Discours de l'Ambassadeur LU Shaye à la première édition du Forum Chine-France de Paris
Ambassade de Chine en France | Updated: 2022-11-17 11:50:00
Lu Shaye Ambassadeur de Chine en France

Le 15 novembre 2022, l’Ambassadeur Lu Shaye a assisté au premier Forum Chine-France de Paris. Voici son allocution d’ouverture: 

M. Hubert Védrine, 

Mesdames et Messieurs, chers amis, 

Bonjour à tous ! Tout d’abord, au nom de l’Ambassade de Chine en France, je tiens à vous souhaiter la bienvenue au Forum Chine-France de Paris, avec l’expression de mes sincères remerciements pour le soutien et l’intérêt que vous portez à la Chine et aux relations sino-françaises et sino-européennes ! 

Aujourd’hui, notre monde, notre époque et notre Histoire connaissent des changements sans précédent. La société humaine est confrontée à des défis inédits. Le monde se trouve de nouveau à un carrefour de l’histoire et son avenir dépend du choix de tous les peuples. Dans ce contexte, le XXe Congrès du Parti communiste chinois (PCC), qui s’est tenu avec succès il y a un mois, a porté son choix au nom du peuple chinois. 

La presse internationale, y compris les médias français, ont été très attentifs à ce Congrès et y ont consacré beaucoup de reportages. Cela montre que le XXe Congrès du PCC est un événement majeur non seulement pour la Chine, mais aussi pour le monde entier. Cependant, il est regrettable que la couverture médiatique occidentale comporte de nombreuses mal-interprétations, voire des déformations et stigmatisation. Cela n’aide pas la France et l’Europe à comprendre la vraie Chine. Nous avons mis à votre disposition des exemplaires de la version française du rapport du XXe Congrès. Certains se plaignent que les politiques chinoises ne soient pas transparentes. Ce n’est absolument pas vrai. Toutes les politiques stratégiques de la Chine sont écrites noir sur blanc dans le rapport du XXe Congrès. Si vous prenez le temps de le lire, je suis sûr que vous ne serez pas déçus. 

Mais en premier lieu, je voudrais partager avec vous mon interprétation du XXe Congrès du PCC, en espérant que cela vous sera utile. Mon interprétation s’articule autour de quatre axes. 

Premièrement, le XXe Congrès a dressé un bilan global de notre travail durant les cinq dernières années et des grandes transformations réalisées par la Chine au cours des dix années écoulées de la nouvelle ère. Ces cinq dernières années, nous avons fait face à une conjoncture internationale difficile et complexe, relevé avec succès les grands risques et défis qui se sont succédé, résolu de nombreux problèmes épineux légués par le passé et accompli diverses missions d’importance majeure relatives aux intérêts à long terme. En particulier, nous avons apporté une réponse efficace à l’épidémie de la COVID-19 ; nous avons rétabli la stabilité à Hong Kong ; nous avons mené, sans aucune hésitation, des luttes importantes contre les activités sécessionnistes des partisans de l’« indépendance de Taiwan » et les graves provocations des forces étrangères qui se sont immiscées dans les affaires de Taiwan ; nous avons défendu la dignité et les intérêts vitaux de la nation et gardé fermement l’initiative du développement et de la sécurité de notre pays. 

Au cours de la dernière décennie, nous avons célébré le centenaire de la fondation du PCC, témoigné de l’entrée dans la nouvelle ère du socialisme à la chinoise, et accompli la tâche historique qui consiste à éradiquer la pauvreté et à réaliser l’objectif du premier centenaire, soit le parachèvement de l’édification intégrale de la société de moyenne aisance. Le rapport du XXe Congrès a résumé les mesures stratégiques et les pratiques réformatrices dans 16 aspects, qui illustrent de manière globale les succès et les transformations historiques de la Chine durant la dernière décennie. 

