Au fil des années que j’ai passées en Chine, j’ai eu le privilège d’assister à son développement remarquable. Aujourd’hui, je suis convaincu que le moment est venu pour les nations africaines d’entamer leur propre parcours vers une modernisation essentielle.
Le Sommet 2024 du Forum sur la Coopération sino-africaine (FCSA) a renforcé la coopération entre la Chine et l’Afrique afin d’aider les pays africains à s’inspirer de la modernisation à la chinoise, et d’ouvrir une nouvelle ère de coopération, caractérisée par sa durabilité et ses bénéfices mutuels.
L’usine Ailipu Electronics dans la zone franche de Lekki à Lagos (Nigéria), le 1er mars 2024
En s’inspirant de cette modernisation, le Nigéria et d’autres pays africains pourraient se positionner stratégiquement en tirant parti des opportunités d’industrialisation, portées par les grands projets d’infrastructure issus de l’initiative « la Ceinture et la Route » (ICR). Cela leur offrirait la possibilité de mettre en œuvre avec succès la Zone de libre-échange continentale africaine (ZLECAf).
L’impulsion de la modernisation
Pour permettre au Nigéria de mettre en œuvre efficacement la ZLECAf, le Comité d’action national du Nigéria (NAC) a élaboré une stratégie articulée autour de huit axes clés. Cette stratégie vise à améliorer la facilitation des échanges, à développer les infrastructures, à renforcer les institutions financières, à réduire le déficit d’information commerciale, et à favoriser la mobilité de la main-d’œuvre à travers le continent. Elle s’inscrit dans les cadres de l’Agenda 2063 de l’Union africaine, de l’ICR, des neuf programmes de coopération annoncés lors de la 8e Conférence ministérielle du FCSA en 2021, ainsi que du Consensus Chine-Afrique de Dar es Salaam.
Ces initiatives mettent en lumière le rôle central du commerce et de l’intégration commerciale régionale comme moteurs d’une croissance économique inclusive et de la réduction de la pauvreté. Elles visent également à aider le Nigéria à diversifier ses échanges commerciaux, tant à l’exportation qu’à l’importation.
Ayant connu une hausse fulgurante de sa productivité grâce au commerce et à ses avantages concurrentiels, la Chine est prête à soutenir les pays africains, dont le Nigéria, dans la mise en œuvre réussie de la ZLECAf, grâce à un cadre politique global. En plus de faciliter le commerce transfrontalier, la Chine se propose également d’assister le Nigéria dans la réalisation de son programme de développement et dans la réduction des disparités de développement au sein du pays.
La Chine dispose des ressources nécessaires, notamment humaines, pour épauler les nations africaines dans l’atteinte de leurs objectifs au sein de la ZLECAf, renforçant ainsi la coopération à long terme sino-
africaine. De ce fait, le programme de développement du Nigéria bénéficiera d’un élan grâce à la ZLECAf, et son intégration commerciale régionale sera consolidée, lui permettant d’atteindre son plein potentiel et de rattraper son retard en matière de développement.
Un navire transportant des grues portuaires en provenance de Chine arrive au port en eau profonde de Kribi (Cameroun), le 12 septembre 2024.
Cet engagement s’est concrétisé lors du Sommet 2024 du FCSA à Beijing, où le Président chinois Xi Jinping a annoncé un soutien financier de 360 milliards de yuans (environ 51 milliards de dollars) en faveur de l’Afrique.
Il est manifeste que l’engagement de la Chine envers les nations africaines, y compris le Nigéria, continuera de se renforcer dans les années à venir. L’implication de la Chine dans le financement de projets de développement en Afrique, notamment dans le domaine des infrastructures, a permis d’apporter une nouvelle source de capitaux sur le continent. Au fil des années, la Chine est devenue l’un des principaux partenaires de nombreux pays africains, dont le Nigéria, qui la perçoivent comme un ami fiable. Les projets d’infrastructure permettront à la Chine de maximiser ses avantages en matière de complémentarité économique avec ses partenaires africains, en établissant des chaînes industrielles, d’approvisionnement et de valeur, ce qui constitue un tournant décisif pour favoriser l’intégration économique à l’échelle du continent par le biais des infrastructures.
Priorité à la qualité
En tant que nation en quête de transformation, le Nigéria aspire à évoluer d’une économie axée sur la quantité vers une approche centrée sur la qualité. Dans cette optique, le partenariat avec la Chine joue un rôle clé en accompagnant le Nigéria dans cette transition, en renforçant la production à valeur ajoutée et en surmontant les obstacles liés à l’offre intérieure. Cela sera réalisé grâce à des initiatives de recherche et à une gestion efficace des connaissances, dans le but d’accroître la qualité des produits et des services nigérians. Par conséquent, le Nigéria sera en mesure de diversifier ses exportations vers la Chine ainsi que vers d’autres marchés internationaux, ce qui lui permettra d’accéder à l’immense marché chinois et à ses consommateurs à revenus intermédiaires.
Bien que la ZLECAf se concentre sur le commerce intra-africain, elle pourrait également influencer de manière indirecte les échanges commerciaux entre la Chine et les pays africains. À l’avenir, des nations africaines pourraient devenir plus attrayantes pour les investissements, le commerce et les partenariats avec la Chine, grâce à l’amélioration des infrastructures, à la réduction des barrières commerciales et à l’alignement des réglementations au sein du continent. Les dirigeants chinois ont maintenu un engagement constant envers cette région sur divers fronts économiques, ce qui a conduit certains responsables africains à estimer qu’aucun autre pays ne peut rivaliser avec l’engagement économique de la Chine en Afrique. Cette perception découle essentiellement de l’impact significatif des investissements directs chinois sur le développement économique du continent africain.
Les pays africains ont observé que les politiques du gouvernement chinois ont contribué à diminuer le chômage et à résoudre les problèmes de pauvreté. Il convient de souligner que ces avancées ont été réalisées grâce à l’efficacité de la mise en œuvre et à la planification stratégique de la Chine. De plus, le gouvernement chinois est disposé à mettre en œuvre ces mêmes approches pour soutenir les pays africains dans l’atteinte des objectifs mentionnés. Grâce à ce partenariat global, la Chine et le Nigéria collaborent dans le développement d’une planification stratégique et dans l’application efficace de la ZLECAf, ce qui permet au Nigéria de tirer d’importants bénéfices de cette coopération avec la Chine.
*EHIZUELEN MICHAEL MITCHELL OMORUYI est membre de l’Association internationale Confucius et de l’Association nigériane d’histoire, affiliée à l’Université d’Ibadan (Nigéria)