Société

Entre rouge et blanc
By WANG RUYING, membre de la rédaction | La Chine au présent | Updated: 2025-03-03 11:02:00

 

Xiaomei dévale les pistes en hanfu. (PHOTO FOURNIE PAR XIAOMEI)
Dans une station de ski de la préfecture d’Altay (Xinjiang), Xiaomei, revêtue d’un hanfu (vêtement traditionnel chinois) et drapée d’une pèlerine rouge, s’élance à toute vitesse sur son snowboard avant de s’envoler pour exécuter des figures. Sa pèlerine rouge flotte dans le vent dans un arrière-plan de neige immaculée, telle une épée qui fend les airs. Cette « zoomer » poste des vidéos sur les réseaux sociaux qui attirent un grand nombre d’internautes un peu partout dans le monde. Ils n’hésitent pas à cliquer sur le pouce bleu et à laisser un commentaire élogieux. « On dirait une fée volante », lit-on ici ; « Incroyable, un art martial chinois sur la glace ! », lit-on là. 
Le snowboard en hanfu, qui donne l’impression d’être un héros chevauchant une épée dans les airs comme dans un roman de cape et d’épée, est devenu tendance. Ce nouveau phénomène contribue à sa manière à faire rayonner la culture traditionnelle chinoise tout en stimulant le tourisme hivernal.
Générer un engouement

Xiaomei a commencé à skier en 2015. Obsédée par le snowboard, elle a rencontré de multiples difficultés au début. « J’ai une santé plutôt fragile et le sport n’est pas mon fort. Je ne faisais que chuter au début. Une fois, j’ai cassé mes lunettes de ski et mes yeux ont été tuméfiés pendant une semaine », se souvient-elle.

« Depuis toute petite, j’admire les films avec des chevaliers errants qui peuvent voler sur une épée. L’idée m’est donc venue de skier en portant un hanfu. Je veux que plus de gens s’intéressent à ce sport et apprécient la beauté de ce vêtement traditionnel chinois », explique-t-elle. Elle déconseille cependant aux débutants de faire de même. « Quand un skieur revêt un hanfu, il ne peut pas porter un coupe-vent et de lunettes. Il risque des engelures. De plus, lors du tournage, un skieur en hanfu ne peut pas mettre de casque, ce qui est dangereux quand on est débutant. »

Dans ses temps libres, Xiaomei partage ses aventures sur Douyin, Xiaohongshu et WeChat. « Un homme qui était déprimé a vu mes vidéos et décidé d’apprendre à skier. Grâce à ce sport, il passe du temps dans la nature et déprime moins. Il m’a dit qu’il avait finalement vaincu sa dépression et m’a exprimé toute sa gratitude. Cette histoire m’a beaucoup touchée. Je suis tellement contente de savoir que mes vidéos aident les autres et cela m’encourage à continuer. »

Xiaomei a parcouru de nombreuses stations de ski en Chine et a porté son dévolu sur la préfecture d’Altay où elle fait du hors-piste. « En 2019, j’ai fait du bénévolat pendant deux mois dans cette préfecture et je suis tombée amoureuse du ski hors-piste. Il y a de nombreuses stations dans cette région et les services sont impeccables. Les skieurs peuvent faire appel aux professionnels, le cas échéant, pour des itinéraires de ski. »

Xiaomei a été nommée ambassadrice des sports d’hiver de la préfecture d’Altay. Elle est ravie de voir qu’à travers ses vidéos, elle peut présenter les stations de la région à un public plus large. « Je passe depuis quelques années chaque hiver dans la préfecture d’Altay. J’espère que davantage de personnes pourront y pratiquer le ski. »

Des touristes en tenues traditionnelles dans la station de ski du mont Longtou, à Hanzhong (Shaanxi)
Promouvoir le tourisme hivernal
Grâce à Xiaomei, le snowboard en vêtements traditionnels fait des émules. Ainsi, la station de ski de Songhuahu, dans la province nord-est du Jilin, propose des spectacles nocturnes dans lesquels on peut admirer des skieurs revêtus de costumes de l’Opéra de Pékin ou du Sichuan descendre des sommets pour le plus grand plaisir des spectateurs. 
D’autres villes proposent également des activités pour dynamiser le tourisme hivernal. Au bord de la rivière Morigele à Hulun Buir, dans la région autonome de Mongolie intérieure, le Naadam, une fête traditionnelle mongole qui a lieu en juillet, se tient également en hiver. Les touristes peuvent y découvrir la culture mongole avec le tir à l’arc, les courses de chevaux et la lutte, tout en profitant des spectacles folkloriques et de la cuisine locale.
Dans des sites touristiques de Beijing, notamment dans la zone du lac de Shichahai, au parc Beihai et au parc Yuanmingyuan, des figurants font du patinage en portant la tenue des soldats des Huit Bannières (des divisions administratives mandchoues sous la dynastie des Qing). À Changchun (chef-lieu du Jilin), le parc d’attraction hivernal de Nanxili sur le thème du jeu vidéo Black Myth: Wukong récemment construit offre des expériences inédites.
Selon le Rapport sur le développement de l’industrie de la glace et de la neige en Chine en 2024, le marché continue de croître, la demande ne cesse de se diversifier, les chaînes industrielles se sont améliorées, et les exportations de matériel de sports d’hiver ont augmenté. Le rapport précise que le secteur est valorisé à hauteur de 970 milliards de yuans en 2024, la barre des 1 000 milliards de yuans devant être dépassée cette année. Actuellement, les sports d’hiver battent leur plein dans tout le pays, tant dans le nord que dans le sud, avec la participation active à la fois des professionnels et des amateurs.Du 7 février au 14 février, les 9es Jeux asiatiques d’hiver se sont tenus à Harbin, avec plus de 1 200 athlètes de 34 pays et régions d’Asie. C’est un autre grand événement international pour les sports d’hiver organisé par la Chine après les Jeux olympiques d’hiver de Beijing en 2022. C’est aussi la troisième fois que la Chine accueille les Jeux asiatiques d’hiver après ceux de Harbin en 1996 et de Changchun en 2007.

L’organisation des Jeux asiatiques d’hiver de Harbin va donner un coup de fouet aux sports d’hiver et au tourisme hivernal. Pendant les Jeux, Xiaomei a d’ailleurs continué de produire des vidéos pour que plus d’étrangers connaissent les Jeux asiatiques d’hiver… et le charme des vêtements traditionnels chinois.

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