Au cours de ces 15 dernières années, j’ai suivi le processus mondial de négociation sur le changement climatique, de Copenhague jusqu’à la 29e session de la Conférence des parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (COP29) qui a récemment pris fin à Bakou (Azerbaïdjan). J’ai été témoin du rôle joué par de grands pays comme la Chine et la France dans le processus de gouvernance climatique. Nous pouvons également observer le rôle et le potentiel de différentes entités privées issues des universités, des groupes de réflexion et des entreprises dans la gouvernance mondiale.
Les enseignants et les étudiants de l’Université de Pékin et de Sciences Po posent dans la Cité Interdite pour le projet « zéro déchet », le 22 octobre 2024.
Le changement climatique est lié à la survie et au développement de l’humanité. Les événements climatiques extrêmes tels que les températures élevées, les vagues de chaleur, les inondations et les fortes précipitations sont de plus en plus fréquents. En tant que citoyen ordinaire, que vous viviez à New York, Paris, Beijing, Tokyo, en milieu urbain ou rural, vous ressentirez l’impact du changement climatique sur votre travail et votre vie.
Face au défi du changement climatique, aucun pays ne peut rester isolé. « En tant que domaine important de la gouvernance mondiale, les efforts mondiaux visant à lutter contre le changement climatique sont un miroir, nous apportant une source d’inspiration précieuse pour réfléchir et explorer les futurs modèles de gouvernance mondiale et promouvoir la construction d’une communauté de destin pour l’humanité », avait souligné le Président chinois Xi Jinping à la cérémonie d’ouverture de la Conférence de Paris sur le climat en 2015.
Unis pour relancer l’action climatique mondiale
Le changement climatique et la protection de la biodiversité sont devenus des sujets incontournables et importants du dialogue stratégique de haut niveau entre la Chine et la France. Dans le cadre du partenariat stratégique global sino-français, les deux pays ont établi un partenariat pour lutter contre le changement climatique et obtenu d’importants résultats dans la coopération.
Wang Binbin (2e d.) avec des étudiants participant à la Semaine du climat de l’Université de Pékin-Sciences Po
En novembre 2007, la Chine et la France avaient publié une déclaration commune sur la lutte contre le changement climatique. En 2015, à l’occasion de la visite d’État du Président français François Hollande en Chine, les dirigeants des deux pays ont publié la Déclaration conjointe des chefs d’État chinois et français sur la lutte contre le changement climatique, réaffirmant la ferme conviction des deux parties que le changement climatique est l’un des défis les plus importants auxquels l’humanité est confrontée, ce qui nécessite que tous les pays travaillent ensemble dans l’intérêt commun et dans le cadre du développement durable. La Déclaration a mis l’accent sur le principe de responsabilités communes mais différenciées, adopté l’objectif de limiter la hausse de la température mondiale à moins de 2 °C et envoyé un signal clair au monde pour l’adoption de la transition verte et sobre en carbone, l’adaptation au changement climatique et le développement durable. Lors de la Conférence de Paris sur le climat en décembre de la même année, la Chine et la France avaient travaillé de concert avec la communauté internationale pour parvenir à l’Accord de Paris sur la lutte contre le changement climatique. Depuis lors, la Chine et la France en ont été à la fois les partisans et les participants actifs.
La Chine et la France ont été les premières parties à signer et à ratifier la Convention sur la diversité biologique. Les deux pays avaient lancé le Mois de l’environnement Chine-France en 2014 et l’Année de l’environnement Chine-France en 2018, améliorant continuellement le consensus en matière de protection écologique et environnementale. En 2019, la Chine et la France ont lancé conjointement l’Initiative Chine-France de Beijing sur la conservation de la biodiversité et le changement climatique. En 2023, la Chine et la France ont lancé un centre de neutralité carbone. Depuis longtemps, la Chine et la France travaillent ainsi ensemble pour relever les défis mondiaux tels que le changement climatique et la perte de biodiversité, donnant une forte impulsion au développement durable mondial.
