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Trouver un équilibre entre conservation et revitalisation
By NICOLAS ZINQUE, membre de la rédaction | La Chine au présent | Updated: 2021-04-27 20:35:00

  Ce 27 avril s’est tenu le forum intitulé « Inspiration mutuelle entre les civilisations chinoise et française : Protection, transmission et valorisation de l’île de Gulangyu ». L’événement s’est déroulé en partie sur l’île de Gulangyu et en partie par vidéoconférence, sous la direction du Groupe international de publication de Chine et du gouvernement populaire municipal de Xiamen. Il était organisé par La Chine au présent, le Bureau des affaires étrangères du gouvernement populaire municipal de Xiamen et le Comité d’administration de la zone touristique île de Gulangyu–monts Wanshi.


Jean François Milou, fondateur de studioMilou, donne un discours lors du forum. 

  À quels défis l’île de Gulangyu est-elle confrontée, en tant que site important du patrimoine chinois et mondial ? Quelles stratégies peuvent être adoptées par les communautés et les autorités de Gulangyu pour élaborer des stratégies permettant d’encourager le dynamisme et l’attrait du patrimoine de l’île auprès des visiteurs et des habitants locaux, ainsi que la croissance socioéconomique de l’île ? L’architecte Jean François Milou s’est penché sur ces questions lors du forum « Inspiration mutuelle entre les civilisations chinoise et française : Protection, transmission et valorisation de l’île de Gulangyu ».

  Jean François Milou est le fondateur de studioMilou, un cabinet d’architecture international basé à Paris, Singapour et Hanoï, avec plus de 20 ans d’expérience dans le domaine de la réutilisation adaptative de bâtiments et de paysages historiques et existants. Ce cabinet a notamment œuvré sur le site archéologique de Dmanissi en Géorgie, la National Gallerie de Singapour ou encore le Nouveau Carreau du Temple à Paris, a travaillé depuis ces 20 ans à créer ces architectures ou l’ancien et le nouveau se croisent pour créer des lieux vivants, animés beaux et spectaculaires.

   Selon Jean Francois Milou, «  la conservation du patrimoine n’est pas une fin en soi ». Il precise que « la conservation du patrimoine et l’architecture d’aujourd’hui ne doivent pas être  deux disciplines séparées, mais doivent travailler ensemble pour créer dans nos villes des lieux beaux et équilibrés que les gens peuvent aimer et comprendre ».

  Des défis…

  Jean François Milou souligne la beauté et l’importance historique de Gulangyu, son intégrité en tant qu’ensemble culturel réunissant diverses influences architecturales, mais pointe certains défis : « À l’instar de nombreux bâtiments et quartiers ou sites historiques, le risque de devenir trop immobile dans le temps, trop semblable à un ‘‘musée en plein air’’, est présent. Dans notre monde en évolution rapide, nous voyons à quel point la société a besoin et est attirée par les environnements historiques, et comment, si ces environnements ne changent pas et ne s’adaptent pas constamment en réponse aux besoins des communautés vivantes, ils risquent d’être ‘‘consommés’’ par les visiteurs avec seulement un intérêt éphémère. » Il est important que les communautés qui vivent avec ce patrimoine soient en mesure de le protéger de manières diverses et pratiques. « Pour ce faire, le patrimoine culturel - ses bâtiments, leurs usages, les institutions locales et le commerce qui naissent en leur sein et autour d’eux - doit être dynamique et attractif pour les habitants. »

  Un autre défi important mentionné par Jean François Milou est le contraste entre la paisible île de Gulangyu, régie par une politique de conservation rigoureuse, et la moderne et animée Xiamen. Ce contraste peut perturber les visiteurs. « Lorsque l’ancien et le nouveau sont si manifestement déconnectés, l’un peut se sentir isolé de l’autre », note l’architecte.

Le forum « Inspiration mutuelle entre les civilisations chinoise et française : Protection, transmission et valorisation de l’île de Gulangyu » se déroule sur l’île de Gulangyu le 27 avril. ( Photo : Yu Jie)

  Et des solutions

  Du point de vue du studioMilou, l’essentiel, pour les bâtiments historiques et les paysages culturels, est de s’assurer qu’ils ont des objectifs pratiques et pertinents pour garantir leur attrait et leur pertinence. Deux directions sont proposées pour l’île de Gulangyu.

  Premièrement, « la création d’un centre d’interprétation des visiteurs bien conçu et bien intégré de l’île, à la fois au niveau ou à proximité du terminal des ferries au départ de Xiamen, ainsi qu’aux portes de Gulangyu elle-même. » Ce centre offrirait à la fois des informations aux touristes, tout en fournissant une zone de transition entre Xiamen et l’île, entre le « nouveau » et « l’ancien ».

  Deuxièmement, « un plan directeur pour l’ensemble des paysages de Gulangyu - urbains et naturels - proposant des moyens de transformer des bâtiments historiques sélectionnés en institutions contemporaines adaptées répondant aux besoins réels des populations locales sur l’île ou à Xiamen, y compris l’éducation, la recherche, le commerce mixte et mis à jour, et à l’hébergement touristique national ou international. »

  En définitive, le plus important, estime Jean François Milou, est « qu’un juste équilibre soit trouvé entre la conservation et la revitalisation, entre le respect du passé et des approches optimistes et pratiques du présent et de l’avenir, qui rendent les quartiers historiques toujours attrayants pour les communautés résidentes, qui en fait, assurent leur dynamisme et leur autosuffisance. »

Numéro 12 avril-juin 2022
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