À la mi-septembre 2024, aussitôt terminé le Sommet de Beijing du Forum sur la Coopération sino-africaine (FCSA), mes collègues et moi avons entrepris un voyage de recherche en Afrique, le second en deux ans. Nous nous sommes principalement concentrés sur des projets de coopération à Maurice et au Zimbabwe. Par rapport à 2023, nous avons constaté le dynamisme socioéconomique de ces pays, la bonne tenue des projets de coopération sino-africains, ainsi que des échanges économiques, commerciaux et culturels sino-africains plus étroits.
La Société Tianli Filatures à Maurice
Des échanges plus étroits entre professionnels
Nous avons pris un vol pour Maurice via Dubaï et la plupart des passagers étaient des Chinois. Avec l’approfondissement de la coopération entre la Chine et l’Afrique, de plus en plus de vidéos courtes présentent la vie et les coutumes africaines sur les réseaux sociaux chinois, permettant de mieux connaître l’Afrique. Autrefois mystérieux, le continent est devenu une destination touristique ou un lieu de travail pour beaucoup.
Lors de notre séjour à Maurice, nous avons rencontré Lisa, qui travaille dans le tourisme. Depuis plus de dix ans, son entreprise propose des services aux Chinois. Avec la fin de l’épidémie, beaucoup sont revenus à Maurice et l’entreprise est de nouveau prospère. Des statistiques montrent que de février à août de cette année, le nombre de commandes de voyages en Afrique émanant de touristes chinois a plus que doublé sur un an. Les pays les plus populaires sont l’Égypte, le Maroc, le Kenya et Maurice. Lisa souligne que les prix des chambres d’hôtels ont grimpé en flèche devant la forte demande, ce qui la rend optimiste quant au développement du secteur.
Outre les touristes, il y a également un nombre croissant de travailleurs migrants en provenance de Chine. Au Zimbabwe, nous avons rencontré Ni Bin, originaire du Zhejiang. Son mari travaille dans l’ingénierie de construction au Zimbabwe depuis plus de 10 ans. Cette année, elle a également rejoint les rangs des travailleurs migrants en Afrique. Forte de nombreuses années d’expérience dans la finance, elle a rapidement trouvé un emploi d’assistante dans le service financier d’une société minière sino-africaine. Ses amis estiment que cet emploi en Afrique est bien en deçà de ses compétences, mais cela reflète l’expansion continue des domaines et des projets de coopération sino-africains, qui stimulent l’emploi local et la demande d’ingénieurs et de cadres supérieurs chinois.
Un nombre croissant d’hommes d’affaires africains se rendent aussi en Chine, comme à Yiwu (Zhejiang). Ce centre mondial de commerce de produits de consommation courante compte plus de 3 000 résidents africains, et de janvier à juillet de cette année, la ville a vu passer 59 000 Africains. Cet afflux dans les deux sens est le reflet fidèle des relations toujours plus étroites entre la Chine et l’Afrique.
Des employés chinois et zimbabwéens dans la salle de contrôle de la société Zimasco (Photos fournies par Li Jun)
Une coopération économique et commerciale croissante
L’Afrique est un partenaire important de la construction conjointe de l’initiative « la Ceinture et la Route », et 52 pays africains, ainsi que la Commission de l’Union africaine, et la Chine, ont signé des documents de coopération. La coopération économique et commerciale ancre et stimule ainsi les relations sino-africaines.
