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Commerce Chine-UE : nouvelle configuration et nouvelle perspectives de coopération
By Zhou Jinzhu | Dialogue Chine-France | Updated: 2021-04-09 15:16:00

En 2020, personne, pas un pays, n’a échappé à l’impact du COVID-19. En plus d’avoir bousculé les méthodes de travail et les modes de vie, ce virus a reconfiguré dans une certaine mesure le développement économique mondial. Sous l’effet de l’épidémie, l’UE a vu la structure de son commerce extérieur changer significativement, avec trois caractéristiques majeures : premièrement, la Chine est devenue le premier partenaire commercial de l’UE ; deuxièmement, la Chine est le seul grand partenaire commercial de l’UE à afficher un taux de croissance positif ; troisièmement, le commerce intérieur de l’UE se révèle plus résilient que son commerce extérieur. 


Le train de fret Chine-Europe X8020, 200e train de 2020, part de Jinhua (Zhejiang), le 31 mai 2020.

La Chine, premier partenaire commercial de l’UE… 

En 2020, l’UE et la Chine ont réalisé au total 586,03 milliards d’euros d’échanges (+4,46 % en glissement annuel). Entre-temps, la Chine est devenue le premier partenaire commercial de l’UE, comptant pour 16,07 % du commerce extérieur total de l’UE. Les États-Unis et le Royaume-Uni arrivent en deuxième et troisième position, avec une part respective de 15,22 % et 12,20 %. Au mois de février et mars 2020, au pic de l’épidémie, la Chine a été relayée au troisième rang parmi les partenaires commerciaux de l’UE ; mais en avril, avec la reprise de l’activité, de la production et des marchés, le pays s’est hissé à la première marche du podium et a continué de caracoler en tête jusqu’en décembre 2020. Les États-Unis sont tombés à la deuxième place du classement en avril 2020 et y sont restés jusqu’à la fin de l’année. 

…et le seul à afficher un taux de croissance positif 

En 2020, dans le « top 10 » des partenaires de l’UE dans le domaine du commerce des marchandises, la Chine est le seul à avoir réalisé une croissance « dans les deux sens » (import et export). Résultat : la part de la Chine dans le marché des importations et des exportations de l’UE a augmenté. Du point de vue du montant cumulé des biens importés et exportés, la Chine s’avère le principal partenaire commercial de l’UE. Mais si l’on considère séparément marché d’importation et marché d’exportation, la Chine est la première source d’importation de l’UE, certes ; mais elle n’arrive qu’en troisième position dans le classement établi pour le marché d’exportation de l’UE. 


Le stand du bijoutier ITAMOND fête le 50e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques
entre la Chine et l’Italie le 7 novembre 2020 lors de la 3e CIIE à Shanghai.
 

Depuis l’émergence du COVID-19, la répartition des principaux pays d’importation de l’UE a légèrement changé. En 2020, l’UE a importé 383,519 milliards d’euros de biens depuis la Chine (+5,72 % en glissement annuel), soit 22,37 % du montant total des importations de l’UE (+3,65 points de pourcentage en glissement annuel). L’UE a importé pour 202,049 milliards d’euros de biens depuis les États-Unis (-13,22 % en glissement annuel), soit 11,79 % du total des importations de l’UE (-0,23 point de pourcentage en glissement annuel). Quant au Royaume-Uni, troisième source d’importation de l’UE, il a lui aussi enregistré une baisse (en valeur absolue et en pourcentage) des échanges avec l’UE au cours de l’année 2020. 

La liste des pays détenteurs des plus grosses parts de marché à l’exportation a quelque peu évolué. Même si la Chine est restée le troisième plus grand marché d’exportation de l’UE, la proportion qu’elle y représente a augmenté. En 2020, l’UE a exporté l’équivalent de 202,514 milliards d’euros vers la Chine (+2,14 % en glissement annuel), soit 10,48 % du chiffre global des exportations de l’UE (+1,19 point de pourcentage en glissement annuel). Sur la même période, l’UE a exporté pour 352,599 milliards d’euros vers les États-Unis, qui constituent son premier marché d’exportation. Malgré une baisse en valeur absolue de 8,19 point de pourcentage d’une année sur l’autre, les États-Unis représentent toujours 18,27 % du total des exportations de l’UE, soit une légère hausse de 0,24 point de pourcentage par rapport à 2019. Pour ce qui est du Royaume-Uni, deuxième marché d’exportation de l’UE, il a été doublement frappé par le COVID-19 et le Brexit : en 2020, l’UE a exporté pour 277,534 milliards d’euros vers le Royaume-Uni (-13,11 % en glissement annuel), ce pays représentant donc une part de 14,37 % dans le total des exportations de l’UE (-0,61 point de pourcentage en glissement annuel). 

Au moment même où la pandémie de COVID-19 portait un coup dur au commerce de l’UE, le facteur « Brexit » en a rajouté une couche. Mais de toute évidence, le commerce intérieur de l’UE se révèle plus résilient que son commerce extérieur. 

