Monsieur Alexandre Barrière,
Mlle Joy Desseigne-Barrière,
Mesdames et Messieurs, chers amis,
C’est pour moi un grand plaisir de vous retrouver pour ce dîner annuel du groupe Barrière en célébration de la Fête de la mi-automne. Je me souviens que l’année dernière, à la même occasion, la Covid-19 était encore au cœur de nos préoccupations. Maintenant que nous sommes dans « l’ère post-pandémique », notre regard s’oriente désormais davantage à la conjoncture économique mondiale, en particulier la situation économique de la Chine. J’aimerais donc articuler mon discours autour de l’économie chinoise, sans oublier d’évoquer la coopération commerciale sino-française.
S’il faut trouver trois mots-clés pour décrire la situation économique de la Chine de cette année, je dirais : « reprise », « amélioration » et « stabilité ». « Reprise » car nous avons assisté à un rebond global des performances économiques et à un redressement soutenu de l’offre et de la demande. « Amélioration » parce que la structure économique continue d’être optimisée et le développement est toujours de meilleure qualité. « Stabilité » car nous avons pu constater une stabilité globale de l’emploi et des prix, ainsi qu’une amélioration continue de la qualité de vie du peuple. Plus concrètement, nous avons pu relever huit points forts dans l’économie chinoise :
Premièrement, les performances économiques ont continué de s’améliorer. Le PIB du premier semestre a augmenté de 5,5 % en glissement annuel. En termes trimestriels, il a augmenté de 4,5 % au premier trimestre – signalant un bon départ, et de 6,3 % au deuxième trimestre – poursuivant l’élan de la reprise. Horizontalement, le taux de croissance de la Chine a été nettement supérieur à celui des autres grandes économies, et la Chine reste l’un des principaux moteurs de la croissance économique mondiale.
Deuxièmement, la demande intérieure a tiré la croissance de manière beaucoup plus vigoureuse. Entre janvier et juillet, le commerce de détail des produits de consommation a augmenté de 7,3 % en glissement annuel pour atteindre 26 400 milliards de yuans RMB, avec une hausse de 20,3 % des ventes au détail des services et une augmentation de 8,3 % de l’indice de production dans les services. La consommation domestique s’est nettement redressée et le dynamisme de la vie quotidienne tant attendu est de retour.
Troisièmement, la production industrielle s’est redressée de manière soutenue. Entre janvier et juillet, la valeur ajoutée des industries à grande échelle a augmenté de 3,8 % en glissement annuel. L’indice des directeurs d’achat de l’industrie manufacturière s’est établi à 49,3 % en juillet et à 49,7 % en août, dont le sous-indice des prévisions d’activités des entreprises s’est élevé à 55,1 %. Par ailleurs, l’avion de ligne C919 est officiellement entré en service commercial, et le premier grand navire de croisière de fabrication chinoise a réalisé son désamarrage, marquant une nouvelle étape de l’industrie manufacturière avancée de la Chine.
Quatrièmement, les nouveaux moteurs de croissance se sont développés de plus belle. Au premier semestre, la production de véhicules à énergies nouvelles, de batteries solaires et de bornes de recharge a augmenté respectivement de 35 %, 54,5 % et 53,1 % en glissement annuel. Début août, BYD a sorti son cinq millionième véhicule à énergies nouvelles, devenant ainsi la première entreprise automobile au monde à avoir produit 5 millions de véhicules à énergies nouvelles.
Cinquièmement, le dynamisme du développement a été régulièrement libéré. Au premier semestre, plus de 16,38 millions de nouveaux exploitants ont vu le jour sur le marché, dont plus de 4,95 millions d’entreprises, enregistrant des hausses de 12,7 % et de 16,3 % respectivement. Début juillet, la Chine a publié un document administratif sur la promotion de l’économie privée, renforçant le soutien à l’économie privée et rassurant les acteurs privés sur le long terme.
