Discours de l'Ambassadeur LU Shaye au déjeuner organisé par ETHIC
Ambassade de Chine en France | Updated: 2022-11-11 11:07:00
Lu Shaye Ambassadeur de Chine en France

Le 8 novembre 2022, l’Ambassadeur Lu Shaye a assisté au déjeuner organisé par Entreprises de Taille Humaine Indépendantes et de Croissance (ETHIC). Voici son allocution:  

Madame la Présidente, 

Mesdames et Messieurs, Chers amis, 

C’est un grand plaisir pour moi d’être invité par ETHIC pour échanger avec vous. 

Je crois que beaucoup d’entre vous ont remarqué que le monde d’aujourd’hui est entré dans une période de turbulences et de transformations. La mentalité de la guerre froide, marquée par la politique du plus fort et le jeu à somme nulle, regagne du terrain ; les risques d’antagonisme idéologique et de confrontation des camps s’accroissent ; et le multilatéralisme et la paix mondiale font face à de sérieux défis. Le développement mondial se heurte à des vents contraires. Alors que la crise de la COVID-19 n’est pas encore terminée, d’autres crises, d’ordre géopolitique, énergétique, alimentaire et inflationniste s’enchaînent. La reprise économique mondiale se ralentit, la FED des États-Unis et d’autres principales banques centrales ont entamé un nouveau cycle de hausse des taux d’intérêt, aggravant la pression à la baisse sur les économies de différents pays. Certains pays pratiquent la doctrine « le moi d’abord » et imposent des mesures protectionnistes telles qu’intimidation commerciale, restriction à l’investissement et embargo technologique, exacerbant le risque de fragmentation de l’économie mondiale. La tendance à la politisation et à l’instrumentalisation des questions économiques s’avère de plus en plus évidente, et la tentation à privilégier les considérations géopolitiques constitue une menace majeure pour le système commercial multilatéral. 

Dans ce contexte, la communauté internationale est très attentive à l’évolution de la Chine, en particulier de son économie. Le monde entier ou presque a observé et analysé les messages émis et les mesures prises lors du récent XXe Congrès du Parti communiste chinois (PCC), ainsi que ses impacts. Je voudrais profiter de cette occasion pour partager mes réflexions avec vous.  

Si je devais résumer mon impression du XXe Congrès en un seul mot, ce serait le mot « confiance ». La confiance se reflète notamment dans les trois aspects suivants.  

Premièrement, la confiance dans l’avenir radieux du développement de la Chine.  

Cette confiance provient avant tout de la puissance croissante de la Chine. Sous la direction du PCC et grâce aux efforts conjoints de tous les Chinois, l’économie chinoise a maintenu une croissance rapide pendant de longues années. Entre 2013 et 2021, elle s’est accrue en moyenne de 6,6 % par an, un taux bien supérieur au taux de croissance moyen mondial de 2,6 % sur la même période, mais aussi supérieur au taux de croissance moyen de 3,7 % de l’ensemble des économies en développement. 

La puissance économique de la Chine a réalisé un bond historique et représente aujourd’hui 18,5 % de l’économie mondiale, ce qui l’installe solidement à la deuxième place dans le monde. La Chine est au premier rang mondial en termes de taille de l’industrie manufacturière, de volume global du commerce de marchandises, de production totale de céréales, de nombre des chercheurs et de réserves de devises. La Chine compte plus de 1,4 milliard d’habitants, dont plus de 400 millions de personnes à revenu moyen. C’est la population à revenu moyen la plus importante, mais aussi avec le plus grand potentiel de croissance au monde, nous procurant donc les atouts d’un immense marché. La Chine possède un système industriel complet, une chaîne industrielle performante, des infrastructures de plus en plus modernes et des capacités d’innovation en plein essor. Grâce à tout cela, l’économie chinoise a une grande résilience, un énorme potentiel, et une forte confiance pour faire face à tous les risques et défis. 

Depuis la crise de la COVID-19, en raison d’une situation nationale et internationale dure et complexe et sous l’impact de multiples facteurs dépassant les anticipations, l’économie chinoise a rencontré des difficultés et la croissance s’est infléchie. La Chine n’a enregistré qu’une croissance de 0,4 % au deuxième trimestre de cette année.  