Par exemple, près de 100 millions d’habitants ruraux sont sortis de la pauvreté, ce qui a permis d’éradiquer pour la première fois dans l’histoire la pauvreté absolue en Chine. Le PIB chinois est passé de 54 000 milliards de yuans à 114 000 milliards de yuans, et sa part dans l’économie mondiale est passée de 11,3 % à 18,5 %, ce qui l’installe solidement à la deuxième place dans le monde. La Chine est au premier rang mondial en termes de production totale de céréales, de taille de l’industrie manufacturière, de réserve de devises, de nombre de chercheurs et de volume global du commerce de marchandises. Nous avons construit les plus grands réseaux de trains à grande vitesse et d’autoroutes dans le monde et établi les plus grands systèmes du monde en matière de protection sociale et dans les domaines éducatif, médical et sanitaire. Nous avons renforcé continuellement la recherche fondamentale et l’innovation originale et réalisé des percées dans certaines technologies clés et technologies de base. La Chine est passée du 34e au 11e rang dans le classement de l’indice mondial de l’innovation. L’espérance de vie moyenne a atteint 78,2 ans, dépassant pour la première fois les États-Unis. Et la Chine compte aujourd’hui 1,03 milliard d’usagers de l’Internet. Ces succès et transformations historiques montrent que notre pays est doté d’une base matérielle plus solide et de meilleures garanties institutionnelles pour son développement, et que la réalisation du grand renouveau de la nation chinoise est entrée dans un processus historique irréversible. 

Deuxièmement, le XXe Congrès a exposé en profondeur la question de l’ouverture de nouveaux horizons pour la sinisation et l’actualisation du marxisme. Le double miracle que la Chine a créé au cours des plus de 40 ans de réforme et d’ouverture, c’est-à-dire un développement économique rapide et une stabilité sociale à long terme, ainsi que les nombreux succès et transformations historiques enregistrés au cours de la décennie de la nouvelle ère, prouvent deux faits, à savoir que la direction du PCC est le bon choix du peuple chinois, et que la voie du socialisme aux caractéristiques chinoises est la voie unique pour la réalisation du grand renouveau de la nation. 

Si ces deux faits sont établis, c’est foncièrement grâce au marxisme. C’est en guidant la révolution, le développement et la réforme par la théorie marxiste que le PCC a réussi. Or, on se demande : comment le marxisme, une théorie d’origine occidentale née dans l’Europe du XIXe siècle, a-t-il pu prendre racine et porter ses fruits sur le sol de l’Orient aux XXe et XXIe siècles ? C’est parce que dès le début, le PCC a combiné les principes fondamentaux du marxisme avec les réalités de la Chine, et avec le meilleur de sa culture traditionnelle. Ce n’est qu’en s’adaptant aux réalités chinoises que le marxisme peut continuellement répondre aux questions de la Chine, du peuple et de l’époque, et ainsi guider efficacement la pratique de la Chine. La conception de l’univers, du monde, de la société et de la morale dans la culture traditionnelle chinoise s’accorde parfaitement avec des valeurs socialistes scientifiques. C’est la raison pour laquelle le marxisme a pu s’enraciner profondément en Chine, alors que d’autres théories politiques et sociologiques occidentales n’ont pas réussi à s’implanter dans notre pays. 

 

Au cours de la dernière décennie, le PCC a constamment fait avancer la sinisation et l’actualisation du marxisme. Il a adopté une toute nouvelle vision pour approfondir ses connaissances sur les lois régissant l’exercice du pouvoir par un parti communiste ainsi que les lois de l’édification socialiste et de l’évolution de la société humaine. D’importants résultats ont été obtenus sur le plan de l’innovation théorique, et ceux-ci sont reflétés de manière condensée dans la Pensée de Xi Jinping sur le socialisme à la chinoise de la nouvelle ère. Le rapport du XXe Congrès a distillé la conception du monde et la méthodologie de cette pensée, à savoir : sauvegarder la primauté du peuple, avoir confiance en soi et compter sur ses propres forces, savoir innover tout en maintenant les principes fondamentaux, se concentrer sur les problèmes à résoudre, adopter une approche systémique, et avoir à cœur le monde entier. Voilà les buts et principes suivis par le PCC dans l’exercice du pouvoir et le secret du succès du socialisme aux caractéristiques chinoises. 