Sixièmement, les investissements étrangers et le commerce extérieur se sont développés solidement. Au premier semestre, l’import-export des marchandises a enregistré une hausse annuelle de 2,1 % pour dépasser 20 000 milliards de yuans. Le nombre de convois effectués et le volume de marchandises expédiées sur les lignes de fret Chine-Europe ont augmenté respectivement de 16 % et de 30 %. Les exportations totales des « trois produits émergents », soit les batteries au lithium, les batteries solaires et les véhicules électriques, ont augmenté de 61,6 %. Les exportations automobiles de la Chine ont dépassé celles du Japon pour se hisser au premier rang mondial, et la Chine est devenue le plus grand producteur, consommateur et exportateur d’automobiles au monde. Entre janvier et juin, le montant d’investissements étrangers réellement utilisés en Chine était de 703,6 milliards de yuans, soit l’équivalent de 97,4 milliards de dollars américains. Même si cela représente une baisse de 2,7 % en glissement annuel, les investissements étrangers dans l’industrie des hautes technologies ont connu une hausse de 7,9 %, marquant une progression de 3,9 points de pourcentage pour représenter désormais 39,4 % de tous les investissements étrangers en Chine. C’est un résultat remarquable vu le ralentissement général des investissements transfrontaliers dans le monde.
Septièmement, le niveau de vie de la population a continué de s’améliorer. Au premier semestre, 6,78 millions de nouveaux emplois ont été créés, soit 240 000 de plus que la même période de l’année dernière. Le revenu disponible par habitant a augmenté de 5,8 % en termes réels, et pour les résidents ruraux, ce chiffre s’est élevé à 7,2 %. Entre janvier et juillet, l’indice des prix à la consommation a augmenté de seulement 0,5 %, préservant le pouvoir d’achat des habitants.
Huitièmement, le secteur financier a étayé solidement l’économie réelle. Au premier semestre, les prêts libellés en RMB ont augmenté de 15 730 milliards de yuans, soit 2020 milliards de yuans supplémentaires en glissement annuel. Le taux d’intérêt sur les prêts aux entreprises était de 3,95 %, en baisse de 0,4 %. Les liquidités étaient raisonnablement abondantes, et le coût du financement de l’économie réelle a diminué dans la stabilité, écartant les risques de déflation.
Mesdames et Messieurs, chers amis,
À l’heure actuelle, nous voyons de nouveau dans la presse occidentale des discours qui veulent faire croire au déclin de l’économie chinoise en amplifiant les problèmes auxquels elle est confrontée. Certains disent même que la Chine est tombée dans la crise économique, qu’elle est au bord du gouffre, qu’elle est tombée dans le piège de revenus moyens. Si je viens de vous donner un aperçu exhaustif de la situation économique de la Chine, c’est pour rétablir la vérité par des faits et des chiffres, par ces données de croissance substantielles qui illustrent la solidité et le dynamisme de l’économie chinoise.
Le même constat confiant s’impose aussi chez des observateurs étrangers. Récemment, j’ai lu un article révélateur de l’économiste britannique John Ross, qui a comparé la croissance du PIB dans les principales économies. Ses études montrent qu’entre le deuxième trimestre de 2019 et le deuxième trimestre de 2023, la Chine a connu une croissance totale de 19,2 %, les États-Unis de 7,6 %, l’Italie de 1,5 %, la France de 1,4 %, l’Allemagne de 0,5 % et la zone euro de 2,9 %. Autrement dit, les taux de croissance des PIB américain, italien, français et allemand ne représentent respectivement que 40 %, 8 %, 7 % et 3 % du taux de croissance de la Chine. En moyenne annuelle, le taux de croissance de la Chine (4,5 %) est 2,5 fois supérieur à celui des États-Unis (1,8 %), plus de trois fois supérieur à celui de l’OCDE (1,4 %), 4,5 fois supérieur à celui du G7 (1 %) et plus de six fois supérieur à celui de la zone euro (0,7 %). L’économie chinoise a obtenu de bien meilleurs résultats que les principales économies développées. En outre, entre le deuxième trimestre de 2019 et le premier trimestre de 2023, la croissance moyenne annuelle était de 3,4 % en Inde, de 1,9 % au Brésil, de 0,1 % en Afrique du Sud et de -0,8 % en Russie, soulignant que les performances économiques de la Chine étaient aussi nettement meilleures que celles des autres grandes économies en développement.
