Allocution de l'Ambassadeur LU Shaye au Forum sur la coopération Chine-UE dans le nouveau contexte
By Lu Shaye | Ambassade de Chine en France | Updated: 2021-01-23 11:26:00
Lu Shaye Ambassadeur de Chine en France

Le 21 janvier 2021, l'Ambassade de Chine en France et The Bridge Tank ont co-organisé le Forum sur la coopération Chine-UE dans le nouveau contexte. Voici l'allocution de l'Ambassadeur Lu Shaye :
 

Monsieur le Premier Ministre Jean-Pierre Raffarin,

Madame la Directrice générale Irina Bokova,

Monsieur le Ministre François Loos,

Madame l'Ambassadeur Sylvie Bermann,

Monsieur le Président Joël Ruet,

Chers Amis,

Bonjour à tous. Bienvenue au Forum sur la coopération Chine-UE dans le nouveau contexte. C'est notre première rencontre « en nuage » en 2021. Même si le Jour de l'An est déjà passé, je tiens à souhaiter à tous une « Bonne Année » ! Je vous remercie sincèrement pour l'intérêt que vous portez depuis de longues années aux relations Chine-France et Chine-Europe, et pour votre soutien à l'ambassade de Chine en France et à moi-même. En ce début d'année, j'aurais bien voulu vous rencontrer en face à face. Malheureusement, la pandémie nous en empêche. Il est tout de même très nécessaire pour nous de mener un « brainstorming », ou un « remue-méninges » en bon français, sous forme de visioconférence. En juin dernier, nous avons tenu avec des groupes de réflexion une visioconférence très enrichissante. Aujourd'hui, je voudrais partager avec vous mes réflexions sur trois questions liées à la coopération Chine-UE dans le nouveau contexte : Comment voir le nouveau contexte ? Pourquoi la Chine et l'UE devraient-elles coopérer ? Et comment renforcer notre coopération ?

Chers Amis,

Permettez-moi d'abord d'exposer ma réflexion sur ce qu'est le « nouveau contexte ». L'un des points les plus marquants de ce nouveau contexte est que le monde est entré dans une période de bouleversements et de transformation, avec des incertitudes et des instabilités considérablement accrues. D'un point de vue global, le monde est dans un état chaotique. La pandémie continue de se propager et bon nombre de pays sont obligés d'appliquer des mesures sanitaires plus strictes, voire le confinement. Les principales organisations faisant autorité prévoient une contraction de l'économie mondiale d'environ 4,4% pour 2020. Les difficultés de la gouvernance mondiale s'accentuent. L'unilatéralisme, le protectionnisme et la politique du plus fort entravent la coopération internationale. Dans le même temps, plusieurs vaccins ont été mis en service dans un délai record et apportent de l'espoir à l'humanité pour vaincre la COVID-19. Les technologies numériques progressent à pas de géant, contribuant à la reprise des activités économiques. La « diplomatie en nuage », le « travail à distance » et les « visioconférences » sont devenus quotidiens. La pandémie a fait mieux comprendre aux peuples du monde combien la solidarité est nécessaire et combien il faut bâtir une communauté de destins de l'humanité. L'humanité se trouve à nouveau à la croisée des chemins entre l'union et la division, entre l'ouverture et le repli, et entre la coopération et la confrontation. L'avenir de l'humanité dépend du choix de chacun de nous.