Troisièmement, le XXe Congrès a précisé les missions et tâches du PCC dans la nouvelle marche de la nouvelle ère. Le secrétaire général Xi Jinping a déclaré solennellement qu’à partir de maintenant, le PCC a pour tâche centrale d’unir et de conduire le peuple chinois multiethnique pour réaliser l’objectif du deuxième centenaire, soit faire de la Chine un grand pays socialiste moderne dans tous les domaines, et pour promouvoir de manière exhaustive le grand renouveau de la nation grâce à la modernisation chinoise. À cette fin, le XXe Congrès a pris des dispositions stratégiques en deux étapes : réaliser pour l’essentiel la modernisation socialiste de 2020 à 2035, et faire de la Chine un grand pays socialiste moderne, beau, prospère, puissant, démocratique, harmonieux et hautement civilisé de 2035 au milieu du siècle. Le Congrès a également défini les objectifs généraux de développement de notre pays d’ici 2035. 

Le concept de « modernisation chinoise » avancé par le Congrès a fait l’objet d’une attention générale. La modernisation chinoise est une modernisation socialiste sous la direction du PCC. Elle partage des points communs avec la modernisation des autres pays, mais possède aussi, et surtout, des caractéristiques chinoises basées sur les réalités concrètes de notre pays. Un, la modernisation chinoise se caractérise par la grande taille de sa population. La Chine compte plus de 1,4 milliard d’habitants, soit trois fois la population de l’UE et quatre fois celle des Etats-Unis. Faire en sorte que la population chinoise dans son ensemble accède à une société plus moderne constitue une tâche d’une difficulté et d’une complexité sans précédent, et implique inévitablement des voies de développement et des moyens d’y parvenir qui ont leurs propres caractéristiques. Deux, la modernisation chinoise se caractérise par la prospérité commune du peuple tout entier. Réaliser la prospérité commune est l’exigence essentielle du socialisme à la chinoise. Un adage de la Chine antique dit : « Ce qui doit préoccuper les hommes politiques le plus, ce n’est pas le manque de richesses, mais les inégalités. » C’est une idée importante de la culture traditionnelle chinoise et le meilleur exemple de la manière dont le marxisme s’accorde avec la culture traditionnelle chinoise. Il est à souligner que la prospérité commune dont nous parlons n’est pas l’égalitarisme, et encore moins « dépouiller les riches pour donner aux pauvres ». Elle ne peut pas non plus se réaliser du jour au lendemain. La prospérité commune dont nous parlons, c’est défendre et promouvoir l’équité et la justice sociales dans le processus du développement économique, afin d’éviter la polarisation sociale. Troisième caractéristique de la modernisation chinoise réside dans l’équilibre entre la civilisation matérielle et spirituelle. Le socialisme n’est pas synonyme de pénurie de biens matériels ni de pauvreté d’esprit. Il faut promouvoir la richesse matérielle abondante en même temps que le plein épanouissement de l’homme. Quatre, la modernisation chinoise se caractérise par une coexistence harmonieuse entre l’homme et la nature. Nous persévérerons dans une voie de développement permettant de favoriser à la fois le progrès de la productivité, le bien-être de la population et la préservation de l’environnement, afin d’assurer le développement pérenne de la nation chinoise. Enfin, la modernisation chinoise se caractérise par la poursuite de la voie du développement pacifique. Nous rejetons résolument l’ancienne route empruntée par certains pays pour réaliser leur modernisation à travers la guerre, la colonisation et le pillage. Nous veillons à ce que la sauvegarde de la paix et du développement dans le monde permette d’assurer le développement de la Chine, et à ce que le développement de la Chine profite, à son tour, à la sauvegarde de la paix et du développement dans le monde. 

