La Chine est aujourd’hui le moteur de la transition énergétique mondiale, surpassant tous les autres pays dans l’atteinte de ses objectifs et le partage de ses innovations avec la communauté internationale. Cette transition est à l’origine d’une série d’actions concrètes et d’une ambition soutenue par l’excellence de son industrie, guidée par une politique du long terme en phase avec son modèle de partage pour une communauté de destin pour l’humanité plus verte, notamment avec les pays de l’initiative « la Ceinture et la Route » (ICR).
Une prise de conscience nationale
Tous les observateurs sont unanimes sur le fait que la transition énergétique sera une composante incontournable des politiques publiques à travers le monde. La Chine a récemment publié le livre blanc « Transition énergétique de la Chine » pour documenter ses réalisations au cours de la dernière décennie. Cette prise de conscience a été accélérée par l’hypocrisie occidentale qui désignait la Chine comme premier pollueur tout en omettant de dire que le pays était l’usine du monde depuis 30 ans.
Une délégation d’envoyés de 26 pays et régions visite la Galerie d’exposition de planification urbaine de Chongqing, le 20 mars 2023.
En réalité, si l’on considère les émissions par habitant, la Chine n’est pas le premier pollueur. Elle est le plus grand émetteur global de gaz à effet de serre en raison de sa grande population et de son économie en expansion rapide, alors que le pic industriel en Europe a été atteint dans les années 1990. En 2021, les émissions de CO2 par habitant en Chine étaient d’environ 8 tonnes par an, inférieures à celles de nombreux pays développés. Par exemple, les États-Unis avaient des émissions par habitant d’environ 15 tonnes par an, et certains pays du Moyen-Orient comme le Qatar ou les Émirats arabes unis enregistraient des chiffres encore plus élevés.
Le livre blanc souligne que l’intensité énergétique du pays a régulièrement diminué, aboutissant à des économies d’énergie équivalant à environ 1,4 milliard de tonnes de charbon et réduisant les émissions de CO2 d’environ 3 milliards de tonnes. Ces efforts visent aussi à répondre au désir croissant des Chinois de bénéficier d’une vie meilleure et de garantir l’équilibre avec la poursuite du développement socioéconomique du pays.
L’avènement du renouvelable chinois
La Chine a massivement investi dans les énergies renouvelables, devenant le leader mondial en termes de capacité installée d’énergie solaire et éolienne. Le pays a également accéléré le développement des infrastructures pour véhicules électriques, tout en promouvant l’efficacité énergétique dans les secteurs industriels et urbains. Malgré ces progrès, la transition reste complexe, avec un mix énergétique encore dominé par le charbon. Les politiques récentes indiquent cependant un engagement ferme vers la neutralité carbone d’ici 2060.
Un tramway intelligent zéro carbone circule sur la ligne T1 à Yibin (Sichuan), le 27 août 2023.
L’expansion de l’éolien en Chine a été rapide et impressionnante. En 2005, la capacité éolienne installée en Chine était d’environ 1,3 GW. En 2023, ce chiffre a dépassé les 440 GW, représentant plus du tiers de la capacité éolienne mondiale. La topographie du pays et ses vastes espaces naturels ont facilité l’installation des infrastructures. Les parcs éoliens chinois sont principalement concentrés en Mongolie intérieure, dans le Gansu et le Xinjiang, où les ressources éoliennes sont abondantes. Cependant, cette concentration dans des régions éloignées a posé des défis en matière de transport de l’électricité vers les centres urbains de consommation situés sur la côte est. Pour les surmonter, la Chine a investi massivement dans les infrastructures de réseau électrique, notamment les lignes UHT pour transporter l’électricité sur de longues distances. En plus des installations terrestres, la Chine a également fait des progrès significatifs dans l’éolien offshore. En 2021, la capacité éolienne offshore de la Chine a dépassé celle du Royaume-Uni pour se placer en tête. L’innovation a joué un rôle clé, soutenue par des investissements dans la R&D pour améliorer l’efficacité des éoliennes et réduire les coûts. Des entreprises chinoises comme Goldwind et Mingyang figurent parmi les plus grands fabricants mondiaux d’éoliennes, produisant des machines de plus en plus puissantes et adaptées aux conditions locales.
Autre secteur clé, le développement de l’énergie solaire. En 2013, la Chine a dépassé l’Allemagne pour devenir le plus grand marché mondial de l’énergie solaire. En 2023, la capacité solaire installée en Chine a dépassé 600 GW, représentant plus de 40 % de la capacité solaire mondiale. Cette croissance rapide est le résultat de politiques gouvernementales robustes, telles que des subventions et des incitations fiscales. La Chine est devenue le principal producteur mondial de panneaux solaires, représentant plus de 70 % de la production mondiale. Des entreprises comme JinkoSolar, Trina Solar, et LONGi ont émergé comme des leaders mondiaux, produisant des panneaux solaires à des coûts compétitifs, ce qui a facilité l’expansion du solaire en Chine et à l’étranger. Les installations solaires en Chine sont réparties dans tout le pays, mais les plus grandes concentrations se trouvent, comme pour l’éolien, dans les régions occidentales telles que le Xinjiang, le Qinghai et le Gansu, où l’espace et la luminosité sont abondants. Ces régions abritent certains des plus grands parcs solaires du monde, tels que le parc solaire de Tengger, surnommé le « Great Wall of Solar », avec une capacité de plus de 1,5 GW.