Du point de vue des relations entre grands pays, il est encore à observer dans quelle direction les Etats-Unis vont se diriger. J'ai remarqué que depuis novembre dernier, les relations entre l'Europe et les Etats-Unis sont devenues un sujet d'actualité brûlant. Beaucoup attendent avec impatience l'arrivée au pouvoir de Biden, dans l'espoir de retrouver le « bon vieux temps » des relations transatlantiques. Beaucoup d'autres estiment que Biden pourrait « prêter une oreille amicale et attentive » à l'Europe, mais serait incapable de lui « prêter main forte », ils ne sont pas sûrs si l'Europe et les Etats-Unis puissent aplanir leurs divergences. D'autres craignent que Biden n'adopte inévitablement une politique industrielle expansionniste afin de promouvoir la reprise économique et l'emploi aux Etats-Unis, ce qui pourrait exacerber la concurrence et les frictions économiques et commerciales entre l'Europe et les Etats-Unis. D'autres encore estiment que les problèmes entre l'Europe et les Etats-Unis ne datent pas de Trump et ne disparaîtront pas avec l'arrivée de Biden. Ils préconisent que l'Europe ne doit pas mettre tous les œufs dans le même panier et devenir un « champ de bataille » entre grandes puissances, craignant que l'Europe n'arrive pas à se positionner entre la Chine et les Etats-Unis. Toutes ces opinions différentes sont déboussolantes. J'ai également observé qu'après les violences au Capitole, l'opinion publique européenne est sous le choc, et les commentaires sont nombreux dans les milieux politique, médiatique et intellectuel. On se préoccupe beaucoup de la polarisation des partis politiques, et aussi des conflits raciaux et des divisions sociales aux Etats-Unis, et on a peur que l'Europe ne soit impactée. Certains médias s'alarment en disant que tout le fondement de la démocratie occidentale tremble lorsque la démocratie américaine est en déclin. Le blocage de Trump par les réseaux sociaux a provoqué une secousse violente en Europe et suscité des débats vifs sur les limites de la liberté d'expression, la fragilité de l'Etat de droit et l'ingérence du capital dans la politique.

Les amis européens portent aussi un grand intérêt aux relations sino-américaines, qui arrivent aujourd'hui à un nouveau carrefour et pourraient faire face à de nouvelles fenêtres d'espoir. La politique américaine de la Chine est constante et claire. Peu importe qui est le Président américain, nous sommes disposés à développer une relation de non-conflit, de non-confrontation, de respect mutuel et de coopération gagnant-gagnant avec les Etats-Unis. Pourvu que les Etats-Unis sachent tirer les leçons en temps utile et travaillent véritablement dans le même sens avec la Chine, les deux pays sont tout à fait capables de résoudre les divergences et les différends par le dialogue, d'accroître les intérêts communs par la coopération, de trouver un modèle de relations entre grands pays qui bénéficie tant à la Chine, aux Etats-Unis, qu'au monde entier, et d'ouvrir des perspectives conformes à l'évolution de l'Histoire. J'ai la certitude que c'est aussi l'attente générale de la communauté internationale et dans l'intérêt de la Chine et des Etats-Unis, et aussi de l'Europe et du monde.

Chers Amis,

Je voudrais parler maintenant des raisons pour lesquelles la Chine et l'Europe doivent coopérer. La Chine et l'Europe ont mille raisons pour bien gérer leur relation, et pas une seule raison pour la compromettre. Comme l'a souligné le Président Xi Jinping, la Chine et l'UE sont deux forces importantes, deux marchés immenses et deux civilisations brillantes dans le monde, et ce qu'elles préconisent, ce qu'elles combattent, ce qu'elles font ensemble revêtent une portée mondiale. La Chine et l'Europe n'ont pas de conflits d'intérêts fondamentaux et ne constituent pas une menace l'une pour l'autre. Elles ont beaucoup plus de coopération que de concurrence et beaucoup plus de terrains d'entente que de désaccords. La Chine et l'Europe devraient faire preuve du sens de responsabilité et déployer activement des efforts pour faire office de bâtisseurs coopératifs de la paix et du progrès du monde, et apporter plus de stabilité et de certitude à un monde turbulent et en mutation. En 2020, les échanges commerciaux entre la Chine et l'UE ont augmenté de 5,3%, à contre-courant de la conjoncture mondiale, pour atteindre 4,5 mille milliards de yuans, soit environ 649,5 milliards de dollars. La Chine est devenue pour la première fois le premier partenaire commercial de l'UE. A un moment historique, les dirigeants chinois et européens ont su prendre le pouls de notre temps, suivre la tendance générale dans le monde, tenir le cap de la coopération, se débarrasser de multiples entraves, et amener à la conclusion d'un accord d'investissement équilibré, de haut niveau et gagnant-gagnant. Cet accord montre la détermination et la confiance de la Chine dans la promotion d'une ouverture de haut niveau, offrira aux entreprises chinoises et européennes un plus grand accès au marché du partenaire, un meilleur environnement d'affaires, des garanties institutionnelles plus solides et des perspectives de coopération plus prometteuses. Il donnera aussi une nouvelle impulsion à la reprise de l'économie mondiale, renforcera la confiance de la communauté internationale dans la mondialisation économique et le libre-échange, et apportera une contribution importante à la construction d'une économie mondiale ouverte.