Et quatrièmement, le XXe Congrès a élu un nouveau Comité central du Parti avec le camarade Xi Jinping comme noyau dirigeant. C’est le résultat politique le plus important du XXe Congrès. La réélection de Xi Jinping au poste de secrétaire général du Comité central du PCC répond à l’aspiration générale du peuple chinois et aux attentes communes des 96 millions de membres du Parti. Le PCC a confirmé la position centrale du camarade Xi Jinping au sein du Comité central et du Parti et établi sa pensée sur le socialisme à la chinoise de la nouvelle ère en tant que pensée directrice qu’il faut maintenir sur le long terme. Telle est la raison fondamentale des succès spectaculaires de la Chine au cours de la dernière décennie. Dans le contexte actuel marqué par un environnement international complexe, turbulent et en profonde évolution, ce sera également la garantie politique la plus fondamentale pour faire progresser la modernisation chinoise et réaliser le grand renouveau de la nation chinoise. 

Mesdames et Messieurs, chers amis, 

Le plan du développement futur de la Chine est ainsi tracé. Le PCC assumera courageusement la mission et la responsabilité assignées par notre époque et le peuple chinois, et ira de l’avant avec détermination. En tant que grand pays dont la population et la puissance économique représentent respectivement près d’un cinquième du total mondial, la Chine ne peut se passer du monde pour son développement, et vice versa. Où va la Chine ? Quelle voie empruntera-t-elle ? La réponse a un impact important sur le monde. 

Actuellement, le monde entre dans une nouvelle période de turbulences et de transformations. De nombreux pays, y compris certains pays développés, sont plongés dans les difficultés et les embûches, et même perdent l’élan et le cap du progrès. Dans ce contexte, le développement stable et continu de la Chine est en soi une bonne nouvelle, apportant stabilité et certitude dans un monde en bouleversement. Nous avons noté que de nombreux analystes ont souligné la continuité et la stabilité de la politique générale de la Chine après le XXe Congrès du PCC. Mais en même temps, certaines personnes ont fait grand tapage autour de « l’effondrement de la Chine », de « la dictature de la Chine », de « la menace de la Chine » ou du « découplage avec la Chine ». À cet égard, j’aimerais partager avec vous quatre réflexions. 

Premièrement, l’avenir du développement de la Chine reste radieux. Les transformations historiques enregistrées au cours de la dernière décennie ont prouvé une fois de plus que le PCC est tout à fait capable de guider le peuple chinois pour bien gouverner le pays et créer une nouvelle forme de civilisation humaine grâce à la modernisation chinoise. La Chine continuera à suivre inébranlablement la voie du socialisme aux caractéristiques chinoises, une voie qui s’est révélée réussie. Sous la direction du Comité central du Parti avec le camarade Xi Jinping comme noyau dirigeant, et grâce aux efforts conjoints de 1,4 milliard de Chinois, nous avons la confiance et la capacité de surmonter toutes sortes de difficultés dans notre marche en avant et d’atteindre les objectifs fixés par le XXe Congrès. Sous l’impact de multiples facteurs, la croissance économique de la Chine s’est quelque peu infléchie, mais elle reste la plus performante parmi les grandes économies. Plus important, les fondamentaux de l’économie chinoise, marqués par une soutenabilité de long terme, n’ont pas changé et ne changeront pas. 

Deuxièmement, la Chine est déterminée à promouvoir l’édification de la démocratie socialiste. Le monde est multicolore, et la démocratie est multiforme. Les tentatives de monopoliser le droit de définir la démocratie et d’imposer son propre modèle de démocratie sont elles-mêmes antidémocratiques et donc vouées à l’échec. La Chine poursuit le développement d’une démocratie populaire intégrale, insiste sur la préservation de la souveraineté populaire, et travaille à la sauvegarde des droits et du bien-être de la population chinoise dans ses plus vastes dimensions. Le PCC veille sans relâche à l’application intégrale d’une discipline rigoureuse dans ses rangs et guide la révolution sociale par l’autorévolution du Parti. Nous continuerons à améliorer le niveau des systèmes, des normes et des procédures de la démocratie populaire intégrale, à promouvoir le perfectionnement de l’ordre légal socialiste à la chinoise. Une enquête récente de la John F. Kennedy School of Government de l’université Harvard montre que le taux de satisfaction des Chinois à l’égard du gouvernement chinois sous la direction du PCC s’est élevé à 93 %. Un rapport publié par Edelman, l’un des principaux cabinets de relations publiques de réputation mondiale, montre que la confiance de la population chinoise dans son gouvernement a atteint 91 % en 2021, demeurant la plus élevée dans le monde. 

