette initiative, des centaines d’experts agricoles chinois ont pris résidence en Ouganda pour initier les agriculteurs locaux aux technologies agricoles modernes. Peter Muyimba, coordinateur du projet pour l’Ouganda, estime que cette opération impacte positivement 11 000 agriculteurs répartis dans 32 districts à travers le pays, depuis son lancement le 20 janvier 2023.
Selon M. Muyimba, cet effort collaboratif est soutenu par un accord tripartite entre l’Ouganda, la Chine et l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture (FAO). Les équipes chinoises apportent leur expertise aux petits exploitants, leur enseignant des pratiques optimales pour booster leur rendement grâce à des technologies adaptées. Il s’agit de la troisième phase du projet de CSS FAO-Chine-Ouganda, financée à hauteur de 12,6 millions de dollars. L’Ouganda a investi dix millions de dollars dans ce projet, le reste étant couvert par les contributions chinoises.
Savoirs partagés
Charlotte Kemigisha, porte-parole du ministère ougandais de l’Agriculture, se félicite du projet en cours, soulignant l’apport des agronomes chinois dans le transfert de technologies agricoles modernes. Ce partenariat a transformé la vie de milliers d’agriculteurs, avec des progrès dans la production, l’élevage et la pêche. Plus de 8 000 producteurs de riz et de millet des oiseaux, 2 000 éleveurs et des centaines de pisciculteurs répartis dans 32 districts, bénéficient d’intrants, d’assistance technique et de formations, contribuant à l’amélioration de la sécurité alimentaire et à la création d’emplois inclusifs.
Deux employés de la société Sunshine Agricultural Technology rechargent un drone d’épandage de pesticides dans un district de Kalungu (Ouganda), le 2 juin 2021.
Bright Rwamirama, ministre d’État chargé de l’industrie animale, met en avant le soutien chinois et la coordination de la FAO : « Avec leur aide, nous avons pu non seulement renforcer mais aussi commercialiser la production de riz hybride chinois, de millet des oiseaux, et améliorer nos secteurs animal et aquacole. Cette initiative stimule également le commerce et les investissements, contribuant ainsi à transformer notre secteur agricole et notre économie. »
Zhang Xiaoqiang, à la tête de l’équipe agricole chinoise du projet de CSS FAO-Chine-Ouganda, a exprimé l’ambition principale du projet : transformer l’agriculture locale d’une activité de subsistance en une entreprise commercialement viable. « Nos techniciens partagent leurs connaissances et compétences avec les agriculteurs ougandais par le biais des agents de vulgarisation agricole. Nous encourageons les investissements dans des productions agricoles de qualité destinées principalement au marché chinois et soutenons l’intégration des entreprises chinoises dans l’économie ougandaise, favorisant ainsi une chaîne de valeur complète », a-t-il fait part.
Peter Muyimba, coordinateur du projet, se montre optimiste quant à l’accroissement de la production de riz hybride chinois, de millet des oiseaux et d’élevage. « Nous avons intensifié la production caprine avec des variétés telles que la chèvre à grandes oreilles et adopté des techniques avancées comme le transfert d’embryons en production laitière », a-t-il expliqué. M. Muyimba a également souligné que l’Ouganda tire des leçons précieuses de la Chine sur la façon de garantir la sécurité alimentaire et d’éliminer la pauvreté extrême, en ajoutant : « Nous apprenons beaucoup du modèle chinois et nous en inspirons activement. »
Agriculteurs en action
George Dombo, un agriculteur de 45 ans originaire du district de Butaleja en Ouganda, illustre le succès du projet de CSS. Longtemps confronté à des difficultés pour cultiver du maïs sur sa modeste parcelle, M. Dombo a vu sa production s’envoler après avoir bénéficié de formations et de ressources offertes par le programme. « Auparavant, je ne récoltais que deux à trois sacs de maïs par acre. Maintenant, j’atteins jusqu’à dix sacs », raconte-t-il. Les experts chinois lui ont transmis des techniques novatrices, telles que la rotation des cultures et la conservation des sols, boostant ainsi les revenus de sa famille et permettant l’éducation de ses enfants.
Cette transformation positive se reflète à travers le pays. Dans le district de Lira, Richard Okello, 42 ans, a triplé sa production de riz grâce à de nouvelles méthodes d’irrigation et à l’introduction de variétés de riz à haut rendement. « Le programme nous a ouvert l’accès à de plus grands marchés. Nous vendons maintenant à des acheteurs plus importants, ce qui augmente substantiellement le revenu de nos familles », explique-t-il.
Stand du pavillon national de Tanzanie à l’Exposition internationale d’importation de Chine à Shanghai, le 6 novembre 2023
Hellen Nabatanzi, une autre agricultrice, témoigne de l’impact transformateur du projet : « Ce tournant a grandement enrichi nos connaissances et nos cultures se portent bien mieux. Nous sommes reconnaissants pour le soutien du gouvernement chinois et de la FAO. »
Dans le district de Mbale, Chris Wambedde, un commerçant en riz, partage un retour similaire. Après avoir appris à cultiver le riz avec l’aide des experts chinois, les agriculteurs locaux lui fournissent désormais suffisamment de stock. « Le projet de CSS FAO-Chine-Ouganda est un brillant exemple de la manière dont la collaboration internationale peut favoriser un développement durable et rehausser le niveau de vie », affirme-t-il.
La FAO souligne les résultats exceptionnels du projet dans un communiqué récent, notant une augmentation de la production de riz par quatre, passant de 2,5 à 10 tonnes par hectare. La production laitière et aquacole a également connu une hausse significative, renforçant ainsi les revenus des agriculteurs dans diverses cultures.
Plus qu’une simple initiative agricole, ce projet représente une véritable alliance entre l’Ouganda et la Chine, axée sur la sécurité alimentaire et le développement durable. Alors que le projet continue de se développer, il marque un chapitre déterminant dans l’histoire agricole de l’Ouganda, promettant un avenir plus prospère pour les générations d’agriculteurs à venir.
*GODFREY OLUKYA est journaliste ougandais