Société

Un éveil éducatif
By GUO QING et KONG SIQI, membres de la rédaction | La Chine au présent | Updated: 2025-03-04 15:44:00

Des élèves jouent à l’École primaire Sinopec de Nagqu (Xizang). 

L’école primaire Sinopec de Nagqu, située à 4 700 m d’altitude, dans la région autonome du Xizang, est connue comme l’« école la plus proche du ciel ». Construite par le géant pétrogazier Sinopec. Elle a ouvert ses portes en 2012 et reflète les efforts de la Chine pour promouvoir l’éducation, en particulier dans les zones rurales et isolées.

Nagqu, la ville la plus haute de Chine, se caractérise par un climat extrême et un air raréfié qui rend la respiration difficile. La population, peu nombreuse et dispersée, compte en moyenne moins de deux habitants par kilomètre carré. Les habitants, principalement éleveurs et agriculteurs, mènent une vie austère. Autrefois, l’école primaire la plus proche se trouvait en ville, et la route pour s’y rendre était longue et cahoteuse.

Pour soulager les familles, l’école primaire Sinopec de Nagqu propose un internat aux écoliers du CE2 au CM2. L’année dernière, l’école comptait plus de 1 300 élèves, dépassant le plan initial qui en prévoyait environ 850. Face à cette augmentation, Sinopec a investi 40 millions de yuans supplémentaires en 2019 pour agrandir les dortoirs, les salles de classe et la cantine.

Des progrès notables 

Ngawang Wangdu, directeur de l’école, a été témoin de l’évolution de l’enseignement primaire local au cours des 20 dernières années. Lorsqu’il a commencé à travailler comme enseignant dans la région, les habitants n’avaient pas conscience de l’importance de l’éducation. Les parents et les enfants ne prenaient pas l’école au sérieux, et l’absentéisme ainsi que le décrochage scolaire étaient très répandus.

La situation s’est améliorée au fur et à mesure que les populations ont compris le rôle crucial de l’éducation pour changer leur destin. Les autorités ont essayé de faire passer ce message de diverses manières. Par exemple, sur la route nationale très fréquentée, un panneau affiche cette inscription percutante : « L’éducation est un filet de sécurité qui vous permet d’affronter le monde. » À l’école primaire Sinopec de Nagqu, les bâtiments affichent des maximes en tibétain et en chinois, telles que « La connaissance change votre destin », « L’éducation vous ouvre les portes d’un avenir meilleur » et « Les décrocheurs d’aujourd’hui sont les démunis de demain ».

De plus, l’État a mis en place une subvention annuelle de 4 720 yuans par écolier et collégien tibétain afin de couvrir les frais de nourriture, de logement et de scolarité. Selon Ngawang Wangdu, l’école primaire Sinopec de Nagqu va même au-delà en offrant un repas supplémentaire composé de fruits, d’un yaourt et de pain pour assurer une nutrition équilibrée aux élèves. Grâce à ces mesures, le nombre d’élèves a presque doublé et le taux d’abandon scolaire a été réduit à zéro.

En 2024, cette subvention a été augmentée à 5 620 yuans par élève. Selon les données officielles, 746 000 élèves de la région en ont bénéficié.

Une élève de CP (1er rang) dans un cours d’arithmétique à l’École primaire Sinopec. 

Un nouveau modèle 

À l’école primaire Sinopec de Nagqu, les internes portent un uniforme rouge et les externes un uniforme bleu. Sur plus de 1 300 écoliers, près de la moitié sont des pensionnaires, venant de zones éloignées. Leurs parents ont la possibilité de leur rendre visite le dimanche et de les emmener à l’extérieur. Bien que ce modèle soit aujourd’hui très apprécié, il a suscité des réticences chez certains parents au début. « Un jour, un père a parcouru plus de 200 km à moto pour venir chercher son enfant après les cours. Mais lorsqu’il a vu le bon déjeuner servi à la cantine et les fournitures complètes dans le dortoir, ses doutes se sont dissipés. Par la suite, il a inscrit ses deux autres enfants à l’école », se souvient Ngawang Wangdu.

L’internat a facilité la vie des agriculteurs et des éleveurs, qui n’ont plus à interrompre leur travail deux fois par jour pour parcourir de longues distances afin de conduire leurs enfants à l’école et de les ramener après les cours.

L’école dispose d’équipements modernes, notamment d’un chauffage central, une rareté dans la région. Les salles de classe sont équipées d’ordinateurs, la salle de musique dispose d’instruments musicaux variés, et il y a un terrain de basket-ball et un autre de football. Les écoliers apprennent le putonghua (mandarin standard) et le tibétain, ce qui leur permet de communiquer au-delà de leur région tout en préservant leur héritage culturel.

Ngawang Wangdu explique que la transmission de la culture tibétaine est une mission importante de l’école. En plus de l’apprentissage de la langue tibétaine, les élèves étudient la calligraphie et d’autres formes d’art traditionnel. L’alimentation est également adaptée aux traditions locales : au petit-déjeuner, les élèves dégustent de la tsampa, un aliment tibétain à base de farine d’orge du Xizang grillée, et du thé au beurre. Les repas principaux incluent aussi des plats traditionnels comme la soupe aux raviolis tibétains.

Mais la réalisation la plus marquante réside sans doute dans le changement de mentalité des habitants de la région. « Aujourd’hui, les habitants locaux ne se contentent plus d’envoyer leurs enfants à l’école, mais souhaitent qu’ils reçoivent une éducation de qualité », remarque Ngawang Wangdu. Même si le nombre d’écoles locales a augmenté et que leurs infrastructures se sont améliorées, les parents veulent désormais envoyer leurs enfants dans les écoles les plus réputées de la ville.

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