Troisièmement, le développement de la Chine offre des opportunités au monde. Au cours de la dernière décennie, la contribution annuelle de la Chine à la croissance économique mondiale a atteint 38,6 %, soit plus que tous les pays du G7 réunis. La Chine est le principal partenaire commercial de plus de 140 pays et régions, et figure aux premiers rangs mondiaux sur le plan des investissements étrangers introduits et des investissements à l’étranger. Le XXe Congrès a fait du développement de qualité une tâche prioritaire de l’édification intégrale d’un pays socialiste moderne. La Chine continuera d’appliquer sa politique fondamentale d’ouverture sur l’extérieur, de partager les opportunités de développement avec le reste du monde, et de défendre la diversité et la stabilité de la configuration économique et des relations économiques internationales. Le nouveau modèle de développement que la Chine s’efforce de mettre en place repose sur l’interaction dynamique entre les circuits économiques domestique et international, et non sur un circuit économique domestique fermé. La Chine ne fermera pas ses portes et ne coupera pas ses liens avec le marché international. Au contraire, certains pays veulent fermer leurs portes à la Chine et cherchent à se découpler d’elle et à l’exclure de la chaîne d’approvisionnement mondiale. Une telle approche n’est pas de mise et ni n’aboutira à rien. 

Quatrièmement, la Chine attache une plus grande importance à sa responsabilité en tant que grand pays. Au cours de la dernière décennie, nous avons appliqué sur tous les plans la diplomatie de grand pays à la chinoise, œuvré à la construction d’une communauté d’avenir partagé pour l’humanité et d’un nouveau type de relations internationales, et défendu fermement l’équité et la justice internationales, ce qui a été largement salué au sein de la communauté internationale. Dans l’avenir, nous poursuivrons la politique extérieure ayant pour but la préservation de la paix mondiale et la promotion du développement commun, poursuivrons la voie du développement pacifique, ferons rayonner les valeurs communes à toute l’humanité, et mettrons mieux en valeur la sagesse et la force chinoises pour offrir des solutions chinoises aux problèmes communs à l’humanité. La modernisation chinoise a fourni de nouvelles options de modernisation à l’humanité. Mais contrairement aux pays qui croient que leur modèle est la seule option et qui cherchent toujours à transformer les autres pays, nous n’exportons pas le modèle chinois et ne demandons pas aux autres de copier les pratiques de la Chine. Nous ne cherchons pas non plus à « subvertir » l’ordre international. Bien au contraire, nous continuerons à défendre l’ordre international fondé sur le droit international et à le faire évoluer dans un sens plus juste et plus rationnel. 

Mesdames et Messieurs, chers amis, 

La Chine et la France sont toutes deux membres permanents du Conseil de sécurité et grands pays d’influence mondiale, et poursuivons toutes deux une politique étrangère d’indépendance. Les relations sino-françaises sont depuis longtemps à la pointe des relations entre grandes puissances et célébreront leur 60e anniversaire en 2024. Pays majeur de l’Union européenne et moteur de l’intégration européenne, la France joue un rôle clé dans les relations sino-européennes. Quelle que soit l’évolution de la situation, la Chine attache toujours une grande importance à la France et à l’UE, soutient toujours fermement l’intégration européenne et un plus grand rôle de la France et de l’UE sur la scène internationale, et reste toujours engagée à promouvoir le développement du partenariat stratégique global sino-français et sino-européen. 