Pour évaluer la santé de l’économie chinoise, il faut non seulement considérer sa conjoncture actuelle, mais aussi et surtout sa tendance à long terme ; il faut non seulement considérer sa croissance, mais aussi et surtout sa structure et sa dynamique. L’économie chinoise est dotée d’énormes résiliences et potentialités, et ses fondamentaux restent bien orientés sur le long terme. Nous avons la confiance, les conditions et la capacité de promouvoir régulièrement l’optimisation de la structure économique, le renforcement de la dynamique de croissance et l’amélioration de la tendance de développement, et d’atteindre ainsi nos objectifs pour l’année 2023 dans les meilleures conditions.
Dans le même temps, nous sommes pleinement conscients des difficultés et des défis pour l’économie chinoise, notamment l’insuffisance de la demande intérieure, les activités en berne pour certaines entreprises, les risques latents dans des domaines clés tels que l’immobilier et une conjoncture extérieure complexe et sévère. En somme, trois facteurs sont en cause :
En premier lieu, il s’agit des stigmates de la pandémie, qui se font plus ou moins sentir dans tous les pays du monde. Les trois ans de Covid ont eu un impact profond et global sur l’économie. Tout comme la guérison d’un patient, la reprise économique nécessite un processus de récupération. Aujourd’hui, si les restrictions sanitaires sont assouplies, la reprise économique devrait toujours avancer en zigzag en étant sujette à des facteurs complexes comme le rétablissement de la confiance, des chaînes d’approvisionnement et des institutions.
En deuxième lieu, il s’agit du ralentissement de l’économie mondiale. Actuellement, la croissance économique mondiale est soumise à une forte pression à la baisse, et de nombreuses économies majeures sont entrées en récession technique ou sont au bord de la récession. Les prévisions du FMI placent le taux de croissance de l’économie mondiale à 3 % pour 2023, ce qui est inférieur à la moyenne des deux décennies d’avant-Covid, qui était de 3,8 %. L’OMC, de son côté, prévoit que le commerce mondial des marchandises ne croîtra que de 1,7 % cette année, un niveau inférieur à la moyenne des 12 dernières années. Le manque de demande au niveau mondial est un problème majeur qui pèse aussi sur l’exportation de la Chine.
En troisième lieu, les effets néfastes du découplage et de la rupture des chaînes d’approvisionnement commencent à se faire jour. Nous sommes certes sortis des ténèbres de la pandémie, mais l’ombre du protectionnisme et de l’unilatéralisme devient de plus en plus pesante. Certains pays brandissent régulièrement le prétexte de la sécurité nationale pour réprimer des entreprises chinoises, placent celles-ci sur des listes noires comme bon leur semble, abusent des moyens de filtrage du commerce et de l’investissement, et racolent des alliés dans la vaine tentative de faire le découplage, de rompre les chaînes d’approvisionnement, et de construire des « petites cours entourées de hauts murs ». La fragmentation aggravée des chaînes industrielles et d’approvisionnement mondiales a considérablement renchéri le coût du développement économique et affaibli la dynamique du développement mondial. Selon une étude du FMI, les mesures de découplage commercial et technologique des États-Unis pourraient entraîner une perte de 7 % du PIB mondial, dont les conséquences tomberont inévitablement sur tous les pays du monde.