Certaines personnes ont donc commencé à jouer les Cassandre sur l’économie chinoise, affirmant même que « l’économie chinoise est sur le point de s’effondrer ». Cependant, ces difficultés temporaires n’entravent pas la tendance à long terme du développement économique de la Chine. Les derniers chiffres montrent qu’au troisième trimestre, le PIB chinois a augmenté de 3,9 %, tant en glissement annuel qu’en glissement trimestriel ; les principaux indicateurs économiques tels que l’industrie, les services et les investissements continuent de se redresser, et les prix à la consommation n’ont connu qu’une hausse modérée de 2,6 % en glissement annuel. Cela montre que l’économie chinoise a inversé la tendance à la baisse, s’est redressée et stabilisée, et a accéléré la dynamique de reprise, et que ses fondamentaux marqués par une soutenabilité de long terme restent inchangés. À mesure que les efforts visant à coordonner efficacement la lutte contre la COVID-19 et le développement économique et social continuent de porter leurs fruits, et que les politiques macroéconomiques continuent de produire leurs effets, le développement économique de la Chine sera assurément plus robuste. A vrai dire, même si cette année l’économie chinoise ne parvenait pas à atteindre l’objectif de croissance fixé de 5,5 %, sa performance dépassera de loin celle des autres grandes économies comme les États-Unis et l’Europe.  

Cette confiance provient également des atouts du système chinois et de l’efficacité de sa gouvernance. La direction du PCC est la garantie fondamentale de notre succès dans tous les domaines. Cela nous permet de tracer des plans et de les mettre en œuvre jusqu’au bout, de rassembler la sagesse et les forces de tous, d’unifier nos pensées et nos actions, et de travailler ensemble pour relever les défis sur la voie du développement. Dans un monde en pleine mutation et turbulence, tandis que de nombreux pays sont en proie à des fractures internes, la stabilité institutionnelle et politique est devenu un grand avantage pour la Chine, et une garantie importante pour son développement économique sain et durable.  

Le XXe Congrès du PCC, en tenant compte des circonstances actuelles et de la tendance générale, a précisé la pensée directrice pour le développement futur de la Chine, ainsi que la tâche centrale, les étapes de mise en œuvre et les dispositions stratégiques. Il a aussi élu une nouvelle équipe dirigeante centrale avec le secrétaire général Xi Jinping comme noyau dirigeant, offrant ainsi stabilité et prévisibilité à la Chine et au monde. Ces dispositions, qui sont les plus conformes aux conditions et aux intérêts nationaux de la Chine, sont sincèrement soutenues par l’ensemble du peuple chinois, et ont suscité chez tous les Chinois un plus grand enthousiasme pour aller de l’avant. 

Le rapport du XXe Congrès prévoit qu’à partir de maintenant, le PCC a pour tâche centrale d’unir et de conduire le peuple chinois multiethnique pour réaliser l’objectif du deuxième centenaire, soit de faire de la Chine un grand pays socialiste moderne dans tous les domaines, et pour promouvoir de manière exhaustive le grand renouveau de la nation grâce à la modernisation chinoise. À cet égard, le rapport prévoit deux étapes : réaliser pour l’essentiel la modernisation socialiste d’ici 2035, et faire de la Chine un grand pays socialiste moderne, beau, prospère, puissant, démocratique, harmonieux et hautement civilisé au milieu du siècle.  

Afin d’atteindre ces objectifs ambitieux, nous avons fait du développement de qualité une priorité. Parallèlement à l’augmentation des forces productives et à l’abondance des biens matériels, l’aspiration de la population chinoise à une vie meilleure ne cesse de croître. Cela nous demande de transcender le simple développement quantitatif pour aller vers un développement de meilleure qualité, plus efficace, plus équitable, plus durable et plus sûr. À cette fin, nous continuerons à appliquer la nouvelle vision de développement, pour réaliser un développement innovant, coordonné, vert, ouvert et partagé, à poursuivre la réforme de l’économie de marché socialiste, à maintenir une ouverture de haut niveau, et à accélérer la mise en place d’un nouveau modèle de développement reposant sur le rôle primordial du circuit économique national et l’interaction dynamique entre les circuits économiques national et international. 

Deuxième aspect de la confiance, c’est la confiance dans les opportunités que le développement de la Chine apportera au monde. 

D’abord, la Chine restera le moteur le plus important de la croissance économique mondiale. Selon un récent rapport de la Banque mondiale, entre 2013 et 2021, la contribution moyenne de la Chine à la croissance économique mondiale est de 38,6 %, soit plus que les pays du G7 réunis. Les efforts de la Chine pour le développement de qualité insuffleront une nouvelle et forte dynamique à l’économie mondiale. 