Nous sommes convaincus qu’il n’y a pas de conflit d’intérêts fondamental entre la Chine et l’Europe, que nos intérêts communs l’emportent sur nos divergences et qu’il y a toujours d’immenses espaces de coopération. En même temps, nous ne pouvons pas ignorer les problèmes survenus dans nos relations. Les relations sino-françaises et sino-européennes ont rencontré ces dernières années plus de difficultés et de défis. Certains pensent même que l’atmosphère entre l’UE et la Chine est au plus bas depuis 30 ans. Cette situation n’est pas souhaitable et n’est bénéfique pour aucune des deux parties. 

À cet égard, j’ai quatre souhaits pour l’avenir de nos relations : 

D’abord, je souhaite que la France et l’UE puissent regarder la Chine de manière objective et rationnelle, abandonner les préjugés idéologiques, se débarrasser des interférences de tierces parties, et adopter leurs politiques chinoises à la lumière du courant de l’histoire et de leurs propres intérêts à long terme. Le développement de la Chine est imparable. Ses intentions stratégiques sont transparentes, elle ne suivra pas l’ancienne voie qui est celle de l’hégémonisme. La Chine est un partenaire et une opportunité pour l’UE, et non un rival ou une menace. Les deux parties peuvent totalement transcender leurs divergences idéologiques pour rechercher un terrain d’entente, se respecter et se comprendre mutuellement. Les expériences accumulées dans la réussite de nos relations bilatérales au cours des dernières décennies sont toujours d’actualité. 

Nous comprenons la relation particulière entre l’Europe et les États-Unis, nous soutenons une véritable autonomie stratégique de l’UE et nous nous opposons à la mentalité de la guerre froide et à la logique de confrontation des blocs. Alors que l’UE s’accroche au triptyque « partenaire, concurrent, rival » et met davantage l’accent sur les aspects « concurrent » et « rival », nous devons être vigilants à ses impacts négatifs sur les relations sino-européennes, afin d’éviter les prophéties autoréalisatrices. Je souhaite que la France puisse jouer un rôle positif et constructif pour amener l’UE à ajuster le plus tôt possible son positionnement à l’égard de la Chine et remettre au plus vite les relations Chine-Europe sur de bons rails. 

Deuxièmement, je souhaite que la France et l’UE puissent identifier avec précision l’orientation du développement de la Chine, comprendre en profondeur la nouvelle vision de développement et le nouveau modèle de développement, et continuer à renforcer la coopération gagnant-gagnant avec la Chine. Les atouts de la coopération économique et commerciale sino-européenne sont nombreux : nous avons une base solide, un volume important des flux commerciaux, ainsi qu’une forte complémentarité et une imbrication élevée entre nos économies. En 2021, le volume du commerce bilatéral a atteint le montant record de 828,1 milliards de dollars. Dans l’avenir, la Chine redoublera d’efforts pour augmenter la demande intérieure, mettre en place un système de services efficace et de qualité, élargir régulièrement l’ouverture institutionnelle, réduire la liste négative d’accès au marché pour les investissements étrangers et perfectionner l’environnement des affaires. Ce sont de bonnes nouvelles pour l’Europe. Le chancelier allemand Olaf Scholz s’est rendu début novembre en Chine avec plusieurs grandes entreprises allemandes. Ils ont pris de l’avance. J’espère que la France et d’autres pays de l’UE suivront. 

Dans un contexte de morosité économique mondiale, il est important que les pays surmontent ensemble les difficultés en renforçant la coopération, plutôt que de chercher à faire du découplage, à rompre la chaîne d’approvisionnement, à creuser des fossés et à construire des murs. Nous comprenons les préoccupations de l’Europe pour la stabilité et la diversification des chaînes industrielle et d’approvisionnement, mais nous pensons que les mesures et politiques concernées doivent se conformer aux règles du marché, défendre l’esprit de la concurrence loyale et traiter les entreprises et les industries chinoises sur un pied d’égalité. Faire grand tapage sur la « surdépendance envers la Chine » en ignorant le caractère complémentaire et gagnant-gagnant de la coopération n’aidera pas à résoudre les problèmes, mais en créera de nouveaux. 