Cet accord est un magnifique cadeau de nouvel an aux peuples chinois, européens et de tous les pays du monde. Il est chaleureusement accueilli par les milieux d'affaires et les entrepreneurs européens. Cependant, j'ai également entendu des dissonances de la part d'un petit nombre d'hommes politiques, de think tanks et de médias en Europe.

Premièrement, il y a certains qui disent que l'Europe est « trop naïve ». Ils estiment que l'Europe n'aurait pas dû faire trop de concessions, renoncer à ses « principes » et à ses valeurs et tolérer les positions intransigeantes de la Chine sur les questions liées au Xizang (Tibet), au Xinjiang, à Hong Kong et à Taiwan, en échange de l'accès au grand marché chinois. Accusant calomnieusement la Chine de pratiquer le « travail forcé » sur les Ouïghours, ils prétendent que l'Europe a « vendu un peu son âme avec cet accord ». Je sais que beaucoup d'Européens portent intérêt au développement du Xinjiang. Mais je constate aussi que certains sont apparemment induits en erreur et ont des malentendus et des préjugés sur le Xinjiang.

Le Xinjiang était autrefois une porte d'entrée en Chine des forces terroristes internationales. Du milieu des années 1990 à la première dizaine d'années du 21e siècle, la région a connu des milliers d'attentats terroristes violents, faisant des dizaines de milliers de morts et blessés parmi la population innocente, y compris la population ouïghoure. Le gouvernement chinois doit évidemment assumer sa responsabilité de protéger son peuple en combattant résolument le terrorisme. Dans le même temps, nous sommes plus attentifs à la prévention du terrorisme et à la déradicalisation par des « politiques douces » comme l'éducation et la formation. Ce n'est absolument pas une atteinte aux droits de l'homme. Beaucoup de pays dans le monde, y compris des pays musulmans, ont adopté une approche similaire, comme en témoignent les centres de déradicalisation en France et les systèmes correctionnels communautaires aux Etats-Unis. Les droits de l'homme des stagiaires participant aux programmes d'éducation et de formation en Chine sont pleinement protégés. Ils ont acquis des compétences et trouvé des emplois. Le Xinjiang n'a pas connu d'attentat depuis 4 ans, la société est stable et prospère, et la population vit et travaille en paix.

Une fois le problème de sécurité réglé, le gouvernement de la région autonome du Xinjiang aide les habitants à trouver des emplois stables, à accroître les revenus en les mettant en lien avec les entreprises locales et aussi les entreprises en dehors de la région. Les travailleurs d'ethnies minoritaires choisissent librement leur emploi, signent des contrats de travail avec les entreprises de leur plein gré et dans le respect du principe de l'égalité, et sont rémunérés comme il faut. Je ne vois pas comment cela constitue du « travail forcé » ! Selon le Rapport d'enquête sur le travail et l'emploi des minorités ethniques au Xinjiang, 86,5% des habitants ruraux au Xinjiang sont prêts à travailler en dehors de leur propre district.

