Les éléments décisifs pour réduire la pauvreté
By TAN WEIPING | La Chine au présent | Updated: 2020-06-10 16:59:00
Tan Weiping Directeur général adjoint du Centre international de la réduction de la pauvreté

Le 16 octobre 2017, le district de Zouping à Binzhou (province du Shandong) a concrétisé le plan d’éradication précise de la pauvreté, par la promotion du projet d’intégration de la plantation, de l’élevage et de la transformation des produits agricoles.

 

Le plan national de réduction de la pauvreté en Chine se traduit par une approche aux caractéristiques chinoises, qui a émergé au fil de longues années de pratique et d’exploration. L’adhésion à la direction du Parti et à l’orientation du gouvernement constitue une spécificité importante de cette expérience.

 

Ce point a retenu l’attention de la communauté internationale.

 

En janvier dernier, l’ex-président mexicain Felipe Calderón a déclaré que la Chine a accompli un miracle historique en sortant plusieurs centaines de millions de gens de la misère (soit 70 % des individus ayant quitté la pauvreté dans le monde). L’essor de la Chine a galvanisé les pays en développement. Selon lui, les prouesses de la Chine nouvelle ces 70 dernières années n’auraient pu voir le jour sans la direction du Parti communiste chinois (PCC), sans la voie de développement chinoise définie en phase avec les conditions nationales, et sans le dur labeur du peuple chinois. D’autres dirigeants, tels que Jerónimo de Sousa (secrétaire-général du Parti communiste portugais) ou encore Dmitri Novikov (vice-président du Comité central du Parti communiste russe), ont loué la Chine pour son efficacité.

 

Plusieurs générations de dirigeants engagés dans la lutte contre la pauvreté

 

Depuis la fondation de la Chine nouvelle, les dirigeants successifs du PCC et de l’État ont attaché une vive importance à la lutte contre la pauvreté. Ils ont réfléchi intensément à la manière de mieux gérer la pauvreté, d’améliorer la vie de la population et de parvenir à une prospérité commune. Petit à petit, la Chine a trouvé sa voie, appropriée à sa situation nationale.

 

En 1955, Mao Zedong a émis l’idée de « prospérité commune », puis a défini des objectifs en 1957 : soulager en quelques années le petit nombre de foyers ruraux peinant à se nourrir ; faire en sorte que les ménages génèrent une production vivrière excédentaire à leurs besoins ou à tout le moins suffisante ; permettre aux paysans pauvres d’accéder à un niveau de vie équivalent ou supérieur à celui des paysans moyens.

 

Par la suite, Deng Xiaoping, concepteur en chef de la réforme et de l’ouverture à l’initiative de la modernisation de la Chine socialiste, a affirmé : « Pour instaurer le socialisme, il faut accroître la productivité, car la pauvreté n’a pas sa place dans le socialisme. Nous persévérons dans le socialisme afin de bâtir un socialisme surclassant le capitalisme. Dans cette optique, nous devons, en premier lieu, nous débarrasser de la pauvreté. » Les deux équipes dirigeantes suivantes, avec respectivement Jiang Zemin et Hu Jintao en leur centre, ont enrichi les théories et renforcé les actions dans ce sens.

 

Depuis 2012, le Comité central du PCC rassemblé autour de Xi Jinping, a élevé l’élimination de la pauvreté au rang de tâche fondamentale. Xi Jinping a supervisé les opérations, et en 2013, a avancé l’idée capitale de lutter contre la pauvreté de manière ciblée. Chaque année depuis six ans, il effectue une tournée d’inspection des actions nationales de réduction de la pauvreté lors de la Fête du Printemps. À l’occasion de la Journée mondiale de lutte contre la pauvreté (le 17 octobre), il annonce des directives ou préside des événements. En outre, il tient une réunion spéciale annuelle sur l’éradication de la pauvreté. Un système d’organisation d’aide aux démunis, impliquant les secrétaires du comité du Parti à tous les niveaux, a été mis en place pour fournir une garantie politique solide à cet objectif.
 

 

 

Fondation d’un organisme spécifique

 

En 1986, la Chine a fondé un organisme dédié à l’aide aux démunis, le Groupe dirigeant du Conseil des affaires d’État chargé du développement économique des régions pauvres. Celui-ci a fixé le seuil de pauvreté, délimité les zones défavorisées, identifié les districts pauvres, créé des fonds spéciaux de lutte contre la pauvreté et planifié des activités à grande échelle pour le développement en milieu rural. En 1993, il a été renommé Groupe dirigeant du Conseil des affaires d’État pour l’aide aux démunis par le développement, et un Bureau a été placé sous sa responsabilité. Les gouvernements des provinces (ou régions autonomes et municipalités relevant de l’autorité centrale), des villes et des districts ont établi des institutions connexes, qui se concentrent sur l’aide aux démunis par le développement et élaborent des programmes locaux tout en se référant au plan national.

 

Intégration au plan stratégique de développement national

 

L’expérience chinoise montre que la lutte contre la pauvreté doit adhérer à la direction du PCC et à l’orientation du gouvernement, et doit être incluse dans la stratégie globale de développement du pays. Il faut concilier les efforts de tous pour déployer des actions à grande échelle, tout en concevant des plans qui ciblent les groupes les plus sujets à la misère, notamment les femmes, les enfants, les handicapés et les citoyens issus de minorités ethniques.

