La station de tramway de Guancheng, dans le district de Longhua, à Shenzhen (Guangdong)
Le 22 septembre 2020, le président Xi Jinping a prononcé un discours important lors du Débat général de la 75e Assemblée générale des Nations Unies. « La Chine augmentera sa contribution volontaire au niveau national, adoptera des politiques et des mesures plus fortes et s’efforcera d’atteindre son pic d’émissions de dioxyde de carbone d’ici 2030. Nous nous efforcerons d’atteindre la neutralité carbone d’ici 2060 », a-t-il déclaré. Il s’agit d’une décision stratégique majeure prise par la Chine pour coordonner la situation générale aux niveaux international et national. Elle démontre en outre la détermination stratégique de la Chine à suivre fermement la voie du développement circulaire vert et à faible émission de carbone, à soutenir fermement le multilatéralisme, et à promouvoir activement son rôle de grand pays responsable dans la construction d’une communauté de destin pour l’humanité.
La Chine a toujours considéré la promotion d’un développement circulaire vert et à faible émission de carbone comme une mesure stratégique importante pour la construction d’une civilisation écologique et la promotion d’un développement de haute qualité et durable. Depuis le XIIe Plan quinquennal, la Chine a réalisé des objectifs systémiques et contraignants. Elle a ainsi réduit l’intensité énergétique et les émissions de CO2 par unité de PIB, optimisé la structure énergétique, augmenté la part des énergies non fossiles, ajusté la structure industrielle, augmenté les stocks forestiers et les puits de carbone forestiers. En 2015, le pays a notamment proposé de son propre gré que le pic des émissions de CO2 soit atteint vers 2030.
Projet d’écologisation de la gare ferroviaire à grande vitesse de Futian à Shenzhen sur la ligne Guangzhou-Shenzhen-Hong Kong
Au cours des dix dernières années, la Chine a encouragé l’ensemble de la société à accélérer la transition verte et à faible émission de carbone grâce à une série de mesures comme l’ajustement continu de la structure industrielle, l’optimisation de la structure énergétique, l’amélioration de l’efficacité de l’utilisation des ressources énergétiques et l’augmentation des puits de carbone forestiers. En 2019, le PIB chinois avait quadruplé par rapport à 2005 et des centaines de millions de ruraux pauvres avaient été fondamentalement tirés de la pauvreté. La consommation énergétique par unité de PIB avait été réduite de 42,6 % et les émissions de CO2 par unité de PIB ont chuté de 48 %, ce qui équivaut à une réduction des émissions d’environ 5,62 milliards de tonnes, correspondant à une baisse d’environ 11,92 millions de tonnes de dioxyde de soufre et de 11,3 millions de tonnes des oxydes d’azote. Au cours de la même période, la part de la consommation de charbon est passée de 72,4 % à 55,7 % et la part des énergies non fossiles dans l’énergie primaire de 7,4 % à 15,3 %. La qualité de l’environnement atmosphérique a été considérablement améliorée et le découplage initial du développement économique et des émissions de carbone s’est effectué.
Des efforts colossaux devront cependant être déployés pour que la Chine, le plus grand pays en développement et un grand émetteur de carbone, passe d’un pic d’émissions à « zéro émission nette » au cours des 40 prochaines années. Cela exigera un travail énorme de la part de l’ensemble de la société pour trois raisons. D’abord, le secteur manufacturier se situe toujours au milieu et au bas de la chaîne de valeur industrielle internationale, avec une consommation d’énergie et de matériaux élevée et un faible taux de valeur ajoutée. La restructuration économique et la remise à niveau industrielle seront donc des tâches de longue haleine. Ensuite, la consommation de charbon représente une proportion relativement élevée, dépassant toujours 50 %, et l’intensité des émissions de dioxyde de carbone par unité de matières premières est d’environ 30 % supérieure à la moyenne mondiale. L’optimisation de la structure énergétique sera une tâche colossale. Enfin, la consommation d’énergie par unité de PIB est toujours élevée. Elle se situe à 1,5 fois au-dessus de la moyenne mondiale, et 2 à 3 fois au-dessus de celle des pays développés. L’édification d’un système économique vert et bas carbone sera donc une tâche ardue.
Le 17 septembre 2017, à Jiaxing (Zhejiang), un joggeur s’entraîne sur la coulée verte du parc central.
L’objectif « zéro carbone » de la Chine avant 2060 va bien au-delà de l’objectif de contrôle de la hausse de la température de 2°C stipulé dans l’Accord de Paris pour atteindre les critères mondiaux de neutralité carbone entre 2065 et 2070, c’est-à-dire avec cinq à dix ans d’avance sur le calendrier. Cela jouera également un rôle déterminant dans la promotion de la gouvernance mondiale du climat. Dans le contexte actuel des tendances du développement socioéconomique international et des modèles politiques, la Chine s’est engagée de manière active dans le grand courant mondial d’un développement vert et sobre en carbone, et propose des objectifs en termes de pic de carbone et de neutralité carbone forts et visibles, envoyant ainsi des signaux politiques clairs et nets en Chine comme à l’étranger.
Xie Zhenhua • conseiller spécial auprès du ministère de l’Ėcologie et de l’Environnement ; doyen de l’Institut de recherche du changement climatique et du développement durable de l’Université Tsinghua