La signature ou non par la Chine de la Convention de l'OIT sur l'abolition du travail forcé relève de la souveraineté de la Chine. Aucun pays n'a le droit d'y interférer. Si la Chine n'a pas signé la Convention, cela ne veut pas dire qu'il y a du « travail forcé » ou quelque chose à cacher en Chine, c'est parce que la Chine a des interrogations sur certaines notions et formulations de la Convention et qu'elle a besoin de les examiner attentivement. La loi chinoise interdit explicitement le travail forcé. Si les Etats-Unis, le Royaume-Uni et d'autres pays de Five Eyes font du tapage autour du prétendu « travail forcé » au Xinjiang et imposent des sanctions contre la Chine, ce n'est pas parce qu'ils se soucient de la population ouïghoure et des droits de l'homme. C'est parce qu'ils veulent diaboliser la Chine et en faire un ennemi public de l'humanité en inventant des mensonges et des fausses accusations, afin d'atteindre leurs objectifs de « découplage » et d'« isolement » de la Chine et d'étouffement de son développement. Leurs accusations ne s'appuient que sur des soi-disant « recherches » concoctées par l'Allemand Adrian Zenz et l'Institut australien de stratégie politique, qui sont, tout le monde le sait, soudoyés par les Américains, financés par le gouvernement américain, la CIA et les entreprises d'armement américaines et travaillent pour le compte des Etats-Unis. Leurs soi-disant « recherches » n'ont aucune valeur intellectuelle et aucune crédibilité. Si ces pays accusent calomnieusement la Chine du « génocide » contre la population ouïghoure, c'est parce qu'il semble à un larron que chacun lui est compagnon : une projection en miroir des crimes qu'ils ont commis dans leur histoire comme le massacre des indiens d'Amérique et la traite des Noirs. Ce qu'ils ont dit et fait à la Chine, c'est, au mieux, priver la population ouïghoure de ses droits au travail, à la vie et au bien-être, et au pire, priver tout le peuple chinois de son droit à la vie et au développement, ce serait un « génocide » contre le peuple chinois.

Deuxièmement, d'autres en Europe craignent que les Américains ne soient pas contents. Ayant peur qu'un accord d'investissement Chine-UE ne compromette l'alliance transatlantique, ils appellent à une meilleure coordination entre l'Europe et les Etats-Unis et à attendre l'arrivée au pouvoir de l'administration Biden pour affronter ensemble la Chine, sans quoi, selon eux, « en cas de conflit, l'UE sera seule face à la Chine ». Cette idée de se joindre aux Etats-Unis contre la Chine est extrêmement myope. En Europe, les milieux politique, intellectuel et les principaux médias ont tous un sens aigu de l'autonomie stratégique, le président Macron et la chancelière Merkel y sont très attachés, ce que je partage entièrement. Mais il y a aussi, au sein de la société européenne, un fort courant profondément influencé par les Etats-Unis. Ces « atlantistes » font passer les intérêts américains avant les intérêts européens et agissent toujours selon la volonté des Etats-Unis. Le Ministre allemand des Affaires étrangères Heiko Maas a bien dit : « Nul besoin de parler de souveraineté européenne si cela doit signifier qu'à l'avenir nous n'agirons que selon la volonté de Washington ». Nous espérons que l'Europe pourra voir les choses à partir de ses propres intérêts et des intérêts communs de l'humanité, sur la base de la réalité des faits, plutôt que de faire siens les intérêts des Etats-Unis et considérer les adversaires des Etats-Unis comme ses propres adversaires. En plus, l'alliance entre l'Europe et les Etats-Unis ne date que de la fin de la Seconde Guerre mondiale. Elle est née de la guerre froide. Si l'on remonte plus loin dans l'histoire, on voit que l'Europe n'a jamais été alliée, mais un adversaire des Etats-Unis. Même au temps de l'alliance Euro-Américaine après la Seconde Guerre mondiale, les Etats-Unis n'ont jamais traité l'Europe comme un partenaire égal, mais comme un vassal. Ce n'est pas moi, mais un ami français qui le dit. Sur beaucoup de questions, en s'alignant sur les Etats-Unis, l'Europe ne devient qu'un faire-valoir et aide à réaliser les objectifs stratégiques des Etats-Unis au sacrifice des intérêts européens. Ce que je ne comprends tout simplement pas, c'est que si les Etats-Unis adoptent une « stratégie Indo-Pacifique », font des menaces militaires et de l'endiguement stratégique contre la Chine, pourquoi des pays européens envoient-ils des navires de guerre à des dizaines de milliers de kilomètres de chez eux, en Mer de Chine méridionale, pour montrer les muscles. Honnêtement, ces quelques navires des pays européens ne peuvent pas menacer la Chine, mais ils empoisonneront l'atmosphère de la coopération sino-européenne. Alors à quoi bon le faire ? L'Europe ne pourra devenir un pôle important dans un monde multipolaire et mieux défendre ses intérêts que si elle fait preuve d'une vraie autonomie stratégique.

