Voix des jeunes

Ma vie d'influenceur dans la bannière de Jungar
By KHAN ABDUL SAMAD* | Dialogue Chine-France | Updated: 2024-04-11 11:48:00

C’est ma 12e année dans la bannière de Jungar (Mongolie intérieure). Tous les jours, je prépare le petit-déjeuner pour mes filles, je tourne des vidéos courtes et j’enseigne bénévolement l’anglais à des écoliers. C’est ici que j’ai ma famille, mes amis et mon travail, et c’est ici que je m’épanouis personnellement et professionnellement. 

Khan Abdul Samad et sa fille (Photo : Yu Xiangjun) 

J’aime ce qui me stimule. Depuis l’année dernière, je suis obsédé par la réalisation de vidéos courtes. Je collabore avec une équipe de tournage de la bannière de Jungar, et en un an, nous avons déjà plus d’un million de personnes qui nous suivent sur Douyin (la version chinoise de TikTok) et Kuaishou. Avant, seuls les résidents des alentours me connaissaient, mais maintenant, quand je voyage hors de Mongolie intérieure, on me reconnaît partout. Le pouvoir des vidéos courtes est tout simplement phénoménal. Maintenant, je sais pourquoi TikTok est si populaire à l’étranger. 

Mon seul objectif, c’est de permettre à davantage d’étrangers de comprendre la vraie Chine. De nombreux étrangers ont encore une image de la Chine des années 1960 et 1970 et ne savent rien de son développement et de la vie des Chinois d’aujourd’hui. Avant d’arriver en Chine, je croyais moi aussi que la Chine était un pays pauvre, mais lorsque je suis arrivé ici, la modernité et le développement ont fait l’effet d’un choc. C’est aussi une raison importante pour laquelle j’ai choisi de rester en Chine. 

Plus tard, j’ai découvert que les vidéos courtes pouvaient être un vecteur de communication, et j’ai donc mis en ligne mon travail et ma vie sur TikTok, Facebook et YouTube. De nombreuses personnes que je n’avais jamais rencontrées auparavant sont devenues des fans qui me suivent désormais fidèlement. À une époque où les vidéos courtes sont omniprésentes, il est difficile de gagner des abonnés, sans contenu de haute qualité. Nous ne prenons donc pas cela à la légère et nous racontons des histoires simples du quotidien des gens d’ici. 

Par ailleurs, une partie très importante de mon travail consiste à encadrer bénévolement des élèves du primaire et du secondaire de la bannière pour leur enseigner l’anglais. Certains endroits en Chine proposent des cours d’anglais aux enfants dès la maternelle, ce qui a également permis à cette langue internationale de se propager rapidement à travers le pays. Le Pakistan est l’un des pays au monde où l’anglais est la langue officielle. Ma connaissance de base de l’anglais me permet d’aider les enfants d’ici à améliorer leurs connaissances. Tous les enfants qui ont bénéficié de mes cours sont d’ailleurs allés au lycée. C’est ma contribution la plus importante ici depuis plus de dix ans. 

Mon épouse Bian Fengmei et moi nous sommes rencontrés au Royaume-Uni pendant nos études. En 2012, je suis arrivé dans sa ville natale de la bannière de Jungar, et deux ans plus tard, nous nous sommes mariés. Au cours des dix dernières années, nous avons eu trois filles, Mariya, Inaya et Elena. En été, le weekend, je les emmène en moto pour leur faire découvrir la campagne et leur expliquer l’histoire du développement de la région. Pendant les vacances d’hiver, je leur fais la cuisine et leur prépare des petits pains à la vapeur, des raviolis chinois et des nouilles braisées. 

Certains se demanderont peut-être comment j’ai développé mes compétences culinaires. En fait, c’est ma belle-mère qui m’a enseigné à préparer ces spécialités. Quand je suis arrivé ici, j’apprenais à ses côtés tous les jours. Au fil du temps, j’ai également appris le dialecte de Jungar. Je ne comprends pas le mandarin et ma femme me taquine souvent en disant que mon destin, c’est de devenir un pur produit de Jungar. 

Je suis très fier de travailler et de vivre ici. En 2023, la bannière de Jungar était parmi les 100 districts de Chine les plus riches, et ce depuis 18 années consécutives. Les riches ressources en charbon permettent à ces lieux d’explorer en permanence des modalités de transformation et de modernisation tout en utilisant le charbon pour le développement industriel. Comment un morceau de charbon peut-il être transformé en tissu grâce à la catalyse high-tech ? Comment peut-il être traité chimiquement pour fabriquer des bouteilles, des couverts, des montures de lunettes, et des vêtements ? Je me sers souvent du charbon pour vulgariser des connaissances scientifiques auprès de mes filles afin qu’elles puissent comprendre les changements que connaît la région dans laquelle elles vivent. 

Tout en continuant mes activités quotidiennes cette année, je souhaite passer plus de temps à photographier la culture traditionnelle locale et les coutumes folkloriques de la bannière de Jungar, et espérant que les internautes apprécieront.  

*KHAN ABDUL SAMAD est influenceur pakistanais installé à Jungar 

Numéro 18 octobre-décembre 2023
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