Troisièmement, je souhaite que la France et l’UE puissent regarder en face le statut et l’influence de la Chine sur la scène internationale, adhérer au véritable multilatéralisme et coopérer avec la Chine pour surmonter les défis communs auxquels l’humanité est confrontée. La taille de sa population, sa puissance économique, son histoire et sa culture font que la Chine occupe une position importante sur la scène internationale. Mais la Chine n’a aucune intention de défier un pays quelconque ou de prendra la place à quiconque. Elle souhaite simplement protéger ses intérêts, créer un environnement extérieur favorable et développer des relations d’amitié et de coopération avec les autres pays. Nous nous opposons à l’unilatéralisme sous toutes ses formes, à la création de blocs prenant pour cible des pays particuliers, et à la formation de clans cherchant à isoler d’autres pays. Nous soutenons l’amélioration de la gouvernance mondiale dans un sens plus juste et plus rationnel. 

Nous avons avancé et mettons en œuvre avec énergie l’Initiative pour le développement mondial et l’Initiative pour la sécurité mondiale, et nous serons heureux de voir la France et l’UE y participer activement. Nous comprenons la haute vigilance que la France et l’Europe portent à la crise ukrainienne. Nous ne voulons pas voir l’escalade ou l’expansion de la crise avec son lot d’effets de débordement. Nous soutenons tous les efforts visant à œuvrer à une solution pacifique, soutenons la construction d’une architecture de sécurité européenne stable à long terme, et soutenons un rôle important de la France à cette fin. En même temps, nous continuerons à décider de notre position et de notre politique selon la réalité des faits, et nous nous opposons fermement à ce que l’on se serve de cette question pour faire pression sur la Chine. 

Quatrièmement, je souhaite que la France et l’UE puissent travailler à améliorer l’ambiance médiatique par rapport à la Chine et créer des conditions plus favorables aux relations avec la Chine. Ces dernières années, la tonalité des médias « mainstream » européens à l’égard de la Chine est de plus en plus négative, et leurs reportages sur la Chine regorgent même d’accusations calomnieuses, par exemple en faisant passer une partie pour le tout, en répandant de simples ouï-dire ou en inversant le noir et le blanc. Toutefois, ce qui me réconforte, c’est que de nombreux Français et Européens éprouvent toujours des sentiments amicaux envers la Chine et continuent d’œuvrer à l’amitié sino-française et sino-européenne. 

Nous formons le vœu que les amis de tous les horizons en France et en Europe travaillent ensemble avec la Chine pour favoriser sans relâche la compréhension mutuelle entre nos peuples, mieux raconter la belle histoire de notre amitié et de notre coopération gagnant-gagnant, réfuter les rumeurs et mensonges concernant la Chine, briser ensemble la bulle d’informations qui aggrave l’incompréhension entre nos deux parties, et permettre aux Français et Européens de connaître une vraie Chine et un vrai PCC. En fonction de l’évolution de la situation sanitaire, la Chine rétablira de manière sûre et ordonnée les échanges humains et la coopération entre nos deux parties. Comme le préconise l’Unesco qui nous accueille aujourd’hui, il nous faut favoriser l’inspiration réciproque, la compréhension mutuelle et les liens d’amitié à travers les échanges culturels, plutôt que de nous traiter en adversaires et de nous séparer les uns des autres. 

Pour conclure, je souhaite un plein succès au Forum Chine-France de Paris. Et je vous invite à livrer librement vos opinions et à faire valoir la sagesse collective. Je vous souhaite à tous une journée riche et inspirante ! Merci de votre aimable attention. 

Numéro 13 juillet-septembre 2022
XXe Congrès du Parti communiste chinois
Allocution de Jean-Pierre Raffarin pour le Dialogue Xiamen-Nice-Durban
Le crieur de rue du vieux Beijing
La transmission et le développement de l'esprit esthétique chinois
Liens