Chers Amis,

Le dernier point que je voudrais aborder, c'est comment renforcer la coopération entre la Chine et l'Europe. L'Humanité est déjà entrée dans une ère de communauté d'avenir partagé. Nous vivons dans un village planétaire interconnecté et interdépendant. Les différents pays ne peuvent plus se disputer entre eux, entrer dans des jeux à somme nulle, ni rester les bras croisés devant les malheurs des autres, s'en délecter, voire faire retomber les malheurs sur autrui. La Chine et l'Europe se trouvent toutes les deux dans une phase importante de développement. 2021 est l'année inaugurale de la mise en œuvre du 14e Plan quinquennal de la Chine. Elle travaillera, sur la base d'une analyse précise du nouveau stade de développement, à mettre en pratique de manière approfondie le nouveau concept de développement et à accélérer la création d'une nouvelle dynamique de développement, de sorte à marquer un bon début dans la perspective de faire de la Chine un pays socialiste moderne sur tous les plans. Nous développerons une ouverture de haut niveau sur l'extérieur et élargirons la coopération gagnant-gagnant avec le reste du monde. L'Europe a aussi devant elle de nombreuses tâches, comme la lutte contre l'épidémie, la reconstruction après l'épidémie, le développement vert, la transition numérique et l'intégration européenne. En 2020, le Président Xi Jinping a eu trois entretiens par visioconférence avec les dirigeants des institutions européennes et cinq entretiens téléphoniques avec le Président Macron, ce qui a joué un rôle de pilotage stratégique important pour le développement sain des relations sino-européennes. La Chine et l'Europe doivent mettre en application intégralement les consensus importants dégagés par nos dirigeants, aller dans la même direction, poursuivre sur cette lancée et travailler ensemble à créer de nouvelles opportunités et de nouvelles dynamiques.

D'abord, se respecter mutuellement. La Chine et l'Europe doivent respecter la voie de développement, les intérêts vitaux et les préoccupations majeures de part et d'autre, approfondir la connaissance mutuelle par un dialogue d'égal à égal, et renforcer la confiance mutuelle à travers une communication franche et sincère. En toute franchise, les dirigeants européens aiment critiquer la Chine sur les questions liées à Taiwan, au Xinjiang, au Xizang (Tibet), à Hong Kong et aux droits de l'homme. Les dirigeants chinois ne sont pas contents de constater un tel scénario et le peuple chinois ne peut pas l'accepter. Parce que ces questions relèvent des affaires intérieures chinoises et que beaucoup d'entre elles touchent aux intérêts vitaux de la Chine. D'autant plus que les critiques européennes sont souvent basées sur rien d'autre que des mensonges et désinformations, et donc tout à fait injustifiables. La Chine n'est jamais intervenue dans les affaires intérieures des pays européens. Les Européens aiment parler de la « réciprocité ». Alors pourront-ils donc, dans l'esprit de la « réciprocité », se garder de s'ingérer dans les affaires intérieures chinoises ?