La Chine a également innové avec des projets solaires flottants, comme celui du lac de l’ancienne mine de charbon de Huainan (Anhui), qui est l’un des plus grands parcs solaires flottants au monde. En 2021, l’énergie solaire représentait environ 4 % de la production totale d’électricité en Chine, un chiffre en forte augmentation chaque année.
Le partage grâce à « la Ceinture et la Route » verte
L’initiative « la Ceinture et la Route » verte est une extension écologique de l’ICR. Cette version verte se concentre sur le développement durable, la réduction de l’empreinte écologique des projets, et la promotion des énergies renouvelables.
La première sous-station d’électricité insulaire du Jiangsu dans le district de Rudong, le 5 novembre 2024
Au cours du 9e Forum sur la coopération sino-africaine (FCSA) qui s’est tenu à Beijing du 4 au 6 septembre 2024 en présence des chefs d’État et des délégations de 53 pays du continent africain, le Président chinois a annoncé un plan d’action 2025-2027 pour investir au total 46 milliards d’euros dans dix programmes de coopération aux thématiques variées dont le secteur de l’énergie et du développement vert.
La Chine a fortement investi dans des projets d’énergies renouvelables dans les pays partenaires de l’ICR, réduisant ainsi la dépendance aux combustibles fossiles. Parmi les projets notables, on peut citer le parc solaire de Benban, en Égypte, l’un des plus grands parcs solaires au monde avec une capacité de 1,65 GW. Il est financé en partie par des entreprises chinoises, dans le cadre de l’ICR et contribue à l’approvisionnement en énergie propre du pays et réduit la dépendance au pétrole et au gaz naturel. De nombreux projets éoliens au Pakistan ont également été financés par Beijing dans le cadre du corridor économique Chine-Pakistan (CPEC), une composante clé de l’ICR. Enfin, la centrale solaire Noor au Maroc est un bel exemple de coopération internationale. Bien que ce projet soit principalement financé par d’autres entités, la Chine a contribué à son développement via des entreprises impliquées dans la construction et le financement. Noor est l’une des plus grandes centrales solaires thermiques au monde et fait partie des efforts de l’ICR verte pour promouvoir l’énergie propre en Afrique du Nord.
Autre composante à signaler, c’est le rôle de la technologie et de l’innovation porté par la Chine. En effet, l’ICR verte inclut des projets de transfert de technologies vertes et de savoir-faire dans les domaines de l’énergie propre et de la gestion des déchets. La Chine investit dans le transfert de technologies pour le stockage de l’énergie, un aspect important pour les projets d’énergies renouvelables. Des initiatives sont en cours en Asie centrale par exemple, au Kazakhstan, la plus grande économie d’Asie centrale, les entreprises chinoises jouent un rôle toujours croissant dans les efforts de transition verte. Le Kazakhstan vise à faire de l’économie verte un principe clé de sa politique économique et s’est fixé comme objectif que la part des énergies renouvelables atteigne 15 % d’ici 2030.
Dans le domaine de l’aménagement du territoire et des villes du XXIe siècle, plusieurs projets de villes intelligentes font partie de l’ICR verte, où la Chine aide à construire des infrastructures urbaines plus écologiques et efficaces. Cela inclut des systèmes de transport public électrique, des bâtiments à faible consommation d’énergie, et des réseaux intelligents pour gérer la consommation d’électricité dans des villes en développement. On peut citer la ville de Konza au Kenya, à 70 km de Nairobi, où les investisseurs chinois construisent avec les autorités locales, le futur hub high-tech du pays.
Enfin, pour soutenir cette dynamique verte, il faut des mécanismes de financement écologique pour encourager les projets durables. Les banques chinoises, comme la Banque de développement de Chine et la Banque d’import-export de Chine, ont émis des obligations vertes pour financer des projets environnementaux. Le pays encourage les banques locales dans les pays partenaires à suivre des normes vertes pour les prêts et investissements.
Ce sont donc bien par les actes politiques, les innovations technologiques et les investissements massifs verts que la Chine démontre son ambition d’être un moteur de la transition énergétique mondiale. En partageant ses succès dans le domaine avec le monde, le pays illustre une prise de conscience et sa vision du long terme pour la construction d’une civilisation écologique mondiale.
*ADRIEN MUGNIER est directeur de l’Observatoire français des nouvelles Routes de la Soie