C’est à Maurice, à l’avant-garde en termes d’environnement des affaires en Afrique, que nous avons effectué la première étape de notre voyage. En nous rendant dans la société Tianli Filatures (Maurice), la plus grande entreprise textile du pays, nous avons constaté ses perspectives de développement et mieux compris la coopération verte sino-africaine. L’entreprise a été créée par une société chinoise en 2000 avec un investissement total de plus de 30 millions de dollars américains. Cette entreprise exportatrice produit actuellement environ 10 000 tonnes de fils par an. Ses produits sont principalement exportés vers les régions du sud et de l’est en Afrique, ainsi que l’Europe, et elle promeut également le développement des secteurs économiques locaux connexes. Grande consommatrice d’électricité, l’entreprise a investi dans la construction d’une centrale solaire de 16 MW en réponse à l’objectif de neutralité carbone de Maurice. La conception a été réalisée par une entreprise française et l’évaluation environnementale a été effectuée. Elle devrait être connectée au réseau en 2025. Hormis la fourniture d’énergie à l’entreprise, elle contribuera au développement vert et durable de Maurice. En discutant avec les responsables de l’entreprise, nous avons appris que la mise en œuvre de l’Action de partenariat pour le développement vert pour aider l’Afrique à atteindre progressivement une industrialisation verte, coordonnée et durable est une tendance générale de la coopération sino-africaine. Elle est accueillie avec enthousiasme aussi bien par les autorités locales que sur le terrain.
Au Zimbabwe, nous avons visité la société Zimasco, qui extrait du minerai de chrome depuis près d’un siècle. L’entreprise, mal gérée, était au bord de la faillite, mais dans le cadre de la coopération économique et commerciale sino-africaine, des entreprises chinoises ont investi depuis 2006 et confié la gestion à une équipe de direction composée à l’origine de Zimbabwéens. Avec des financements supplémentaires, en introduisant des nouveaux équipements de fusion, en modifiant les modèles commerciaux et en renforçant la gestion, l’entreprise est progressivement parvenue à un fonctionnement sain. Elle compte environ 400 salariés, dont seulement trois salariés chinois. Les nouvelles installations comprennent notamment une salle de contrôle pour superviser le processus de production. La numérisation et la modernisation des méthodes de gestion ont donné un nouvel élan au développement de l’entreprise.
Les employés africains des entreprises sino-africaines avec lesquels nous nous sommes entretenus ont eux-mêmes bénéficié des résultats de la coopération et attendent beaucoup de la mise en œuvre des résultats du sommet de Beijing du FCSA qui vient de s’achever. Selon des statistiques du ministère chinois du Commerce, le stock d’investissements directs de la Chine en Afrique dépassait les 40 milliards de dollars américains fin 2023, ce qui en fait l’une des sources d’investissements étrangers les plus importantes d’Afrique. Depuis 2013, la Chine a participé à la construction de plus de 6 000 km de voies ferrées et d’autant en routes en Afrique, établi et modernisé environ 150 000 km de réseaux de communication, investi et exploité plus de 1 600 projets dans les secteurs de la fabrication et de l’agriculture ainsi que près de 340 projets d’exploitation dans les secteurs des mines et de la transformation, et formé 1,9 million de professionnels. Au cours des trois dernières années, les entreprises chinoises ont créé 1,1 million d’emplois locaux en Afrique. Tout cela rend les projets de coopération des entreprises chinoises très populaires au niveau local.
Un avenir prometteur
Ce voyage de recherche en Afrique nous a permis de constater les résultats fructueux de la coopération sino-africaine « sincérité, pragmatisme, amitié et franchise ». Dans le cadre du FCSA, la Chine et l’Afrique continueront de promouvoir la coopération en matière de capacités de production, d’infrastructures, de moyens de subsistance des agriculteurs, d’innovation numérique, de développement vert, en Afrique, ce qui signifie également que davantage de produits et de services africains entreront sur le marché chinois.
De retour à Beijing, j’ai rencontré Jockay, originaire de la République démocratique du Congo. Il m’a dit qu’il avait commencé à étudier la culture chinoise à l’université et qu’il était allé en Chine avec une bourse d’étude du programme d’échange Chine-Afrique pour les professionnels. Depuis, il travaille pour la coopération économique entre la Chine et le Congo. Il est très reconnaissant d’avoir eu l’opportunité d’étudier et de se former en Chine et d’être un des rouages de la coopération sino-africaine. Ils sont nombreux comme lui et avec le Plan de coopération en matière de formation des professionnels sino-africains, ils participeront aux projets de haute qualité au service de la coopération amicale sino-africaine mis en œuvre grâce à leurs efforts.
*LI JUN est PDG d’East Cement S.C.