Depuis la crise de la COVID-19, la Chine a surmonté de nombreuses difficultés et fourni continuellement divers produits au monde, contribuant grandement à la stabilisation des chaînes industrielle et d’approvisionnement mondiales et apportant un soutien solide à la reprise de l’économie mondiale. Or, certaines personnes inversent délibérément le noir et le blanc, affirmant que la Chine est le plus grand perturbateur de la stabilité économique mondiale et qu’elle est passée de la locomotive au boulet de la croissance mondiale. Elles font beaucoup de battage médiatique autour de la soi-disant « surdépendance » à l’égard de la Chine et prêchent le découplage avec la Chine et l’exclusion de la Chine de la chaîne d’approvisionnement mondiale. Mais en réalité, dans la mondialisation économique, les pays sont interdépendants et personne ne peut se passer des autres. Aller à contre-courant de notre époque, chercher à construire des murs et des barrières, à forcer le découplage, à rompre les chaînes d’approvisionnement, ces tentatives de nuire aux autres finiront par nuire aussi à soi-même.  

Le rapport du XXe Congrès a réaffirmé la détermination de la Chine à poursuivre une ouverture de haut niveau. Contrairement à ce que certains font croire, la Chine ne va pas « se replier sur soi et vivre en autarcie » ou « réduire considérablement son ouverture sur l’extérieur ». Au contraire, la porte de la Chine s’ouvrira toujours plus grand. Si nous accélérons la mise en place d’un nouveau modèle de développement reposant sur le rôle primordial du circuit économique national et l’interaction dynamique entre les circuits économiques national et international, c’est pour fluidifier davantage le circuit économique national en développant la demande intérieure et en approfondissant la réforme structurelle du côté de l’offre, de manière à mieux favoriser le circuit économique international, à renforcer l’interaction dynamique entre les marchés et ressources nationaux et internationaux, et à améliorer la qualité et le niveau de la coopération en matière de commerce et d’investissement. Les circuits économiques national et international sont comme les deux roues d’un vélo, quand la roue du circuit national roule vite, elle entraîne la roue du circuit international et permet à l’ensemble du vélo de rouler plus stable et plus vite.  

Ensuite, la modernisation chinoise fournira un nouveau paradigme et une nouvelle référence importants pour le développement du monde. En tant qu’économie en développement dont la population représente 18% de la population mondiale et dont le PIB représente 18,5% de l’économie mondiale, la stabilité et le développement de la Chine constituent en soi sa plus grande contribution au monde. À l’heure actuelle, les pays ayant réalisé la modernisation comptent seulement moins d’un milliard d’habitants. La modernisation de la Chine avec ses 1,4 milliard d’habitants redessinera complètement la carte mondiale de la modernisation. 

Il faut souligner que la modernisation chinoise non seulement partage des points communs avec la modernisation des autres pays, mais possède aussi, et surtout, des caractéristiques chinoises basées sur les réalités concrètes du pays. Outre la grande taille de la population, la modernisation chinoise se caractérise aussi par la prospérité commune du peuple tout entier. Nous n’acceptons pas la polarisation sociale, et donnons à tous la possibilité de participer au processus de modernisation nationale et de partager les fruits du développement du pays. Elle se caractérise par l’équilibre entre la civilisation matérielle et spirituelle, en mettant l’accent sur la promotion de la richesse matérielle abondante en même temps que du plein épanouissement de l’homme. Elle se caractérise par une coexistence harmonieuse entre l’homme et la nature, en poursuivant un développement durable permettant de favoriser à la fois le progrès de la productivité, le bien-être de la population et la préservation de l’environnement. Et enfin, elle se caractérise par la poursuite de la voie du développement pacifique. Nous ne suivons pas l’ancienne route empruntée par certains pays pour réaliser leur modernisation à travers la guerre, la colonisation et le pillage. Cette route, qui servait les intérêts de certains tout en nuisant aux autres, était celle des crimes sanglants et abominables. Nous portons haut levé l’étendard de la paix, du développement, de la coopération et du gagnant-gagnant, et veillons à ce que la sauvegarde de la paix et du développement dans le monde permette d’assurer le développement de la Chine et que le développement de la Chine profite, à son tour, à la sauvegarde de la paix et du développement dans le monde. 

J’en viens maintenant au troisième aspect de la confiance, c’est la confiance dans le développement des relations sino-françaises et sino-européennes. 

Alors que le monde traverse des changements inédits depuis cent ans, les relations sino-françaises et sino-européennes font face à de nouvelles épreuves. D’une part, des perturbations extérieures et des ingérences étrangères pèsent de plus en plus sur les relations bilatérales. D’autre part, la perception de la Chine par la France et l’Europe ainsi que leur positionnement dans les relations avec la Chine ont changé, avec une plus grande place donnée aux divergences telles que les divergences idéologiques. Surtout, l’Europe et la France s’accrochent au triptyque « partenaire, concurrent, rival » et mettent plus l’accent sur les aspects « concurrent » et « rival ». Au nom de la défense de la « souveraineté économique et technologique », l’Union européenne a pris des mesures clairement protectionnistes en matière d’accès au marché et de politique industrielle. En outre, je crois que beaucoup d’entre vous ont déjà ressenti que le climat dans l’opinion publique en France et en Europe par rapport à la Chine s’est considérablement dégradé.  

