L’année 2020 qui vient de s’achever a été une année singulière, avec entre autres la pandémie de COVID-19 et les élections américaines mouvementées. Parallèlement, elle a marqué le 45e anniversaire de l’établissement des relations diplomatiques entre la Chine et l’UE. Et on retiendra 2020 comme étant l’année où l’Accord sur les indications géographiques Chine-UE a été signé et où les négociations sur l’Accord global sur les investissements Chine-UE ont pris fin.
Un vol de la Lufthansa arrive à Tianjin le 30 mai 2020 avec quelque 200 chefs d’entreprise allemands, employés et leurs familles.
La coopération économique et commerciale Chine-UE est la priorité absolue des entreprises européennes en Chine. Comme l’a déclaré Jörg Wuttke, président de la Chambre de commerce de l’Union européenne en Chine : « Nous sommes très heureux de voir que la Chine continue de s’ouvrir, assouplit les règles encadrant l’entrée des investissements étrangers sur son territoire et s’aligne sur les normes internationales. Ces démarches jetteront une base solide pour la coopération entre l’UE et la Chine. »
Les relations économiques et commerciales Chine-UE se bonifient
L’UE est le deuxième partenaire commercial de la Chine et la Chine est, quant à elle, le premier partenaire commercial de l’UE. Selon les données d’une enquête réalisée par la Chambre de commerce de l’UE en Chine, depuis l’accession de la Chine à l’Organisation mondiale du commerce (OMC), le volume des échanges bilatéraux Chine-UE n’a cessé de croître. En 2019, ce chiffre a atteint 705,1 milliards de dollars, soit 9,2 fois celui de 2001 et près de 250 fois celui de 1980. En 2020, les échanges entre ces deux régions ont progressé de 3,5 %, en dépit de la baisse générale de 15 % qu’a connue le volume du commerce mondial.
À l’heure actuelle, la Chine exporte chaque jour vers l’Europe l’équivalent d’un milliard d’euros de marchandises. Quant à la valeur moyenne des exportations quotidiennes de l’Europe vers la Chine, elle a aussi grimpé pour arriver à 500 millions d’euros. Nombre de grands investisseurs européens sont actifs sur le marché chinois, et ce depuis longtemps. Selon les données publiées par le gouvernement municipal de Shanghai en décembre 2020, Shanghai abrite actuellement 87 300 entreprises étrangères, dont 10 400 d’origine européenne et 14 000 d’origine américaine. Ces investissements directs étrangers (IDE) comptent pour 25 % du PIB de la ville ; 11 % des salariés travaillent au sein d’entreprises étrangères, environ 66 % des activités commerciales et 30 % de la production industrielle sont gérées par des investisseurs étrangers et un tiers des recettes fiscales provient également des IDE. « Ces données montrent bien que ces entreprises européennes à Shanghai ne sont pas de simples “invitées”. Elles servent pleinement les intérêts de la ville », a commenté M. Wuttke.
Le 14 septembre 2020, la Chine et l’UE ont ratifié l’Accord sur les indications géographiques. En vertu de celui-ci, 100 indications géographiques chinoises seront protégées sur le marché européen (la pâte de haricots de Pixian, le thé blanc d’Anji, le riz de Panjin, le gingembre d’Anqiu, etc.). De même, 100 indications géographiques européennes seront protégées sur le marché chinois (le cava, le champagne, la feta, les whiskeys irlandais, les bières de Munich, le prosciutto, les vins de Provence, etc.). Vous pourrez ainsi savourer des spécialités européennes en Chine, et vice versa, en étant pleinement assuré de la qualité et de l’authenticité des produits.
M. Wuttke estime que « cet accord revêt une importance exceptionnelle pour les deux parties, car l’Europe n’a pas conclu d’accord similaire avec les États-Unis. Par ailleurs, cet accord sera propice au renforcement des échanges économiques et commerciaux entre l’Europe et la Chine ». Selon les informations mises en ligne sur le site Web officiel de la Commission européenne le 11 décembre dernier, entre janvier et août 2020, les exportations de produits agricoles de l’UE vers la Chine ont été estimées à 11,213 milliards d’euros (+2,767 milliards d’euros par rapport à la même période de l’année précédente), soit une hausse de 32,8 % en glissement annuel ; les importations se sont établies à 3,532 milliards d’euros (-55 millions d’euros par rapport à la même période de l’année précédente), soit une baisse de 1,5 % en glissement annuel. L’excédent commercial en produits agricoles que l’UE enregistre avec la Chine a atteint 7,681 milliards d’euros, soit une augmentation de 58,23 % d’une année sur l’autre.