 

Entre la fondation de la République populaire de Chine et le lancement de la réforme et de l’ouverture (1949-1977), l’aide aux démunis prenait la forme d’une stratégie de secours, qui visait à couvrir les besoins fondamentaux de la population pour supprimer la pauvreté dans les zones rurales. Elle privilégiait l’assistance aux habitants des régions reculées et arriérées, aux victimes de catastrophes naturelles et aux invalides de guerre. Le gouvernement a formulé des politiques encourageant la réforme agraire et le progrès technologique dans l’agriculture. Ainsi, la Loi sur la réforme agraire de la République populaire de Chine a enthousiasmé les agriculteurs, atténué la faim dans les campagnes et augmenté le rendement agricole. Un système éducatif et un système médical inclusifs ont été mis en place à l’échelle nationale. Le nombre d’illettrés a fortement diminué suite à des campagnes d’alphabétisation, tandis que la santé et l’espérance de vie se sont améliorées, grâce à des mesures telles que le développement d’un système médical mutualisé, la mise en application du système communautaire des « cinq garanties » (nourriture, habillement, chauffage, soins médicaux et obsèques) et la politique de secours s’adressant aux ruraux les plus nécessiteux.

 

Avec le lancement de la politique de réforme et d’ouverture en 1978, l’État a mis en œuvre le « système de responsabilité forfaitaire à base familiale ». En 1982, le Plan de construction agricole des trois régions de l’Ouest (Hexi et Dingxi au Gansu, et Xihaigu au Ningxia), impliquant à sa création 47 districts (villes et régions) puis 57 en 1992, a marqué l’entrée dans une stratégie planifiée à grande échelle. D’autre part, l’aide aux démunis a été incluse dans le plan de développement global du pays. Le gouvernement chinois a exécuté le Plan septennal pour faire sortir de la pauvreté 80 millions d’habitants ruraux (1994-2000), axé sur l’agriculture et l’élevage distribuant des aides aux villages et aux foyers. L’État a introduit des programmes clairs pour accélérer le développement économique dans les régions du Centre et de l’Ouest du pays. En outre, il a établi un mécanisme de coopération entre l’Est et l’Ouest pour aider les démunis. En 2000, les besoins élémentaires (nourriture et habillement) des ruraux pauvres étaient essentiellement couverts. Le Programme d’aide aux démunis par le développement dans les régions rurales (2001-2010) a identifié 592 districts prioritaires au niveau national dans les régions du Centre et de l’Ouest, et défini une stratégie de réduction de la pauvreté au niveau local. En 2007, année où le système de garantie du revenu minimum de subsistance pour la population rurale a été pleinement appliqué, la Chine est entrée dans une phase de lutte contre la pauvreté à « deux moteurs », alliant politique pour la lutte contre la pauvreté et système du revenu minimum de subsistance. Par la suite, le Programme d’aide aux démunis par le développement dans les régions rurales (2011-2020) a répertorié 14 zones vivant dans une extrême pauvreté.

 

Depuis 2012, la stratégie d’assistance ciblée aux démunis et d’éradication précise de la pauvreté s’est renouvelée. La Chine a établi un système de responsabilité où chacun s’engage à assumer ses fonctions et devoirs respectifs ; un système politique avec une interaction entre le pouvoir central et la base ainsi qu’une coordination unifiée ; un système d’investissement qui assure les fonds et consolide les ressources humaines ; un système d’assistance en ligne avec les conditions locales et adapté à ses bénéficiaires (villages, ménages ou individus) ; un système de mobilisation sociale favorisant une large participation ; un système de supervision multicanal ; ainsi qu’un système d’évaluation rigoureux.

 

Voici les caractéristiques de la nouvelle stratégie de lutte contre la pauvreté : 1. la définition d’un nouvel objectif de l’aide aux démunis : « d’ici 2020, faire sortir de la pauvreté tous les ruraux vivant sous le seuil de pauvreté actuel, faire disparaître tous les districts pauvres et éliminer la pauvreté globale régionale » ; 2. la mise en œuvre de la stratégie d’assistance ciblée aux démunis et d’éradication précise de la pauvreté. 3. la mise sur pied d’un modèle de gestion de la pauvreté impliquant les secrétaires du comité du Parti à cinq niveaux (province, ville, district, canton et village) ; 4. la mobilisation de toutes les forces sociales pour que toute la société participe à cette lutte selon des méthodes souples et diversifiées ; 5. l’introduction de mécanismes innovants comme l’enregistrement des habitants et villages pauvres et l’envoi de premiers secrétaires et de groupes de travail dans les villages défavorisés ; 6. l’association de l’assistance aux démunis avec le changement de mentalité et le renforcement de l’éducation afin de cultiver la force endogène des populations pauvres.

 

Aujourd’hui, le COVID-19 constitue une épreuve supplémentaire dans l’éradication de la pauvreté. Sous la direction du PCC et du gouvernement chinois, la Chine parviendra certainement à se relever du coup porté par le virus et à réaliser dans les délais prévus l’édification intégrale de la société de moyenne aisance et les objectifs du « premier centenaire ».

 

 

TAN WEIPING : Directeur général adjoint du Centre international de la réduction de la pauvreté

Numéro 12 avril-juin 2022
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