En même temps, il faut constater que la stabilité et la résilience des relations sino-françaises et sino-européennes restent inchangées.  

D’abord, en tant que deux forces majeures dans le maintien de la paix mondiale, la Chine et l’Europe ont beaucoup plus de convergence que de divergences. Nous préconisons tous l’indépendance, défendons le multilatéralisme et nous opposons à l’hégémonisme et à la politique du plus fort. Pour la paix, la stabilité et le développement du monde, il est essentiel que la Chine et l’Europe, respectivement plus grand pays en développement et plus grand groupe de pays développés, consolident la confiance mutuelle par le dialogue et maintiennent un développement sain et stable de leurs relations bilatérales.  

Ensuite, en tant que deux grands marchés essentiels au développement commun du monde, la Chine et l’Europe ont beaucoup plus de coopération que de concurrence. Les économies chinoise et européenne sont très complémentaires, avec un large éventail de domaines de coopération prometteuse. Malgré de multiples facteurs défavorables, le volume des échanges commerciaux entre la Chine et l’Europe a encore augmenté. En 2020, avec 649,5 milliards de dollars, la Chine est devenue le premier partenaire commercial de l’UE pour les marchandises, dépassant les États-Unis. En 2021, le volume commercial sino-européen a franchi pour la première fois la barre des 800 milliards de dollars. Depuis janvier 2022, plus de 10 000 convois de train de fret ont circulé entre la Chine et l’Europe. Les faits ont prouvé que la Chine et l’Europe sont l’une pour l’autre une opportunité plutôt qu’un défi, et que la coopération mutuellement bénéfique a toujours été l’aspect dominant des relations sino-européennes. L’élargissement et l’approfondissement de la coopération sino-européenne sont propices au maintien du consensus mondial sur l’ouverture et à la promotion de la reprise, du développement et de la prospérité dans le monde de l’après-COVID. 

Enfin, en tant que deux civilisations au service du progrès de l’humanité, la Chine et l’Europe ont beaucoup plus d’inspiration mutuelle que de rivalité. Malgré leurs différences en termes d’histoire, de culture, de systèmes sociétaux et de stades de développement, la base des échanges rationnels, de la gestion pertinente des divergences et de la promotion de l’amitié entre la Chine et la France ainsi qu’entre la Chine et l’Europe reste solide. Ensemble, nous pouvons donner à tous les pays du monde un exemple de coexistence en harmonie.  

En regardant vers l’avenir, la coopération entre la Chine et la France et entre la Chine et l’Europe est prometteuse. Le développement de qualité et l’ouverture de haut niveau de la Chine offriront plus d’opportunités et plus d’espaces pour les entreprises françaises et européennes. La Chine va promouvoir une industrialisation de type nouveau, accélérer l’édification d’une « Chine numérique » et faire plus rapidement de notre pays une puissance dans les domaines de l’industrie manufacturière, des produits de qualité, de l’astronautique, des transports et de l’Internet. La France et l’Europe sont en train d’encourager la réindustrialisation et les transitions verte et numérique. Il existe de nombreuses convergences d’intérêts et un grand potentiel de coopération entre les deux parties. Nous pouvons travailler ensemble pour explorer de nouveaux chantiers et créer de nouveaux projets phares de coopération, insuffler un nouvel élan à notre développement respectif par le biais d’une coopération libre, ouverte et gagnant-gagnant, et ainsi apporter davantage de stabilité, de certitude et d’énergie positive au monde. 

Fortes de leur caractère stratégique, global et pionnier, les relations sino-françaises ont toujours été à la pointe des relations Chine-Europe et Chine-Occident. Dans les nouvelles circonstances, nous sommes prêts à travailler avec la France, en restant fidèles à l’engagement initial pris lors de l’établissement de nos relations diplomatiques, à savoir « indépendance, compréhension mutuelle, clairvoyance, bénéfices mutuels et gagnant-gagnant », pour perpétuer notre amitié traditionnelle, approfondir notre partenariat stratégique global et aider le monde à percer le brouillard et à trouver la bonne direction de développement. 

Je vous remercie de votre attention et je suis disposé à échanger en profondeur avec vous.  

Numéro 13 juillet-septembre 2022
XXe Congrès du Parti communiste chinois
Le crieur de rue du vieux Beijing
L'Axe central de Beijing retrouve une nouvelle vitalité
La transmission et le développement de l'esprit esthétique chinois
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