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Un plan sous le signe de la paix et de l'ouverture
By SONIA BRESSLER | Dialogue Chine-France | Updated: 2020-12-17 16:54:00

En 1953, la Chine a adopté le premier Plan quinquennal de développement économique national avec 156 grands projets. Le 13 juillet 1956, le premier camion de fabrication nationale sortait à l’Usine automobile n°1 de Changchun (Jilin).

   Le rôle de la revue Dialogue Chine-France est précisément celui-ci : permettre une compréhension de la Chine et de son système historique de fonctionnement. Quand nous parlons de plan quinquennal, nous devons prendre en considération son mode de fonctionnement et son histoire, et interroger son contexte. En faisant ce travail pédagogique, nous pouvons prendre conscience que le XIVe Plan quinquennal annonce une nouvelle ère.

  Qu’est-ce qu’un plan quinquennal ?

  Les plans quinquennaux de la République populaire de Chine sont une série d’initiatives et mesures politiques visant à développer l’économie du pays. Les axes du développement de l’économie de la Chine sont définis lors des sessions plénières du Comité central du Parti communiste chinois (PCC) et de l’Assemblée populaire nationale (APN). Chaque plan est destiné à établir et à organiser la construction d’importants projets croisés entre les secteurs et la distribution des forces productives, ainsi qu’à déterminer les objectifs du développement économique sur le long terme.

Le 7 mai 2019, lors de la 2e Exposition sur les réalisations de la construction numérique en Chine, les visiteurs observent une maquette sur la « ville intelligente ».

  Les plans quinquennaux : aperçu historique

  Du Ier Plan quinquennal (1953-1957) proposé par Mao Zedong à ce futur XIVe Plan quinquennal, nous pouvons suivre le fil de la métamorphose de la Chine. Le Ier Plan quinquennal a jeté les bases de l’industrialisation de la Chine : la création de coopératives agricoles. C’est le début de la mise en place du socialisme.

  Le IIe Plan quinquennal (1958-1962) a posé les bases de l’élévation du niveau de vie de la population chinoise. Pour cela, il s’agissait de commencer la construction de nouvelles infrastructures.

  Le IIIe Plan quinquennal (1966-1970) a renforcé l’agriculture et l’artisanat pour tenter de résoudre les problèmes d’accès à la nourriture.

  Le IVe Plan quinquennal (1971-1975) a fixé la valeur globale des productions industrielle et agricole à une augmentation de 12,5% par an. Durant les cinq années du plan, plus de 130 milliards de yuans ont été investis pour développer les infrastructures.

  Le Ve Plan quinquennal (1976-1980) a visé à dresser un système industriel et un système économique indépendants et complets.

  Le VIe Plan quinquennal (1981-1985) a mis en évidence onze points essentiels à suivre, de la valeur globale des productions industrielle et agricole au renforcement de la protection de l’environnement, tout en cherchant à développer l’attractivité de la Chine.

  Le VIIe Plan quinquennal (1986-1990) avait pour objectif de poursuivre la restructuration des secteurs d’activité afin de s’adapter au changement de la demande sociale et aux besoins de la modernisation de l’économie. Il s’agissait de faire émerger la société socialiste chinoise.

  Le VIIIe Plan quinquennal (1991-1995). Cette période est un tournant majeur pour la société chinoise. L’économie nationale s’est développée rapidement. En 1995, le PIB a atteint 5 773 milliards de yuans.

  Le IXe Plan quinquennal (1996-2000) est un plan qui a débordé le simple cadre des cinq années. La quatrième session de la VIIIe APN a approuvé les objectifs de développement économique et social à long terme à l’horizon 2010. Dans ce plan ont précisément été indiquées les bases de l’économie socialiste à la chinoise, où il était proposé d’éradiquer la pauvreté.

  Le Xe Plan quinquennal (2001-2005) a affirmé les objectifs suivants : développer la croissance économique (à 7 % par an), faire en sorte qu’en 2005, le PIB atteigne les 18 232 milliards de yuans.

  Le XIe Plan quinquennal (2006-2010) avait pour vocation de poursuivre la structuration de l’économie chinoise, ainsi que de garantir le maintien de la croissance et une cadence de changement et d’innovation soutenue.

  Le XIIe Plan quinquennal (2011-2015) a installé un rééquilibrage de l’économie afin de développer la consommation domestique et donc de développer l’économie intérieure.