Deuxièmement, renforcer la coopération. Nous sommes appelés à coordonner nos efforts dans la lutte contre la COVID-19 et assurer la distribution équitable de vaccins comme bien public mondial, surtout au profit des pays en développement. Nous devons œuvrer ensemble pour la reprise économique, intensifier les communication et coordination en matière de politiques, construire une économie mondiale ouverte, et remettre en bonne marche les chaînes industrielles et d'approvisionnement mondiales le plus rapidement possible. Il nous faut également renforcer la synergie entre l'initiative « la Ceinture et la Route » et la Stratégie d'interconnexion eurasiatique de l'UE, approfondir les partenariats pour la coopération verte et la coopération numérique, finaliser dans les meilleurs délais la ratification de l'Accord d'investissement Chine-UE, et démarrer au plus tôt les études de faisabilité sur un accord de libre-échange Chine-UE.

Troisièmement, poursuivre fermement le multilatéralisme. La Chine souhaite, ensemble avec l'Europe, renforcer le dialogue et la coordination sur les plans bilatéral, régional et mondial, améliorer la gouvernance mondiale dans le respect du principe d'« amples consultations, contributions conjointes et bénéfices partagés », défendre le système international axé sur les Nations Unies, construire un nouveau type de relations internationales centrées sur la coopération gagnant-gagnant et une communauté d'avenir partagé pour l'humanité, et soutenir les efforts de part et d'autre dans l'organisation des conférences internationales sur la biodiversité et le climat.

Quatrièmement, gérer adéquatement les divergences. La Chine et l'Europe doivent toujours garder à l'esprit l'aspect dominant de leurs relations que sont la coopération et le développement, travailler à dissiper les malentendus par le dialogue et à régler les problèmes épineux par le développement, gérer adéquatement les divergences, trouver les terrains d'entente par-delà les désaccords, accroître ce qui nous rapproche et réduire ce qui nous sépare. Nous espérons que l'Europe pourra maintenir sa vision stratégique, transcender les différences en termes de systèmes, ne pas regarder les choses à travers le prisme idéologique, mais voir le développement de la Chine d'une façon d'égal à égal et dans une optique plus objective.

Chers Amis,

On peut toujours tirer des leçons du passé mais l'Histoire ne se reproduira pas. On dit en Chine que dans un bateau en marche, il est impossible de retrouver une épée en marquant d'une entaille l'endroit où elle est tombée dans l'eau. Le philosophe grec Héraclite disait : « on ne se baigne jamais deux fois dans le même fleuve ». Si la Chine n'a jamais commis d'erreurs aux conséquences irréversibles et qu'elle a obtenu de tels résultats de développement, c'est parce qu'elle se regarde toujours d'une manière objective, regarde le monde en tenant compte des enjeux de notre époque, se développe dans un esprit scientifique et se met fermement du bon côté de l'Histoire. Nous espérons que l'Europe pourra se mettre en phase avec le temps et voir la Chine telle qu'elle est. A cet égard, le rôle du milieu stratégique européen est crucial. Il ne faut pas refuser de regarder en face les aspects positifs de la Chine juste parce que l'on n'aime pas son système politique, et encore moins dénigrer la Chine pour complaire au « politiquement correct ». Si la perception de la Chine par l'Europe devient biaisée, elle commettra des erreurs aux conséquences irréversibles dans son jugement stratégique de la Chine. Ce sera nuisible aux relations sino-européennes et fatal pour l'avenir de l'Europe.

Chers Amis,

Vous êtes tous des experts chevronnés des questions stratégiques et internationales. J'ai hâte d'entendre vos opinions perspicaces et vos propositions constructives. Ensemble, travaillons pour un meilleur avenir de la coopération sino-européenne, un meilleur avenir de la Chine et de l'Europe.

Je vous remercie.

Numéro 12 avril-juin 2022
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