Hier, la présidente de la Commission européenne Von der Leyen a annoncé le lancement d’une enquête sur les subventions contre les véhicules électriques chinois. Or, l’avantage tarifaire des véhicules électriques chinois n’est pas le résultat des subventions, mais du fait que les constructeurs automobiles chinois se sont beaucoup investis dans l’innovation technologique et dans le perfectionnement de la chaîne industrielle. L’exportation au marché européen des véhicules électriques chinois, dotés d’un rapport qualité-prix et d’une performance remarquables, contribuera beaucoup à la transition verte en Europe. C’est aussi très bénéficiaire pour les consommateurs européens. Nous avons noté que la France envisage aussi d’utiliser le « bonus écologique » pour exclure les véhicules électriques chinois. Mais au final, le protectionnisme ne peut que conduire au retard. Nous espérons que les pays européens pourront adopter une attitude lucide.
Mesdames et Messieurs, chers amis,
Depuis le début de cette année, les échanges bilatéraux entre la Chine et la France ont repris sur tous les plans. En avril dernier, le président Emmanuel Macron a effectué une visite d’État en Chine, lors de laquelle il est parvenu à une série de consensus stratégiques avec le président Xi Jinping, ce qui a donné l’orientation stratégique et insufflé un vent nouveau au développement des relations sino-françaises. En juin dernier, le premier ministre Li Qiang a effectué une visite officielle fructueuse en France, donnant un nouvel élan à notre coopération dans tous les domaines. Sous l’impulsion de la diplomatie des chefs d’État, les échanges de haut niveau et les interactions dans divers domaines entre nos deux pays s’intensifient chaque jour davantage, accélérant notre marche dans « l’ère post-Covid ».
Aux sept premiers mois de cette année, le volume des échanges bilatéraux entre la Chine et la France s’est élevé à 47,1 milliards de dollars. Les exportations chinoises vers la France se sont chiffrées à 24,9 milliards de dollars, en baisse de 10 % en glissement annuel, et les importations chinoises depuis la France se sont élevées à 22,2 milliards de dollars, en hausse de 13 %. Les nouveaux investissements directs de la France en Chine ont atteint 1 milliard de dollars, soit une augmentation de 198 % en glissement annuel, et les investissements directs toutes catégories confondues de la Chine en France se sont élevés à 83 millions de dollars. À fin juillet, le stock des investissements français en Chine était de 21,3 milliards de dollars, et celui des investissements chinois en France, 5 milliards. Sur le plan commercial, le taux de croissance des exportations françaises vers la Chine était plus important que celui des exportations chinoises vers la France, tendant à un rapport commercial plus équilibré. Sur le plan des investissements, les investissements français en Chine dépassaient de loin les investissements chinois en France, démontrant toujours le fort pouvoir d’attraction du marché chinois.
Depuis le début de cette année, de nombreux entrepreneurs français se sont rendus en Chine et ont donné au marché chinois un « vote de confiance ». Récemment, lors du 9e dialogue économique et financier de haut niveau entre la Chine et la France, le ministre français de l’Économie et des Finances Bruno Le Maire a déclaré que les investisseurs chinois sont les bienvenus en France. Nous saluons cette déclaration, et espérons que la partie française la traduira effectivement en politiques et actions concrètes.
La Chine reste prête à offrir davantage d’opportunités aux autres pays grâce à son propre développement, et nous invitons les entreprises françaises à explorer activement le marché chinois. Le mois dernier, la Chine a publié un Avis sur la poursuite de l’optimisation de l’environnement des investissements étrangers et le renforcement des efforts pour attirer les investissements étrangers, proposant 24 mesures politiques dans six domaines, afin de créer un meilleur environnement d’affaires pour les investisseurs étrangers. Le mois prochain, la Chine accueillera à Beijing le troisième Forum « Ceinture et Route » pour la coopération internationale. Ce sera une occasion excellente pour les entreprises françaises d’engager une coopération de haute qualité dans le cadre de l’initiative « Ceinture et Route », en vue de partager les opportunités de développement.
Pour terminer, je vous souhaite une Fête de la mi-automne heureuse et prospère.
Je vous remercie.