Un accord d’investissement important
Le 30 décembre 2020, les dirigeants chinois et européens ont annoncé conjointement l’achèvement dans le délai des négociations sur l’Accord global sur les investissements Chine-UE. Il aura fallu attendre sept longues années pour que ce projet aboutisse. Mais cet accord solide émet un signal fort : celui que les contacts constructifs entre la Chine et l’Europe peuvent porter leurs fruits.
Pourquoi cet accord d’investissement est-il si important pour la Chine et pour l’UE ? M. Wuttke est d’avis qu’« en fait, le point central de cet accord est davantage l’accès au marché que l’investissement. Ce texte amènera la Chine à ouvrir plus grand ses portes aux institutions financières, aux sociétés d’assurance, aux prestataires de services et aux fabricants européens. J’espère que cet accord permettra aux entreprises européennes de gagner plus de parts de marché. »
M. Wuttke a souligné que si l’économie chinoise est gigantesque aujourd’hui, sa taille étant presque équivalente à celle des marchés européen et nord-américain, c’est parce que le marché chinois s’est progressivement ouvert au monde extérieur. Toutefois, il est encore tout à fait possible et avantageux pour la Chine d’aller plus loin. Certains secteurs industriels ne se sont même pas ouverts aux investissements étrangers. Notons par exemple que sur le marché bancaire, les agences étrangères ne détiennent que 1,7 % des actifs, dont seulement 0,2 % sont sous contrôle de banques européennes. Néanmoins, dans certaines filières, les entreprises européennes possèdent une part de marché plus élevée, comme c’est le cas dans l’industrie automobile. Dans ce contexte, aux yeux de M. Wuttke, « la Chine devrait s’efforcer de poursuivre l’ouverture de son marché. De là naîtra une concurrence plus intense, dont les consommateurs chinois pourraient aussi tirer profit. »
Stand de la chaîne de pharmacies allemande Heide Apotheke à la 3e CIIE, le 6 novembre 2020 à Shanghai.
La partie continentale de la Chine concentre une vaste population de 1,4 milliard d’habitants. La Chambre de commerce de l’UE en Chine, comme le gouvernement chinois, préfère donc s’intéresser au PIB par habitant plutôt qu’au PIB national. « Je voudrais voir la Chine continuer d’approfondir ses réformes, intensifier l’ouverture et faire décoller le PIB par habitant, en vue de multiplier les possibilités de son marché », a fait savoir M. Wuttke.
Un vaste potentiel de collaboration future
D’après lui, le prochain objectif des entreprises européennes sera de participer davantage au secteur des services, dont elles possèdent une expérience approfondie. Les services européens introduits en Chine pourraient servir de référence pour stimuler le développement de l’industrie tertiaire à l’échelle nationale, par exemple, en matière de prise en charge des personnes âgées.
Au sujet de l’avenir, M. Wuttke a indiqué : « La coopération UE-Chine repose sur de bonnes bases. Les deux parties bénéficient de l’essor de la mondialisation et défendent vigoureusement le multilatéralisme. Dans le contexte actuel où celui-ci est mis à rude épreuve et où le monde se retrouve plongé dans l’incertitude, l’UE et la Chine doivent joindre leurs efforts sur les questions telles que la réforme de l’OMC et la lutte mondiale contre le COVID-19, pour y apporter des réponses communes. Les deux parties disposent également d’un vaste potentiel de coopération dans l’économie bas carbone et l’économie numérique. En renforçant leur coopération économique et commerciale, elles contribueront à maintenir conjointement la stabilité des chaînes logistiques et d’approvisionnement en Chine, dans l’UE et partout ailleurs dans l’ère post-COVID-19, en vue de stimuler la reprise de l’économie mondiale. »
YAN WEIJUAN: journaliste à La Chine au présent