Former les jeunes experts dans la neutralité carbone
L’échiquier mondial autour de la gouvernance climatique est en effervescence. La gouvernance climatique mondiale est entrée dans une ère de transformation et l’intégration des questions climatiques a déclenché un nouveau cycle de leadership dans la formulation des règles internationales. Le principal canal de gouvernance climatique multilatérale dans le cadre de la Convention est cependant entré dans une phase de reflux. Divers mécanismes bilatéraux et multilatéraux de gouvernance climatique ont émergé en dehors du canal principal, et la fonction de communication des négociations climatiques est devenue de plus en plus importante. La réélection de Donald Trump à la présidence des États-Unis apportera sans aucun doute de nouvelles incertitudes au processus international de gouvernance climatique. La détermination et la coopération en matière de changement climatique entre la Chine, la France, la Chine, l’Europe et les grands pays sont particulièrement importantes. L’une des mesures importantes consiste donc à former les jeunes experts dans la neutralité carbone.
Rencontre sur le thème du climat organisée par des enseignants et des étudiants de l’Université de Pékin et de Sciences Po, avec le soutien de l’ambassade de France en Chine, à l’Institut français de Beijing, le 22 octobre 2024
Le nouveau cycle d’élaboration de règles internationales nécessite de jeunes professionnels dotés d’une vision globale, d’une pensée systématique et d’un sens de la mission. Le monde a également besoin de groupes de réflexion, d’universités et d’entités privés dotés d’une attitude fortement optimiste pour explorer et innover activement, et fournir des solutions et injecter une nouvelle vitalité dans le canal multilatéral de gouvernance climatique dans le cadre de la Convention.
Depuis 2010, l’Université de Pékin (PKU), où je travaille, et Sciences-Po Paris ont collaboré pour lancer le Master de double diplôme en relations internationales axé sur l’économie politique internationale et les questions énergétiques et environnementales, et bâtir une vaste plateforme d’apprentissage interculturel. Ce projet a joué un rôle positif dans la formation des professionnels sur les questions climatiques et a été hautement reconnu par Sciences Po et les organisations internationales associées. À l’occasion du 125e anniversaire de la fondation de PKU l’année dernière, les deux établissements ont organisé conjointement un projet de remise à niveau dans la gouvernance mondiale pour inviter les étudiants à explorer en profondeur les questions importantes de la gouvernance mondiale du point de vue de l’environnement, de l’économie, et de la culture, et former les professionnels de demain pour les organisations internationales.
Du 21 au 25 octobre 2024, l’Institut pour la neutralité carbone de PKU et l’Institut pour les transformations environnementales de Sciences Po ont organisé la Semaine du climat PKU-Sciences Po à l’occasion du 60e anniversaire de l’établissement de relations diplomatiques entre la Chine et la France. L’événement a été conçu et coordonné conjointement par le Laboratoire d’innovation mondiale pour l’avenir climatique (C Force Lab) de l’Institut pour la neutralité carbone de PKU et l’antenne de Sciences Po en Chine, afin de faire jouer aux universités chinoises et françaises un rôle plus important, approfondir le consensus, et explorer les innovations pour former des professionnels dans la neutralité carbone. Au total, près d’une centaine d’étudiants ont participé à quatre séminaires, deux enquêtes de terrain, deux ateliers interactifs, une conférence publique et plusieurs forums de jeunes, et ont dialogué et discuté pour fournir des conseils et des suggestions afin d’accélérer l’action des jeunes en faveur du climat.
La collaboration avec Sciences Po n’est qu’un début. Il n’existe aucune solution pour parvenir à un avenir de neutralité carbone et nous devons continuer à explorer et à innover. Lors de la COP29 à Bakou, l’Institut pour la neutralité carbone de PKU a officiellement annoncé la création du C Force Lab, dans l’espoir de former des professionnels, d’explorer de nouveaux agendas et de construire de nouveaux récits à travers quatre dimensions, notamment l’introduction de nouvelles tendances en matière de neutralité carbone dans la sphère internationale, fournir un modèle narratif « fortement optimiste » pour la gouvernance internationale du climat sous différents angles, et encourager davantage d’universités, de jeunes et d’entités privées à bâtir ensemble un avenir durable et neutre en carbone.
C’est dans ce contexte que le projet de formation des professionnels dans la neutralité carbone de PKU et Sciences Po en 2025 a été inscrit dans notre agenda.
*WANG BINBIN est fondatrice du Laboratoire mondial d’innovation pour l’avenir climatique de l’Institut pour la neutralité carbone de PKU et architecte de la Semaine du climat PKU-Sciences Po