En 2020, le volume du commerce extérieur de l’UE a atteint un total de 3 645,86 milliards d’euros (-10,43 % en glissement annuel), tandis que son commerce intérieur s’est établi à 562,036 milliards d’euros (-7,37 % en glissement annuel). Ainsi, le commerce intra-UE a démontré une plus grande résistance par rapport au commerce extérieur, aussi bien au regard de la valeur absolue des échanges que du recul en pourcentage causé par le COVID-19. 

Fort potentiel de coopération dans l’économie numérique et verte 

En 2020, malgré la période difficile marquée par la pandémie de COVID-19 et la grave récession économique qu’elle a entraînée dans le monde, les relations Chine-UE se sont renforcées. Les deux parties ont officiellement signé l’Accord sur les indications géographiques (IG), une grande première dans la reconnaissance mutuelle des IG entre les deux régions. Cet accord, d’une importance historique pour l’approfondissement de la coopération économique et commerciale Chine-UE, prépare de surcroît le terrain pour la conclusion d’un accord d’investissement Chine-UE. Fin décembre 2020, les deux parties ont achevé dans les délais prévus les négociations sur l’Accord global sur les investissements Chine-UE. Articulées autour de quatre volets (engagements en matière d’accès aux marchés, règles régissant la concurrence loyale, développement durable et règlement des différends), ces négociations ont abouti à un traité équilibré, de haut niveau et mutuellement bénéfique, couvrant bien plus de domaines que les accords d’investissement bilatéraux traditionnels. 


Un mammographe GIOTTO de la société italienne IMS est présenté lors de la
Foire internationale des équipements médicaux de Chine, le 21 octobre 2020, à Shanghai.
 

Toujours en 2020, alors que le trafic maritime et le trafic aérien étaient au plus bas en raison du COVID-19, le fret ferroviaire assuré par les trains Chine-Europe a fait ses preuves et progressé bon train. Il est devenu le moyen de transport privilégié pour acheminer le matériel nécessaire à la lutte contre le virus ; parallèlement, il a contribué de façon non négligeable à la stabilisation des chaînes d’approvisionnement et du système commercial sino-européen. En 2020, au total, ces trains de marchandises reliant la Chine et l’Europe ont effectué 12 400 trajets (+50 % en glissement annuel), en transportant 1,135 million d’EVP (+56 % en glissement annuel). 

À l’heure où perdure la pandémie de COVID-19, de nouvelles habitudes de consommation et de nouvelles visions de la vie s’installent dans la durée et invitent les diverses industries à accélérer leur transformation numérique. Dans tous les pays, les exigences sont dorénavant plus élevées vis-à-vis des infrastructures réseau et des technologies numériques. Avec leurs infrastructures réseau, leur réserve de scientifiques et ingénieurs ainsi que leurs capacités d’innovation, la Chine et l’UE disposent d’une bonne assise technique pour coopérer. En outre, elles prônent toutes deux la croissance de l’économie numérique. Si elles parviennent à trouver un terrain d’entente dans l’ère post- 

COVID-19 et à explorer ensemble de nouvelles pistes de développement, leur coopération dans l’économie numérique ouvrira à coup sûr un vaste champ de perspectives. 

La Chine et l’UE accordent aussi une attention toute particulière au développement vert. L’UE insiste sur l’importance de mettre en application le Pacte vert pour l’Europe (ou European Green Deal) pour soutenir le rétablissement économique de tous les pays. Le plan de relance avancé par la Chine prévoit des investissements dans des domaines stratégiques, tels que les infrastructures de recharge pour véhicules électriques, les énergies renouvelables et l’amélioration de la qualité de vie dans les villes. La Chine et l’UE ont grandement besoin de collaborer, pour aller plus loin dans les technologies environnementales, l’économie circulaire, les énergies propres et la finance durable. 

Au début de cette année, la Chine a commencé à mettre en œuvre son XIVe Plan quinquennal sur le développement économique et social. Au seuil d’une nouvelle phase de développement, le pays accélérera la mise en place d’une nouvelle configuration de développement conforme à sa stratégie de « double circulation », selon laquelle le marché intérieur joue un rôle de pilier, conforté par la synergie entre marché intérieur et marché international. La population chinoise de 1,4 milliard d’habitants, où la classe moyenne comprend 400 millions ou plus de citoyens, représente un gigantesque marché. L’objectif est donc de libérer pleinement le potentiel de la demande intérieure, tout en gonflant la demande et en créant de nouvelles opportunités au profit du monde. Une politique qui ouvrira des perspectives prometteuses pour la coopération Chine-UE. 

Zhou Jinzhu: directeur adjoint et chercheur associé du Département de recherche sur le commerce international au Conseil chinois pour la promotion du commerce international (CCPIT) 

Numéro 12 avril-juin 2022
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