  Le XIIIe Plan quinquennal (2016-2020) visait à stabiliser la monnaie de la Chine et à développer les technologies de l’information, et notamment les villes intelligentes (donc l’intelligence artificielle).

Le CBD, le quartier des affaires, et la tour du World Trade Center, à Beijing, le 6 mars 2019

  La force du XIVe Plan quinquennal

  Pourquoi ce plan est-il celui d’une nouvelle ère ? En premier lieu, il nous faut remonter à 2013, à l’arrivée de Xi Jinping comme président de la République populaire de Chine. à cette date, il lance l’initiative « la Ceinture et la Route », une proposition ouverte et inclusive visant à encourager la demande intérieure et l’emploi dans les pays le long de la route, ainsi qu’à promouvoir la reprise de l’économie mondiale. L’idée principale consiste à faire revivre les anciennes Routes de la soie, mais également de relier les différents continents. Et c’est précisément cette initiative qui permet à la Chine de développer l’idée d’une « communauté de destin pour l’humanité ».

  Comme le souligne Liao Qun (voir Dialogue Chine-France n°5), la Chine a développé son économie de façon exponentielle et qualitative. L’enjeu principal de ce XIVe Plan quinquennal est alors de transformer ce monde en crise en monde d’opportunités.

  J’aimerais juste évoquer les points majeurs que je retiens dans ce nouveau plan. Le premier qui est, pour moi, la clef de l’avenir, c’est le fait que la Chine annonce chercher à promouvoir activement un « environnement extérieur stable ». Il s’agit donc de garantir une économie de paix, qui favorise la coopération gagnant-gagnant. On peut y lire la volonté historique de la Chine de travailler ensemble, de favoriser les échanges. Cela rejoint également le deuxième point important du plan : la réforme du système de gouvernance mondiale. La Chine propose de protéger et d’améliorer les organisations internationales existantes comme l’OMS. Il s’agit également de promouvoir les échanges internes et externes. Dans cette démarche, la Chine s’engage à rendre le système de gouvernance économique mondiale plus équitable et rationnel.

  Enfin, le troisième point est un axe majeur qui montre la vision originale du gouvernement chinois. En pleine crise pandémique, la Chine continue à voir des opportunités. La plus importante est celle des villes intelligentes, ou plus exactement le développement massif des technologies de l’information (création de maisons, de fermes intelligentes). En développant l’Internet des objets, la Chine propose de concevoir un nouveau modèle de gouvernance. En réfléchissant à un usage éthique et équitable du numérique, la Chine peut devenir à la fois une puissance économique et une puissance numérique. Les technologies doivent servir à améliorer les conditions de vie et à renforcer la communauté de destin pour l’humanité. Les informations doivent aider les entreprises à devenir innovantes et à respecter l’environnement. C’est un point très important pour comprendre les enjeux de l’intelligence artificielle en Chine.

  Ce XIVe Plan quinquennal nous invite à entrer dans une nouvelle ère qui est dans la continuité de la civilisation chinoise, mais qui nous entraîne également vers un futur au-delà des frontières terrestres. Ce plan propose en réalité de réfléchir à une stabilité mondiale nouvelle. En outre, la Chine nous montre de façon historique que la réflexion et la continuité ont permis, depuis les années 1950, d’extraire près de 800 millions de personnes de la pauvreté. Autre chiffre remarquable, au cours de ces cinq dernières années, 55,75 millions de résidents ruraux sont sortis de la pauvreté. En d’autres termes, malgré la pandémie, malgré la «guerre économique» menée par les Etats-Unis, la Chine devrait atteindre avec une dizaine d’années d’avance son objectif d’éradication de la pauvreté fixé dans le Programme de développement durable à l’horizon 2030 des Nations unies. Au travers de ce plan, la Chine fixe ainsi un nouvel horizon de temps et d’opportunités. Elle lance aussi la question de la souveraineté numérique pour gérer les villes et les économies. Ce plan est en outre le signe d’une volonté d’ouverture et de modernité. En dévoilant ses grands axes, la Chine fait preuve de transparence et offre notamment à l’Europe de saisir l’opportunité d’un travail en commun.

 

  SONIA BRESSLER • écrivaine et experte française sur la Chine

Numéro 12 avril-juin 2022
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